En selle sur son fidèle VDL Edgar M, Marlon Modolo Zanotelli a livré une prestation d’orfèvre au public bordelais, présent en nombre pour le grand retour de l’événement girondin après deux ans de disette. Grâce à un barrage parfaitement maîtrisé et osé, le Brésilien a doublé Edouard Schmitz, de nouveau deuxième sur le très en forme Quno, ainsi qu’Henrik von Eckermann, vaincu avec son champion du monde King Edward.
Edouard Schmitz a dû avoir un goût de déjà vu, samedi 4 février à Bordeaux, lorsque la victoire, qui lui tendait grands les bras, a filé vers ceux de Marlon Modolo Zanotelli, adoubé de la piste au paddock par un public en feu. Associé à son agile VDL Edgar M, qu’il connaît par cœur, le Brésilien a conquis le public du parc des expositions. Si le premier tour de cette avant-dernière étape de la Coupe du monde Longines d’Europe occidentale, édition 2022-2023, a laissé passer dix-sept concurrents, soit quasiment deux fois trop, le barrage a offert un caviar aux près de 10.000 spectateurs présents dans le salon bordelais, qui avait connu deux années de disette en raison de la pandémie de Covid-19. “Edgar devient de plus rapide. Les gens pensent que, du fait de sa grande taille, il n’est pas très véloce. Il y a deux ans, je ne pouvais pas me permettre d’ouvrir les gaz ; il était trop enthousiaste à l’abord et sur le saut. Il se précipitait trop et j’ai dû lui faire prendre le temps au-dessus des obstacles. Désormais, je peux me permettre d’aller plus vite. Il l’a d’ailleurs prouvé à Genève, ou Oslo, où il a gagné le Grand Prix de la ville. Il est plus rapide qu’on ne le croit, mais ne le dites pas aux autres !”, s’est amusé l’heureux lauréat en conférence de presse. “Il est très bon sur les virages, à main droite comme à main gauche. Edgar est également très sensible et cela s’est ressenti dans sa réaction sur la dernière ligne. J’ai de la chance de l’avoir à mes côtés.”
Marlon Modolo Zanotelli lors du tour d'honneur avec son cher Edgar.
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Avec une ligne d’arrivée franchie en 35”39, le Brésilien a signé la deuxième victoire de sa nation à Bordeaux, la première ayant été l'œuvre d’un couple mythique, formé par Rodrigo Pessoa et… Baloubet du Rouet. Surtout, il a privé Edouard Schmitz d’un deuxième triomphe au plus haut niveau. En selle sur le généreux et très en forme Quno, le prodige suisse a accusé une poignée de centièmes de retard, arrêtant la montre en 35”72. Certes, ce gagnant dans l’âme aurait préféré s'asseoir à la place de son bourreau du jour lors de la conférence de presse, mais cette deuxième place n’a en rien gâché sa joie. “Il y a une grande part de satisfaction dans ce résultat. Mon objectif était de gagner, donc il n’a pas été atteint aujourd’hui, mais mon but premier était de me qualifier pour Omaha. Compte tenu de mes points, celui-ci semble en bonne voie. Tout cavalier a envie de vivre des émotions aussi fortes, partagées avec le public, les chevaux et les grooms, et des barrages comme ceux-là. Le bon cavalier est sur la plus haute marche du podium. Je m’incline, mais je ne dis pas que je n'essaierai pas un peu plus fort la prochaine fois”, a glissé avec son sens de l’humour caractéristique le Genevois, installé à Zurich et dont le point de base d’entraînement est situé à Wängi, chez la famille Fuchs. Dans l’objectif d’un déplacement dans le Nebraska au printemps prochain, Edouard Schmitz avait initialement prévu de miser sur Gamin van’t Naastveldhof. Si son plan ne devrait pas changer, les dernières prestations de son puissant Quno lui font forcément réfléchir à deux fois à son choix.
Edouard Schmitz et Quno sur le double Longines, avant-dernière difficulté du tour initial.
