Quelle fin tragique a connu la belle histoire de Yuri Mansur et Miss Blue Mystic Rose*Saint Blue Farm. Entamé en 2022, le partenariat entre les deux représentants brésiliens s’est définitivement achevé, la jument de douze ans ayant rejoint les étoiles. Il y a quelques semaines seulement, la fille de Chacco Blue décrochait, coup sur coup, les Grands Prix 5* de Fontainebleau et Rome, après avoir déjà conquis celui de Hambourg un an plus tôt. Pour Yuri Mansur et toute son équipe, la perte est immense et la tristesse infinie.
Le sort semble s’acharner. Alors qu’il se réjouissait d’aborder le CHIO d’Aix-la-Chapelle avec de vraies chances de victoire, le Brésilien Yuri Mansur a perdu sa meilleure complice, l’exceptionnelle Miss Blue Mystic Rose*Saint Blue Farm, mardi 24 juin. La fille de Chacco-Blue et Magnolia Mystic Rose, vue jusqu'à 1,60m outre-Atlantique, est morte. Selon plusieurs médias locaux, dont Revistahorse, la jument de douze ans, qui venait de remporter coup sur coup les Grands Prix des CSI 5* de Fontainebleau et CSIO 5* de Rome, aurait succombé à une torsion d’intestins, laissant son cavalier et son équipe dans une peine incommensurable.
À Fontainebleau, Miss Blue Mystic Rose*Saint Blue Farm remportait le deuxième Grand Prix 5* de sa carrière et confirmait son retour sur la devant de la scène. © Mélina Massias
Née au haras Mystic Rose, dont elle portait l’affixe dans son nom de naissance, Miss Blue a passé les premières années de sa vie au Brésil. À l’été 2022, alors âgée de neuf ans, la baie débarque en Europe, où elle croise la route de Yuri Mansur. Ce dernier révèle alors l’ampleur du potentiel de cette jument alors inconnue du grand public. Très vite, dès 2023, tous deux se distinguent en signant deux excellentes Coupes des nations (0+4, 4+0), à Saint-Gall, d’abord, où le Brésil termine deuxième, puis à La Baule, où l’escouade de Philippe Guerdat rafle la victoire. Quelques semaines plus tard, Miss Blue offre à son pilote une victoire hautement symbolique, dans le Prix de l’Europe d’Aix-la-Chapelle, épreuve dans laquelle Vitiki, son cheval de cœur, s’était grièvement blessé cinq ans plus tôt. Quinzième du Grand Prix Rolex sur la même piste quatre jours plus tard, puis douzième à Dinard fin juillet, la petite-fille de Quamikase des Forêts, alias Zirocco Blue, s’inscrit déjà comme l’une des meilleures juments de sa génération. Blessée durant l’automne et l’hiver suivant, la belle revient à point nommé au printemps 2024 et décroche, en mai, son premier Grand Prix 5*, sur l’immense piste en herbe de Hambourg, avant d’amorcer sa préparation pour les Jeux olympiques de Paris, où elle s’élance dans la compétition individuelle.
Alors que tout semblait la destiner à briller à Aix-la-Chapelle, une piste chère au cœur de son cavalier et où elle avait déjà performé, Miss Blue s'en est allée quelques jours avant l'événement. © Dirk Caremans / Hippo Foto
En raison d’une désobéissance inhabituelle, Miss Blue manque son rendez-vous. De nouveau convalescente à la suite de cette échéance, la jument de douze ans débute 2025 tel un boulet de canon, bien prête à prendre sa revanche. Cinquième du Grand Prix secondaire du CSI 5*-W de Bordeaux puis troisième du très difficile Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc, Miss Blue entre dans une autre dimension en avril, où elle met Fontainebleau, puis le CSIO 5* Rome à ses pieds. Deux succès retentissants qui laissaient espérer le meilleur pour la baie. En grande forme à La Baule, théâtre, sans le savoir, de son dernier concours, la complice de Yuri Mansur n’avait pas bouclé son parcours. Un étrier en moins, son cavalier n’avait pu éviter une faute et préféré, ses chances de victoires envolées, abandonner pour préserver sa crack pour un autre rendez-vous. Rapide, efficace, généreuse et capable de tout sauter, la protégée de Thalita Olsen et Guilherme de Almeida, ses propriétaires, n’avait pas beaucoup de défauts. Elle laisse derrière elle un goût d’inachevé, et toute une équipe avec le cœur brisé.
À La Baule, théâtre de son dernier concours, la jument brésilienne de douze ans avait une nouvelle fois très bien sauté, faisant étalage de son talent sous la selle de Yuri Mansur. © Mélina Massias
“J’écris pour dire au revoir, pour rendre hommage et avant tout pour exprimer ma gratitude à un être vivant, un phénomène, un ange nommé Miss Blue”, s’est ému Yuri Mansur sur les réseaux sociaux, mardi 24 juin. “Je n’oublierai pas un seul moment, un seul instant de cette histoire. Depuis le tout début, une vidéo de ses premiers sauts que j’ai regardée durant les Jeux olympiques de Tokyo, jusqu’à toutes les formidables victoires qui ont suivi. Elle est à peine partie que son caractère bien trempé au box, que son enthousiasme au travail et son brillant au-dessus des obstacles me manquent. Comme avec tous les grands accomplissements, il est difficile d’accepter la réalité. Je n’arrive pas à croire que je ne la verrai plus jamais, que je ne passerai plus mes journées à ses côtés. Ce sentiment écrasant de gratitude envers elle, envers Dieu, de m’avoir donné, ne serait-ce que pour un court instant, la chance de partager ma vie avec une âme si spéciale, me donne de la force et du réconfort dans ce moment. Miss Blue a changé ma carrière, a illuminé ma famille et mon équipe par son talent et sa présence. Une flamme qui brille avec autant d’éclat et de beauté n’est pas destinée à brûler longtemps. Merci pour tout, Miss Blue. Un jour, nous serons à nouveau réunis.”
Miss Blue Mystic Rose, dont le souvenir perdurera encore de longues années, laisse derrière elle un propre frère et une propre sœur, nés l’an dernier au Brésil. Yuri Mansur pourra, peut-être, écrire la suite de cette belle histoire transformée en tragédie dans un avenir plus ou moins proche.
Miss Blue brille désormais parmi les étoiles. © Mélina Massias
Photo à la Une : Miss Blue Mystic Rose*Saint Blue Farm a disputé son dernier concours début juin, lors du CSIO 5* de La Baule. © Mélina Massias
