Alors que le mercato olympique est, en principe, terminé, les changements de selle et ventes en tout genre se poursuivent au sein de la sphère équestre. Shane Sweetnam a perdu deux montures de Grands Prix 5*, dont l’une au profit des… Emirats arabes unis, qui continuent de se doter de chevaux de très haut rang. De son côté, le Belge Wilm Vermeir a dit au revoir à un complice ayant passé quinze années de sa vie à ses côtés, tandis Luigi d’Eclipse a quitté les écuries de Maikel van der Vleuten, quelques mois après sa victoire dans le Grand Prix 4* Maastricht. Récap.
Quelques semaines avant la fin officielle du mercato olympique, fixée au 15 janvier, Shane Sweetnam a perdu deux cartouches de choix. Après cinq mois sous sa selle et une première victoire remarquée en Grand Prix 5* du côté de San Miguel Del Allende fin octobre 2023, Cjoxx Z, jeune hongre BWP de tout juste dix ans, est passé sous bannière… émiratie ! Les écuries Al Shira’aa ont mis la main sur une nouvelle monture d’exception, après avoir déjà recruté Jarlin de Torres, Enjoy de la Mûre, BBS McGregor et consor. L’alezan, fils de Comme Il Faut dont il a hérité du passage de dos si caractéristique et petit-fils de Dollar dela Pierre, a d’ores et déjà fait ses débuts avec son nouveau cavalier : Salim Ahmed Al Suwaidi. Actuel quatre-cent-quatre-vingt-huitième mondial, Salim Ahmed Al Suwaidi est âgé de trente-cinq ans. Il n’a jusqu’à présent disputé qu’une épreuve annoncée à 1,60m, en 2012. Ces dernières saisons, il a évolué régulièrement au niveau 3 et 4*, prenant part à plusieurs Coupes du monde et autres parcours à 1,50 et 1,55m. Encore jeune, son nouveau complice a une expérience toute relative mais a déjà fait ses preuves au Mexique, au Canada et même à Genève, où il a achevé le Trophée de Genève, épreuve majeure du vendredi, avec seulement un point de temps au compteur. Du côté d’Ottawa, Cjoxx, formé par Bjorn Vandenbossche, Margo Cappelle et Chris Pratt, avait également terminé troisième d’un Grand Prix 5* à 1,55m. Avec ce nouveau couple, et ceux qui ont déjà prouvé toute leur valeur dans la Coupe des nations du CSIO 4* de Charjah le week-end dernier, les Emirats Arabes Unis s’annoncent plus redoutables que jamais.
S’il peut toujours compter sur son meilleur atout, le phénoménal CSF James Kann Cruz, Shane Sweetnam a également dit au revoir à la toute bonne Out Of The Blue SCF, début décembre. “Bravo à Katie Dinan pour l’acquisition d’Out Of The Blue SCF ! Nous te souhaitons le meilleur et avons hâte de voir tout ce que vous accomplirez ensemble. Comme d’habitude, beaucoup de reconnaissance envers Shane Sweetnam d’avoir piloté cette jument spéciale vers des succès internationaux cette dernière année et envers notre fantastique équipe en charge du développement des jeunes chevaux de lui avoir donné des bases solides”, ont écrit les écuries Spy Coast Farm sur Instagram. Fille de Verdi TN, la BWP de dix ans est née aux écuries Spy Coast et a effectué l’intégralité de sa carrière internationale sous les couleurs irlandaises de Shane Sweetnam. En juin dernier, tous deux ont enregistré une très belle deuxième place à l’occasion du Grand Prix CSIO 5* de Langley. Pour l’heure, la petite-fille de Cassini I n’a pas encore fait ses débuts avec sa nouvelle amazone.
Harrie Smolders prend les rênes de Springfield 21
Ce week-end, au CSI 5*-W de Bordeaux, le public français et international aura le bonheur de voir évoluer l’excellent Springfield 21. En piste, le bai, révélé fin 2022 par l’Irlandais installé en Suède Thomas Ryan, ne sera pas monté par Nayel Nassar, qui en avait pris les rênes l’an dernier, mais par Harrie Smolders, collaborateur de longue date des écuries Evergate. Le Néerlandais et le génial fils de Stakkato Gold ont déjà fait connaissance à l’occasion de deux parcours à 1,40 et 1,45m au CSI 5*-W d’Amsterdam le week-end dernier et continueront sur cette lancée cette semaine. Pour autant, Springfield 21, Oldenbourg de onze ans, n’a pas changé de nationalité et défend toujours l’étendard égyptien. De fait, il ne devrait pas pouvoir prendre part aux Jeux olympiques sous la selle de Harrie Smolders, qui peut néanmoins compter sur Monaco et Uricas vd Kattevennen pour l’échéance parisienne, voire sur sa nouvelle recrue, Mister Tac des Fusains, qu’il n’a pas encore présenté en concours. Cela étant, rien n’empêche Nayel Nassar de s’appuyer sur cet excellent étalon dans les prochains mois, et pourquoi pas à Versailles !