King n’est pas invincible
Heureux comme un junior, Henrik von Eckermann a savouré sa troisième place, acquise aux rênes de sa star, King Edward, fort bondissant ce soir. “Non, King Edward ne déçoit jamais. Nous travaillons chaque jour pour vivre ces émotions, comme l’a dit Edouard, pour prendre du plaisir. King Edward a rarement de mauvais jours. La dernière fois qu’il a sauté comme aujourd’hui et m’a procuré le même sentiment, c’était lors des championnats du monde. Cela a suffi à me ravir, même si je suis troisième”, a confié le numéro un mondial, qui s’accroche à son brassard depuis sept mois déjà. “Bien figurer dans deux ou trois épreuves et remporter un Grand Prix est une chose, mais conserver son cheval heureux et motivé en est une autre. C’est mon objectif. King Edward est fantastique.”
King Edward et Henrik von Eckermann ne gagnent pas toujours !
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Quatrième, Harry Charles a signé une brillante première à ce niveau avec Balou du Reventon (ex Cornet’s Balou), ancien partenaire de Brian Moggre débarqué dans ses écuries il y a quelques semaines seulement. Son compatriote, Scott Brash, s’est, lui, hissé au cinquième rang grâce à la complicité de Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof). Que dire, également, de la prestation de Daniel Deusser ? Parti en début d’épreuve, l’Allemand a de nouveau aligné deux parcours parfaits sur son métronome Scuderia 1918 Tobago, lauréat de trois Grands Prix 5* majeurs la saison dernière. Le top 8 est complété par Denis Lynch et Pieter Devos, juchés sur Brooklyn Heights (ex Jorden van de Kruishoeve) et Mom’s*Toupie de la Roque.
Balou du Reventon, félicité par sa groom.
Cinq des barragistes ont, quant à eux, fini en dehors du classement. Une ombre au tableau d’un Grand Prix ayant ravi le plus grand nombre. “Je suis heureux de ne pas avoir le travail [du chef de piste], qui est très, très difficile, d’autant plus aujourd’hui avant tant de bons chevaux et cavaliers. Il est toujours facile d’être plus intelligent après. Peut-être que le début du parcours, les cinq ou six premiers obstacles, étaient trop simples. Le temps était aussi un peu trop long. C’est un problème à ce niveau. Lorsque les cavaliers n’ont pas à penser au temps du tout, et ne ressentent même pas une pression minime par rapport à cela, ce n’est pas bon. Toutefois, je ne suis pas non plus un fan des temps trop serrés”, a décrypté Henrik von Eckermann. Et son voisin de table, Marlon Modolo Zanotelli de répondre, non sans une pointe d’humour : “Le parcours était parfait !” Jean-François Morand s’est ensuite rongé les sangs, assurant qu’il s’était rendu compte de la trop grande accessibilité de son tracé dès le premier parcours et que la suite avait ensuite été “terrible”. Avec un temps plus court de plusieurs secondes, l’enjeu aurait sans doute été un peu plus grand. “Le parcours mettait les chevaux bien dans le galop dès le départ, donc leur vitesse moyenne était plus élevée que je ne l’avais anticipé. La pression plus faible a changé la donne”, a aussi concédé le chef de piste.
Edgar M a gagné à Bordeaux, et il semble fier de sa prestation !
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Une dernière chance pour les retardataires
Après cette avant dernière étape, la liste des qualifiés se précise de plus en plus. Mieux, elle est presque définitive, puisque seul reste au menu du circuit indoor le Grand Prix de Göteborg, le week-end prochain. Si Simon Delestre n’en sera pas, Henrik von Eckermann, Julien Epaillard, Daniel Deusser, Harry Charles, Kevin Staut, Gerrit Nieberg, Edouard Schmitz, Jur Vrieling, Victoria Gulliksen, Janne Friederike Meyer-Zimmerman, Marcus Ehning, Denis Lynch et Wilma Helström peuvent d’ores et déjà préparer leur valise, leurs totaux de plus de quarante unités leur assurant assez confortablement leur ticket pour Omaha.
Le duel entre Marlon Modolo Zanotelli et Edouard Schmitz, sur Edgar M et Quno, a régalé le public, présent en nombre à Bordeaux.
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Les résultats complets ici.
Le classement provisoire complet ici.
Crédit photo : © Mélina Massias. Photo à la Une : Marlon Modolo Zanotelli et VDL Edgar M à Bordeaux.
Toutes les épreuves du CSI 5*-W de Bordeaux sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.
