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L’élevage de Champloué, une ascension fulgurante, basée sur la qualité et des souches confirmées (1/2)

Elevage vendredi 16 septembre 2022 Mélina Massias

Niché sur la commune de Cohons, en Haute-Marne, l’élevage de Champloué grandit d’année en année. Fondé par Jean-Marie Charlot, passionné par les chevaux depuis toujours, l’affixe voit naître chaque année d’excellents chevaux. Et il semblerait que les meilleures années soient à venir. Grâce à de solides souches, dont celles de Javotte D et Fanny du Mûrier, l’ancien avocat, désormais retraité, s’attache à produire des montures de qualités. Si une partie de ses jeunes pousses partent régulièrement à l’étranger, où les experts sont friands de ce sang reconnu, les autres ont la part belle pour éclore en France. Cette semaine, à la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau, Huricane, champion des cinq ans, Grazia, ou encore Italia ont bien semblé emprunté la voie ouverte par un certain Empoli, qui pointe le bout de son nez au sommet de son sport sous la selle de Bertram Allen. Premier épisode d’une rencontre en deux parties.

En s’appuyant sur des souches confirmées, et sur une qualité de production indéniable, l’élevage de Champloué ne cesse de grimper, année après année. Depuis un certain temps déjà, l’affixe de Jean-Marie Charlot s’illustre sur le circuit jeunes chevaux, et notamment lors de la Grande Semaine de l’élevage de Fontainebleau. L'édition 2022 des finales réservées aux jeunes stars de demain n’a pas échappé à la règle. Les cinq produits de l’élevage haut marnais engagés sur les pistes bellifontaines ont tous contribué à la réussite de leur naisseur et à la progression fulgurante de son œuvre.

Ancien avocat, Jean-Marie Charlot, désormais retraité, se consacre pleinement à ses chevaux, auxquels il voue une passion sans faille depuis de longues années. Initié dans les années 90, son élevage puise son origine dans un amour équestre encore plus ancien. “Ma famille a toujours été dans les chevaux, que ce soit mes parents, mes grands-parents, etc. Mais en général, dans la Nièvre, d’où je suis originaire, l’élevage était davantage orienté vers les courses que l’obstacle, notamment avec des chevaux Autres Que Pur-Sang (AQPS). J’étais cavalier, d’un niveau plutôt ordinaire. Lorsque mon père est décédé, je me suis retrouvé avec ses poulinières de course. J’en ai revendu certaines, et en ai conservé d’autres. Avec celles-ci, j’ai essayé de faire naître des poulains d’obstacle”, retrace le Nivernais.

L'étalon Dollar de Lux est issue d'un les des premiers produits nés pour le compte de Jean-Marie Charlot. © Sportfot

Naîtront ainsi, au tout début de l’élevage de Champloué, la bonne Douce de Champloué (ISO 131, Nu d’Ingreville x Fort National, PS), mère de l’étalon westphalien Dollar de Lux (ISO 144, Dollar de la Pierre), puis Fedum de Champloué (ISO et ICC 143, Laudanum x Quastor), deux ans plus tard. Montée par les quatre fils de Jean-Marie, Hubert, Augustin, Louis Arthur et Edouard, tous quatre passionnés à leur tour par l’équitation, cette Fedum se montrera performante autant sur les terrains de jumping que sur ceux de complet. En parallèle de sa carrière de compétitrice, elle donnera également douze poulains à l’élevage de Champloué, parmi lesquels trois bénéficient d’un ISO ou un ICC supérieur à 140 : Cadum (Diamant de Semilly), Serum (Conterno Grande) et Quitus de Champloué (Dollar dela Pierre), son premier produit.

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Le complet, un peu, le jumping, passionnément 

D’abord orienté vers la production de chevaux de saut d’obstacles, Jean-Marie s’intéresse également au concours complet, ses fils étant passionnés par la discipline. “Nous avons, mon épouse et moi, quatre garçons et une fille. Nos quatre garçons montaient en complet, à un bon niveau. Ils ont tous fait partie de l’équipe de France en Juniors et Jeunes Cavaliers. Ainsi, j’ai essayé de produire, tous les ans, un ou deux poulains destinés au complet. Certaines fois, cela a bien fonctionné, d’autres un peu moins. Mais, globalement, ils ont toujours eu de très bons de l’élevage pour pratiquer leur passion”, détaille l’ancien avocat. “Louis-Arthur monte encore en compétition, jusqu’au niveau 3* en complet. Il a également sa propre exploitation agricole, près d’Arnay-le-Duc (en Côte d’Or, à une soixantaine de kilomètres au Sud-Ouest de Dijon, ndlr). Il est impliqué dans l’élevage et a d’ailleurs un peu détourné ma bonne souche de Laudanum (celle de Fedum de Champloué, ndlr). Mes autres enfants ne sont pas investis dans l’élevage, mais leurs épouses ou leurs enfants montent en concours. J’espère avoir des petits enfants bientôt performants !”

