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Le feu d’artifice de Scott Brash se poursuit dans la finale du Top Ten à Genève

Après 2014, Scott Brash a remporté sa deuxième finale du Top Ten, pour sa sixième participation.
Sport samedi 13 décembre 2025 Mélina Massias

Pour sa sixième participation au Top Ten Rolex IJRC, qu’il avait remporté dès sa première tentative en 2014, Scott Brash a fait mouche. Aux rênes de la vive Hello*Chadora Lady PS, l’Ecossais a continué sa folle moisson de succès à Genève. Pouvant compter sur trois immenses stars, que sont sa fille de Chacco-Blue, la double médaillée d’argent européenne Hello*Folie de Nantuel et le vétéran Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof, le numéro deux mondial avait le choix du roi. Pourtant, il a bien failli être vaincu sur le fil par Kent Farrington, leader de la hiérarchie mensuelle établie par la Fédération équestre internationale. Mais l’Américain a laissé filer une opportunité en or sur Toulayna van het Bloesemhof, pour retrouver le deuxième rang qu’il avait déjà occupé en 2024. Le tiercé gagnant est complété par Richard Vogel, auteur d’un second parcours bluffant aux rênes de Cloudio. 

Quelle année. En 2025, Scott Brash a retrouvé la gloire de ses plus belles heures. Après six victoires en Grands Prix 5* et deux médailles d’argent aux championnats d’Europe de La Corogne en moins de douze mois, l’Ecossais ajoute à sa saison une victoire dans la prestigieuse finale du Top Ten Rolex IJRC. Aux rênes de Hello*Chadora Lady PS, il est venu à bout d’un scénario haletant, vendredi 12 décembre, et a coupé l’herbe sous le pied… du numéro un mondial, Kent Farrington ! La première et dernière fois que Scott Brash avait soulevé la coupe récompensant le vainqueur de cette compétition convoitée réunissant les dix meilleurs mondiaux de la hiérarchie éditée par la Fédération équestre internationale en novembre, il avait doublé la mise avec le Grand Prix Rolex du dimanche, puis signé le seul Grand Chelem de l’histoire, quelques mois plus tard, en 2015. En sera-t-il de même onze ans plus tard, en 2026 ? La question mérite d’être posée, mais, avant cela, le numéro deux mondial peut prendre le temps de savourer. 

Les trois meilleurs cavaliers de la vingt-quatrième édition du Top Ten. © Mélina Massias

Des parcours impressionnants et des fautes 

La première manche imaginée par Gérard Lachat et Grégory Bodo pour cette vingt-quatrième édition du Top Ten a réservé son lot de surprises. Le plateau, forcément de très, très haut niveau, était alléchant et le public, présent en nombre, n’a pas été déçu. D’entrée, son chouchou, Steve Guerdat, a donné une leçon à ses homologues sur un Venard de Cerisy des grands soirs. Souverain, le duo semblait tout droit parti vers un podium, mais le second acte a eu raison de ses espoirs, le reléguant au neuvième rang. Une déception mais une forme de justice aussi selon son cavalier, resté sur la touche de long mois après une deuxième opération du dos subie après le CSIO 5* de Calgary. Juste derrière lui, le champion olympique Ben Maher a aussi mis pied à terre avec un goût amer… et un peu d’anticipation. Une prise de risque importante pour aborder le sixième élément du tracé a induit Dallas Vegas Batilly en erreur. Cette dernière a refusé de sauter, propulsant son cavalier au sol. La loi du sport.

En première manche, Donatello d’Auge, Incredible, Cloudio et même Monaco ont commis une faute. Les partenaires de Julien Epaillard, Daniel Coyle, Richard Vogel et Harrie Smolders n'avaient donc plus rien à perdre pour leur second passage en piste. De fait, l’ambiance est montée d’un cran, à mesure que leurs foulées de galop se sont allongées. Un peu trop pour Donatello d’Auge, qui a emporté avec lui l’avant-dernier obstacle, un vertical aux couleurs de l’IJRC, le club international des cavaliers de saut d’obstacles. S’étant presque cru sur un champ de course, le Normand avait tout de même le sourire, ravi de s’être “amusé” au cours de cette épreuve. Avec huit points au total, lui et son produit maison terminent huitièmes. 

La sanction a été identique pour Daniel Coyle et Incredible, un incroyable produit de l’élevage de la famille Bosch. L’Irlandais, qui prenait part pour la première fois à cette épreuve, a toutefois réussi l’exploit d’aller plus vite que Julien Epaillard en réalisant le meilleur temps de la soirée ! De quoi lui donner de l’espoir pour les années à venir. 

Avec un point de temps dépassé en première manche, Christian Kukuk a joué placé en seconde avec son excellente Just Be Gentle, mais une faute à contrecarrer son plan, lui octroyant seulement le sixième rang final. Si Harrie Smolders, cinquième avec son brillant Monaco, dont la carrière a pris un tout autre tournant il y a un an, lors de sa victoire dans le Grand Prix Rolex joué sur cette même piste, a signé une bonne opération grâce à son impeccable clear round en deuxième manche, la plus belle remontada a été l’œuvre de Richard Vogel. Impérial sur un Cloudio, onze ans, très démonstratif, l’Allemand a pu rêver s’imposer, au moins l’instant de quelques secondes. 

Sa prestation a poussé plusieurs concurrents à la faute, dont la merveilleuse Qalista DN, crack de neuf ans de Gilles Thomas, qui disputait, lui aussi, sa première finale du Top Ten. La fille d’Emerald van’t Ruytershof a connu un peu de malchance sur le diabolique vertical IJRC, qui a roulé à terre. La paire termine à une excellente quatrième place et semble prête à prendre sa revanche dimanche, dans le Grand Prix. 



