Charlotte Mordasini sur son nuage !
Né d'un père français et d'une mère suédoise, Charlotte Mordasini possède la double-nationalité et a décidé en début d'année de monter sous pavillon Suédois. Après avoir représenté la France aux championnats d'Europe jeunes cavaliers en 2008 et 2009, la cavalière installée en Haute Savoie a évolué durant plusieurs saisons entre les CSI deux et trois étoiles avant une ascension fulgurante en 2015. Troisième du Grand Prix au CSIO 3* d'Odense, elle remet le couvert ce week-end devant son public au CSIO 5* de Falsterbo en montant sur le podium au nez et à la barde de la star locale, Malin Baryard.
« J'avais eu l'occasion de participer au CSIO cinq étoiles de Sopot mais je ne m'y étais pas qualifiée pour le Grand Prix. J'avais fait le petit Grand Prix qui était néanmoins à 1m60 le samedi, c'était donc ici mon premier Grand Prix cinq étoiles. Je suis partie sans a priori à Falsterbo. C'est certain que le public suédois ne me connaît pas très bien et que Mordasini ne sonne pas très suédois et c'était pour moi comme un concours normal … mais au fur et à mesure du week-end, il y avait de plus de plus de ferveur au niveau du public à mon égard. Plus ils apprenaient à me connaître, plus ça devenait chaleureux et pour le Grand Prix, c'était assez fou. Cela fait vraiment plaisir d'autant qu'en Suède, il y a vraiment un esprit d'équipe entre les cavaliers où ils veulent vraiment que l'on soit soudé. Il y a vraiment une bonne organisation au sein de la fédération et cela se ressent au niveau du public. Cela fait vraiment plaisir de voir le public en délire au barrage, j'ai trouvé ça cela vraiment gratifiant. Je savais que des gens comme Rolf-Goran Bengtsson ou Malin Bayard étaient de véritables stars dans leur pays et je m'attendais bien à ce que l'accueil ne soit pas le même pour moi qui débarque en outsider mais à la fin du week-end, c'était beaucoup plus enjoué et je sentais que j'avais un peu gagné ma place. Terminer devant Malin Bayard à Falsterbo, c'est un peu gonflé ! J'avais vraiment du mal à réaliser d'autant que d'habitude, je ne suis pas non plus la plus rapide. Je partais première au barrage où il y avait onze sans-faute ! J'avais donc décidé d'essayer et d'avancer car ça ne servait à rien de faire double sans faute avec autant de barragistes, il fallait tenter. C'est vrai que j'ai fait un bon barrage avec une bonne foulée sur le dernier où j'ai pu continuer en avançant… mais je ne pensais pas terminer troisième. Je pensais être un peu plus loin, puis finalement, j'ai vu les autres aller vite et terminer derrière moi alors j'étais surprise, je me suis rendue compte que j'avais été vite et tant mieux. C'est encourageant, peut-être que cela va m'encourager à aller plus vite les prochaines fois. Le planning, c'est maintenant d'aller à Dinard. D'autres sélections avec l'équipe de Suède sont désormais probables, je vais essayer d'économiser un peu ma jument car je n'ai qu'elle pour sauter de grosses épreuves et je ne veux pas faire d'épreuves pour rien. J'ai rencontré Romane du Theil grâce à Timothée Anciaume chez qui j'étais installé avec mon piquet de chevaux. Je cherchais un bon cheval de 7-8 ans pour le futur et Timothée avait vu cette jument sous la selle de François-Xavier Boudant qui la montait pour le haras des Brinbelles. Ils évoluaient ensemble un peu en CSIO de seconde ligue comme à Copenhague.
Timothée me l'a donc conseillée et nous l'avons achetée assez vite dans le but d'arriver au plus haut niveau et elle répond tout à fait à nos attentes. Cela a toujours été une très bonne jument mais depuis quelques concours, elle enchaîne les sans-faute en Grand Prix et je pense que les deux ensemble, nous avons fait un grand pas en avant. C'est difficile de comparer ma situation aujourd'hui à celle que j'avais sous couleurs françaises car je n'avais pas les performances que j'ai aujourd'hui. Je pense que j'aurais également reçu ma chance même si cela aurait sans doute été un peu plus difficile. Cela m'aurait sans doute ouvert quelques portes, peut-être pour les coupes des nations de seconde ligue mais au final pour vraiment le haut niveau et la super league, il y aura plus de places en Suède qu'en France.
C'est une évidence. Il faut néanmoins être réaliste : on n'a pas du tout parlé des championnats d'Europe. C'est vraiment très proche désormais et je pense qu'ils ont déjà leur équipe, ce serait très chaud de la changer maintenant. Par contre, on peut éventuellement essayer de participer à la finale de la Super League à Barcelone. Je ne veux néanmoins pas m'avancer mais cela pourrait être un objectif. C'est assez drôle car si je connais des gens comme Malin Baryard ou Rolf-Goran Bengtsson pour les avoir côtoyé dans différents concours sans pour autant les connaître personnellement, ma grand-mère, qui a été sponsor d'Helena Lundback est assez bien intégrée dans le milieu des cavaliers de haut niveau suédois,et quand elle leur avait annoncé l'an dernier que sa petite fille allait monter pour la Suède, ils n'étaient pas très intéressés, puis finalement après m'avoir vu ce week-end à Falsterbo et en plus troisième du Grand Prix, ils ont commencé à réaliser que ce n'était pas du pipeau. Je pense qu'à partir de maintenant, il y a des choses qui vont changer et que je vais prendre un peu plus de crédibilité. »