Saut Hermès - 2014
Grand Prix
Grand Prix
C'était un week-end chargé pour les cavaliers de haut niveau, car si certains d'entre eux étaient déjà répartis sur plusieurs tournées en extérieur, dans le sud de l'Europe ou aux USA, les autres devaient encore choisir entre Al Shaqab - et son Grand Prix doté de 650.000 euros - ou le prestige de la maison Hermès et l'atmosphère magique du Grand Palais en plein c?ur de Paris, avec un Grand Prix doté de 400.000 euros.
Le vainqueur de l'édition précédente, Ludger Beerbaum avait choisi, cette fois, de s'exiler à Doha… où il a remporté le Grand Prix avec Chiara (Contender), devant les Belges Grégory Wathelet sur Sea Coast Forlap DC (Querlybet Hero) et Nicola Philippaerts sur Cortez (Quick Star).
Le numéro un mondial, Scott Brash, lui, est revenu en Europe pour l'occasion pour monter Ursula XI en vue de la finale de la coupe du monde, alors qu'il est en tournée aux USA avec le reste de son piquet de chevaux. Cela semblait très facile pour lui mais malheureusement, sa jument regardera les bidets et n'évitera pas deux fautes sur les éléments du double final vertical-oxer qui aura fait beaucoup de dégât. Jessica Kuerten sur VDL Zapatero (Chin Chin), Pius Schwizer sur Toulago (Toulon), Marco Kutscher sur Cornet's Cristallo (Cornet Obolensky), Reed Kessler sur Cos I Can (Olympic Lux) ou encore Christian Ahlmann se feront piéger sur l'entrée du double alors que Kevin Staut sur Rêveur de Hurtebise (Kashmir van't Schuttershof), Camron Hanley sur Antello Z (Romantico La Silla) ou encore la malheureuse Finlandaise Maiju Mallat sur Armani The Gun CH (Abanos), à deux doigts de réaliser l'exploit, fauteront sur la sortie. Premier à s'élancer, Hans-Dieter Dreher n'avait pu éviter une faute de postérieur d'Embassy II (Escudo I) sur l'oxer précédent ce double. Philippe Rozier semble tenir une nouvelle monture pour le haut niveau. Après leur belle performance à Bordeaux, Rahotep de Toscane (Quidam de Revel), propre frère de son ancienne monture Jadis de Toscane, confirme avec une petite faute sur le vertical Hermès n°6. Dayro Arroyave et Eldorado vh Vijverhof (Thunder vd Zuuthoeve) continue leur petit bonhomme de chemin. Invités de dernière minute, ils ne commettent qu'une petite faute sur le vertical n°3. Au final, ils ne seront que quatre à réaliser le parcours sans-faute et donc à en découdre lors du barrage. Seul Français en lice, Patrice Delaveau sera le premier à s'élancer. En selle sur Lacrimoso HDC (Landjunge), il attaque d'emblée et réalise un magnifique sans faute mettant la pression sur ses poursuivants. Katharina Offel sait que cela va être très difficile de battre son ancienne monture, d'autant qu'elle ne connait la sienne, Lacontino (Landgold), que depuis quelques mois. La Germano-Ukrainienne tourne court, mais son étalon est moins pétillant que lors du premier tour et ne peut éviter une faute sur l'avant dernier obstacle. « Je suis néanmoins très contente, je savais que je ne pouvais pas aller aussi vite que Patrice alors pour moi, c'est déjà un très bon résultat, d'autant que nous ne nous connaissons pas encore suffisamment avec Lacontino pour rivaliser avec le chronomètre. C'était donc un avantage de partir dans un barrage si réduit. De plus avoir la chance de monter dans un tel endroit est vraiment incroyable. Pour moi, il peut y avoir n'importe quel concours en même temps, je choisirai Paris. » Laura Renwick fait office de surprise du chef au milieu du quatuor, et ce d'autant plus que la Britanique monte un cheval encore tout à fait inexpérimenté à ce niveau avec Bintang II (Tangelo vd Zuuthoeve), 8 ans. Le couple ne pourra éviter deux fautes… « J'ai senti Bintang fatiguer lors du second tour, mais comment ne pas être heureuse après un tel résultat ici, alors que c'est son premier Grand Prix à ce niveau ! » Il n'en reste donc plus qu'un à partir… et c'est le grandissime favori, Marcus Ehning est en selle sur son extra-terrestre Cornado I (Cornet Obolensky). Il connait le tracé du Français, qui semble ne pas avoir tout donné, et le couple est en forme… Ils débutent très fort et partent sur les chapeaux de roue, mais ils perdent du temps à l'abord du dernier virage. C'est sans faute, Marcus Ehning lève la tête : il a bel et bien gagné et ce pour trois petits centièmes de seconde ! « Le parcours était très technique et le dernier double était très difficile, mais d'un autre côté voir autant de chevaux avec une seule faute, c'est aussi la preuve que