Le titre olympique individuel reste aux mains des Britanniques ! À Rio, Nick Skelton était monté sur la première marche du podium, à Tokyo c’est au tour de son compatriote Ben Maher. Si Peder Fredricson et Maikel Van der Vleuten ont complété ce trio gagnant, le scénario de cette finale individuelle s’est montré presque improbable pour beaucoup. Retour sur cette épreuve.
Tokyo 2020 est l’occasion de découvrir ce nouveau format d’épreuve avec une finale individuelle précédant le test par équipe. Après une qualification hier soir où trente partants ont décroché leur ticket, il manquait tout de même à l’appel de cette finale de grands noms à l’instar de Steve Guerdat ou encore Kent Farrington.
Le Néo-zélandais Daniel Meech a été le premier à découvrir ce parcours proposé par Santiago Varela. Le chef de piste espagnol a choisi d’aligner dix-huit efforts avec des obstacles allant jusqu’à 1,66m dont une rivière et trois combinaisons - deux doubles et un triple -. Concernant le temps accordé de quatre-vingt-huit secondes, le parcours paraissait assez long, il ne fallait pas traîner ! Cian O’Connor et son gris Kilkenny (Cardento) ou encore Scott Brash, sur Hello Jefferson (Cooper vd Heffinck), en ont d’ailleurs payé les frais en ne basculant aucune barre au sol mais en sortant de piste avec du temps dépassé.
Henrik von Eckermann et King Edward, premiers sans-faute de l'épreuve.
Pas de doute, Santiago Varela a encore proposé un tracé digne de ce nom mettant les duos dans la difficulté, et les supporters à rude épreuve ! « Nous avons un parcours très difficile ici, le chef de piste a vraiment demandé tout ce qu'il pouvait demander », a d’ailleurs commenté Daniel Deusser, numéro un mondial au classement de la Fédération équestre internationale (FEI). Le premier parcours parfait a été réalisé lors du dixième passage, un couple très en vogue avec dernièrement des classements dans les Grands Prix 5* de Windsor et Saint-Tropez. Il s’agit bien sûr du Suédois Henrik von Eckermann et King Edward (Edward 28), suivis de ce même pas par leur coéquipière Malin Baryard-Johnsson avec Indiana (Kashmir van Schuttershof). Et oui, nous pouvons bien dire « carton plein » pour la Suède puisque Peder Fredricson s’est aussi offert son ticket pour le barrage avec son tout bon All In (Kashmir van Schuttershof), toujours aussi frais à quinze ans.
Daisuke Fukushima et Chanyon (Chacco-Blue).
Mention spéciale pour le Japon qui avait réussi à qualifier ses trois cavaliers pour la finale. Cette nation émergente depuis quelques années ne pouvait mieux rêver ici, à domicile, puisque l’un d’entre eux, Daisuke Fukushima, a poussé les portes de la seconde partie d’épreuve. Au total, six duos sont retenus pour cet ultime barrage, avec à leurs côtés Ben Maher et Maikel van der Vleuten.
Désillusion pour plusieurs nations européennes
La Belgique, ici avec ses trois cavaliers qualifiés, l’Allemagne, avec le numéro un mondial Daniel Deusser, et la Suisse, avec Beat Mändli et Martin Fuchs, ces nations, nous les avons vues régulièrement sur les podiums tout au long de l’année et elles ne pouvaient sûrement pas espérer pire scénario lors de cette finale. Sans-faute tout le long du parcours, Quel Homme de Hus (Quidam de Revel) a pilé sur le dernier vertical aux couleurs des Jeux de Tokyo et le rêve d’une médaille s’est envolé pour Jérôme. Coup dur également pour les deux cavaliers en tête du classement mondial, Daniel Deusser et Martin Fuchs, chacun pénalisé de deux barres en fin de parcours. « Clooney 52 (Cornet Obolensky) a sauté le troisième avant dernier obstacle très prudemment, très en arrière. J'ai atterri et je n'ai pas vu les cinq foulées vers l'avant-dernier, alors j'ai rapidement décidé de faire les six foulées, mais je ne les ai pas exécutées assez correctement. Nous nous sommes approchés trop près de l'avant-dernier et la barre est tombée. Ensuite, je me suis dit : “allons aussi vite que possible jusqu'à la dernière barrière pour peut-être être le plus rapide sur quatre points”, ce qui n'a pas non plus fonctionné. », a déclaré le Suisse, champion d’Europe en titre, auprès de Horse & Hound.
Nicolas Delmotte termine à la douzième place de l'épreuve.
La France, quant à elle, n’avait qu’un représentant dans cette finale individuelle qui n’est autre que le récent couple vainqueur du Grand Prix Rolex du Master de Chantilly, Nicolas Delmotte et Urvoso du Roch (Nervoso). Malheureusement, malgré un beau parcours, le duo s’est vu pénalisé d’une barre en cours de chemin ainsi que d’un point de temps. Ces nations auront alors à cœur de prendre leur revanche dans les épreuves par équipes, avec une première qualificative vendredi puis une finale samedi.
Les Anglais adoptent l’or
Premier à entrer sur le ring lors de ce barrage, l’ancien élève de Jos Lansink, Daisuke Fukushima, ne s’est pas laissé impressionner face à l’expérience de ses concurrents et a réalisé un double zéro, ce qui l’a classé sixième. Pourtant très rapides avec un score vierge, les Suédois Malin Baryard-Johnsson et Henrik von Eckermann n’ont pas pu atteindre le podium, respectivement cinquième et quatrième. La bataille a été rude pour se départager sur ce podium ! Parti avant Peder Fredricson et Maikel Van der Vleuten, le Britannique Ben Maher avait fait savoir qu’il ne lâcherait pas la position qu’il détenait avec son fidèle Explosion W (Chacco-Blue) depuis la veille, à savoir la première !
Ben Maher paraissait imbattable et ça a bien été le cas ! « J'ai eu beaucoup de bons chevaux dans ma carrière, mais je n'en monterai pas d'autres comme lui. Je suis partial, mais je crois qu’il est le meilleur cheval. C'est un cheval incroyable et j'ai beaucoup de chance de pouvoir le monter pour Pamela Wright et Charlotte Rossetter. Elles l'ont gardé pour moi pour cela, et cela a ajouté de la pression. En venant de l’hôtel, j’avais les nerfs et beaucoup de choses se passaient dans ma tête. Quand je suis arrivé à la porte et que j'y suis allé, tout est parti. J’ai sauté le premier obstacle et il y a eu un déclic. Explosion me donne beaucoup de confiance », a déclaré le nouveau champion olympique. Peder Fredricson s’est alors contenté alors de l’argent avec All In, qui n’était à peine plus grand que les obstacles puisqu’il toise 1,64m ! À noter, déjà aux Jeux de Rio en 2016, le duo figurait à la seconde place de cette finale individuelle. Avec près de quatre-vingt-dix centièmes de plus, Maikel Van der Vleuten n’a pas pu monter plus haut que sur la troisième marche du podium avec son onze ans, Beauville Z (Bustique).
Résultat complet de la finale individuelle
Crédit photo : Sportfot.com