Alors que le mois de février a à peine débuté, plusieurs chevaux viennent de changer de selle. C’est le cas de Milton, excellent avec Jérôme Guéry puis Cyril Cools, Clear Heart, Enoch de Bréhat ou encore Landon de Nyze, qui a, en plus, officiellement retrouvé son affixe. De son côté, la Fédération française d’équitation a officialisé le nom de son nouveau sélectionneur : Edouard Coupérie. Julien Gonin, quant à lui, pleure l’une de ses plus belles étoiles, Estrella de la Batia, tragiquement disparue en raison de complications survenues après une opération… Récap’.
Absent des terrains de compétition les dix premiers mois de l’année 2024, Milton attaque 2025 sous la selle d’une nouvelle cavalière ! Alors que sa propriétaire, Martina Romagnoli, à la tête de Heritage Stud, l’avait confié à Kevin Staut dernier en vue des Jeux olympiques, tous deux n’auront jamais été vus ensemble en concours. Désormais, l’étalon de quatorze ans, fils de Mylord Carthago, mettra ses qualités à profit de la Brésilienne Luciana Diniz. Tous deux ont fait leurs grands débuts le week-end dernier, à l’occasion d’un CSI 2* organisé à Lierre, où l’amazone de cinquante-quatre ans a également relancé son cher Vertigo du Désert en compétition, après trois mois de pause.
Passé sous la selle de cinq cavaliers sur la scène internationale - Pim Mulder, José Alfredo Hernandez Ortega, Jérôme Guéry, Cyril Cools et Pieter Kenis -, confié à Marcus Ehning et Kevin Staut, le talentueux Milton se lance dans une nouvelle aventure. Révélé au grand public lors de la saison 2021, au cours de laquelle il avait brillé sous la selle du Belge Jérôme Guéry en Coupes des nations et Grands Prix 5*, l’athlétique gris avait ensuite permis à Cyril Cools de vivre un rêve éveillé en 2023. Tous deux avaient réalisé d’excellentes prestations lors du Morocco Royal Tour, terminant deuxièmes des Grands Prix 4* de Tétouan et El Jadida, et contribuant à la victoire du Plat-Pays dans la Coupe des nations du CSIO 4* de Rabat au mérite d’un double sans-faute. Quelques semaines plus tard, en fin d’année 2023, leurs chemins prenaient des directions différentes.
Milton a écrit quelques unes des plus belles lignes de son palmarès avec Cyril Cools. © Sharon Vandeput / Hippo Foto
Petit-fils de Sandro Boy, l’étalon Zangersheide compte quelques descendants, dont les plus âgés sont nés en 2018. En France, Milton a honoré soixante puis soixante-quinze juments en 2023 et 2024. Si ses changements de cavaliers répétés et ses apparitions sur courant alternatif n’ont pas joué en sa faveur pour lui permettre d’exprimer son plein potentiel, nul doute que son duo avec Luciana Diniz a tous les ingrédients pour faire parler de lui au plus haut niveau. D’ailleurs, les trois premiers parcours des nouveaux complices se sont tous soldés par des prestations parfaites, à 1,30, 1,40 et 1,45m.
Un nouveau départ pour le crack Landon de Nyze
Sur la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI), le crack Landon a retrouvé son affixe d’origine : de Nyze. En effet, comme l’ont révélé nos consœurs de WorldofShowjumping, l’alezan, doublement médaillé lors des Jeux panaméricains de Santiago en 2023, a été acquis le mois dernier par Daniel Bluman ! Formé par Jens Nijs, fils de son naisseur, Danny Nijs, puis Niels Fockaert, le représentant du stud-book Zangersheide a rejoint Kent Farrington en 2021, à huit ans. Ensemble, le duo a rapidement fait ses premiers pas en 5*, jusqu’à remporter un Grand Prix 5* à San Miguel de Allende et se classer dans ceux de Thermal, Wellington, Williamsburg et Upper Marlboro.
Après une année 2023 remarquable, le duo a rencontré plus de difficultés en 2024. À La Baule, alors que tous deux représentaient les Etats-Unis dans la Coupe des nations Barrière, Landon, né Crack de Nyze, a infligé deux refus à son cavalier, entraînant son élimination. Depuis cette mésaventure, Kent Farrington n’avait engagé son fils de Comilfo Plus qu’à l’occasion de deux CSI, en septembre. Désormais, Landon de Nyze évoluera aux côtés du compétitif Daniel Bluman.
