Le passage à la nouvelle année a débouché sur quelques changements pour les Pays-Bas, qui ont trouvé en Wout-Jan van der Schans leur nouveau chef d’équipe, et le Brésil, qui se privera désormais des précieux services de Philippe Guerdat en tant qu’entraîneur. Retour sur ces deux faits d’actualité.
En fin d’année dernière, Jos Lansink annonçait sa volonté de se concentrer davantage sur sa propre entreprise et laissait les clefs de la sélection néerlandaise, qu’il pilotait depuis décembre 2021. Quelques semaines après cette annonce, jeudi 2 janvier, la Fédération équestre néerlandaise a annoncé le nom de son successeur : Wout-Jan van der Schans sera le nouveau sélectionneur des Oranje.
“Il s’agit bien sûr d’un formidable défi, qui s’inscrit dans le cadre de mes autres activités. Le poste d’entraîneur de l’équipe nationale a déjà fait l’objet de discussions entre la Fédération et moi par le passé, mais j’avais encore trop d’ambitions sportives. Il est désormais temps pour moi de prendre du recul vis-à-vis du sport. Je veux rester actif, mais plus au très haut niveau. En outre, j’ai toujours aimé entraîner des cavaliers. Je connais moi-même un grand nombre des meilleurs d’aujourd’hui grâce aux compétitions, et j’ai de bonnes relations avec eux. Nous nous connaissons également par le biais des Coupes des nations, et nous savons ce que nous pouvons apprendre les uns des autres, et comment nous voyons le sport”, a déclaré Wout-Jan van der Schans, qui travaillera en étroite collaboration avec son prédécesseur ces prochaines semaines, afin d’assurer la meilleure transition possible.
Encore engagé dans un CSI 2*, à Groningen, le week-end dernier, Wout-Jan van der Schans, qui est également l’oncle d’un certain Peter van der Waaij, à la tête de l’équipe suisse de saut d’obstacles, témoigne d’une large et riche expérience de cavalier. Le Néerlandais a, en effet, évolué jusqu’au plus haut niveau, disputé quatre finales de la Coupe du monde, avec une sixième place en 1988 à Göteborg et cinq grands championnats, dont les Jeux olympiques de Séoul en 1988 et les championnats du monde d’Aix-la-Chapelle deux ans auparavant. Au milieu des années 2010, il fut notamment le cavalier d’un certain Aquila*HDC, avec lequel il a signé un double zéro dans la Coupe des nations de La Baule en 2016, avant d’en céder les rênes à Patrice Delaveau quelques mois plus tard.
Influencé par son père, Piet, lui aussi cavalier émérite, Wout-Jan van der Schans a commencé sa carrière en concours complet et fut sacré champion national de la discipline à deux reprises, avant de se consacrer définitivement au jumping à partir de 1985. L’un des plus beaux souvenirs du Batave reste sa victoire dans la Coupe du monde d’Amsterdam, en 1996, avec Leroy Brown. Également cavalier de l’étalon Corland, le nouveau chef d’équipe des Pays-Bas a fait partie de la commission d’approbation des jeunes mâles du KWPN.
Wout-Jan van der Schans, installé dans ses propres écuries à Nijkerk, dans le centre des Pays-Bas, aura certainement à cœur de suivre l’exemple de ses prédécesseurs, et notamment celui de Rob Ehrens, avec qui l’équipe nationale avait été si performante en grands championnats il y a quelques années. Iris Boelhouwer, directrice technique de la Fédération, se réjouit de son arrivée au poste de sélectionneur. “J’accueille Wout-Jan van der Schans dans ses nouvelles fonctions avec beaucoup d’enthousiasme”, s’enthousiasme-t-elle. “Sa riche expérience et sa passion pour le sport font de lui l’homme idéal pour l’équipe. Je suis persuadée qu’il contribuera grandement à nos ambitions et à la progression de nos cavaliers et chevaux.” Premier grand rendez-vous pour le Néerlandais ? Les Européens de La Corogne, deux ans après ceux de Milan, où les quatre mousquetaires de Jos Lansink n’avaient guère brillé, avec une équipe mêlant expérience et jeunes montures. Depuis, deux des quatre chevaux retenus pour concourir en Italie ont d’ailleurs changé de cavaliers, tandis que les Pays-Bas ont terminé à une très frustrante quatrième place collective aux Jeux olympiques de Paris, à égalité de points avec la France, et remporté le bronze individuel grâce à Maikel van der Vleuten et son inoxydable Beauville.
