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Mathieu Bourdeaud’hui, une ascension fulgurante (1/2)

Mathieu Bourdeaud’hui a trouvé en Oscar The Homage un partenaire de choix.
samedi 3 mai 2025 Mélina Massias

S’il devait monter, pour une journée, un cheval qui n’est pas le sien, Mathieu Bourdeaud’hui choisirait sans hésitation Ermitage Kalone. Un choix qui se comprend légitimement tant l’alezan de Gilles Thomas est exceptionnel. D’ailleurs, après avoir tout appris - ou presque - auprès de Wilm Vermeir, le jeune Diable Rouge a choisi Marc Van Dijck comme coach privilégié. Alors qu’il fêtera son vingt-deuxième anniversaire le 15 mai prochain, Mathieu poursuit sa route sous les couleurs des écuries Krismar, qui lui permettent de monter d’excellents jeunes chevaux, mais aussi le tout bon Oscar The Homage. C’est lui qui lui a permis de remporter son premier Grand Prix CSIO 3* en fin d’année dernière, de participer au CSI U25 de Genève, puis aux CSI 5*-W de Malines et surtout de Bordeaux, où il a sauté ses premiers Grands Prix 5* avec la manière. Né au sein d’une famille totalement extérieure au monde équestre, le Belge a fait ses gammes, d’abord en dressage, puis en saut d’obstacles, sa discipline de prédilection. De ses débuts internationaux, en 2018, à ses premiers pas au cœur de l’élite, la réussite et l'ascension fulgurante de ce discret cavalier ont de quoi impressionner. Portrait.

Le clan belge de saut d’obstacles ne manque pas de talents. En avril, au sein du Top 100 mondial, le Plat-Pays est la deuxième nation la mieux représentée, avec onze cavaliers, derrière l’Allemagne, qui en compte quinze, et devant l’Irlande et les Etats-Unis, qui ont chacune dix pilotes parmi les cent meilleurs du monde. Au-delà de leurs têtes d’affiche, les Diables Rouges ont la capacité de toujours se renouveler, en faisant émerger, chaque saison, de nouvelles pépites. Mathieu Bourdeaud’hui est de celles-ci. Discret, un brin timide et complètement absorbé par ses chevaux et son sport, il vit, depuis l’automne 2024, ce qui ressemble trait pour trait à un conte de fées. Installé au sein des écuries Krismar, gérées par son beau-père, Kris Callewaert, le Belge a remporté son premier Grand Prix CSIO 3* fin octobre, à Vejer de la Frontera, terminé quatrième du Grand Prix U25 de Genève, affronté son premier CSI 5*-W à Malines, puis disputé son premier Grand Prix à ce niveau à Bordeaux, en février dernier, le tout aux rênes d'Oscar The Homage. S’il figure aujourd’hui non loin des Thibeau Spits, Gilles Thomas et autres Thibault Philippaerts au sein de la relève de son pays, peu de choses prédestinaient Mathieu Bourdeaud’hui à une telle épopée.

Mathieu forme un couple attachant et pétri de qualités avec son puissant Oscar The Homage. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Contrairement à certains de ses pairs, le jeune homme n’est, en effet, pas issu d’une famille impliquée dans le saut d’obstacles mondial. Sa découverte des chevaux s'est ainsi faite un peu par hasard. “Il y avait un champ avec plein de chevaux en face de chez moi, de l’autre côté de la route. Chaque jour, après l’école, j’allais leur rendre visite. Ma mère m’a demandé si j’aimais les chevaux, ce à quoi j’ai répondu oui. Elle connaissait le propriétaire des chevaux et lui a demandé si je pouvais grimper sur le dos de l’un d’entre eux. Tout a commencé comme cela”, se souvient-il. Comme la plupart des enfants de son âge mordus d’équitation, Mathieu, six ans, s’inscrit dans un centre équestre, où il prend ses premiers cours à poney. “Les chevaux ont quelque chose que j’aime en eux. Je les aime pour les animaux qu’ils sont, pour leur caractère. La première fois que je me suis assis sur leur dos, je suis tombé amoureux”, glisse-t-il dans un sourire.



Pendant quatre ans, le jeune garçon découvre les bases et les joies de l’équitation, avant que ses parents ne lui achètent son premier poney. Durant trois ans, ils évoluent ensemble en compétition, en saut d’obstacles, sur des épreuves jusqu’à 0,90m, mais aussi en dressage. À douze ans, le Belge passe à cheval, et étoffe son piquet, avec trois montures. D’abord en pension dans une écurie privée, où sa famille louait des boxes, ses trois complices le rejoignent… chez lui ! “Lorsque j’ai eu quatorze ou quinze ans, nous avons construit notre propre petite écurie à la maison”, précise-t-il. Ce petit coin de paradis, le jeune cavalier en herbe en profitera pendant quelques mois, avant de prendre son envol. “À mes seize ans, je suis parti chez Wilm Vermeir, qui est installé à une heure et demie de chez mes parents, avec un ou deux chevaux”, poursuit Mathieu. De Wilm Vermeir, il dit avoir “presque tout” appris. “Le premier cheval que nous avons acheté lorsque j’avais douze ans venait de chez Wilm. Une connaissance nous avait dit qu'il avait un bon cheval à vendre, qui pourrait me convenir. Je l’ai essayé, mais cela ne fonctionnait pas vraiment. Le cheval était trop fort pour moi. Alors, je suis allé travailler chez Wilm pendant une ou deux semaines, et nous avons fini par acheter ce cheval. Puis j’ai pris l’habitude d’aller chez lui durant les vacances, pour monter et progresser. Il m’a appris à monter à cheval, à m'asseoir correctement en selle.”