Toscane de Champloue, la poulinière phare de Jean-Marie Charlot, ici sous la selle de Fabien Debost, avant de se consacrer à l'élevage. © GRANDPRIX.tv

Malgré cette première réussite sur les terrains de complet, notamment grâce à Jacquard Champloué (ICC 151, Hand In Glove x Bouton d’Or, AA), d’ailleurs mère de jeunes descendants du crack Upsilon, c’est bien en jumping que l’élevage de Jean-Marie Charlot va éclore au grand jour. Après avoir déjà vu naître de bons produits, issus de souches imprégnées de sang, les prairies de Cohons prennent un nouveau tournant, au milieu des années 2000. “Au début, élever était un peu difficile. Et puis, j’ai eu la chance de pouvoir louer Sophie du Château (ISO 147, Galoubet A et Javotte D x Cor de Chasse). J’ai obtenu deux embryons femelles. L’une, Taïga de Champloué (Diamant de Semilly), a très bien réussi en concours. L’autre était pleine de force, mais j’ai mis un terme à sa carrière sportive afin de la conserver à l’élevage. C’était fabuleux”, savoure ce passionné. “Ma Toscane de Champloué (Diamant de Semilly) est donc la fille de Sophie du Château et petite-fille de Javotte D, elle-même petite-fille de Manuella. Toutes deux, à l’image de Toscane, étaient des poulinières exceptionnelles. À chaque génération des cracks ont émergé. De cette souche, est par exemple issu Vital Chance (ISO 172, Diamant de Semilly et Image du Château II, par Rivage du Poncel, protégé de Marie Bourdin et Antoine Dechancé, ses naisseurs, et monté par l’Irlandais Conor Swail, actuel quatrième cavalier du monde, ndlr), le meilleur cheval français actuel en termes de gains. Il y a aussi eu Itot du Château (Le Tôt de Semilly et Sophie du Château) et bien d’autres, tout aussi hors norme. C’est un don du ciel. Quand on a une poulinière comme cela, qui produit bien, on n’a pas de problème pour vendre les chevaux si on le souhaite. Cela permet d’équilibrer l’activité de l’élevage et est très encourageant.”

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Taïga de Champloué, la propre soeur de Toscane, toujours aux rênes de Fabien Debost. © GRANDPRIX.tv

Manuela, Javotte, Sophie : des matrones connues et reconnues 

Même si cette lignée n’a plus besoin de présentation, il convient de retracer, au moins brièvement, son influence dans l’élevage français. L’Anglo-arabe de Complément Manuela, issue du croisement entre le Pur-Sang Labrador et l’Anglo-Arabe Amadouée (Gueridon, AA), née chez Georges Colmont en 1956, engendrera ainsi onze produits, parmi lesquels les performants Graceful (Ibrahim, DS) et Admiral (Common Law, PS) se démarqueront en saut d’obstacles. En plus de sa carrière de compétitrice, Graceful transmettra avec brio ses gènes à l’élevage, à Saiveful (ISO 147, Grand Veneur) et Praiceful (Night And Day, PS), entre autres. Praiceful donnera à son tour Carina de Surcouf (ISO 161, Surcouf de Revel) et surtout Dayade II (Rox de la Touche), génitrice de l’étalon Maloubet de Pleville (ISO 162, Baloubet du Rouet) et de sa propre soeur, Lilipop (ISO 147), dont la jeune production ne devrait pas tarder à faire parler d’elle. Emmanuela (Laurier), elle aussi fille de Manuela, engendrera Marnie (Rif du Crocq), mère du compétitif complétiste Maranello (ICC 150, Maranello). Via Conchitta II, le sang de Manuela se retrouvera chez Frisby (ISO 150, Jalisco B), mais aussi Quick de Riverland (ISO 148, Bleu Blanc Rouge II), Bentley de Riverland (ISO 155, Carembar de Muze) ou encore la bonne sept ans, Flamme de Riverland (ISO 138, Kannan). Mais, c’est surtout Ballerine III qui contribuera au développement de sa souche. Cette fille du Pur-Sang Rantzau donnera vie à onze produits. Le premier d’entre eux n’étant autre que l’Anglo-Arabe Grand Coeur A (ISO 175, Laurier, AA). Suivront les deux poulinières Impératrice (Diableur) à l’origine de Narquoise II (Vagabond), mère de Birmane de la Tiff (ISO 152, Jokris), Tsarine du Prelet (Barigoule, AA), une bonne poulinière, ainsi que Javotte D (Cor de Chasse).

