Henri Maudet , le soucis de l'élégance au service de la performance !
Quppydam des Horts, un champion qui donne satisfaction ...
Cette année, le championnat de France a sacré Quppydam des Horts. Un succès de plus pour un élevage pourtant encore très peu connu du grand public. L'élevage des Horts de monsieur Henri Maudet installé en Charente Maritime.
« Je suis un homme de la campagne, j'ai commencé tout jeune avec les chevaux. A cette époque là, il s'agissait de chevaux de traits puis on a eu des chevaux que l'on attelait à la voiture qui était des chevaux déjà plus dans le sang, ce qui représentait déjà un autre aspect du cheval et on était tenté après d'aller plus vers les chevaux de sang qui était déjà plus harmonieux et ensuite, j'ai voulu connaître d'autres races de chevaux et j'ai tout de suite été attiré par l'anglo parce que nous allions à Pompadour et à Tarbes, qui est le berceau de l'anglo arabe. Là-bas, on retrouve aussi les chevaux arabes et pour moi, chez le pursang arabe, on retrouve vraiment ce qui est parfait au niveau modèle pour un cheval : cette fierté, cette encolure « col de cygne », ce panache quand on les voit se déplacer … Tout de suite, lorsqu'on voit les allures de ces chevaux là, ça donne des frissons. Pour ma part, cela me donne envie d'élever des chevaux adaptés au sport mais en conservant cette fierté du cheval que l'on retrouve dans les chevaux arabes. C'est pour cette raison que nous avons fondé notre élevage sur des souches anglo-arabes que nous avons croisé avec du Selle Français. Nous avons commencé avec Double Espoir, un fils d'Ibrahim, qui était très typé dans sa race mais avec du bec. C'était un cheval bien fait qui avait un vrai look. On a ensuite utilisé Quidam de Revel car lorsque je l'ai vu monté par Hervé Godignon, je l'ai trouvé tout simplement magnifique et ce cheval m'a conquis tout de suite.
On a été, je pense, les premiers dans notre région à faire saillir par Quidam de revel. Lorsque notre fille de Double Espoir a été en mesure de faire des poulains, nous l'avons de suite mise à l'élevage en utilisant Quidam de revel et c'est comme cela qu' Huppydam des Horts est né. On m'a dit que c'était un croisement à l'envers de faire saillir une anglo avec un Selle Français et que ce n'était sans doute pas le croisement idéal, mais je n'ai pas tenu compte de ça car je voulais persister dans mon envie de garder ce look. Lorsque le poulain est né, les gens m'ont dit de l'anglo avec Quidam de Revel, qui avait un sacré tempérament… mais finalement, il s'est avéré que les cavaliers recherchaient avant tout des chevaux performants avec beaucoup de souplesse. J'ai ensuite été à Le Tot de Sémilly qui me paraissait un cheval bien dans sa tête avec le calme qu'il manque un peu aux anglos. Pour moi, en plus de faire des chevaux harmonieux, Le Tot faisait des chevaux gentils et ça, je trouvais que c'était le bon croisement. Aujourd'hui, je croise cette fille de Le Tot, qui produit très bien, avec Quidam de Revel.
Nous avons néanmoins également conservé des souches anglos pures. Nous avons une fille d'Obéron du Moulin avec Rasia de la forge (Unicolor x Arlequin) et nous avons aussi une Hermes d'Authieux x Count Ivor xx x Arlequin que nous conservons à l'élevage.
Cette année, nous avons utilisé un jeune étalon qui semble promis à un bel avenir sur notre Double Espoir. Cicero van Paemel, un fils de Carthago. Maintenant que notre jument est assez connue, je pense que l'on peut se permettre d'utiliser des jeunes chevaux. Je n'ai pas forcément les moyens pour faire sortir des chevaux en compétition à 4,5 et 6 ans mais pour l'instant, je peux vendre mes poulains au sevrage. Pour moi, c'est le meilleur moyen pour tenter de financer mes frais avec mes ventes, mais il faut vraiment dire que pour élever, il faut avoir l'amour du cheval car on ne peut pas retomber sur ses pieds en élevage.
Vous disiez avoir été l'un des premiers à avoir utilisé Quidam de Revel. Aujourd'hui, il n'y a plus de jeunes Selle Français qui vous attire ?
Si bien sûr. Je pense même que c'est indispensable. Je pense qu'aujourd'hui, il y a de bons fils de Quidam, même si ils sont assez rares. Je n'ai pas eu beaucoup de chance avec Diamant de Sémilly puisque cela fait deux années que j'essaie de l'utiliser car je pense que cela irait très bien avec les anglos. Je pense que Diamant convient d'ailleurs non seulement pour faire de très bons chevaux de concours hippique mais aussi en complet. D'ailleurs, si j'étais honnête avec moi-même, je pense que le sport équestre qui m'intéresse le plus : c'est le complet.
