Martin Fuchs et Conner Jei régalent leur public à Saint-Gall !
Technique parfaite, immense galopade, force et moyens. Conner Jei, le complice de Martin Fuchs, est définitivement taillé pour le très grand sport. Bien qu’il ne semble pas être, pour l’heure, le plus aisé à manier, le Holsteiner de onze ans a raflé le deuxième Grand Prix 5* de sa carrière, en fin de journée, à Saint-Gall, en Suisse. Au terme d’une épreuve au scénario atypique, le Suisse a dominé son rival Belge Wilm Vermeir, impeccable avec Iq van het Steentje et Bryan Balsiger, qui a su tirer le meilleur de sa géniale et sensible Dubaï du Bois Pinchet. À quelques jours de la parution du classement mondial Longines du mois de juin, le récent vainqueur de la finale de la finale de la Coupe du monde empoche au passage de précieux points à la course au brassard de meilleur cavalier du monde…
En offrant un sans-faute au public, venu se masser en nombre aux abords de l’immense piste en herbe de Saint Gall, en ouverture du Grand Prix, l’Allemand Sven Schlüsselburg et son Bud Spencer 7 ont laissé craindre à une nouvelle vague de clear rounds, comme ce fut le cas, la semaine passée à Rome. Mais, samedi 4 juin, cette perspective s’est vite éclipsée. Les quinze couples suivants ont ainsi accumulé les pénalités, sortant de piste tantôt avec seize, douze, vingt-quatre voire trente-quatre points (!). Les moins téméraires auront jeté l’éponge avant, ou chuter, heureusement sans gravité. Les parcours à quatre points de Victoria Gulliksen, sur son excellent Equine America Papa Roach, Michael Greeve et Fyolieta ainsi que Felipe Amaral, aux rênes d’Androide 3 ont dû quelque peu soulager le Suisse Gérard Lachat, désigné chef de piste pour cet Officiel de Suisse.
À mi-épreuve, le niveau s’est considérablement relevé. Alors que les premiers pilotes à s’être frottés au tracé plus que sérieux proposé en cette deuxième journée de compétition à Saint Gall n’étaient pas les plus expérimentés, les habitués des joutes du 5* sont entrés en scène. Si Alain Jufer et Elian Bauman sont sortis de piste avec une faute, à l’instar de leur compatriote Pius Schwizer, très à son aise sur un Vancouver de Lanlore allant et fringuant, et du Belge Grégory Wathelet, Sanne Thijssen a guidé ses camarades vers le sans-faute. La jeune Néerlandaise a ainsi été directement imitée par son collègue Marc Houtzager, puis, quelques minutes plus tard, par une délégation suisse affamée. Martin Fuchs, Edouard Schmitz et Bryan Balsiger se sont ainsi offert une belle carte à jouer en deuxième manche. Lui aussi sans-faute, Wilm Vermeir a livré une démonstration avec le délicat Iq van het Steentje, tandis que Koen Vereecke a confirmé sa bonne forme, ne se faisant piéger que par le temps aux rênes du bondissant Kasanova de la Pomme.
Un jeu de stratégie en deuxième manche
Comme à La Baule, ce temps fort individuel s’est joué en deux manches. Les treize meilleurs couples de la première manche sont ainsi revenus affronter un parcours réduit. Premier à tenter sa chance, Grégory Wathelet a tout donné avec son étalon Iron Man van de Padenborre, apparu très à son aise en Suisse, une semaine après s’être imposé dans le petit Grand Prix de Rome. Rapide, le Belge a pris l’avantage sur Harry Charles, piégé sur l’ultime oxer de la première manche avec son olympique Romeo 88, Pius Schwizer et Elian Bauman, qui ont fait preuve de stratégie en ne risquant pas de renverser une barre. De son côté, Elian Bauman n’a pas hésité et a défié le chronomètre avec Dante MM (ex Dante 117). Cela lui a permis de prendre la huitième place finale, juste derrière Koen Vereecke, impeccable sans forcer sur son étalon Kasanova de la Pomme, mais toujours handicapé par son point de temps dépassé en première manche…
Premier des sans-faute, Sven Schlüsselburg a vécu une sacré désillusion lorsqu’il a tout bonnement traversé le vertical numéro 3, retombant lourdement sur le dos. Si sa chute a été impressionnante, la réaction du pilote, qui s’est relevé en une fraction de seconde, comme si de rien n’était, l’a encore plus été ! Pour le reste, cette deuxième manche ne s’est véritablement jouée qu’au chronomètre, puisqu’aucun obstacle n’a été renversé. Marc Houtzager a ainsi pris son temps en compagnie de Holy Moley, un fils de Verdi TN, qui disputait son premier Grand Prix 5*. Sixième, le KWPN a été devancé par un autre nouveau venu à ce niveau : Hi There. Le complice de Sanne Thijssen, généreux dans chacun de ses sauts, a été légèrement plus rapide, pour terminer cinquième. Le bai, déjà médaillé de bronze aux derniers championnats nationaux des Pays-Bas, pourrait bien être la relève de l’exceptionnel Con Quidam RB.
Un peu plus rapide, Edouard Schmitz, valeur montante du clan suisse, s’est classé quatrième sur son fidèle Quno. Alors qu’il a pris plus de risques avec la sensible Dubaï du Bois Pinchet, déroulant un très bon tracé, Bryan Balsiger s’est octroyé une belle troisième place. Juste après lui, un certain Martin Fuchs a mis tout le monde d’accord, en partant tambours battant avec le génial Conner Jei (ex conner 70). Bien que le fils de Connor 48 ait éprouvé plus de difficulté à se plier aux instructions de son cavalier dans les courbes, son immense amplitude et sa facilité déconcertante à survoler les obstacles lui ont permis de franchir la ligne d’arrivée en 42”91. Taillé pour le (très) haut niveau, le Holsteiner de onze ans a remporté, haut la main, son deuxième Grand Prix 5*, après celui glané à Dinard, l’été dernier. Sa performance a presque éclipsé celle du Belge Wilm Vermeir. Pourtant, le Diable Rouge a réalisé une deuxième manche magistrale sur son Iq, qui avait déjà participer à la victoire de la Belgique à La Baule, pour s’intercaler en deuxième position, au cœur d’un tir groupé helvète de bonne augure pour la Coupe des nations, qui se jouera lundi.
Photo à la Une : Martin Fuchs et Conner Jei. © CSIO St Gallen