Les hostilités ont débuté pour les cavaliers de concours complet aux Jeux Olympiques de Tokyo. À l'issue du dressage, Michael Jung tient la tête du classement individuel tandis que la Grande-Bretagne domine le classement par équipe.
Après deux jours d’épreuves, le test de dressage du concours complet s’est achevé ce matin tôt. Pas de surprise du côté des leaders provisoires : l’Allemand Michael Jung a pris la tête des opérations en individuel, tandis que la Grande-Bretagne entame de la meilleure manière le championnat par équipe.
Il était attendu, il n’a pas déçu ! Le multi-médaillé Michael Jung, qui figure comme toujours parmi les favoris au titre, a déroulé aux rênes de Chipmunk FRH (Contendro) une reprise dont lui seul a le secret. Précision, expression, fluidité et relâchement : tous les ingrédients étaient réunis pour ravir les téléspectateurs et les juges, qui n’ont pas hésité à faire monter les notes. A la clé, un score de 21,10 points de pénalité pour le « King » de la discipline et une première place au classement individuel ! Le cavalier, qui fête aujourd'hui ses 39 ans, ne pouvait rêver plus beau cadeau. « J’ai eu un excellent sentiment avec mon cheval dans les semaines qui ont précédé le début des Jeux, ce qui m’a permis d’être confiant et détendu », a-t-il déclaré à sa sortie du rectangle.
Longtemps en tête du classement provisoire, Olivier Townend conclut finalement le dressage en deuxième position. Photo : FEI/Libby Law Photography
Si le Britannique Oliver Townend, numéro 1 mondial, avait pris le meilleur sur ses concurrents dès la première rotation, associé à Ballaghmor Class (Courage II), il termine finalement à la deuxième place de ce premier test avec 23,60 points de pénalité. Mais les Anglais dominent cependant la compétition par équipe grâce aux prestations de Laura Collet et Tom McEwen, respectivement 6e (25,80 pts) et 12e (28,90 pts). La seule amazone de l’équipe se réjouissait d’avoir soutenu l’effort de guerre britannique, mais n’en demeurait pas moins déçue de la prestation de London 52 (Landos) : « ce n’est pas le mieux que l’on puisse faire. Je sais que beaucoup se satisferaient de 25 points de pénalité, mais avec un cheval comme lui, c’est décevant. ». Et la cavalière de se demander si l’absence de public n’a pas joué en la défaveur de sa monture. « C’est un frimeur, l’absence de la foule l’a peut-être affecté. Ce sont des animaux et s’ils pouvaient parler, ce serait plus simple. Il peut y avoir de nombreuses raisons pour lesquelles il n’a pas donné le meilleur de lui-même, et en fin de compte, ce ne sont pas des machines. Il a été impeccable toute l’année et a choisi le moment où il devait réaliser sa meilleure performance pour produire la pire. Il n’en reste pas moins un cheval incroyable », a-t-elle conclu non sans émotion, mais avec philosophie.
Un classement serré
Derrière la Grande-Bretagne, qui cumule 78,30 points de pénalité, l’Allemagne est en embuscade (80,40 pts) grâce notamment à l’excellente reprise de Julia Krajewski et Amande de B’neville (25,20 pts). Le podium provisoire est complété par la Nouvelle-Zélande, avec 86,40 points de pénalité. A la suite, le Japon, la Suède, l’Australie, la Chine, les Etats-Unis, la France et la Suisse se tiennent dans un mouchoir de poche : toutes ces équipes cumulent entre 90 et 100 points de pénalité. Même constat en individuel, puisqu’il y a moins de 20 points d’écart entre la première et la 56e place. Et comme toujours lors de championnats de cette envergure, certains outsiders se sont transcendés pour créer la surprise. Difficile à l’issue de ce premier test de ne pas souligner la performance de l’Indien Fouaad Mirza, auteur d’une reprise à 28 points de pénalité avec Seigneur Medicott (Seigneur d'Alleray). Premier représentant de son pays aux Jeux Olympiques depuis près de vingt ans, le cavalier - élève de l’Allemande Sandra Auffarth - a signé une reprise en confiance, maîtrisant particulièrement les figures du pas allongé et du galop allongé. Ce n’est pas pour rien que le couple s’offrait une double médaille d’argent aux derniers Jeux Asiatiques ! « Je suis quelqu’un de très compétitif », livre le cavalier. « Je suis venu pour faire de mon mieux et mon cheval est vraiment en pleine forme. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes et nous verrons ce que nous sommes capables d’accomplir. Cela pourrait suffire pour terminer parmi les meilleurs », se projette déjà le cavalier qui devra d’abord composer avec un parcours de cross qui s’annonce décisif.
L'indien Fouaad Mirza a pu compter sur l'expérience de son bon Seigneur Medicott pour créer la surprise et se glisser parmi les meilleurs couples de la discipline avant d'aborder le cross. Photo : FEI
Un parcours de fond pas comme les autres
De l’avis de tous, le parcours de cross ne sera pas une promenade de santé. Les chevaux prendront la direction dès aujourd'hui de Sea Forest Park, l'île de la baie de Tokyo qui sera le théâtre du second test. Imaginé par le chef de piste américain Derek Di Grazia, le parcours, amputé de deux minutes pour répondre au mieux au climat chaud et humide, ne manque pas d’interroger les cavaliers. « C’est un profil de parcours qu’on n’a jamais vécu. Ce n’est ni un format court, ni un format long. On a le même nombre de sauts (44 efforts) que sur un long format mais à réaliser dans un temps de 7min45’’, soit presque 3 minutes de moins que d’habitude. Il y a beaucoup d’obstacles à franchir de biais, beaucoup de sauts en pentes, quatre gués, des mims (système de sécurité sur certains obstacles) … toutes ces difficultés rendent ce tracé complexe et vont aussi ralentir le chronomètre », analyse le Français Karim Laghouag, médaillé d’or par équipe en titre. « C’est un parcours très intense », confirme Oliver Townend. « Vous êtes toujours dans du dénivelé, de l’eau, ou une combinaison. Les obstacles sont extrêmement justes pour les chevaux et si vous prenez chaque obstacle séparément, il n’y a pas de grosses difficultés. Mais si on ajoute la chaleur, le profil du terrain, la pression olympique et la vitesse, alors vous obtenez un parcours qui ne va pas être si simple ! ».
D’autant moins simple que pour la première fois cette année, avec la mise en place des équipes de trois cavaliers, aucun score ne pourra être effacé. Un nouveau système qui permet entre autres à plus de nations d’être représentées. Derek Di Grazia en a bien pris note et propose sur son parcours de nombreuses options longues pour les couples moins expérimentés. Côté sécurité, il faudra aussi composer avec les systèmes de mims, qui permettent à certains obstacles de tomber en cas de contact trop franc, mais qui coûteront 11 points de pénalité… Pas de doute, le spectacle s’annonce haletant pour la suite de la compétition !
Photo à la Une : Michael Jung pouvait-il rêver meilleur cadeau d'anniversaire que la pôle position à l'issue du test de dressage de concours complet à Tokyo ? - FEI/Libby Law Photography