Jamais lauréat d’un Grand Prix du Morocco Royal Tour, malgré plusieurs tentatives, Emanuele Gaudiano a pris sa revanche dimanche, aux rênes de Nikolaj de Music, dix ans. L’Italien a mis tout le monde d’accord face au chronomètre et a privé le génial Milton d’une belle victoire avec Cyril Cools, son cavalier depuis début 2023 et son grand retour à l’international. Du côté de Sacramento, où la Coupe du monde reprenait ses droits, Robert Blanchette s’est mis à l’honneur grâce à la complicité de la véloce Chardonnay, une fille du bondissant Comme Il Faut.
L’exceptionnel Milton est plus que jamais de retour ! Désormais monté avec succès par le Belge Cyril Cools, le gris, révélé au plus haut niveau par Jérôme Guéry, a frôlé la victoire, dimanche 8 octobre, dans le Grand Prix CSI 4*-W de Tétouan, première étape de la traditionnelle tournée du Marocco Royal Tour. Grâce à un excellent double zéro bouclé en 41’’15, le couple s’est offert la plus belle réussite de son histoire commune. Absent des terrains de concours internationaux de juillet 2021 à février 2023, le fils de Mylord Carthago et petit-fils de Sandro Boy, un temps monté par Marcus Ehning, semble avoir retrouvé son rythme de croisière. Depuis le début de l’année, entamée en fanfare par une présentation en grande pompe au salon des étalons de Saint-Lô, le Zangersheide de douze ans, né chez Freek et Corien Hoogenboom, a repris du service très progressivement, d’abord à 1,30, puis 1,35 et 1,40m. À partir de fin août, Milton et Cyril Cools ont disputé leurs premiers parcours à 1,45m, avec beaucoup d’aisance, jusqu’à se classer quatrième du Grand Prix 2* de Villers Vicomte mi-septembre. Cette fois, à Tétouan, la paire est passée au niveau supérieur, en s’alignant au départ du Grand Prix 4*, dont les barres culminaient à 1,55m. Et, comme à son habitude, l’agile et puissant gris a franchi tous les obstacles sans mal. Pourtant, un duo a réussi à le priver d’une victoire retentissante…
L'excellent Milton est de retour au sommet de son art. © Hippo Foto / Sharon Vandeput
Toujours redoutable face au chronomètre, Emanuele Gaudiano, passé à côté de ses Européens à Milan avec Crack Balou et grand artisan de la non-qualification des siens pour Paris, a pris sa revanche. Cette fois aux rênes du généreux Nikolaj de Music, déjà gagnant à 1,50m en 2020, alors qu’il n’était âgé que de sept ans (!), le Transalpin a mis tout le monde d’accord en arrêtant le chronomètre en 39’’33, soit plus d’une seconde et demi d’avance sur son plus proche concurrent ! Personne n’a réussi à approcher ce temps, et encore moins à l’égaler, pas même le champion d’Europe 2021, André Thieme.
La joie d'Emanuele Gaudiano, vainqueur de son premier Grand Prix sur la tournée du Morocco Royal Tour. © Adèle Renauldon/RB Presse/Morocco Royal Tour
Ce dernier, qui a dû renoncer à défendre son titre au cœur de l’hippodrome San Siro début septembre en raison d’une baisse de forme de sa chère Chakaria, né Carelia, avait cette fois sellé Conacco, un petit-fils de la Selle Français Originel Osiris Rouge. Le bai, qui a bouclé son barrage en 41’’41 au Maroc, avait déjà mis la main sur le Trophée de Barcelone, en 2022.
André Thieme et Conacco. © Hippo Foto / Sharon Vandeput
Un poil moins rapides mais tout de même doubles zéro, l’Italien Roberto Previtali et la Suissesse Barbara Schnieper se sont octroyés les rangs quatre et cinq de ce Grand Prix, grâce à la complicité de Conthargo-Blue et Canice.
Une fille de Comme Il Faut aux honneurs en Californie
Du côté de Sacramento, plus précisément à Rancho Murieta, en Californie, la saison indoor a d’ores et déjà repris ses droits. Tandis que quelques-uns prolongent le plaisir en extérieur, bien aidés par des températures estivales de plus en plus inquiétantes, en Europe et partout dans le monde, certains cavaliers, pour la plupart assez éloignés des places d’honneurs du classement mondial Longines, avait posé leurs valises dans le comté de Sacramento. L’occasion de grappiller de précieux points en vue d’une potentielle finale, qui se déroulera au printemps prochain en Arabie Saoudite. En selle sur une fille du brillant Comme Il Faut, Chardonnay, l’Irlandais Robert Blanchette a très largement dominé la concurrence, grâce à un barrage achevé en 38’’42, le tout sur un score vierge. Les deux complices ont empoché leur quatrième victoire internationale, la première sur ce label. Et le plan du représentant de l’île d’Emeraude était clair : aller le plus vite possible et voir ce qu’il adviendrait. Stratégie payante donc, puisque le plus proche concurrent du duo s’est, lui, arrêté en… 45’’63 !
Robert Blanchette fait concourir sa belle et démonstrative alezane sans guêtres aux antérieurs. © FEI/Julia Borysewicz
“En gros, Chardonnay est parfaite. Elle peut aller à pleine vitesse, puis je peux dans la foulée marcher rênes longues. Elle sait lorsque vient le moment de sauter et aller vite, et elle sait lorsqu’il faut se détendre”, a commenté l’heureux lauréat. “Chardonnay devient plus solide physiquement. Je crois qu’elle devient aussi plus confiante. Elle semble avoir plus de moyens que je l’aurais cru.”
Il faut dire que le barrage imaginé par Marina Azevedo, qui a réuni six des vingt-quatre engagés initiaux, a concentré beaucoup de fautes. Ainsi, seule l’Américaine Sophia Siegel est parvenue à réaliser un autre double zéro. La talentueuse amazone misait sur la toute bonne A-Girl, une sœur utérine d’Independent, vainqueur en Grand Prix 5* sous la selle d’Andreas Schou avant d’être cédé au Turc Efe Siyahi. Le couple féminin a supplanté le Brésilien Cassio Rivetti, troisième sur Edesa’s Vidal 8, fruit du croisement entre Vigo d’Arsouilles et une fille de Baloubet du Rouet. Tous deux auraient pu prétendre à la deuxième place, sans une faute commise lors de la finale au chronomètre.
Sophia Siegel et A-Girl. © FEI/Julia Borysewicz
Toutes les épreuves du CSI 4*-W de Sacramento sont à (re)voir ici.
Photo à la Une : Emanuele Gaudiano et le jeune Nikolaj de Music à Tétouan. © Hippo Foto / Sharon Vandeput