Flamme de Riverland, ici sous la selle de Robin Le Squerren, est l'une des nombreuses descendantes de la souche de Javotte D. © Mélina Massias

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Principalement sous l’affixe “du Château” de Jean Grandjean, Javotte D donnera… vingt et un produits, dont Sophie, Amande (ISO 168, Almé), Carole (ISO 152, Quidam de Revel) et Etoile (ISO 157, Le Tot de Semilly). À leur tour, les nombreuses filles de Javotte s’imposeront à l’élevage, bien aidées par la démocratisation du transfert d’embryons, et désormais de l’ICSI. Ainsi, citons Quento Sange (ISO 151, Cento x Cor de Chasse), Régent de Montsec (ISO 150, Quincy x Le Tot de Semilly), Qapitol de Montsec (ISO 153, Robin II Z x Le Tot de Semilly), Typie (ISO 152, Diamant de Semilly x Grand Veneur), Feu du Château (ISO 156, Royal Feu x Grand Veneur), Letoile du Château (ISO 152, Sable Rose), Oui M’Sieu du Château (ISO 151, Quidam de Revel x Galoubet A), Qualine du Château (ISO 151, Allegreto x Galoubet A), Sultan du Château (ISO 168, Kannan x Galoubet A), Quito du Vilpion (ISO 155, Diamant de Semilly x Bacus de Nouvolieu), Best Of Iscla (ISO 154, Diamant de Semilly), Vitot du Château (ISO 165, Toulon x Kannan), Vendôme d’Anchat (ISO 160, Diamant de Semilly x Allegreto), Amant du Château (ISO 153, Diamant de Semilly x Robin II Z), Alea de la Marque (ISO 157, Mylord Carthago x Allegreto), l’incomparable Itot du Château (ISO 193), Vital Chance, et, donc, Taïga (ISO 145) et Toscane de Champloué. Si la première s’est d’abord consacrée au sport avant d’être vendue, elle a toutefois donné les deux finalistes à cinq, six ou sept ans en Calinka de Champloué (Kannan), son propre frère, Dawai de Champloué, ainsi que Caucase de Champloué (Nabab de Rêve). La production de Toscane, elle, propulse l’élevage sur le devant de la scène, dès ses premières générations.
Vital Chance, véritable rock star aux Etats-Unis est aussi issu de cette souche prolifique. © Sportfot

L'incomparable Itot du Château est le meilleur représentant de sa lignée maternelle. © Sportfot

Toscane, de la trempe des grandes

À quinze ans, Toscane de Champloué compte déjà vingt-trois produits. Sa première pouliche est née en 2011 et a été prénommée Brunetta de Champloué (ISO 142, Winningmood vd Arenberg). Avec cette baie, seule à s’être vu attribuer l’affixe “de Champloué” cette année-là, Jean-Marie Charlot entame en parallèle une collaboration avec le cavalier Eric Lelièvre, connu pour être un excellent formateur de jeunes chevaux, en atteste encore sa récente troisième place dans le championnat de France des chevaux de sept ans, à Fontainebleau, il y a deux semaines. Après avoir fait ses classes sous les selles de Nicolas Gahery et David Konczewski, Brunetta rejoint son nouveau pilote en milieu d’année de six ans.

Cresus de Champloue, le fils de Clinton et de Tedeum de Champloué, lors des championnats du monde de Lanaken, à cinq ans. © Sportfot

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“Cela fait environ huit ans que je travaille pour Jean-Marie. Il avait commencé en me confiant quelques jeunes. Cela s’étant bien passé, nous avons continué. Avec Brunetta de Champloué, une fille de Winningmood et Toscane, j’avais terminé sixième du championnat des juments de six ans. Ensuite, elle avait fait quelques épreuves de sept ans, remportant notamment une épreuve à 1,40m (à Rosières-aux-Salines, ndlr), avant de se consacrer à la reproduction”, se remémore Eric Lelièvre, qui deviendra rapidement le cavalier référence pour la formation des jeunes pépites de Champloué. “J’ai eu plein de chevaux de cet élevage ! Cresus de Champloué (Clinton et Tedeum de Champloué x Diamant de Semilly) avait bien tourné, en remportant notamment la finale indoor des quatre et cinq ans à Equita Lyon, et en allant à Fontainebleau à quatre, cinq et six ans (crédité d’un ISO 143, le bai avait été classé Excellent à quatre, six et sept ans, Très Bon à cinq et avait également pris part à la finale de Lanaken à cinq ans, ndlr). Il a ensuite été vendu (passant sous les selles de Thomas Lambert et Alexandra Francart, avant de poursuivre sa route en épreuves amateurs, ndlr). J’ai également eu Corum de Champloué (Nabab de Rêve et Tedeum de Champloue x Diamant de Semilly, qualifié à Fontainebleau à cinq, six et sept ans, ndlr) au début de notre collaboration. La liste serait trop longue à énumérer ! En règle générale, Jean-Marie a quand même une production de bonne qualité. Bien sûr, rien n’est automatique en élevage, mais ses croisements sont toujours modernes, et basés sur de bonnes souches. Il a Toscane, la fille de Diamant et Sophie, et la souche de Bilitis des Lys, qui ramène à Jadis et Rahotep (de Toscane, les cracks de Philippe Rozier, ndlr). Il a une bonne jumenterie et fait des bons croisements, ce qui est souvent récompensé. Cette année, il avait encore cinq produits à Fontainebleau.”

Huricane de Champloue, sacré champion de France à Fontainebleau avec Grégoire Hercelin. © Mélina Massias

Photo à la Une : Huricane de Champloué, dernier champion en date, sous la selle de Grégoire Hercelin. © Mélina Massias

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