Marc Bettinger, le travail finit toujours par payer. (3/4)
A ce moment-là, même si vous êtes professionnel depuis tant d'années, le grand public vous découvre seulement. C'était étonnant pour vous d'avoir les gens qui se demandaient qui vous étiez ?
M.B. : « Je dois dire que je ne me suis jamais vraiment tracassé de ce que les gens disent ou font. Avec toute l'expérience que j'ai eue par le passé, je me suis vraiment concentré sur les choses qui étaient importantes pour moi et ma famille. J'aime la pression. Quand je vais en concours et que je sais qu'il y a un cheval très rapide à battre, cela me motive. Je n'ai plus trop de contact avec mon père et il n'était pas à Balve, mais je pense que ça lui a fait plaisir. Par contre, ma mère et mon fils étaient présents et c'était incroyable. »
Marc Bettinger à Aix la Chapelle en 2012 avec deux produits de Kannan: Oh d'Eole & Quannan R
Récupérer la jument après McLain Ward, après sa violente chute, c'était peut-être votre chance comme vous l'avez dit mais c'était aussi une certaine pression, non ?
M.B. : « Pour être honnête avec vous, je n'ai pas regardé une seule vidéo de la jument ! Je ne savais pas ce qui s'était passé avec la jument. Je savais qu'il y avait eu quelque chose, mais je ne savais pas quoi et je n'ai pas demandé. Je l'ai montée et c'est tout. Lorsqu'elle est arrivée et que j'ai fait mon premier saut avec elle, vous sentiez qu'elle sautait fort.
J'ai suivi mon plan que je m'étais fixé selon ce que je ressentais. Je n'ai jamais vérifié ce qu'elle avait fait avant.
François m'a dit, c'est vraiment un très bon cheval. Il en avait dit assez pour moi ! Je pense que c'est parfois mieux de se faire sa propre opinion sur un cheval, et sentir ce qu'il a besoin ou pas. Je ne connais pas très bien McLain mais lorsque j'ai été champion d'Allemagne, il m'a de suite appelé et félicité. Il était très heureux pour moi. »
Après tant d'années passées quelque peu dans l'ombre, quel sentiment est-ce que cela procure d'arriver dans la lumière, d'être reconnu du grand public ?
M.B. : « C'est un sentiment formidable. Pour moi, c'était vraiment important car cela m'a de nouveau rendu de la confiance en moi. Ensuite, j'ai pu monter à Aix ! En fait, j'ai été au championnat juste pour pouvoir monter Aix. Je voulais aller dans cette piste.
C'est d'ailleurs la première chose à laquelle j'ai pensé lorsque j'ai remporté le championnat : « Waw, maintenant, je peux y aller ! » C'est vraiment la première chose à laquelle j'ai pensé et ensuite cela m'a donné beaucoup de confiance, que ce soit dans ma vie privée, ma manière de monter ou simplement au contact des gens. »
Quels ont été les réactions après votre victoire ?
M.B. : « C'était très positif. J'ai vraiment eu le sentiment que les gens étaient heureux pour moi. »
Après Aix-la-Chapelle, Oh d'Eole a été vendue au haras de Hus. Ça a été un moment difficile pour vous ?
M.B. : « Oui, évidemment d'autant que j'avais réussi à intégrer l'équipe allemande. J'ai eu la chance de pouvoir participer à de plus gros concours... etc mais nous avions un accord entre François et moi. Après le championnat d'Allemagne, vous n'avez pas idée du nombre de personnes qui ont appelés pour la jument, mais François m'a dit, on reste calmes : on verra après Aix !
Encore aujourd'hui, je ne peux que l'en remercier car c'est aussi un risque, ça pouvait mal se passer à Aix et la jument n'aurait plus intéressé autant de monde. Il m'a fait confiance, il a fait confiance au cheval et ça a été fantastique. Je savais en étant là que ce serait probablement notre dernier concours ensemble.
Nous n'avons pas de sponsor et nous devons payer les factures. J'ai profité de chaque instant et après Aix, je savais que ça allait arriver, j'y étais préparé, mais si j'étais triste. Je ne la remercierai jamais assez pour s'être battue à ce point pour moi comme elle l'a fait. »
Après Quannan est passé comme votre cheval de tête et vous êtes redescendu au niveau que vous faisiez avant. Est-ce qu'à un moment, vous avez voulu quitter ?
M.B. : « Non. Premièrement, j'adore monter Quannan, c'est mon ami. Il peut parfois se fâcher sur moi et parfois pas. Dans votre vie, dans votre sport, il y a toujours des hauts et des bas. Je sais qu'un jour un autre cheval viendra qui sera peut-être aussi bon. Mais honnêtement, ce qui a été important pour moi, c'est d'avoir le feeling que je peux le faire, que je peux faire partie du grand sport.
Aujourd'hui, je suis reparti en seconde league, mais j'aime aller à ces concours. J'aime monter, j'aime mes chevaux, j'aime faire évoluer de jeunes chevaux et il y a des concours très plaisants en deux et trois étoiles. Vous devez être réaliste par rapport à votre piquet.
Pour moi, ça n'a jamais été dans mes pensées de vouloir continuer à aller sur de gros concours après le départ d'Oh. Quannan est un super cheval pour des épreuves 145-150, mais c'est mieux d'être compétitif à ce niveau que de vouloir faire plus et de tout perdre. Il vaut mieux faire un pas en arrière, reconstruire des chevaux en espérant revenir un jour. »
La suite, c'est demain !