De retour aux pieds de la Tour Eiffel, sur la place Jacques-Rueff, le Longines Paris Eiffel Jumping s’apprête à souffler sa onzième bougie. Comme chaque année, Virginie Coupérie-Eiffel met les petits plats dans les grands, afin de proposer une grande fête à toutes et tous. Autour du grand sport, qui sera garanti par la présence d’une partie des tous meilleurs mondiaux, l’événement parisien veillera avant tout à mettre en lumière le cheval, acteur indispensable aux prouesses équestres. Chaque jour, du 20 au 22 juin prochain, le village entourant la piste principale sera ouvert gratuitement, de même que les tribunes, tous les matins et une partie de l’après-midi. À n’en pas douter, cette nouvelle édition, support d’une étape du Longines Global Champions Tour et de sa Ligue, continuera de faire briller la flamme qui anime les amoureux des sports équestres et des équidés.
Comment se présente l’édition 2025 du Longines Paris Eiffel Jumping ?
Très bien. Nous sentons un très fort engouement du public. D’ailleurs, nous avons affiché complet dès le mois de février. C’est pourquoi nous avons ouvert une troisième tribune il y a quelques semaines. Cela va contribuer à créer une véritable arène, ce qui est super. Je ressens aussi cet enthousiasme chez les cavaliers : Julien Épaillard m’a confirmé sa présence, tout comme Simon Delestre, Kevin Staut et Pénélope Leprevost (sauf aléa de dernière minute ou sélection au CSIO 5* de Rotterdam, en préparation des championnats d’Europe de La Corogne, ndlr). Les étrangers ne seront évidemment pas en reste. C’est agréable de sentir cette énergie. Ils sont contents de venir concourir à Paris. Ils aiment le programme, trouvent la dotation attractive, et apprécient l’esprit de camaraderie qui préside dans cet événement.
Plus globalement, nous sentons un réel engouement pour les sports équestres. Cette année, pour la première fois depuis longtemps, nous aurons une retransmission en direct sur France Télévisions, le dimanche 22 juin à 15h30 (sur France 3, ndlr). Il faut le dire et le souligner, parce que notre sport est rarement mis en valeur de cette manière. C’est le fruit d’une relation de longue date avec France Télévisions, et notamment avec son service des sports et Jean-Baptiste Marteau, avec lequel j’ai commenté les épreuves équestres des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, Tokyo et Paris. C’est très important pour nous parce que notre sport a besoin de visibilité, d’une vraie vitrine dans les médias.
À travers son événement, Virginie Coupérie-Eiffel promeut l'équitation et les chevaux. © DR / LPEJ
“Il faut utiliser tous les outils possibles pour servir le développement des sports équestres”
La médiatisation reste un combat de tous les instants…
Oui, et c’est un combat qu’il ne faut pas lâcher. Il faut aussi accepter que c’en est un et le mener collectivement. C’est un travail d’équipe, avec la Fédération française d’équitation, les grands cavaliers, les partenaires majeurs de notre sport et les autres organisateurs de concours. Par exemple, le Saut Hermès, qui a retrouvé cette année le Grand Palais, contribue à faire connaître notre sport dans les médias généralistes, à la télé et à la radio. C’est exactement ce dont nous avons besoin. À ce titre, les concours parisiens ont une responsabilité particulière. Parce qu’ils se déroulent plus près des grandes rédactions et des décideurs, ils sont plus à même d’attirer les grands médias. Grâce au Pavillon Eiffel, les deux restaurants éphémères face à la piste, nous disposons d’un formidable atout pour le lobbying et les relations publiques. Il faut utiliser tous les outils possibles pour servir le développement des sports équestres. Nous avons la chance de connaître des passionnés célèbres comme Guillaume Canet, de grands chefs d’entreprise, des chefs d’État, des personnalités politiques et des artistes. Par exemple, je sais que Beyonce (qui se produira au Stade de France les 19, 21 et 22 juin, ndlr) adore monter à cheval, alors je rêverais de la faire venir au Longines Paris Eiffel Jumping. Cavaliers, dirigeants et personnalités publiques peuvent tous contribuer à donner à notre sport la place qu’il mérite dans les médias. Ils sont des “influenceurs”, dans le bon sens du terme. Cela peut susciter des vocations de nouveaux propriétaires, des envies d’investir dans notre sport, de nouveaux partenariats. Nous en avons besoin.
Percevez-vous un élan lié à la réussite des Jeux olympiques de Paris 2024, et notamment à celle des épreuves équestres, disputées au parc du château de Versailles ?
Oui, clairement, à tout point de vue. Du côté des bénévoles, c’est même incroyable. Nous avons toujours su en recruter, mais cette année, nous avons reçu un très grand nombre de candidatures, y compris de la part de personnes hyper qualifiées. Je pense notamment à Stéphane Traglio, qui organise des compétitions partout en France et m’a dit : “Moi, je viens et je suis bénévole durant toute la semaine du concours.” Il y a d’autres professionnels du monde équestre, mais aussi des directrices marketing qui prennent une semaine de congés pour venir nous aider. Ça, c’est vraiment l’esprit olympique. Et cela touche toutes les générations : des jeunes étudiants de vingt ans aux retraités passionnés. Moi aussi, j’ai déjà été bénévole et j’avais trouvé cela fascinant. C’est formidable de voir des gens heureux d’être là, de vivre leur passion et de se rendre utiles. Cela me touche énormément.
