À trente-trois ans, De Sjiem s’est envolé. L’ancien complice de Jeroen Dubbeldam, connu pour son caractère affirmé et son talent brut, laisse derrière lui de nombreux souvenirs à tous les passionnés de sports équestres. Le nom du gris, sacré champion olympique en 2000, continuera de dominer les écuries de son pilote Néerlandais, qui l'a remercié dans un émouvant message.
Après son sacre aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000, Jeroen Dubbeldam avait choisi de nommer ses écuries “De Sjiem”, en l’honneur de son complice gris, entré dans la légende en se parant d’or en Australie. À l’âge canonique de trente-trois ans, le crack a poussé son dernier souffle et rejoint les cieux, samedi 21 mai. “Avec le cœur lourd, nous avons dit au revoir à De Sjiem aujourd’hui. Reconnaissant pour tous les incroyables succès qu’il m’a apporté, mais surtout pour les leçons qu’il m’a enseignées et les moments passés à ses côtés. Un ami, un professeur, un compagnon ; tu m’as rendu meilleur, en tant que cavalier et personne. Tu as fait partie de toutes les success stories, même longtemps après ta retraite. Merci de m’avoir appris, merci pour tout”, a salué, non sans émotion, Jeroen Dubbeldam sur les réseaux sociaux. “Bien-sûr, merci à toutes les personnes impliquées dans sa carrière, toutes celles qui ont œuvré en coulisses, à prendre le plus grand soin de lui au fil des années, en particulier Tonnie et Femke, qui lui offert la plus belle des retraites.”
Découvert à six ans, aux Pays-Bas, De Sjiem est alors loin d’être la star qu’il deviendra quelques années plus tard. Vert, presque sauvage, le fils d’Aram et Chief, une fille du Pur-Sang Wahtamin xx, montre toutefois un vrai potentiel. À force de patience et de travail, le jeune Néerlandais parvient à dompter son hongre au caractère affirmé. “Mon ex-beau-père, Bennie Holtkamp, resté un bon ami, a insisté pour en faire l’acquisition. On voyait déjà qu’il n’était pas le plus facile, mais cela n’avait pas d’importance pour Bennie. Au début de 1996, De Sjiem a rejoint notre écurie et nous avons découvert à quel point il était difficile. Nous préférions ne pas l’entraîner sous la selle et le promener en vélo pour travailler sa condition physique. Tant que les choses allaient dans son sens, il était d’accord. [...] Je n’ai jamais vécu une expérience aussi extrême qu’avec De Sjiem. À l’époque, nos problèmes dominaient ma vie. Il avait tellement de talent mais était si compliqué…”, confiait le multi-médaillé en 2020 auprès de la Fédération néerlandaise.
Après deux championnats, du monde, à Rome, en 1998, et d’Europe, à Hickstead l’année suivante, ainsi qu’une finale de la Coupe du monde à Las Vegas en 2000, la paire s’envole pour Sydney. Là-bas, dans des conditions particulières, Jeroen et son gris déjouent les pronostics en raflant l’or, en signant le seul barrage sans-faute de la compétition. Une consécration inattendue, puisque De Sjiem, né en 1989 dans les prairies de la famille Boerkamp, d’une modeste souche maternelle et paternelle, ne s’était jamais imposé dans un Grand Prix auparavant et affrontait de sacrés chevaux et pilotes lors de ces JO. Au cours de sa carrière, marquée en 2001 par un triomphe dans le mythique Grand Prix du CHIO 5* d’Aix-la-Chapelle, puis de sa retraite, passée à son chevet, le KWPN aura toujours eu une place particulière dans l’univers de son cavalier. Il y a quelques années, un autre crack de Jeroen Dubbeldam avait rejoint De Sjiem dans sa nouvelle vie : SFN Zenith. Ce soir, une étoile brillera plus que les autres. Devenu une véritable légende aux Pays-Bas et au-delà, le gris restera dans les mémoires.
Photo à la Une : Jeroen Dubbeldam et De Sjiem. © Scoopdyga