En l'espace d'à peine quelques années, Mathieu Bourdeaud'hui a connu une progression impressionnante, jusqu'à courir ses premiers Grands Prix 5* à Bordeaux en février. © Mélina Massias

Au fil des années passées auprès de Wilm Vermeir, aussi discret à pied qu’à cheval, Mathieu est presque devenu un membre de la famille, et un grand frère de cœur pour Robin, la fille de Wilm et son épouse, Karolien Bongaerts. “Après le premier essai de Mathieu, son père m’a appelé pour me demander s’il pouvait venir passer quinze jours à la maison. Il n’arrêtait pas de parler du cheval qu’il avait monté et des écuries ! Il a fini par bien s’entendre avec ce cheval, qui est devenu son premier complice sur le circuit Junior, avant d’être vendu aux Etats-Unis. Mathieu a toujours été très motivé. Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, pour son âge, son dressage et sa position constituaient déjà de bonnes bases. Il devait avoir treize ou quatorze ans quand il s’est installé chez nous. Il a passé toute la période du Covid à nos côtés. Il vivait à la maison et est devenu comme un frère pour Robin, comme l’est aujourd’hui Vic (De Plecker, ndlr). Nous avons partagé beaucoup de dîners ensemble et une belle aventure”, confie le Belge, cent unième mondial en avril. “Mathieu a soif d’apprendre. Il est très poli, mais sait ce qu’il veut. Le soir, lorsque j’étais à la maison et que je donnais des cours, il était toujours à mes côtés. Il lui arrivait d’ailleurs de monter nos chevaux et de les faire sauter, tout en profitant des leçons.”



Chaperonné et façonné par Wilm Vermeir et son épouse dans son équitation, le Belge progresse rapidement. “Nous avons tout fait, de A à Z, avec lui. Nous avons beaucoup appris avec Mathieu et Vic. C’est drôle, car ils faisaient tous les deux les mêmes erreurs au départ. Ils avaient tendance à prendre les premières distances ! Leurs chevaux étaient parfois trop ouverts, et ils auraient gagné à reconstruire le galop et refaire une foulée. Nous avons donc travaillé là-dessus. Cela a été un long chemin, mais Vic comme Mathieu nous l’ont bien rendu. Nous avons pris beaucoup de plaisir à former Mathieu. Nous avons pris notre temps avec lui. Lorsqu’il était à la maison, nous avions beaucoup de chevaux. Robin était jeune et nous n’avions pas de deuxième cavalier. Alors, il a endossé ce rôle. Très souvent, lorsque j’étais en concours, ma femme, qui était une très bonne cavalière et est aujourd'hui une excellente coach, et lui partaient avec un camion rempli de chevaux pour leur donner de l’expérience et les faire sauter à l’extérieur. Mathieu a eu la chance de venir au bon moment chez nous. Je pense que la situation était gagnant-gagnant pour nous deux”, ajoute Wilm Vermeir. 

Le Belge a notamment participé à la formation de Top Invest 313, produit de l'élevage maison de son premier grand professeur, Wilm Vermeir. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Avec Toronto, le cheval lui ayant permis d’intégrer les écuries de Wilm Vermeir, et Totality, deux produits de Toulon et propres frère et sœur de DM Jacqmotte, Mathieu découvre la scène internationale en… 2018 ! Entre ses débuts et 2020, le jeune homme participe seulement à quelques compétitions internationales, pour trente parcours disputés en quatre CSI. À partir de 2021, les choses s’accélèrent. Le pilote prend les rênes de nouvelles montures, dont Top Invest 313, produit de l’élevage maison de son premier mentor âgé, à l’époque, de cinq ans, puis boucle sa première Coupe des nations Junior au printemps de cette même saison. En quatre ans, le chemin parcouru impressionne. “Je n’ai jamais essayé une autre voie. L’école, ce n’était pas fait pour moi. C’étaient toujours les chevaux, et rien d'autre”, sourit-il. “Je suis très heureux des opportunités qui m’ont été offertes ces derniers mois et j’essaye d’en tirer le meilleur. J’ai reçu le prix du Talent de l’année, puis, un mois plus tard, celui de Rookie de l’année. Lorsque le prix m’a été remis, j’ai réalisé que j’avais fait quelque chose de bien. Beaucoup d’autres cavaliers auraient pu prétendre à cette récompense. La recevoir était donc très gratifiant. Malgré tout, j’essaye de garder les pieds sur terre. C’est très important.”

Après son excellente fin d'année 2024, Mathieu a reçu deux distinctions en Belgique, celles de Talent de l'année et de Rookie de l'année. © Dirk Caremans / Hippo Foto

La seconde partie de cet article sera publiée la semaine prochaine sur Studforlife.com…

Photo à la Une : Mathieu Bourdeaud’hui a trouvé en Oscar The Homage un partenaire de choix. © Sportfot