Direction la Nouvelle-Zélande pour Luigi d’Eclipse
Lauréat du Grand Prix 4* de Maastricht avec Maikel van der Vleuten, Luigi d’Eclipse est parti vers de nouveaux horizons. Exit la bannière batave, l’étalon de treize ans défend désormais les couleurs néo-zélandaises. Fin décembre, le fils du très en vogue Catoki, qui appartient toujours en partie aux écuries Tal Milstein, ses propriétaires historiques, a rejoint Uma O’Neill. La paire a fait ses débuts en janvier à Opglabbeek. En pleine progression, le BWP de treize ans va pouvoir épauler le vétéran Clockwise of Greenhill, dix-sept ans, le cheval de tête de l’amazone de vingt-huit ans, et pourquoi pas lui permettre de disputer son premier grand championnat face à une concurrence internationale.
Ça bouge chez Pedro Veniss
Le Brésilien Pedro Veniss prépare les Jeux. Alors que son tout bon Nimrod de Muze n’était pas sécurisé, l’indissociable partenaire de Quabri de l’Isle a trouvé un accord visiblement pérenne ! En effet, le haras Imperio Egipcio, déjà propriétaire de la médaillée d’or des derniers Jeux panaméricains Chevaux Primavera Montana Império Egípcio, monté par Stephan de Freitas Barcha, a acquis la moitié des parts de l’alezan, en co-propriété avec la famille Veniss. “Le haras garantit au Brésil une autre option dans une sélection disputée en vue de Paris 2024 avec l’achat, à hauteur de cinquante pourcents, de Nimrod de Muze. La monture de Pedro Veniss était proposée à la vente à un autre pays qui aurait pu nuire au Brésil, le privant d’un atout supplémentaire dans la course aux sélections pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Nimrod de Muze*Império Egípcio restera sous la selle de Pedro Veniss et sera en lice pour une place au sein de l’équipe brésilienne”, ont écrit les équipes du haras sur leurs réseaux sociaux mi-janvier. Ensemble depuis novembre 2019, Pedro Veniss et son fils de Nabab de Rêve ont déjà prouvé toutes leurs qualités, signant plusieurs sans-faute en Coupes des nations ou encore une victoire en Grand Prix 4*, en plus d’avoir participé aux Mondiaux de Herning en 2022, puis aux Panaméricains de Santiago en octobre 2023. Au Chili, tous deux ont participé au bronze décroché par les Auriverdes, quelques semaines après les avoir aidés à décrocher leur ticket pour Versailles, à Barcelone. D’autres belles lignes s’écriront donc dans les prochains mois pour ces deux complices.
S’il a réussi à sécuriser Nimrod de Muze, Pedro Veniss a en revanche perdu son deuxième cheval de tête, le bouillonnant Böckmann’s Lord Pezi Junior. Encore septième de l’étape de la Coupe du monde de Madrid fin novembre, le fils de Böckmann’s Lord Pezi, jusqu’alors propriété de Camilla Veniss, a été cédé aux écuries Alvarez Moya début janvier. L’Espagnol a confirmé l’information auprès de WorldofShowjumping, précisant que cette arrivée n’avait “rien à voir avec les Jeux olympiques”. Le pilote semble ainsi miser sur Puma HS, son fils d’Untouchable 27 né Usher, qu’il avait déjà présenté aux championnats d’Europe de Milan, l’été dernier.
Wilm Vermeir se sépare d’un complice de longue date et Steve Guerdat accueille une nouvelle recrue
DM Jacqmotte a passé quinze années, soit toute sa vie, auprès de la famille Vermeir, le beau-père de Wilm, Eric Bongaerts, l’ayant fait naître. Mais comme toutes les belles choses ont une fin, la fille de Toulon est partie pour de nouvelles aventures il y a quelques jours. En partageant une série de clichés réalisés spécialement pour immortaliser les derniers instants partagés, Wilm Vermeir a rendu un bel hommage à son complice. “La semaine dernière, nous avons dit au revoir à DM Jacqmotte. Après quinze ans passés dans nos écuries, et toujours prêt à tout. Il a concouru dans toutes les plus grandes compétitions du monde. Genève, Calgary, Aix-la-Chapelle, Doha, New York, Dinard… Il y en a trop pour tous les mentionner. Jacky, tu vas énormément nous manquer. J’espère te revoir vite. Nous te souhaitons le meilleur avec ton nouveau cavalier. J’espère que je rencontrerai un autre cheval comme toi dans ma vie”, a écrit le Belge. Classé dans plusieurs Grands Prix, jusqu’au niveau 5*, le hongre SBS a de nouveaux propriétaires britanniques, selon la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI). Pour l’heure, l’identité de celle ou celui qui le montera dans le futur reste inconnue. Monté en puissance ces derniers mois, Wilm Vermeir, sacré cavalier de l’année 2023 en Belgique, pourra toujours compter sur son fidèle IQ van het Steentje, un autre fils de Toulon, avec lequel il briguera une sélection pour les Jeux de Paris.
