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"On voyait les chevaux tomber les uns après les autres" Guillaume Batillat

Guillaume Batillat
Interviews lundi 22 mars 2021 Lea Tchilinguirian

Pour Studforlife, le francilien revient sur ses dernières semaines.

À travers ses réseaux sociaux, le francilien Guillaume Batillat nous a fait suivre son quotidien lors de sa quarantaine au CES de Valence, où le virus de la rhinopneumonie neurologique s’est développé, puis au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron. Jeudi dernier, il y prenait le départ avec ses quatre chevaux, tous testés négatifs, pour enfin rejoindre ses écuries. « Un mauvais souvenir qu’il faut effacer tranquillement »...

Pour Studforlife, le cavalier français revient sur les dernières semaines qui ont animé son quotidien : « Je n’ai pas eu d’autre choix que de rester sur place car une de mes juments n’était pas très bien, la faire voyager était un risque. Le lundi 22 février, l’organisation du concours nous a annoncé que le gouvernement espagnol allait prendre le relai. Chaque jour, il venait et faisait des réunions mais rien ne changeait, mis à part l’envoi de chevaux sains dans la zone "safe", toujours dans les boxes en dur. Ceci a été réalisé sans faire de tests et sans précautions. Résultat : la moitié des chevaux ont commencé à avoir des symptômes quelques jours plus tard. Le gouvernement a mal géré ! La situation faisait froid dans le dos lorsque l’on voyait les chevaux tomber les uns après les autres. Les cavaliers, grooms ou propriétaires n’avaient plus la force de les tenir. On les aidait mais finalement leurs chevaux tombaient dans nos mains, c’était très dur. La situation sur place a commencé à se calmer lorsque des boxes de quarantaine sont arrivés et qu’un protocole a enfin été établi ! D’ailleurs, ces derniers ne faisaient que 2,50m sur 2,50m, c’était bien trop petit alors personne ne voulait y mettre ses chevaux. J’ai donc pris la décision de les ouvrir, 5m sur 2,50m c’était déjà bien mieux pour des chevaux qui devaient rester entre quatre murs et qui ne pouvaient que très peu marcher dehors. La FFE et les équipes de Patrick Borg ont été les premiers à agir, ont été voir le gouvernement, ont organisé les transports et nous ont aidé financièrement et moralement. Nous n’avions plus qu’à suivre la marche ! » 


« Les chevaux allaient mieux moralement. »


Le jeudi 11 mars, les premiers chevaux français ont pu quitter le sol espagnol pour y poursuivre leur quarantaine au Parc équestre fédéral, dans le Loir-et-Cher. « Ça faisait déjà une semaine que j’étais dans des boxes tout seul à Valence. Rien que de pouvoir rentrer en France, même si c’est Lamotte-Beuvron et pas chez nous, c'était déjà un soulagement de nous rapprocher de nos écuries et de nos familles. Le convoi était composé de mes quatre chevaux sains dans mon camion puis d’un autre avec six de Franck Curti, comme nous ne voulions pas les mélanger. Un petit camion nous suivait au cas où nous avions un problème, avec le vétérinaire Français Jérôme Thevenot. Nous avons fait étape à Béziers dans des boxes démontables au milieu d’un champ. Une fois arrivés à destination, les chevaux allaient mieux moralement car ils ont pu aller en extérieur et voir le jour ». Guillaume Batillat a poursuivi sa quarantaine d’une semaine à Lamotte-Beuvron. Après avoir réalisé trois tests négatifs sur ses chevaux, le francilien a eu tous les feux au vert pour rentrer à ses écuries basées en Seine-et-Marne, le jeudi 19 mars. « Une fois à la maison, nous les avons quand même séparés des autres quelques jours avant qu’ils ne puissent retrouver leurs copains ». Concernant son coéquipier français Franck Curti, « ses chevaux n’avaient quant à eux pas commencé leur quarantaine en Espagne alors ils vont encore rester là-bas environ un mois. Julien Bussereau l’a également rejoint avec les siens », souligne-t-il.


« Nous avons vécu l’horreur. »


S’il y a une leçon qu’a pu retenir le Français, c'est « qu’on ne sait pas de quoi le monde est fait ! Ce virus est très rare et pourtant, nous avons vécu l’horreur. Au départ, nous ne nous sommes pas trop inquiétés mais lorsque des chevaux ont commencé à mourir devant nous, c’est devenu la panique. » L’entraide a également été au cœur de ces dernières semaines, « il y en a tellement eu qu’on ne sait plus qui a fait quoi » réagit-il. « La FFE a été incroyable. Nicolas Deseuzes, en prenant l’initiative d’appeler Patrick Borg pour nous l’envoyer, aussi. Personne n’a l’habitude de côtoyer cette maladie et lorsque les internautes ont vu ce que nous vivions à travers nos publications sur les réseaux sociaux, j’ai reçu tellement d’appels de soutien, la solidarité a été dingue. » Guillaume Batillat a tout de même terminé notre entretien en soulignant que la FEI leur « a envoyé un vétérinaire à Valence mais ne s’est mouillée en rien : elle n’a pris aucune décision comme l’annulation du concours par exemple. La FFE a été la première à agir et les nations étrangères ont ensuite suivi le pas en demandant les mêmes papiers sanitaires à leur gouvernement ».

Crédit photo : Sportfot.com