Grand Prix
Point d'orgue d'un week-end durant lequel les organisateurs et les bénévoles n'auront pas ménagé leurs efforts pour offrir au public du spectacle dans pas moins de quatre disciplines - parfois dans le même après-midi - le Grand Prix Rolex de Genève réunissait 40 partants.
Le parcours construit par Gérard Lachat et Louis Konickx s'annonce exigeant, avec deux doubles et un triple pour un total de 17 efforts répartis sur la grande piste du Palexpo. Le double de bidets placé en dernière position fera son lot de malheureux, tout comme la fragile palanque n°6.
A noter au départ de ce prestigieux Grand Prix, la présence de quatre chevaux de huit ans seulement. Parmi eux, la jument du polyvalent Michael Jung, Fischersolution (Carthino Z) qui ne se heurtera qu'à l'entrée du fameux double de bidets, et Vendôme d'Anchat HDC (Diamant de Sémilly) lancé dans le grand bain par Kevin Staut suite à la légère blessure de Silver Deux de Virton HDC. Le hongre alezan ne cesse de progresser et prouve à nouveau qu'il a tout d'un grand, manquant seulement de quelques centimètres pour couvrir l'oxer en sortie de triple. Mais même pour les montures plus expérimentées, l'étape suisse du Rolex Grand Slam of Showjumping s'annonce difficile. Après douze partants, toujours aucun sans-faute, même si le public y a cru jusqu'au bout pour Luciana Diniz et sa fidèle Fit For Fun (For Pleasure) qui fauteront elles aussi sur l'entrée du double de bidets.Mention spéciale également pour les jeunes rookies français Benoit Cernin sur l'étalon Uitlanders du Ter (Clinton) ainsi qu'Alexis Deroubaix sur Timon d'Aure (Mylord Carthago) qui avaient tous deux été invités par les organisateurs suite à leur très bonne saison et auront réussi à se qualifier pour le Grand Prix où ils sortiront avec deux fautes et les honneurs. On n'oubliera pas non plus le jeune helvétique Bryan Balsiger sur le sbs Clouzot de Lassus (Ugano Sitte) qui boucleront une magnifique prestation pénalisée d'une seule faute.
Le tenant du titre est de retour à Genève toujours avec son étalon de 13 ans. Pedro Veniss montre que Quabri de L'Isle (Kannan) aime cette piste, les tribunes voient poindre le premier barragiste … Mais c'est sans compter sur 44 centièmes de seconde de trop au passage de la ligne. Un point de pénalité !«Je suis vraiment déçu. Le cheval sautait super et je n'ai pas bien monté assez. J'ai fait une foulée de plus avant de rentrer dans le triple. Le temps était déjà court pour lui mais avec une foulée en plus là, c'était impossible. Néanmoins, Quabri était encore une fois fantastique et je suis content de sa régularité. Je m'en veux. On essaiera de faire mieux l'année prochaine mais c'est dommage pour le cheval. » réagira le Brésilien.
Malgré le passage de tête de séries comme Eric Lamaze avec Fine Lady (Forsyth FRH) ou encore Simon Delestre et Hermes Ryan (Hugo Gesmeray) qui écoperont respectivement de 5 et 4 points de pénalité, aucun barrage ne se profile à Palexpo.
Il faudra attendre une heure de compétition et le 26è couple pour que le public genevois puisse enfin acclamer le premier sans-faute ! Harrie Smolders confirme la magnifique saison de Don VHP Z (Diamant de Sémilly), déjà 6è du Top Ten la veille, en se qualifiant comme l'année passée pour une potentielle finale au chronomètre.Et pour offrir cette finale tant attendue, Henrik Von Eckermann et Mary Lou 194 (Montendro) boucleront également un tour fluide et sans pénalité, imités dans la foulée par Grégory Wathelet et sa bondissante Corée (Cornet Obolensky).
Il ne reste que huit partants, mais non des moindres et les tribunes tremblent pour l'entrée en piste de leur chouchou. La foule de Palexpo retiendra son souffle durant une minute pour admirer dans un silence tendu le parcours de Steve Guerdat. Tout le monde y croit, Bianca (Balou du Rouet) se joue des difficultés du parcours … jusqu'à l'entrée du double de bidets, qu'elle fera chuter au grand désarroi de son cavalier et du hall tout entier. Il n'y aura pas de Suisse au barrage cette année !Un barrage qui réunira finalement cinq concurrents, après les belles prestations du numéro un mondial Kent Farrington en selle sur Gazelle (Kashmir van Schuttershof) et de l'Irlandais Cian O'Connor qui avait récupéré pour l'occasion le cheval de son élève, et ex-monture de Meredith Michaels Beerbaum, Fibonacci 17 (For Feeling).
Premier à entrer de nouveau en piste, le vice-champion d'Europe Harrie Smolders donne le ton en bouclant le double sans-faute en 46'89''. Un temps de référence qui semble accessible mais reste à laisser les barres sur leurs taquets…
« Mon programme était bien de participer au top10 et au Grand Prix avec Don. Nous n'étions pas loin les deux jours ce qui prouve une nouvelle fois son incroyable régularité. Hier, nous avions une bonne distance dans le virage qui était difficile mais il a perdu sa concentration en regardant le mur et du coup, la distance n'était plus là. Aujourd'hui, il est encore double sans-faute, j'ai essayé au barrage mais je l'ai senti un peu fatigué. Je n'avais plus tout le moteur nécessaire mais je savais que je devais bien faire les choses pour rendre la tâche difficile aux autres. » expliquera le Hollandais.