Quant au public, on sent un vrai désir de prolonger la fête du sport et de l’équitation, de rallumer cette flamme. À ce titre, je tiens à rappeler que notre événement est accessible librement et gratuitement : le village tout au long de la journée, et les tribunes jusqu’à 14h30 le vendredi, 15h30 le samedi et 12h15 le dimanche. Cette accessibilité compte beaucoup à mes yeux.
Le public pourra observer une partie des meilleurs mondiaux à Paris, dans moins d'un mois, malgré la concurrence du CSIO 5* de Rotterdam. © DR / LPEJ
“Les chevaux ont façonné ma vie”
Et sur le terrain, comment se prépare cet événement ?
Très bien. Côté sportif, tout est en place. Du côté des hospitalités, nous avons hâte de retrouver Hélène Darroze (cuisinière française cumulant six étoiles au guide Michelin, ndlr), dont les tables affichent déjà complet. L’engouement est là aussi. Et puis il y a tout le côté artistique. Cette année, Yann Arthus-Bertrand (photographe, reporter et réalisateur français, ndlr) présente une très belle exposition autour de la relation entre l’homme et le cheval, tirée du livre “Devenir Cheval”, en partenariat avec le haras de la Cense. C’est magnifique, avec de superbes photos. C’est tout ce que j’aime.
Les chevaux me nourrissent. Ils me rendent heureuse. Ils ont façonné ma vie. Je leur en suis extrêmement reconnaissante. Je ne serais pas la même personne sans eux. Et ce que les chevaux m’ont apporté, ils peuvent l’apporter au monde entier. Ils soignent, ils passionnent, ils valorisent. C’est une richesse pour l’humanité qu’il faut sans cesse célébrer.
L’an passé, en raison de la préparation des JOP de Paris, votre événement s’était tenu sur la plaine de Bagatelle, dans le bois de Boulogne, comme en 2016 lorsque la France avait reçu l’Euro de football. Cette année, il retrouve la place Jacques-Rueff, son emplacement de 2021, 22 et 23…
Oui, c’est chouette de revenir au pied de la tour Eiffel. Pour autant, le meilleur emplacement est sans aucun doute la place Joffre, devant l’École militaire. Nous y retournerons en 2026 après la fin du démontage du Grand Palais Éphémère. Ce sera merveilleux. La place Jacques-Rueff nous offre un cadre magnifique, mais l’espace y est plus réduit, et le montage est techniquement plus complexe.
La Tour Eiffel revient en arrière-plan du Longines Paris Eiffel Jumping. © Sarah Bedu
Comment conciliez-vous enjeux événementiels et respect de l’environnement ?
Nous faisons tout notre possible pour réduire notre empreinte carbone. Nous travaillons avec des prestataires qui respectent les critères de la mairie de Paris : pas de plastique, approvisionnement en circuits courts, produits de saison, sains et peu traités. Ce sont des valeurs que nous avons embrassées depuis longtemps. Nous essayons aussi de réduire les nuisances liées au montage et démontage. Il y en a obligatoirement, mais nous faisons tout pour qu’elles soient aussi limitées que possible. Ce sont des choses simples, mais importantes.
Vous êtes également attachée au respect du bien-être animal. Y aura-t-il des nouveautés à ce sujet cette année?
Oui, notamment sur la carrière bien-être. Nous essayons de faire intervenir des personnalités médiatiques. Par exemple, Thierry Lhermitte (acteur français et éthologue, ndlr) viendra commenter une séance de médiation équine. L’idée est de sensibiliser à des sujets d’actualité et d’ouvrir les esprits : comprendre le cheval, savoir comment le rendre heureux et mieux vivre avec lui. Ces contenus sont pensés à la fois pour les amateurs et professionnels du cheval.
Grâce à son espace dédié, le bien-être équin sera à nouveau mis en avant. © Sarah Bedu
“Il n’est pas aisé de déplacer la date d’un événement, mais cela fait partie de mes objectifs”
Concernant la constitution du plateau, comment se partage le travail entre Jan Tops, président de Global Champions et coorganisateur du concours, et vous ?
La participation dépend en partie des responsables des équipes de la Global Champions League, qui choisissent chacun deux cavaliers pour concourir à Paris en fonction de leurs objectifs (soit un total de trente-quatre, ndlr). Cela représente une grande partie du plateau. En contrepartie, faire partie du Longines Global Champions Tour (LGCT) et de la Global Champions League (GCL) offre à notre événement et à la destination Paris une exposition mondiale, ces deux circuits faisant étape à Doha, Mexico, Shanghai, New York et partout en Europe. Nos partenaires y sont particulièrement sensibles et cela attire nombre de grandes stars de notre sport et de nouveaux partenaires, dont Iron Dames, qui soutient deux équipes et pas moins de dix cavalières (les Étoiles des Cannes et les Comètes de Monaco, ndlr). Une autre partie des cavaliers sont invités en fonction de leur rang au classement mondial Longines (dix-sept, ndlr). En tant que nation hôte, la Fédération française d’équitation dispose de cinq places (plus une laissée à la discrétion de la Fédération équestre internationale, ndlr). Pour le reste, je m’adresse directement aux cavaliers et responsables d’équipe, avec lesquels j’entretiens d’excellentes relations. Et je suis très reconnaissante de la fidélité des plus grands cavaliers à notre événement.