Et pourquoi élevez vous dans une optique obstacle dans ce cas là ?
Tout simplement parce que c'est tombé comme cela. J'aimais le complet mais on en voit beaucoup moins que du saut d'obstacles puis mon fils, Thierry, montait en saut d'obstacle avec Rasia de la forge et l'on a essayé de produire des chevaux d'obstacles. Mais le cheval de complet me plaît beaucoup car c'est le sport équestre qui est pour moi le plus noble. Réunir le dressage, le cross et l'obstacle, je trouve que c'est vraiment des couples formidables et je pense qu'il n'y a vraiment que des bons cavaliers et des hommes de chevaux qui réussissent dans ce domaine à haut niveau.
Vous avez débuté avec des souches anglos croisées avec du Selle Français, aujourd'hui vous semblez commencer à utiliser des courants de sang étrangers. Est-ce que vous pensez que c'est une nécessité pour vos souches ?
Je pense que d'une part, il y a quand même des chevaux étrangers qui sont intéressants, mais il faut quand même vite se rendre compte que beaucoup de ces chevaux ont des antécédents français. Il ne faut pas l'oublier et il faut être assez prudent dans ce domaine et je crois que l'élevage français reste pour moi l'un des meilleurs. Je ne peux pas me permettre de dire que nous ne savons peut-être pas les valoriser mais peut-être qu'il n'y a pas assez de travail de dressage effectué par nos cavaliers même si c'est un domaine que je ne peut pas juger n'étant pas cavalier moi-même mais j'aurais tendance à penser que nos élevages n'ont pas été mis à leur juste valeur à un moment donné. Nos souches et nos courants de sang ont été repris par les européens tels que l'Allemagne, la Hollande, la Belgique … En fait, c'est dommage pour la France que les cavaliers français n'ont pas eu les moyens, peut-être, ou un système qui leur aurait permis de valoriser nos chevaux. Aujourd'hui, il y a un problème dans le bisness. Les éleveurs vendent leurs meilleurs chevaux … Oppydam des Horts (Quidam de Revel x Double Espoir)Si je reviens sur mon histoire, lorsque mon anglo était allée à Pompadour, j'ai eu un Suisse a voulu me l'acheter. C'était très tentant car il y a avait beaucoup d'argent à la clé, mais je n'ai pas craqué et je l'ai gardée à l'élevage. J'aurais pu toucher mon argent, mais aujourd'hui, je n'aurais pas d'élevage. Aujourd'hui, je pense que les éleveurs français ont vendus de bonnes souches et c'est la même chose pour nos étalons qui partent souvent à l'étranger parce que les gens ont besoin d'argent mais je me pose aussi la question de voir si certains étalons auraient eu la même carrière si ils étaient restés en France car je pense qu'au niveau marketing, je ne suis pas certain que nous savons valoriser nos chevaux à leur juste valeur.
Pour en revenir à Quppydam, quelle a été son histoire ?
Son histoire est assez simple. Bruno Rocuet a très bien mis en valeur Huppydam des Horts et nous avons gardé de bonnes relations avec lui depuis. Quand nous avons des poulains, il passe à la maison et il nous en achète régulièrement.
On sait que lorsque les chevaux sont chez Bruno Rocuet, ils sont entre de bonnes mains. A la limite, pour nous, on peut se dire que c'est peut-être mieux de les vendre à Bruno Rocuet quitte à les vendre un peu moins cher … mais là au moins, on sait qu'ils seront sortis dans de très bonnes conditions et il faut bien savoir qu'aujourd'hui, il faut faire attention à qui on vend un poulain. Jusqu'à présent, il nous l'a bien rendu car c'est lui qui nous a donné un petite notoriété. Pour un éleveur, avoir des chevaux qui performent lui permet d'en vendre d'autres et il faut faire très attention à cet aspect là car souvent on peut obtenir un prix supérieur mais on entendra plus parler du cheval et l'argent n'est pas une motivation pour l'éleveur. L'important, c'est juste de retomber sur ses pieds ensuite son plaisir, c'est de voir sortir à un bon niveau. C'est la plus grande récompense qu'il peut espérer. Aujourd'hui, je n'avais rien à gagner … mais le plaisir de voir son cheval sacré champion, c'est fantastique et on sait que ça permettra aussi de vendre des poulains. Huppydam des Horts (Quidam de Revel x Double Espoir)