Le champion d'Europe n'a pas d'égal quand il s'agit de se battre pour la victoire, il l'a encore prouvé en signant un triplé historique dans le Grand Prix Coupe du Monde de Lyon cet après-midi devant Eduardo Pereira De Menezes et Max Kühner !
Après cinq jours de festivités, l'heure était venue de conclure l'édition 2021 du Longines Equita Lyon. Quarante cavaliers et leurs montures avaient rendez-vous pour le Grand Prix Coupe du monde dessiné par Grégory Bodo. Au premier abord, le parcours n’était pas des plus impressionnants mais les obstacles étaient pour le moins délicats et le chronomètre ne permettait pas de trainer en route. "J'ai essayé de proposer un parcours technique qui demandait de la réflexion et qui offrait des alternatives en termes de choix de contrats de foulées, tout en ne mettant pas les chevaux en danger", expliquait Grégory Bodo. Premier à s'élancer, l'Argentin José María Larocca a presque donné l'impression que ce serait facile en signant d'entrée de jeu un parcours sans-faute avec Finn Lente (Gaillard de la Pomme). Presque... Il y aura eu des fautes un peu partout et deux couples (Luis Ferreira sur Cerruti van ter Hulst Z et Jérôme Guery avec Quel Homme de Hus) ont écopé d'un point de temps dépassé. Finalement, il n'y a eu que onze barragistes. "Je pense que c'était un bon Grand Prix, la moitié des partants a terminé son parcours à moins de quatre points", soulignait Grégory.
Avec un nombre de barragistes idéal, la bataille pour la victoire a été rude et le tracé du second tour permettait une belle prise de risque... qui aura poussé pas mal de monde à la faute. Cela fut le cas d'Holly Smith, pénalisée de quatre points sur l'avant-dernier. Néanmoins, la Britannique peut se satisfaire d'un week-end assez exceptionnel : elle était deuxième dans le Grand Prix Longines vendredi et troisième des Equita Masters hier soir avec ce même cheval, Denver (Memphis). En six tours, une seule barre a été laissée à terre !
Holly Smith et Denver
Finalement, le premier double sans-faute a été réalisé par Eduardo Pereira De Menezes avec H5 Chaganus (Chacco-Blue), un hongre au modèle quelque peu atypique qui était auparavant monté par Yuri Mansur et Rodrigo Pessoa. Avec Eduardo, chez qui ils est arrivé il y a trois ans, le bai a déjà collecté de beaux succès, il remportait d'ailleurs le Grand Prix 5* de Grimaud il y a quelques jours. Cette fois-ci, le cavalier savait qu'il ne serait pas assez rapide pour l'emporter avec son chronomètre de 35"14 : "J'ai fait une foulée de plus pour aller du double au vertical rouge, je n'ai pas osé en enlever une. En sortant de piste, j'étais complètement battable et je le savais".
Eduardo Pereira De Menezes et H5 Chaganus
Il n'avait pas tort mais cela a mis un peu de temps à arriver. Max Kühner a lui aussi signé un parcours sans-faute toutefois plus lent de quelques dixièmes (35"87). "J'ai perdu sur la dernière ligne, j'aurais pu faire une foulée de moins", avouait-il. A dix ans, après une victoire dans le difficile Prix d'Europe à Aix-La-Chapelle et une autre dans le Grand Prix de 's-Hertogenbosch, Elektric Blue P (Eldorado vd Zeshoek) prouve en tout cas une nouvelle fois que l'on peut compter sur lui.
Cette victoire aurait pu être celle d'Edward Levy. A vingt-six ans, le tricolore court depuis un moment derrière une première victoire dans un Grand Prix 5*. Il en est passé tout près à plusieurs reprises et notamment à Grimaud l'an passé avec cette même Rebeca LS (Rebozo). Bien que porté par sept mille spectateurs tout acquis à sa cause, le Normand n'a pu éviter une faute et la relégation à la sixième place. Il a tout de même tenu à souligner que "ce concours nous a ramenés à la vie normale et c’était assez incroyable. Cela nous fait beaucoup de bien de retrouver le public." La victoire, ce sera une prochaine fois !
Edward Levy et Rebeca LS
Qui a donc finalement réussi à supplanter Eduardo Pereira De Menezes ? Ni plus, ni moins que le lauréat des éditions 2018 et en 2019 : Martin Fuchs ! Le Suisse revenait dans la capitale des Gaules, non pas avec son fantastique Clooney, mais avec Chaplin (Verdi) et une fois de plus, il est parvenu à arracher la victoire en redoublant d'efforts sur le barrage même s'il s'en est fallu de peu. "En sortie de piste, je n'étais pas totalement satisfait parce que j'ai fait une foulée de plus que les autres en allant du premier au deuxième obstacle. Je ne pensais pas gagner parce que Steve Guerdat et Edward Levy devaient encore passer et qu'ils font partie des cavaliers les plus rapides au monde mais ils ont finalement fait des fautes", analysait le pilote.
Martin Fuchs et Chaplin
Longtemps arrêté pour blessure, Chaplin a fait son retour cet été et ce n'est pas pour rien qu'il est l'un des chevaux favoris du Suisse."Il est super rapide, respectueux, il a un grand coeur et je sais que je peux prendre tous les risques parce qu'il donne tout pour moi", confiait Martin tout sourire. Pour l'anecdote, le père de Chaplin, Verdi, remportait cette même épreuve en 2013 avec Maikel vd Vleuten. Chaplin a quant à lui déjà gagné les Grands Prix de Madrid, Mexico, Cascais Estoril et à quatorze ans, le bai n'a pas dit son dernier mot, et il aura sûrement l'occasion de le prouver à nouveau sur le circuit indoor. "Je devrais faire Vérone, Madrid et Londres en m'appuyant sur Chaplin et Conner Jei. Je ne partirai pas aux Etats-Unis cet hiver, je vais me concentrer sur les concours indoor en Europe". Avec les vingt-points acquis grâce à cette victoire, le Suisse fait un bon pas vers la finale de la Coupe du monde qui se déroulera à Leipzig début avril.
Le classement du circuit Coupe du monde
Crédit photos : Julien Counet