Iron Dames soutient désormais deux équipes dans la Global Champions League. © Jessica Rodrigues
Sur le calendrier international, en cette saison très riche en grands concours, votre CSI 5* est en concurrence directe avec le CSIO 5* de Rotterdam, étape néerlandaise de la Ligue des nations Longines. En revanche, la semaine suivante, il n’y aucun CSI 5* en Europe, juste un à Calgary, au Canada. Ne serait-il pas intéressant d’harmoniser ce calendrier?
J’en suis convaincue, et j’aimerais effectivement échanger avec les organisateurs du CSIO 5* de Rotterdam pour éviter cette concurrence. Chacun œuvre avec ses propres contraintes, plus ou moins complexes et il n’est pas aisé de déplacer la date d’un événement, mais cela fait partie de mes objectifs.
Cette année, votre cavalière ambassadrice est naturellement Jeanne Sadran, victorieuse du Grand Prix LGCT de Paris en 2024 avec Dexter de Kerglenn. Jeanne incarne un renouveau français, comme Nina Mallevaey, Mégane Moissonnier, Inès Joly, Antoine Ermann ou encore Nicolas Layec. Ce renouvellement générationnel ne doit pas vous laisser insensible…
C’est clair. Jeanne est une formidable jeune cavalière qui mérite sa réussite. J’adore aussi Nina, avec laquelle j’échange très souvent. Quand la maison Saint Laurent s’est associée au Longines Paris Eiffel Jumping, c’est elle que j’avais choisie pour représenter la marque. Ce sont des jeunes que j’ai vus grandir. Antoine Ermann aussi, je le connais depuis longtemps : il était coaché par Jérôme Ringot, avec lequel j’ai travaillé chez Hubert Bourdy, donc je suis proche de lui, et je me réjouis de sa présence à Paris. Quant à Nicolas Layec, c’est un cavalier extrêmement talentueux, que j’ai connu lorsqu’il travaillait au haras de Riverland, situé non loin de notre château Bacon familial. Ce renouveau est une formidable aubaine pour l’avenir de notre sport. Je suis à fond derrière cette nouvelle génération. Certains ont profité ou profitent encore de la GCL, où chaque équipe doit compter dans ses rangs un cavalier U25 (âgé de moins de vingt-cinq ans, ndlr). Jeanne et Antoine se sont formés dans ce cadre. C’est beau de les voir éclore, comme il est beau de voir Michel Robert et John Whitaker continuer à prendre du plaisir à cheval et à en donner au public. Ce mélange des âges est une vraie force. Dans un monde socialement fracturé, si notre sport peut rassembler différentes générations et milieux sociaux, c’est précieux. L’équitation a ce pouvoir, même si elle garde une image élitiste, parce qu’elle permet de faire dialoguer les éleveurs, les propriétaires, les cavaliers, les grooms et tant d’autres acteurs de tout horizon.
L'an dernier, le Longines Paris Eiffel Jumping a permis de sacrer Jeanne Sadran et Dexter de Kerglenn. © Jessica Rodrigues
Vous soutenez aussi plusieurs associations...
Oui, bien sûr. Nous soutenons des associations comme HOPE, qui soigne des femmes atteintes de cancer par l’équithérapie. Il y a aussi L’Envol, qui accompagne les enfants malades grâce aux chevaux, en organisant des stages dans des centres équestres. Et cette année, grande nouveauté : nous organisons une soirée caritative pour l’Institut du Cerveau (ICM). C’est un lien fort, d’autant que les sports mécaniques, le football, et les sports équestres sont tous concernés par les traumatismes. Cela rejoint les questions qui animent actuellement nos sociétés : bien-être animal, bien-être humain, longévité, vivre mieux.
Nous essayons d’inclure tout le monde, même si nous ne pouvons pas tout faire. Le handicap, par exemple, est mis à l’honneur à travers la présence d’associations. Il y a aussi des remises de prix organisées en partenariat avec le comité régional d’équitation d’Île-de-France et des animations poney avec la Kids Cup. Je n’oublie pas la Route Eiffel et notre prix Jean-Rochefort en partenariat avec Canon. Nous voulons que chacun puisse s’y retrouver, même si le cœur reste le sport.
Rendez-vous du 20 au 22 juin prochain pour un week-end de partage autour des chevaux. © Romuald Meigneux / Best Image
Photo à la Une : Virginie Coupérie-Eiffel et ses équipes sont à pied d'œuvre pour proposer le meilleur événement possible le mois prochain. © Sportfot