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Le Selle Français conserve son titre de meilleur stud-book en saut d’obstacles et Romain Rotty décroche celui de meilleur éleveur grâce à Legacy

Dubaï du Cèdre
mercredi 23 octobre 2024 Mélina Massias

Comme chaque automne, la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH) publie différents classements, se basant sur les résultats sportifs obtenus entre le 1er octobre 2023 et le 30 septembre 2024. En attendant celui des meilleurs étalons, ceux des meilleurs stud-books et des meilleurs éleveurs ont été rendus publics. Comme en 2023, la Selle Français décroche la palme en saut d’obstacles. De son côté, Romain Rotty succède à Susana Garcia Cereceda Epaillard, grâce à une certaine Chavantele, plus connue sous le nom de Legacy, brillante partenaire de l’Irlandais Daniel Coyle. 

Le Selle Français marche sur l’eau

Grâce à sa propre méthode de calcul, basée sur les performances des douze derniers mois, la WBFSH a attribué aux meilleurs chevaux de la planète un certain nombre de points. Le cumul de ces derniers, pour les six meilleurs représentants de chaque stud-book, a permis d’établir un classement et de placer le Selle Français, principal livre de race hexagonal en ce qui concerne les trois disciplines olympiques, en tête, pour la deuxième fois de son histoire. 

Reconnu bien au-delà de ses propres frontières, le Selle Français peut se targuer de compter quelques uns des meilleurs chevaux du monde en son sein. Parmi ses six meilleurs représentants, cinq défendent désormais une bannière étrangère. Dubaï du Cèdre caracole en tête du livre de race bleu blanc rouge, grâce à une nouvelle saison XXL sous la selle de Julien Epaillard, meilleur cavalier tricolore du dernier classement mondial Longines. L’alezane, née chez Perrine Cateline et Sylvain Pitois du croisement entre Baloubet du Rouet et Urgada de Kreisker (Diamant de Semilly), sur la souche de Briseis d’Helby, présente en plus des origines “sang pour sang” françaises, lui valant le label Selle Français Originel, qui tend à se raréfier. Si la belle a obtenu ses 1584 points et le troisième rang individuel des meilleurs chevaux de saut d’obstacles du monde sous bannière tricolore, elle évoluera à l’avenir sous les couleurs de la Mannschaft et aux côtés de Janne Friederike Meyer-Zimmermann, qui a récupéré la belle, qui a remporté une médaille dans les trois grands championnats qu’elle a disputés - les Européens de Milan, la finale de la Coupe du monde de Riyad et les Jeux olympiques de Paris -, grâce à l’investissement des écuries Iron Dames. 

Douzième meilleure performeuse mondiale, Caracole de la Roque a, elle aussi, connu une excellente année 2024. Sous la selle de Karl Cook, la baie a retrouvé le devant de la scène, se montrant impressionnante lors des CSIO 5* de Rome et La Baule, avec deux bonnes Coupes des nations ainsi qu’une victoire et une deuxième place dans les Grands Prix associés. La fille de Zandor et Pocahontas d’Amaury (Kannan) est passé à un rien du Graal devant le château de Versailles, une malheureuse faute technique de son cavalier l’ayant privé d’un barrage en finale individuelle, alors qu’elle avait survolé chaque parcours jusque là. “Caracole était, selon moi, la meilleure jument de la finale, au vu de la manière dont elle sautait et de sa forme”, a même déclaré l’Américain en analysant son erreur dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux. Comme Dubaï avant elle, Caracole de la Roque, née chez Alexandrine Bonnet-Dian et Michel Hécart, a bénéficié du savoir-faire hexagonal dans sa formation et été révélée au plus haut niveau par un certain… Julien Epaillard. 



