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L'université de Liège à Hong-Kong.

Reportages vendredi 26 février 2016
Longines Hong-Kong Masters 2016
Revatis

L'université de Liège était présente lors des Longines Masters de Hong-Kong avec notamment la tenue d'une table ronde à propos de la médecine régénérative pour la santé et le bien être des chevaux de courses et de sport, organisée par l'intermédiaire d'une des spin-off de l'université, Revatis.

Créée en novembre 2013 dans la foulée d'une première spin-off, Revatis a développé et breveté une technique permettant d'obtenir des cellules souches à partir de simples biopsies musculaires, réalisables sur le terrain par un vétérinaire. Une fois prélevées, ces cellules sont isolées, cultivées et stockées par cryogénisation dans une banque au sein de Revatis. Ainsi conservées, elles peuvent être utilisées pendant toute la durée de vie de l'animal. Ces cellules ont en effet pour but de recréer des tissus vivants et fonctionnels, permettant de remplacer in situ des tissus ou des organes endommagés. Leur efficacité a déjà été démontrée lors de tendinite et d'arthrose ainsi qu'en ophtalmologie, mais jusqu'alors, leur prélèvement se faisait principalement par ponction de moelle osseuse, procédure invasive et irréalisable sur le terrain.

Présent en tant qu'intervenant lors de cette table ronde, le professeur Didier Serteyn, fondateur et conseiller scientifique de Revatis, est revenu avec nous sur cette expérience.

Que représente pour vous la présence de l'université de Liège à Hong-Kong ?

Didier Serteyn : « Nous avons réalisé des recherches avec l'université de Liège qui nous ont permis de déposer un brevet sur des techniques innovantes pour obtenir des cellules souches qui permettent de régénérer les tissus. Cette pratique possède un grand avenir pour le cheval bien sûr mais éventuellement pour d'autres espèces. Une fois que nous avons obtenu ce brevet avec l'université, nous avons décidé d'essayer de le valoriser en fondant une start-up dédiée à la médecine régénérative puisque la technique est vraiment innovante. Cette structure fonctionne en Europe et profitant du travail établi par Christophe Ameeuw et toute son équipe, nous avons voulu tenter de transférer le concept en Asie et la meilleure place pour démarrer était bien entendu ici à Hong-Kong. »

Quand on organise une telle réunion, qu'espère-t-on ? Qu'a-t-on réellement comme objectif ? D.S. : « Nous avions une stagiaire qui était déjà présente en amont depuis trois semaines pour gérer les participants. Pour ma part, je préfère avoir un auditoire de vingt personnes véritablement intéressées et ciblées dont on sait exactement ce qu'elles font, plutôt qu'avoir un énorme auditoire présent simplement par courtoisie. Ici, nous avons eu une vingtaine de vétérinaires et il faut reconnaître que la région de Hong-Kong regroupe des vétérinaires de qualité exceptionnelle d'une part à cause bien entendu du Jockey Club mais également de par la présence de cliniques vétérinaires privées en petits animaux. Il y a un niveau de compétence exceptionnel et la plupart étaient présents. Nous avions quatre vétérinaires du Jockey Club mais également des vétérinaires travaillant en petits animaux et plusieurs entreprises de thérapies cellulaires en médecine humaine qui étaient présents. Un petit auditoire mais très ciblé et très intéressé par le futur développement sur l'Asie. » Quels ont été les premiers retours ? D.S. : « Nous avons avant tout appris à nous connaître puisqu'il y a eu en amont de nombreux échanges par mail par l'intermédiaire de notre stagiaire Catherine Delcourt. Maintenant, nous allons tenter dans les jours qui suivent de véritablement concrétiser en essayant de faire une joint venture entre notre technologie venant d'Europe et les gros acteurs ici sur Hong-Kong pour les chevaux, la médecine humaine et les petits animaux. » Ce que vous tentez de mettre en ?uvre ici a-t-il déjà été expérimenté ailleurs ?