Du mouvement dans l’encadrement brésilien
Fin décembre, Le Cavalier Romand a fait savoir que Philippe Guerdat ne serait plus l’entraîneur de l’équipe brésilienne de saut d’obstacles à compter de 2025. Le Suisse, ancien chef des escouades espagnole, ukrainienne, belge et surtout française, avec laquelle il avait décroché l’or olympique lors des Jeux de Rio, en 2016, occupait ses fonctions auprès des Auriverde depuis 2019. Selon Le Cavalier Romand toujours, Almir Antonio Lustosa Vieira, président de la Fédération équestre brésilienne depuis 2020, aurait souhaité que Philippe Guerdat soit davantage présent au Brésil. Une demande impossible à accepter pour Philippe Guerdat. “Cela aurait été aux dépens de mes traitements de santé, qui sont indispensables”, a-t-il déclaré.
“Ce fut une très belle aventure. Elle prend fin ce 31 décembre, malgré de bons résultats et des relations assez exceptionnelles avec beaucoup de cavaliers et notre chef d’équipe, Pedro Paulo Lacerda. Ce n’est pas une décision prise de gaieté de cœur et c’est dommage que cela se termine, mais c’est la vie : tout a une fin”, a réagi Philippe Guerdat dans les colonnes du média helvète. À ses côtés, le Brésil a vécu de grands et beaux moments de sport, avec, entre autres, trois médailles d’or aux Jeux panaméricains, décernées respectivement à l'équipe brésilienne et Marlon Modolo Zanotelli et la Selle Français Originel Sirène de la Motte, mère de Dune du Ru, en 2019, et Stephan de Freitas Barcha et Chevaux*Primavera*Imperio Egipcio en 2023, et vu émerger de nombreux couples de grande qualité. “On a eu la chance de pouvoir compter sur le meilleur des meilleurs entraîneurs, le plus engagé et compétent”, a glissé Pedro Veniss au Cavalier Romand.
Auprès de GRANDPRIX.info, Rodrigo Pessoa s’est également confié sur la fin de contrat de ce grand homme de cheval. “Lorsqu’il a commencé à connaître des ennuis de santé, Philippe a consenti des sacrifices surhumains pour être à nos côtés. Il ne s’est jamais passé un jour où il ne répondait pas au téléphone, il n’a jamais annulé de déplacement ni dit qu’il ne pouvait pas faire une chose qu’il avait prévue d’effectuer ! C’est dommage que sa période avec nous ne se soit pas terminée sur une bonne note, alors que nous avions tout pour réaliser une bonne performance aux Jeux olympiques de Paris (où le Brésil a été éliminé après qu’une trace de sang a été décelée sur le flanc de Nimrod de Muze, monture de Pedro Veniss, ndlr). Malheureusement, la vie est ainsi faite. En tout cas, je souhaite remercier Philippe du fond du cœur pour tous les efforts qu’il a consentis pour nous.”
En fonction de ce que lui permettra sa santé, Philippe Guerdat entend bien continuer à vivre sa “passion”, en distillant ses précieux conseils aux cavaliers qui souhaiteraient en bénéficier. S’il ne ferme pas définitivement la porte à une nouvelle aventure collective, le père de Steve Guerdat ne semble pas enclin à réarpenter ce chemin.
Photo à la Une : Wout-Jan van der Schans et l’excellent Aquila. © Dirk Caremans / Hippo Foto