Le crack Landon de Nyze quitte Kent Farrington pour Daniel Bluman. © Scoopdyga
“Les écuries Over The Top et moi-même avons acheté Landon à Kent Farrington et à la famille McNerney il y a quelques semaines. [...] J’ai formé la plupart des chevaux que je monde depuis leurs jeunes années. Cela a toujours été ma zone de confort. Cela étant dit, j’ai toujours adoré Landon. Avoir l’opportunité de travailler avec et d’apprendre de lui est une super expérience. Nous prenons le temps d’apprendre à nous connaître avant de nous fixer des objectifs en compétition”, a confié Daniel Bluman à WorldofShowjumping.
Le natif de Colombie, qui porte de longue date les couleurs israéliennes, enrichit son piquet d’une recrue de taille. Landon de Nyze évoluera ainsi aux côtés de Gemma W, Corbie V.V. ou encore Hummer, le frère utérin de Dana Blue.
Kent Farrington s’offre un autre Selle Français
Pas en reste en terme d’excellentes montures, notamment avec Greya, né Contina 47, Toulayna van het Bloesemhof, qui réalise une moisson de succès depuis le début de l’année, ou encore Myla, née Happy Hour, Kent Farrington n’a pas tardé à rebondir après la vente de Landon de Nyze. En effet, l’Américain a récemment acquis un prometteur Selle Français, Gary de Brekka, comme l’a annoncé GRANDPRIX.info. Le hongre de neuf ans retrouvera sa compatriote et demi-sœur Grass de Mars dans les écuries de l’Etats-unien.
Venu en Normandie pour essayer l’excellent fils de Windows vh Costerveld, alias Cornet Obolensky, Kent Farrington a été séduit. Formé par Valentin Besnard, Mathieu Billot et Gerald Brault, Gary de Brekka a ensuite touché du sabot le haut niveau sous la selle de Laurent Goffinet. Tous deux se sont même offert une très belle troisième place dans le Grand Prix du Grand National de Pontivy, début novembre, pour leur premier parcours à 1,50m ensemble et leur ultime apparition en compétition.
Le hongre, âgé de neuf ans, a été élevé par Marie-Ange et Pierre Le Boulanger, qui en étaient encore propriétaires. Petit-fils de Quincy, alias Quaprice Bois Margot, Gary de Brekka est issu d’une excellente souche maternelle. Sa mère, Bella d’la Rousserie, est une fille de l’excellente reproductrice qu’est Hermine de Brekka et est une propre sœur des cracks Ratina et Viking d’la Rousserie ! De quoi laisser présager d’un brillant avenir pour le Selle Français, qui devrait désormais évoluer outre-Atlantique.
Gary de Brekka et Laurent Goffinet. © Pixels Events
Les Bleus ont un nouveau sélectionneur
Alors que les missions de Henk Nooren s'étaient achevées en 2024, la Fédération française d’équitation (FFE) a tranché l’identité de son successeur. En effet, Edouard Coupérie a été désigné, mardi 4 février, pour prendre sa suite à la tête de l’équipe de France. Frédéric Bouix, nouveau président de la FFE, a annoncé la nouvelle par voie de communiqué. “Nous travaillons depuis plusieurs semaines avec Sophie Dubourg (reconduite à son poste de Directrice technique nationale adjointe pour une nouvelle olympiade, ndlr), à la constitution d’une équipe de cadres et intervenants techniques en répartissant les missions. C’est une étape indispensable en début de mandat qui nous permet de formaliser l’objectif premier pour l'équipe fédérale d'encadrement sportif de décrocher les qualifications olympiques et paralympiques pour les JOP de Los Angeles 2028”, a-t-il notamment expliqué. “Je souhaite reprendre des fonctions managériales et ne plus avoir à intervenir pour une discipline en particulier”, a, quant à elle, déclaré Sophie Dubourg. “Nous avons travaillé, en concertation avec le président et les élus du Comité, sur le positionnement des différents cadres d'État dans cette organisation nouvelle et sur la reconduction ou le recrutement de nouveaux staffs d’encadrement dans les différentes disciplines. Cette dernière étape devrait se clôturer dans le courant du premier trimestre 2025.”
