Après onze ans d’une retraite complète, entourée de ses brillants descendants, Elvira Mail a rejoint les étoiles, à l’âge honorable de trente-deux ans. Véritable matrone du haras de Brullemail de Bernard Le Courtois, l’alezane avait connu le succès grâce à ses deux premiers poulains : Jaguar et Katchina Mail. Son éleveur, qui a donc partagé plus de trois décennies à ses côtés, reconnaît “une chance hors normes” et pleure le fleuron de son œuvre.
“Tout le monde est triste à Brullemail.” Par ces mots, Bernard Le Courtois a annoncé la mort de sa précieuse Elvira Mail, mercredi 24 janvier. “La ‘Reine douairière’ du haras de Brullemail nous a quittés ce soir. Elvira s’est endormie pour le paradis des chevaux à l’âge avancé de trente-deux ans. Elle aura eu une belle vie, entourée de ses filles et petites filles, notamment Katchina, qui lui ‘collait aux basques’ tout le temps. Elvira Mail (Laudanum, PS et Adoret x Almé) était notre poulinière fondatrice. Sa fille aînée, Katchina, prend la succession à la couronne”, a ajouté l’éleveur, dans un bel hommage à sa star.
Née en 1992, la belle alezane était la propre sœur de Chergar Mail, vu jusqu’en Grands Prix CSIO à 1,60m, de l’étalon Fergar Mail, dont le sang a fait le bonheur du haras de Brullemail, évidemment, mais aussi celui du haras mexicain de La Silla, produisant, entre autres, le bondissant Singular LS La Silla, et la sœur utérine d’Hoggar Mail (Hand In Glove, PS), sacré champion de France à six ans avant d’évoluer en CSI.
Son histoire, Elvira l’a écrite grâce à sa descendance. Parmi ses quatorze produits, nés entre 1997 et 2013, deux ont concouru en grands championnats : Jaguar Mail (Hand In Glove) et Katchina Mail (Calvaro). Le premier, étalon aux plus de sept-cents poulains, a tout simplement pris part aux Jeux olympiques de Hong Kong, en 2008, sous les couleurs suédoises de Peter Eriksson. Formé par Bruno Coutureau, puis Patrice Delaveau, qu’il a retrouvé après son aventure olympique, Jaguar Mail a achevé sa carrière sportive en permettant à Margaux Rocuet et Ronan Lerat de faire leurs armes jusqu’à 1,60m. Katchina Mail, elle, a été sacrée championne de France à six ans, avant de briller aux quatre coins du globe, en CSIO et autres CSI-W, aux rênes de Patrice Delaveau. La belle a terminé onzième de la finale du circuit de la Coupe du monde en 2010, à Genève, et participé à l’argent décroché par l’équipe de France aux Jeux équestres mondiaux de Lexington la même année. Elvira a également produit le bon Loren Mail (ISO 142, Alligator Fontaine) ou encore l’étalon Ulgar Mail (Corrado I). À Brullemail, le sang d’Elvira coule dans les veines de nombreux chevaux, dont les étalons Catchar Mail (Diamant de Semilly) ou Delstar Mail (Utrillo vd Heffinck), dont la jeune production fait parler d’elle.
“Elvira a eu son dernier poulain, par transfert d’embryon, en 2013, à vingt et un ans. Depuis onze ans, elle coulait une douce retraite en compagnie de ses filles et petites-filles”, écrit Bernard Le Courtois. “En fait, quasiment tous les poulains qui naissent à Brullemail ont au moins une ou deux fois le nom d’Elvira Mail dans leur pedigree. Elvira, cette poulinière d’exception, a marqué à jamais l’histoire de ma sélection de chevaux de sport. L’opportunité de faire naître une telle poulinière d’exception et la garder toute sa vie est une chance hors normes. Tellement peu d’éleveurs connaissent ce bonheur de la vie. Une page de ma vie se tourne ce soir.”
Photo à la Une : Elvira Mail et son éleveur. © Collection privée