La stratégie de l’un fait le bonheur de l’autre 

Finalement, Richard Vogel a terminé troisième. Les têtes de série numéro un et deux, qui étaient aussi les dernières à tenter leur chance, ont mis tout le monde d’accord. Scott Brash a été le premier des deux à se frotter aux dix efforts restant à franchir sans faute. Bien parti, sans pour autant ouvrir les gaz de sa bouillonnante fille de Chacco-Blue, le jeune quadragénaire a connu une belle frayeur sur le numéro 4. Alors qu’il souhaitait effectuer une courbe serrée à main gauche, sa partenaire était lancée pour continuer tout droit et franchir le double. Heureusement, sa réactivité lui a permis d’adapter sa trajectoire à la dernière seconde… et se sortir de cette situation pour le moins périlleuse, qui n’a d’ailleurs pas manqué de faire réagir vocalement le public ! Arrivé jusqu’à la ligne d’arrivée sans encombre, le duo, vainqueur des Grands Prix 5* de Shanghai et Ramatuelle un peu plus tôt cette saison, avait toutefois laissé une porte, si ce n’est une autoroute à Kent Farrington et sa brillante Toulayna van het Bloesemhof. 

Si l’Américain rêvait sans doute de faire, une fois de plus, respecter la hiérarchie mondiale, il n’en a rien été. Double sans-faute lui aussi, il a accusé… seize centièmes de retard sur les héros du soir. “Ma stratégie était très mauvaise ; on a vu le résultat !”, a plaisanté le kid de Chicago en conférence de presse. “J’ai vu le parcours de Scott et mon plan était de dérouler un parcours très fluide. Je pensais pouvoir le battre grâce à la vitesse naturelle de ma jument, même si la sienne est aussi très véloce. J’ai vu que beaucoup de cavaliers avaient fauté sur l’avant-dernier vertical, alors je l’ai vraiment soigné. Seulement, à la réception, je suis parti trop vers la gauche, ce qui a décalé ma trajectoire et m’a poussé à faire dix foulées, contre neuf pour les autres, pour aborder le dernier saut. J’ai été battu sur le fil.” 

Comme l'an dernier, Kent Farrington et sa fille de Toulon sont deuxièmes du Top Ten. © Mélina Massias

Scott Brash, qui honorait cette épreuve de sa présence pour la sixième fois, a reconnu que son parcours ne s’était pas déroulé comme il l’aurait souhaité. En revanche, il avait un tout autre avis que Kent Farrington sur son plan. “Personnellement, je suis très heureux de la stratégie choisie par Kent ce soir”, s’est-il amusé. “Ma jument est extrêmement rapide et a toujours très envie d’aller sauter. J’ai eu un virage un peu laborieux sur le numéro 4, mais c’est de ma faute. J’aurais dû anticiper davantage mon tracé. Elle a été merveilleuse de franchir le vertical malgré tout ! La ligne suivante a été rendue compliquée par ce saut, mais elle a parfaitement sauté jusqu’à la ligne d’arrivée. La finale du Top Ten est l’une des épreuves les plus uniques de l’année et sans doute la plus regardée du calendrier. Tout le monde veut y participer et la remporter. On pourrait rejouer cette épreuve dix fois et obtenir autant de résultats différents. Je suis dans une situation incroyablement privilégiée ici, avec mes trois meilleurs chevaux. Chacun d’entre eux a gagné deux Grands Prix 5* cette année. Peu importe lequel je décide de monter dimanche dans le Grand Prix, il y a de grandes chances que je regrette mon choix !” Selon toute vraisemblance, l’Ecossais devrait compter sur Hello*Folie de Nantuel dimanche, même si son cœur balance avec son expérimenté Jerenmias van het Hulstenhof, alias Hello Jefferson, en forme olympique à Palexpo. 

L'efficace Chadora Lady PS en action sous la selle de Scott Brash. © Mélina Massias

Sur la troisième marche du podium, pris d’assaut par les indispensables grooms lors de la tardive remise des prix, Richard Vogel était ravi du comportement de son fils de Casall. De plus en plus exubérant, le gris continue de monter en puissance et s’installe de plus en plus comme un soutien de taille à United Touch S. “Je suis plus que fier de la manière incroyable dont Cloudio a sauté ces deux parcours. Il n’aurait pas pu faire mieux ! Il s’est montré plus qu’à la hauteur, après avoir déjà sauté super bien à Aix-la-Chapelle et Spruce Meadows. Il a l’air d’aimer les concours Rolex, ce qui n’est pas pour me déplaire ! Je suis déçu de l’avoir laissé tomber au premier tour : je pensais que les trois foulées seraient courtes pour lui, mais il m’a tellement bien écouté dans la ligne que la distance est devenue trop longue, si bien qu’il ne pouvait pas franchir ce vertical sans faute. Je suis heureux de l’avoir mieux monté lors du second tour”, s'est satisfait l'Allemand. 

De plus en plus démonstratif, Cloudio a ravi son cavalier, à l'exception d'une grosse faute concédée en première manche. © Mélina Massias

Après la victoire de Donald Whitaker et Millfield Colette dans le Trophée de Genève, épreuve majeure du jeudi, puis celle de Scott Brash vendredi soir, auxquelles s’ajoutent deux succès signés Jessica Mendoza, cette soixante-quatrième édition du CHI de Genève est définitivement celle des Britanniques… jusqu’à quand ?

Les résultats complets.

Photo à la Une : Après 2014, Scott Brash a remporté sa deuxième finale du Top Ten, pour sa sixième participation. © Mélina Massias

Les épreuves du CHI de Genève sont à vivre en direct et gratuitement sur GRANDPRIX.tv jusqu'à dimanche.