c'était un parcours fair-play. Au final, il n'y a eu que quatre sans-faute mais il y aurait pu y en avoir bien plus. C'était vraiment très serré avec Patrice, j'avais vu la moitié de son tour et je l'ai déjà vu monter plus vite avant, donc je savais que j'avais une chance. Mon abord vers le double n'était pas parfait mais Cornado a une tellement grande action que j'ai pu ensuite enlever une foulée et la distance est vraiment bien sortie vers le dernier obstacle, alors j'ai eu un peu de chance. C'était très serré mais je pensais bien avoir un petit avantage. Je suis évidemment très heureux de cette victoire, l'année ne fait que commencer et j'ai déjà réalisé une incroyable saison. J'ai pris mon temps avec Cornado mais cela paie aujourd'hui. Il a fait sa première coupe du monde à Bordeaux l'an dernier. Le problème n'a jamais été de sauter, mais nous avions quelques soucis de contrôle, car il a une telle mentalité et une telle puissance que vous devez pouvoir maîtriser cela. Je n'ai jamais eu la sensation de ne plus être présent sur le devant de la scène mais c'est l'ensemble d'une écurie qui fait la différence et pas un seul cheval. En 2014, avec Cornado, j'ai gagné à Bordeaux devant Bosty et terminé 3 ème à Bâle. J'ai également été second à Göteborg avec Plot Blue et 2 ème à Dormund avec Come Il faut. Je suis vraiment heureux. On ne peut pas dire que Cornado soit vraiment nouveau chez moi, mais c'est sûr que c'est avec lui que je vais participer à la finale de la coupe du monde. Il est par contre encore beaucoup trop tôt que pour parler des championnats du monde. Plot Blue a aujourd'hui 17 ans, mais j'ai un bon piquet de chevaux pour l'aider et il aide également les autres. Pour moi, c'est très important. Je ne me sens pas invincible pour autant, d'ailleurs le premier jour, j'avais une faute. C'est un cheval encore très vert dans sa tête et il est toujours très frais le premier jour. Il a besoin de connaître l'endroit où il saute et c'était la première fois qu'il venait ici, il faut alors quelques sauts pour qu'il soit plus serein. Au barrage, je sais que si je ne fais pas une grosse erreur, il ne met pas de barre à terre. Nous ferons encore 's-Hertogenbosh la semaine prochaine puis nous participerons à la finale de Lyon ensemble. Cornado est un cheval d'Etat puisqu'il appartient au stud-book westphalien, donc j'ai une toute petite part, au même titre que tous les Allemands ! Cet endroit est magnifique et c'est évidemment un grand plaisir de signer une seconde victoire ici, surtout avec ce beau temps. J'ai souvent beaucoup de chance en France, c'est peut-être à cause du bon vin ? Sérieusement, il y a une multitude de très beaux concours, mais c'est un plaisir d'être ici. C'est vrai que certains cavaliers ont préféré partir à Doha… mais c'est quand ils ont su que je venais ici, alors ils ont préféré aller de l'autre côté !» réagira le génie Allemand. Premier à s'élancer, Patrice Delaveau est finalement passé si près de la victoire. « Je n'ai pas pris tous les risques mais j'ai pris une option qui obligeait Marcus de tourner. C'est un cheval très rapide et maniable. Il devait juste apprendre à être plus concentré en piste et il a fait d'énormes progrès à ce niveau-là. Il lui reste encore aujourd'hui une marge de progression au niveau des terrains en herbe mais si jamais il devait ne pas être aussi performant sur l'herbe, ce ne serait pas très grave. Depuis longtemps, j'hésitais à l'engager pour la finale de la coupe du monde d'autant que Philippe Guerdat ne souhaitait pas que les chevaux qui sont en course pour les championnats du monde participent à la finale de la coupe du monde … puis évidemment, la blessure d'Orient Express a solutionné le problème et depuis Genève, il est clair que c'était à Lacrimoso de participer à Lyon d'autant que nous avons un programme très chargé et que j'aurai besoin de Carinjo pour les semaines qui suivent. En plus, Lacrimoso a déjà prouvé qu'il pouvait aller très vite le premier jour sans pour autant que ça ne le détruise pour les jours suivants. Je n'ai pas encore gagné cette année mais c'est vrai que les 4-5 Grand Prix auxquels j'ai participé, j'ai à chaque fois été dedans, ça part plutôt pas mal. Je n'ai pas gagné à Hong-Kong mais finalement tous ces bons résultats font quelque peu vase communicant et pour l'instant, ce que je perds un week-end, je le gagne de l'autre… mais nous ne sommes qu'au mois de mars et la route est encore très très longue. »