D.S. : « Oui, nous avons déjà ce modèle au Texas, où nous nous sommes associés avec l'université du Texas qui fait partie des meilleures universités mondiales alors qu'un projet est en cours à Dubai. »

Qu'est-ce que cela apporte à l'université de Liège ? C'est une manière de montrer ses compétences ?

D.S. : « L'université de Liège est tout d'abord propriétaire du brevet, si nous arrivons donc à le valoriser par l'intermédiaire de l'entreprise, c'est avant tout pour améliorer l'image de marque de la faculté mais c'est également une manière de faire connaître l'Europe, la Wallonie et la faculté de Liège en particulier grâce à des échanges, au cours desquels je me présente toujours bien sûr comme professeur d'université. »

Qu'est-ce que cela apporte concrètement à l'université, ces contacts ? Il y a des échanges entre les étudiants ?

D.S. : « Etablir un réseau international permet à nos jeunes diplômés de trouver éventuellement des débouchés et cela nous permet également d'accueillir des stagiaires comme nous allons les faire dans les prochains mois avec des étudiants chinois non pas de Hong-Kong mais d'ailleurs en Chine durant le second semestre de 2016. »

On sait à quel point il est difficile à notre époque de trouver des budgets pour la recherche. Ici, on voit que l'on débouche véritablement sur quelque chose de concret.

D.S. : « Oui, je pense bien, d'autant que l'idée est que lorsqu'on a un brevet, il faut le défendre dans l'ensemble du monde sinon, on prend toujours un risque d'être copié. Il faut prendre de l'avance en allant expliquer le concept et dire « attention, c'est breveté » mais si cela vous intéresse, on peut vous aider à développer la technique chez vous. »

Combien de temps est-ce que cela a pris de mettre ce brevet en place ?

D.S. : « Un brevet est l'aboutissement de 4 à 5 ans de recherche. Ensuite, il faut que le brevet soit déposé et nous sommes aidés dans ce travail par l'interface de l'université et ensuite, il faut tenter de créer une unité de valorisation c'est-à-dire une entreprise, ici la spin-off qu'il faut capitaliser. Lorsque l'on a un projet comme celui-là, on n'éprouve néanmoins pas beaucoup de difficultés à trouver des investisseurs intéressés car les cellules souches et la médecine régénérative, c'est véritablement l'avenir autant pour nos chevaux qu'en médecine humaine. »

Quels sont les objectifs que vous voulez encore développer ?

D.S. : « Revatis doit grandir. On espère conserver une entité recherche et développement car dans ce domaine tout avance tellement vite qu'il faut réinvestir dans la recherche en permanence et cela se fera à l'université de Liège ou à l'université du Texas pour les projets américains. A côté de ça, nous pouvons encore intensifier le développement en médecine vétérinaire, les chevaux mais aussi les animaux de compagnie et avoir également un projet en médecine humaine mais là, il faudra encore chercher d'autres investisseurs et d'un autre niveau. » Pour rester à la pointe de la technologie, l'université de Liège a investir dernièrement dans l'achat d'un IRM pour chevaux.

Combien de personnes travaillent sur ce projet ?

D.S. : « Pour le moment Revatis représente cinq équivalent « temps plein » mais bien-sûr, il y a l'équipe de recherche derrière qui travaille désormais en sous-traitance pour l'entreprise. »

Pour vous, cela représente beaucoup de voyage, beaucoup de temps …

D.S. : « Oui … mais c'est passionnant. Je pense que c'est le rôle d'un chef de service à un moment d'ouvrir des portes pour ouvrir d'autres horizons et surtout le plus beau retour, c'est de voir une équipe de jeunes motivée et contente qui trouve sa place en Belgique, en Wallonie ou ailleurs dans le monde. »

C'est dur avec tout cela de trouver encore du temps pour pratiquer et être au contact des animaux ?

D.S. : « C'est clair que cela entre en compétition avec mon activité clinique de tous les jours mais je garde un pied dans la clinique principalement dans les consultations de chirurgie, d'orthopédie trois fois par semaine ».