Dernière partie de notre interview avec Marc Vanlangendonck à la découverte de la réussite de l'élevage du Seigneur.
Aujourd'hui, avez-vous des envies d'être propriétaire de chevaux de haut niveau ou votre objectif est-il avant tout commercial ?
« Avec mon épouse, Kathleen, cela fait un an ou deux que nous avons décidé de changer notre manière de faire, en gardant beaucoup plus longtemps des chevaux de qualité, quitte à faire des partenariats avec des cavaliers internationaux. Nous avons, par exemple, vendu la moitié de Verybelle à Picobello Horse et nous avons fait un partenariat autour de Boyfriend avec Jérôme Guery. Nous sommes propriétaires, lui en est le cavalier et lui va essayer de l'emmener le plus loin possible. Notre objectif, avec ces chevaux-là, est de les voir évoluer en Grand Prix. Après, nous verrons si nous les gardons ou si nous les vendons. Cela dépendra des opportunités. C'est toujours dommage de les voir à 3, 4 et 5 ans puis de voir que quelques années après, ils valent 10 fois le prix. »
La rentabilité est toujours le sujet principal de l'élevage comme sur les feuilles lorsque vous aviez 14 ans ?
« Non, je ne fais pas d'élevage en espérant une rentabilité. Je gagnais ma vie avec le métier que j'exerçais avant mais je n'avais pas de passion. Aujourd'hui, c'est vraiment une passion et c'est quelque chose de primordial dans ma vie. Maintenant, qui dit réussite, dit aussi rentabilité … celui qui ne peut pas vivre de son métier, c'est que ce n'est pas tout à fait une réussite. Je ne le fais pas en espérant faire fortune mais j'aimerais bien quand même un minimum de rentabilité. Quand on voit tous les frais que cela représente! Quand on le fait à petite échelle, ça n'a pas vraiment d'importance mais lorsqu'on le fait à grande échelle, ça peut vite coûter beaucoup d'argent s'il n'y a pas de vente. »
A côté de l'élevage de chevaux, vous avez également un élevage de vaches. Y a-t-il des ressemblances dans la manière d'élever et de gérer l'élevage ?
« C'est intéressant aussi … mais c'est beaucoup plus simple que les chevaux. Les bovins, c'est la morphologie qui prime : la taille, la viande… Les chevaux, c'est beaucoup plus compliqué avec toutes les qualités d'un cheval de sport qu'il faut réunir. C'est beaucoup plus difficile mais plus intéressant également. »
Dans votre élevage de limousines, vous avez eu cette même envie de qualité ou vous l'avez fait de manière plus simple ?
« Je pense que je l'ai fait d'une manière plus simple. J'ai voulu avoir quand même une bonne souche à la base puisque la majeure partie de mon troupeau vient de chez un éleveur français. Il s'appelle Olivier Vermant et il a un très bon élevage avec beaucoup de développement, dans les Ardennes française. Depuis lors, je lui ai communiqué le virus des chevaux … L'an prochain, il va avoir 10 poulains qui vont naître ! Il fait du transfert d'embryon avec son fils…
Aujourd'hui, je veux garder un noyau car nous avons d'assez grandes surfaces de prairies et cela se complète bien, avec les chevaux. Les bovins mangent les refus des chevaux. Les prairies sont beaucoup plus propres et beaucoup mieux entretenues comme cela … Mais si je devais diminuer la surface, alors je supprimerais les bovins et pas les chevaux, il faut être logique. A un moment donné, je louais 15 hectares en France et j'avais donc 55 hectares de prairies. Cela faisait beaucoup. Maintenant, je ne loue plus ces 15 hectares, même si c'était un bloc magnifique. Nous y mettions les poulains mâles pour qu'ils soient éloignés des femelles.
Mais nous avons eu quelques blagues avec des poulains blessés, avec une surveillance qui n'était pas top. J'ai finalement préféré ramener les poulains mâles ici et diminuer quelque peu le nombre de vaches, pour me simplifier la vie. »
Quels sont vos objectifs dans l'avenir, pour votre élevage ?
« Nous voulons continuer dans cette voie tant que nous pourrons le faire. Cela maintient en forme, même si nous ne sommes pas encore vieux. L'objectif est évidemment d'amener le plus de chevaux vers le haut niveau, en espérant un jour une rentabilité, une récompense de ce travail. Il faut quand même être un peu fou, à l'heure actuelle, pour maintenir un élevage de chevaux, quand on voit toutes les difficultés aujourd'hui. Soit il faut avoir beaucoup d'étalons qui saillissent, soit il faut avoir une grande structure de commerce. Mais pour un vrai élevage, c'est rare quand même. La plupart des gens font cela comme un hobby. Pour nous, cela implique beaucoup de sacrifices car nous travaillons, mon épouse et moi, aidés de trois salariés à mi-temps dont notre cavalier, Guillaume Deraedt qui s'investit énormément au sein de notre élevage. En fait, les plus beaux moments, c'est lorsque je fais le tour de mes prairies et que je regarde mes poulains. »