Marc Bettinger, le travail finit toujours par payer.
Quand avez-vous décidé d'en faire votre métier ?
M.B. : « Je n'ai jamais vraiment choisi, c'est une chose qui s'est imposée d'elle-même. Je montais tous les jours et j'ai manqué pas mal l'école à cause des compétitions. J'ai d'ailleurs été très chanceux car j'ai eu un professeur, une dame, à l'école qui m'a beaucoup aidé.
Elle a très rapidement compris que je voulais vraiment être le meilleur possible dans le sport et elle a toujours essayé de m'aider pour faire en sorte que je puisse avoir mes vendredis de libre lorsque j'en avais besoin. Cela m'a aidé. A l'école, je réussissais mes années mais à 14, 15, 16 ans, je pensais déjà beaucoup aux chevaux. »
Lorsque vous êtes arrivé chez François Mathy, vous aviez déjà une certaine expérience avec de bonnes mais aussi de moins bonnes choses derrière vous. C'était un moment délicat pour vous ?
M.B. : « C'est très simple. Vers 21, 22 ans, j'ai décidé de quitter les écuries familiales et de monter ma propre structure. Ca a très bien fonctionné au départ… puis j'ai fait des erreurs stupides, dont j'ai appris maintenant. Tout a été trop vite, il y a eu trop de choses et je n'ai pas pu gérer tout ça. Tout est parti dans l'autre direction et cela a été très mal.
Après cela, je suis parti travailler chez Michael Fervers, le père de Fritz Fervers, durant un an. Il m'a aidé et j'ai pu remettre un peu d'ordre vis-à-vis de moi-même. C'est quelqu'un de très sympathique, pour qui j'ai du respect. J'étais heureux chez lui, mais j'ai eu envie de faire quelque chose d'autre. J'ai appelé François Mathy en lui demandant s'il y aurait une possibilité pour que l'on travaille ensemble.
Nous nous connaissions depuis un petit temps et il m'a dit « oh oui, pourquoi pas ! Viens avec nous à Vidauban pour deux semaines, tu monteras là, nous allons voir comment ça se passe et ce que nous pouvons faire ensemble. »
Je pense que c'est la meilleure décision que j'ai prise dans ma vie. Après cela, il m'a aidé énormément pour résoudre tous mes problèmes. Nous avons parlé de manière très positive. Tout était de nouveau en ordre pour moi. Je suis vraiment reconnaissant de cette chance qu'il m'a offerte. Il a tout fait pour ne plus que j'ai à me soucier de mes problèmes et que je puisse de nouveau me concentrer sur le sport. »
Arvide (Cardento), dernier arrivé dans le piquet de Marc Bettinger
En arrivant ici, est-ce que vous espériez avoir une telle histoire avec un cheval comme Oh d'Eole ?
M.B. : « Non ! Je n'attendais rien d'ailleurs. J'étais juste heureux de pouvoir travailler avec un homme comme François Mathy. J'espérais apprendre encore plus et j'espérais rester longtemps ici, que nous aurions de bonnes relations et un bon partenariat ensemble. Il a l'air d'être heureux avec moi et je suis très très heureux avec lui. Après oui, j'ai été très chanceux d'avoir un cheval comme Oh d'Eole. François a toujours eu la moitié de la jument et l'autre moitié appartenait à McLain Ward qui l'a renvoyée lorsqu'il a eu ce mauvais accident avec elle aux USA.
Je me sentais désolé pour McLain mais c'était aussi ma chance. J'ai d'abord sauté deux épreuves à 1m30 pour apprendre à la connaître et je dois dire que j'aime les chevaux qui ont du caractère, qui sont un peu fous. Oh était une jument qui se battait vraiment pour moi en piste. Nous avons très rapidement eu une très bonne relation, puis tout a été tellement vite que je n'ai même pas eu le temps de vraiment comprendre ce qui se passait. Dès les premières épreuves à 1m30 que j'ai faites, j'avais senti que c'était un cheval vraiment spécial. J'ai décidé d'appeler le chef d'équipe allemand pour voir si je pourrais avoir l'opportunité de monter le championnat d'Allemagne car, en principe, je n'étais pas qualifié. Il m'a dit « ok, si tu penses que tu es prêt, viens ! » En fait, ils sont aussi contents lorsqu'il y a de nouvelles têtes car le championnat est tellement gros et difficile que beaucoup préfèrent rester chez eux. Je n'avais jamais espéré être à ce point sur le devant de la scène, mais lorsque j'ai demandé à François pour pouvoir participer au championnat d'Allemagne, je lui ai expliqué qu'en allant là, j'espérais me qualifier pour le CHIO d'Aix-la-Chapelle qui était mon plus grand rêve et que si je me qualifiais, j'aimerais aussi pouvoir monter ce cheval à Aix. Il m'a promis que oui et je suis donc parti à Balve très concentré avec cet objectif et mes deux chevaux y ont très bien sauté.
Quannan avait également sauté formidable. Premier tour, j'étais sans faute. Deuxième, sans faute. Troisième, sans faute ! J'étais là : « waw ! ». Le dernier tour, nous étions également sans faute comme les deux autres et au barrage, je me suis dit : « Ok, c'est ta seule chance peut-être de toute ta vie, alors ça marche ou pas, mais il faut essayer ». J'ai tout donné. J'ai été rapide et sans faute. C'était un sentiment incroyable, le meilleur sentiment de toute ma vie. »
Marc Bettinger avec François Mathy et Quannan R (Kannan).
La suite, c'est demain !