Henrik von Eckermann confirme en lançant Mary Lou 194 (Montendro) à toute vitesse sur la piste de Palexpo. Ca passe en 45'49'', la course est lancée ! Les vainqueurs de la prestigieuse étape aixoise du Rolex Grand Slam se présentent dans l'arène genevoise, en quête d'un éventuel bonus. Malgré la période difficile qu'il traverse suite à la dramatique blessure de Forlap DC, Grégory Wathelet fait preuve d'un mental à tout épreuve. Corée (Cornet Obolensky) est de nouveau au rendez-vous et elle donne tout ! C'est le double sans-faute à la clé … . en 45'69'', deuxième place provisoire.Avant dernier barragiste, le numéro un mondial Kent Farrington ne l'est pas par hasard, et sa rapidité n'est plus à démontrer. La bouillonnante Gazelle (Kashmir van Schuttershof) s'élance dans un rythme soutenu, les virages sont fluides et serrés et ça paye ! 44'96'', nouveau leader !
Reste à savoir si le troisième des championnats d'Europe de Goteborg, Cian O'Connor, pourra déloger l'Américain, en se servant de la grande action de Fibonacci 17 (For Feeling). Le couple temporaire fera pourtant chuter la barre du vertical n°17, situé en 4è position dans ce barrage. Fin du suspens, le leader du ranking mondial depuis maintenant 8 mois consécutifs confirme qu'il faudra encore compter sur lui et s'adjuge la dernière étape du Rolex Grand Slam de l'année 2017 ! « Ce n'est que notre deuxième concours ensemble puisque j'ai juste monté Fibonacci à Peelbergen quelques épreuves avant de venir ici. En fait, je donne cours à Lillie Keenan mais elle est à l'école alors je garde Fibonacci en condition pour la Floride ... et du coup, j'ai demandé si je pouvais l'emprunter pour venir ici et la famille a donné son accord. Je les remercie vraiment car c'est tellement agréable de monter de si bons chevaux. Je pense que Fibonacci fait véritablement partie des meilleurs chevaux du monde, c'est vraiment une machine. » réagira l'Irlandais.Le numéro un mondial affichait évidemment un large sourire après cette nouvelle victoire, la première ici ! « Je suis véritablement sous le choc. Depuis le temps que je courrais après cette victoire dans le Grand Slam. Je suis vraiment heureux de mon cheval aujourd'hui. Je vais essayer de continuer ma route dans le Rolex Grand Slam désormais. »
Le Suédois n'était néanmoins pas mécontent de sa seconde place : « Je savais que Kent était derrière moi, j'ai donné le meilleur mais il a gagné du temps sur moi sur le dernier obstacle en mettant une foulée de moins mais je pense que si j'avais enlevé une foulée là, il en aurait quand même enlevé quelque part d'autre ! Je suis vraiment content de mon cheval. Je pense que je n'étais pas en totale confiance sur le dernier obstacle car jeudi dans la première qualificative, j'ai tout essayé sur le dernier mais elle s'est arrêtée et je suis tombé. Ce n'était pas la préparation idéale mais de toute façon, Kent a juste été le meilleur aujourd'hui, tout simplement.» Grégory Wathelet sera passé très près du but alors qu'il était toujours en course pour un bonus après sa victoire à Aix la Chapelle. « J'étais tout près mais à la fois assez loin de cette victoire. J'ai essayé de prendre des risques, j'aurais certainement pu grappiller du temps à quelques endroits mais nous ne sommes pas aussi rapides que les couples qui sont devant nous. A la fin, je suis très content de ma jument, elle a vraiment été fantastique. Il y a deux grands cavaliers devant moi. On peut aussi féliciter le travail des chefs de piste qui ont fait un très bon boulot et on sait comme ce n'est pas facile. Le parcours était technique ce qui n'est pas toujours évident sur une piste aussi grande et le temps suffisamment court pour nous obliger à y penser et à prendre nos premières distances. C'est sûr que depuis le week-end dernier, j'ai eu des journées difficiles et ça l'est toujours même si cette troisième place donne un peu de positif. Après la semaine dernière, je n'avais plus envie d'aller au concours. Je n'ai d'ailleurs toujours pas envie. J'ai annulé mes concours des 15 prochains jours et je dois encore décider pour ma participation ou non au Jumping de Malines. J'ai fait un effort pour Genève car c'est un concours extraordinaire que je ne voulais pas rater. J'aurais trouvé ça dommage de manquer le top 10 alors que j'avais travaillé toute la saison pour y mériter ma place. Maintenant, ma priorité va être de m'occuper de Forlap. J'ai déjà annulé mes vacances… après le temps aidera et s'il prend le bon chemin, ça va m'aider à me remotiver mais c'est sûr que j'ai besoin d'au moins deux semaines pour m'enlever cette pression et me concentrer sur ses soins. A la base, ce n'est pas Corée qui devait faire le Grand Prix ici. J'avais peur que ce soit un peu juste car elle n'avait participé qu'à deux concours dont Paris la semaine dernière dans le but de venir ici faire le top 10 mais elle m'a de nouveau prouvé la jument incroyable qu'elle est en étant directement prête.» Kent Farrington accompagné de l'ambassadeur Rolex, Sir Jackie Stewart, légende vivante du sport automobile et triple champion du monde de formule 1 en 1969, 71 et 73