Doté d'une solide expérience, Edouard Coupérie est le nouveau chef d'équipe des Français. © Scoopdyga
Promu d’adjoint à sélectionneur national, Edouard Coupérie sera accompagné d’autres nouveaux visages au sein de l’encadrement des équipes de saut d’obstacles. Olivier Guillon devient ainsi chef d’équipe adjoint pour l’équipe Sénior, Davy Delaire conseillère technique nationale, et Olivier Guillon et Pierre-Alain Mortier formateurs techniques Jeunes cavaliers pour le premier et Enfants et Juniors pour le second. De leurs côtés, Olivier Bost, Maryline Millet Lesage, Bertrand Poisson et Michel Cizeron poursuivent leurs rôles de sélectionneur national Jeunes, conseillère technique nationale Jeunes, formateur technique Poneys et sélectionneur national Vétérans et formateur technique.
“Cette nomination symbolise le renouvellement de la confiance de la Fédération et des cavaliers à mon égard. C’est l’accomplissement de mon parcours en tant que cavalier et coach international. L’objectif est d’accompagner et maintenir un nombre croissant de couples vers le haut niveau, afin d’optimiser leurs performances en vue des qualifications pour les Jeux olympiques de 2028, tout en transmettant un esprit d’équipe”, a commenté le nouveau chef d’équipe de jumping. “Avoir été l’adjoint de Henk Nooren m’a permis de participer à tous les grands rendez-vous depuis 2019 (CSIO, championnats d’Europe et du monde, Jeux olympiques) et ainsi d’avoir une vision globale des cavaliers français de haut niveau et de leur suivi.”
Entraîneur de nombreux cavalier ayant notamment officié au Japon ou en Inde, cavalier de haut niveau, médaillé d’or par équipe lors des Jeux méditerranéens de Bari, au départ des championnats d’Europe d’Arnhem en 2001 puis de la finale de la Coupe du monde de Las Vegas en 2003, champion de France, vainqueur des Grands Prix de La Baule et Malines, formateur de très bons chevaux, le dernier en date étant Bentley de Sury, marchand, co-fondateur des écuries du Grand Veneur, Edouard Coupérie a plusieurs cordes à son arc. Adjoint de Thierry Pomel puis de Henk Nooren, la nomination du sexagénaire apparaît comme une continuité pour l’équipe de France. Le nouveau chef d’équipe connaît bien celles et ceux qui composent l’anti-chambre du haut niveau, pour les avoir observés attentivement ces dernières années. Dans la perspective des Jeux olympiques de 2028, dont la première grande étape qualificative se déroulera à Aix-la-Chapelle en 2026, le clan tricolore pourrait ainsi voir émerger de nouveaux couples, tout en continuant à s’appuyer sur ses cadres et à capitaliser sur les réussites passées, dont la médaille de bronze décrochée à Versailles.
Edouard Coupérie connaît déjà bien les visages qui composent l'équipe de France de saut d'obstacles. © Scoopdyga
Estrella de la Batia, une nouvelle étoile dans le ciel
À seulement onze ans, Estrella de la Batia s’est éteinte. Débordante d’énergie, la Selle Français avait atteint le plus haut niveau sous la selle de Julien Gonin, avec lequel elle formait un duo redoutable et attachant. Ce dernier a annoncé la terrible nouvelle lundi 3 février.
“C'est avec une immense tristesse et le cœur lourd que je vous annonce que notre toute bonne Estrella nous a quittés. Après une fracture arrivée en liberté aux écuries, nous avions choisis de la faire opérer pour la sauver, mais le destin en a décidé autrement, avec le développement d'un germe trop agressif pour pouvoir le traiter... Elle s'est battue jusqu'au bout, on s'est battu avec toi, et on gardera l'image d'une si grande guerrière comme lors de ses parcours”, a écrit le cavalier rhônalpin, provoquant une pluie d’hommages. “Tu auras finis sur ta victoire à Bâle, sans oublier nos magnifiques parcours à Calgary en septembre. Tu étais une partenaire exceptionnelle, avec qui j'avais construit une si belle histoire depuis ton arrivée aux écuries. Tu nous manques tant, mais je sais que tu veilleras sur tous tes copains d'écurie ! Une étoile de plus a rejoint le ciel depuis ton départ... Merci pour tout Championne.”