Déjà bien équipé, après avoir connu une saison de transition en 2022, le champion d’Europe en titre a récemment accueilli Lancelotta, une jument Westphalienne de onze ans. À Bâle, puis Amsterdam, Steve Guerdat a lancé sa nouvelle complice en compétition. Jusqu’à présent, la fille de Lancer III, dont la troisième mère n’est autre qu’Urte, qui a engendré le phénoménal Clinton, évoluait sous la selle de l’Uzbèque Nurjan Tuyakbaev, avec qui elle avait notamment pris part à la finale du circuit des Coupes des nations Longines à Barcelone, ainsi qu’à la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha, au printemps dernier.
Du changement dans le règlement du circuit Jeunes Chevaux de la SHF
Vendredi 2 février, la Société hippique française a prévenu ses membres de modifications règlementaires, applicables pour la saison 2024. Plusieurs éléments sont concernés, notamment d’un point de vue financier ou matériel. Parmi les faits les plus marquants, notons le regroupement des chevaux représentants la catégorie Autre stud-books (ASB) avec leurs homologues enregistrés au sein de “races affiliées à la SHF” sur le circuit du Cycle classique ainsi que lors de la finale bellifontaine. Cependant, les résultats de cette dernière seront divisés en deux catégories, appréciées différemment, le “Critérium” pour les ASB et le “Championnat” pour les autres, avec la prise en considération d’éléments zootechniques. La Grande Semaine de saut d’obstacles se déroulera cette année du 22 août au 1er septembre.
Rubens LS La Silla quitte le sport
Du haut de ses dix-huit ans, Rubens LS La Silla prend sa retraite. Fils de Rebozo LS et Chanel, une fille de Cash ayant pris part, entre autres, aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004, l’alezan a fait ses débuts internationaux avec la Canadienne Vanessa Mannix. Passé aux rênes de son entraîneur, l’Irlandais Conor Swail, l’étalon a remporté son premier Grand Prix 5* à Tryon, en octobre 2018. Un an plus tard, Rubens fait ses débuts sous la selle d’un autre Irlandais : Denis Lynch. Le représentant de l’île d’Emeraude aura été le dernier cavalier de l’alezan. Ensemble, ils se sont montrés redoutables jusqu’à 1,60m et ont même brillé lors du Derby de La Baule, en mai 2022, dans lequel ils se sont imposés. Toujours très compétitif, le petit-fils de Dollar dela Pierre tire un trait sur sa première vie pour se consacrer à l’élevage.
“Accueillons avec honneur ce champion magnifique qui plus est, qui entame une retraite bien méritée à Béligneux le haras, laissant derrière lui un sillage d'éclat et de gloire, prêt à insuffler son héritage de champion aux générations futures grâce à sa fertile semence”, s’est réjoui BLH sur ses réseaux sociaux. Frère utérin de Prestigio LS La Silla, Rubens compte pour l’heure une production extrêmement confidentielle, seuls quatorze descendants étant enregistrés dans la base de données Horsetelex. Parmi ses cinq produits nés avant 2019, trois ont obtenu des résultats en compétition, à partir d’1,40m, dont Rustica LS, au départ de la Coupe des nations CSIO 4* de Wellington sous couleurs vénézuéliennes. Stationné dans l’Ain, l’ancien complice sportif de Denis Lynch s’intègre à un catalogue déjà richement doté et plein de nouveautés.
Adieu Baloubar Mail
La série noire se poursuit au haras de Brullemail. Au lendemain de la disparition d’Elvira Mail, doyenne et matrone des lieux, Bernard Le Courtois a annoncé la disparition brutale et inattendue de son cher Baloubar Mail. Promis à un brillant avenir, tant dans le sport qu’à l’élevage, le Selle Français Originel n’aura pas été verni par le destin, jusqu’à s’éteindre “des suites de complications après une opération de coliques”, l’année de son treizième anniversaire. “Une mauvaise série cette semaine ... que c'est parfois dure d'être éleveur ! Mort à la fleur de l'âge, Baloubar avait vu ses premiers six ans commencer à bien performer en 2023. Il devait faire la monte au haras du Val d'Arnon en 2024 car les éleveurs l'avaient bien apprécié lorsqu’il y était stationné en 2022. Ce très élégant et chic cheval aux origines prestigieuses et une magnifique lignée maternelle avait été l'un des meilleurs chevaux de sa génération à quatre et cinq ans : Elite et quatrième du championnat de France des quatre ans et Elite et cinquième du championnat des cinq ans. Puis, il eut une fracture du genou chez son cavalier, ce qui mit fin à sa carrière sportive. Après une année de soins et de convalescence avec l'équipe du haras de Brullemail et celle d'Agathe Fortin, Baloubar a pu reprendre une vie normale et une activité de reproducteur. Il passait un hiver serein au pré à Brullemail quand ce fléau lui arriva cette semaine”, a complété l’éleveur de l’alezan. En France, le petit-fils d’Alligator Fontaine compte soixante-huit produits enregistrés sur la base de données du SIRE, dont une vingtaine nés en 2023. Parmi eux, trois ont été crédités d’un ISO supérieur à 120, dont I Boat Sans Pareil. La semence de Baloubar sera toujours disponible en congelé.
Photo à la Une : Shane Sweetnam et Cjoxx en action à Genève. © Mélina Massias