Troisième meilleure Selle Français du classement édité par la WBFSH, Dynamix de Bélhème met une nouvelle fois en lumière le travail de Laure et Frédéric Aimez, ses éleveurs. Aux côtés de Steve Guerdat, la fille de Snaïke de Blondel et Soudaine du Montet (Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky) a été sacrée championne d’Europe en 2023 et vice-championne olympique en 2024, année au cours de laquelle elle a remporté son premier Grand Prix 5*, à Fontainebleau, au printemps dernier. Préservée par son cavalier, la jument de onze ans n’en est qu’au début de ses heures de gloire. Elle est accompagnée par Dallas Vegas Batilly, née chez Jean-Claude Viollet du croisement entre Cap Kennedy, né Comino, et Violetta Batilly (L’Arc de Triomphe), Blood Diamond du Pont, réussite de Mathieu Le Connetable et fruit du mariage entre Diamant de Semilly et Line du Pont (Arpège Pierreville) et Fancy de Kergane, pépite de l’élevage Louis Menier, sur une idée de croisement entre le regretté Berdenn de Kergane, alias Casco Bay, et Vita de Kergane (Cor de Hus) imaginé par Sandrine Gallou. Parmi leurs performances marquantes depuis octobre 2023, citons la troisième et la victoire dans les étapes de la Coupe du monde Longines de Lyon et Vérone, la cinquième place dans l’épreuve reine du CHIO 5* d’Aix-la-Chapelle et le titre de championne olympique par équipe de Dallas Vegas Batilly aux rênes de Ben Maher, la victoire dans le Grand Prix 5* du Saut Hermès de Blood Diamond du Pont aux côtés de Julien Anquetin ainsi que les excellents résultats en Coupe des nations, avec une victoire à la clef à Aix-la-Chapelle et la deuxième place dans le Grand Prix du CSIO 5* de Falsterbo de Fancy de Kergane, alors associé à Cian O’Connor qui a, depuis, passé le relais au jeune Max Wachman. 

Si certains se désoleront peut-être de ne pas voir ces formidables montures œuvrer pour les Bleus, les voir réussir sous couleurs irlandaises, britanniques, suisses, américaines et peut-être bientôt allemandes n’en est que plus gratifiant pour l’élevage français qui séduit le monde entier.

La Belgique talonne la France

Juste derrière lui, le Selle Français est talonné par deux de ses voisins belges. Contrairement à la France, le Plat-pays voit ses meilleurs fleurons représenter les couleurs de plusieurs grands stud-books. Ainsi, le Zangersheide et le BWP complètent le podium. Le premier est porté par une certaine Legacy, qui achève la période courant d’octobre 2023 à septembre 2024 en tête du classement des meilleurs performers. La crack de Daniel Coyle, née sous le nom de Chavantele, a connu une saison exceptionnelle, couronnée deux victoires dans les étapes de la Coupe du monde d’Amsterdam et Leipzig, d’un triomphe collectif à Ocala après un double zéro, de plusieurs autres classements, mais malheureusement pas récompensée par une médaille à Versailles, malgré trois premiers parcours de très grande classe. Peut-être dans la forme de sa vie ces derniers mois, la Zangersheide de quatorze ans par Chippendale et Regina D (Bon Ami) offre le titre de meilleur éleveur de l’année à son naisseur, le discret Romain Rotty. Une belle reconnaissance pour ce Belge, qui succède à Susana Garcia Cereceda Epaillard, récompensée l’an dernier grâce au Selle Français Donatello d’Auge.



Deux chevaux sous selles françaises suivent Legacy. Il s’agit de Beau de Laubry, lauréat des Grands Prix 5* de Stuttgart, dans le cadre de la Coupe du monde, et de Dinard avec Kevin Staut, et Dexter Fontenis, compétitif complice de Simon Delestre. Le premier, un puissant fils de Bisquet Balou van de Mispaelere et Wabelle de Muze (Nabab de Rêve), elle-même fille de l’excellente Ta Belle van Sombeke, est né chez la famille Haelterman, au haras de Laubry. Le second est le fruit d’une belle histoire, partagé par Eric Hochstader et toute sa famille, aux côtés de leur fidèle ami Simon Delestre. Dexter Fontenis est ainsi un produit de Diarado et Gorka des Fontenis, que montait Nicholas, le fils d’Eric, en compétition. Le bouillonnant Zangersheide provient d’une lignée maternelle bien française, sa troisième mère, Kampanule III étant, entre autres, à l’origine de l’olympique Razzia du Poncel.