Laissant un grand vide derrière elle, la battante Estrella de la Batia s'est définitivement envolée. © Scoopdyga
Née chez Sabine Dechamboux et co-propriété de Jérôme Aguettaz, Estrella de la Batia a laissé toutes celles et ceux l’ayant côtoyée dans une peine immense. La jolie baie était une fille de Diamant de Semilly et Aura de la Batia, par Lando, sur une lignée maternelle intéressante avec sept produits indicés à plus de 140 en saut d’obstacles ou en concours complet. Lancée en compétition à six ans, après avoir engendré sa seule et unique fille, Iquita de la Batia, par Cartani, la Selle Français aura partagé près de cinq années avec Julien Gonin, son unique cavalier en compétition. Tous deux ont obtenu dix victoires internationales et, entre autres, une très belle deuxième place dans les Equita Masters de Lyon, en 2023. En 2024, Julien Gonin a monté pour la première fois Iquita de la Batia, alors âgée de six ans, en concours. Tous deux ont achevé leur saison à 1,25m. Iquita de la Batia est la mère de deux poulains nés en 2024, un mâle et une femelle, tous deux par Cooper vd Heffinck. De quoi faire perdurer encore quelques années l’héritage de l’étoile trop vite partie de Julien Gonin.
Jean-Francis Simon confie Enoch de Bréhat
Victime d’un lourd accident en fin d’année dernière, Jean-Francis Simon a pris la décision de confier son crack Enoch de Bréhat. Le fils de L’Arc de Triomphe et Idole du Valon, par Narcos II, né, élevé et formé par le cavalier d’origines bretonnes, a pris la direction des écuries du champion olympique Roger-Yves Bost. Le puissant étalon de dix ans et son nouveau pilote ont fait connaissance du côté d’Oliva, où plusieurs CSI 3* se sont courus. Le duo fraîchement formé a pris ses marques sur des parcours à 1,30 et 1,35m, avec trois sans-faute à la clef en six parcours. Avec son propriétaire, Enoch de Bréhat s’est classé jusqu’en Grand Prix 3* à 1,50m et Grands Prix Pro Elite. Ce doux géant aux moyens surdimensionnés est également le père de dix-neuf produits enregistrés au SIRE.
Enoch de Bréhat, ici avec son naisseur et propriétaire Jean-Francis Simon, a intégré le piquet de Roger-Yves Bost. © Scoopdyga
Une recrue de choix pour Jur Vrieling
Après avoir vu ses chevaux de tête être vendus un à un ces derniers mois, Jur Vrieling se reconstitue un piquet de premier ordre. Le Néerlandais, qui brille depuis l’été dernier avec l’excellente Helwell du Chabus, récente troisième du Grand Prix Coupe du monde d’Amsterdam, et peut aussi compter sur Kannan Jr, arrière-petit-fils de Cemeta, la mère de Kannan, ainsi qu’Estoril du Cèdre, le frère utérin de Dubaï du Cèdre par Jarnac, a fait sa première apparition internationale avec l’impressionnant Clear Heart. Lancé sur la scène internationale par Philip Rüping puis Gert Jan Bruggink, le fils de Clarimo avait rejoint la famille Spits à huit ans, en 2022. Sous la selle de Thibeau Spits, le précoce gris a disputé son premier Grand Prix 5* durant l’été, avant de se classer douzième du Prix de l’Europe sur l’immense piste d’Aix-la-Chapelle, en juillet dernier. Absent des pistes internationales entre août et une apparition au CSIO 5* de Dublin et décembre, Clear Heart a retrouvé le niveau 5* à Amsterdam, fin janvier, aux rênes de Jur Vrieling. Le duo n’a pas mis longtemps à trouver ses marques, en atteste son double sans-faute et sa septième place dans le Grand Prix de la ville. Petit-fils de Heartbreaker et représentant d’une famille au cœur de laquelle plusieurs chevaux ont sauté jusqu’à 1,60m, le jeune étalon KWPN, né Klarimo chez la famille Sikes, semble avoir un avenir brillant devant lui.
Clear Heart et Jur Vrieling lors de leur premier CSI ensemble, à Amsterdam, fin janvier. © Sharon Vandeput / Hippo Foto
Photo à la Une : Milton s'est révélé au plus haut niveau avec Jérôme Guéry. © Dirk Caremans / Hippo Foto