Grâce à plusieurs victoires internationales jusqu’à 1,50m ces derniers mois, No Mercy van’t Kamerveld, renommé Otto BH, permet à son stud-book de marquer quelques précieux points supplémentaires. Le mâle de douze ans, né chez Gudrun et Jozef Patteet, est un fils de Norton d’Eole et D-Armel van’t Kamerveld (Toulon) et est monté depuis le printemps 2023 par la Britannique Amanda Derbyshire. Derrière lui, un certain Beauville vient garnir les rangs du stud-book Zangersheide ! L’extraordinaire compagnon de Maikel van der Vleuten, entré dans l’histoire cet été en glanant une deuxième médaille de bronze olympique à Versailles, a vu le jour chez Pascal Habets, qui avait choisi de croiser Bustique à Wrinton, une fille du Selle Français Jumpy des Fontaines.

Le dernier Zangersheide à entrer en compte dans ce classement des stud-books de saut d’obstacles est I-Clap CL, le hongre de douze ans par I’m Special de Muze ayant permis à la Britannique Jessica Mendoza de retrouver l’adrénaline des grands championnats, au printemps dernier, à l’occasion de la finale de la Coupe du monde. Ce petit-fils d’Air Jordan est né chez Alexander Liefsoens. 

Côté BWP, le bondissant King Edward Ress mène la danse. Star de l’élevage de Wim Impens, l’alezan d’Henrik von Eckermann continue de briller. Si les derniers Jeux olympiques se sont conclus par une chute pour le couple, la finale de la Coupe du monde de Riyad ne leur a pas échappé. Fils d’Edward 28 et Koningin de Lauzelle (Feo de Lauzelle), le petit hongre s’est également distingué à Prague, Göteborg, Abou Dabi et Bois-le-Duc, terminant deuxième de ces quatre Grands Prix 5*. 



Le roi du numéro un mondial est accompagné par Olga van de Kruishoeve (El Torreo de Muze x Nabab de Rêve), toute bonne jument de dix ans, nièce de Levis, Kitona, Nimrod et Morfine de Muze, née chez Eric Polfliet et montée par Simon Delestre, Hortensia van de Leeuwerk (Corland x Argentinus), qui évolue avec le Mexicain Manuel Gonzalez Dufrane et a été élevée par Ronald Joosen, Nikolaj de Music (Kannan x Nabab de Rêve), né chez Walter Lelie et piloté par l’Italien Emanuele Gaudiano, Odina van Klpascheut (I Am Moerhoeve’s Star x Landor S), pépite du haras de Mivaro et l’une des révélations de l’année avec la Suédoise Petronella Andersson, ainsi que le talentueux Odense Odeveld (Diamant de Semilly x Querlybet Hero), neveu de Lector vd Bisschop et Jorden van de Kruishoeve, entre autres, et partenaire de l’Italien Emanuele Camilli et ancien protégé de Carole De Laet chez qui il a vu le jour en 2014. Le BWP devance de dix-sept points seulement le Holstein, dont les deux chefs de fil sont Casturano (Castelan 13 x Canturo), vainqueur de son premier Grand Prix 5* le week-end dernier avec Conor Swail pour le plus grand bonheur de Reimer Detlef Hennings, son naisseur, et Corsica X (Connor x Corofino II), la star de René Dittmer, auteure d’un excellent hiver 2023-2024 et élevée par Erich Westphal.

Le classement complet.

Romain Rotty devance Wolfgang Kipp

Romain Rotty, à l’origine de la crack Legacy, sera récompensé par la WBFSH lors d’une prochaine cérémonie qui devrait se tenir en marge du Jumping international de Bordeaux, en février 2025. “Legacy est au sommet de sa carrière. Tout ce qu’elle a déjà fait pour moi est incroyable, mais elle continue de nous surprendre par son éclat”, a notamment déclaré son cavalier, Daniel Coyle, qui la monte depuis six ans.

Le Belge devance d’un rien Wolfgang Kipp qui, à défaut d’avoir vu naître le champion olympique Checker 47, a imaginé son croisement. Le gris a connu une saison parfaite, s’octroyant plusieurs victoires en Grands Prix 5* : à Riyad en 2023, puis à Wellington et Madrid en 2024, et surtout le titre de champion olympique individuel sous la selle de Christian Kukuk. Le Westphalien, dont le livre de race termine cinquième du classement général dédié, supplante Dubaï du Cèdre, perle de Perrine Cateline et Sylvain Pitois.

Le classement complet.

Photo à la Une : Avant de changer de bannière, Dubaï du Cèdre, meilleure jument Selle Français du classement établi par la WBFSH, a participé aux Jeux olympiques de Paris avec Julien Epaillard. © Scoopdyga