À Lanaken, Tiffany Letallec savoure une médaille d’or acquise grâce à la “petite bombe” H&M Luna van’t Ruytershof
Depuis un peu plus de trois ans, Tiffany Letallec œuvre aux côtés de Nicola Philippaerts. La Française, passionnée par les chevaux et groom depuis de longues années, a trouvé son point de chute au sein de ces écuries belges. Si, au fil des années, les performances ont été au rendez-vous, aussi étonnant que cela puisse paraître, la victoire en Grand Prix 5* n’est jamais tombée ! Alors, lorsque le Diable Rouge et sa géniale H&M Luna van’t Ruytershof, en passe de devenir une crack de la trempe de ses ascendants, ont été sacrés champions de Belgique, la semaine dernière, à Lanaken, la satisfaction ne pouvait qu’être immense. Pour Studforlife, la soigneuse revient sur sa semaine et ses émotions.
Du haut de ses dix ans, la géniale H&M Luna van’t Ruytershof (Levisto x For Pleasure) a impressionné son monde, samedi 24 septembre. Cinquième avant la finale du championnat de Belgique, qui se jouait à Lanaken, en parallèle des championnats du monde réservés aux jeunes chevaux, la petite alezane a signé une folle remontée pour s’emparer de la médaille d’or, grâce à ses deux dernières prestations impeccables aux obstacles. Pilotée avec maestria par Nicola Philippaerts, la Zangersheide était confiée aux bons soins de Tiffany Letallec, sa groom.
“Luna est une petite bombe en piste ! Elle veut toujours bien faire. Elle est très respectueuse et a beaucoup de sang. Ce sont ces qualités qui donnent de bons chevaux. Je pense qu’elle n’est pas facile à monter, mais cela doit être agréable d’avoir une telle jument. On ressent tout de suite son envie de bien faire. Depuis que nous l’avons aux écuries, elle a toujours signé beaucoup de sans-faute. Lorsqu’elle commet des fautes, c’est souvent lorsque nous testons de nouveaux réglages”, révèle la soigneuse française. “À s’occuper, c’est un amour de jument. Elle fait des câlins, est très tranquille, etc. C’est un vrai plaisir. Elle a son caractère, mais une fois en piste, elle est toujours prête à sauter. C’est fantastique. Nous avons tout de même été très surpris par son titre à Lanaken ! Autant Nicola que moi, nous partions assez tranquilles, dans l’objectif de tenter notre chance, comme toujours, mais sans pression et sans stress. Bien sûr, Luna était prête ; nous ne sommes pas venus en touristes, mais de là imaginer que nous allions gagner, non. Le premier jour, elle a commis une faute dans la Chasse. Nous savions qu’elle ferait son maximum, comme à son habitude. Le deuxième jour, elle est remontée à la cinquième place. Nous nous sommes regardés avec Nicola et nous sommes dit que nous allions tout faire pour essayer d’être double sans-faute en finale. Et c’est ce que nous avons fait ! (le couple a concédé un point de temps lors de l’ultime manche, ndlr). Nous avons tout donné, sommes restés concentrés jusqu’au bout et cela a payé.”
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Petite fille de la crack Diamanthina van’t Ruytershof, et descendante du performant Levisto Z, Luna semble suivre le chemin emprunté par nombre de ses frères et sœurs, Messi (Plot Blue), Night Light (Gemini CL xx), Missouri (Bamako de Muze), et oncles et tantes, Herald (Lord Z), Le Blue Diamond (Plot Blue) ou encore Kentucky (For Pleasure). “Julien, qui est un peu le bras droit de Ludo et repère des chevaux en concours, a trouvé Luna. Elle a été essayée et tout de suite achetée par les Philippaerts (en 2021, ndlr), qui l’ont immédiatement aimée. Elle était avec un cavalier qui évoluait sur de petites épreuves, à 1,30m. Dès que les garçons l’ont essayée, les quatre (Olivier, Nicola, Thibault et Anthony Philippaerts, ndlr) voulaient l’avoir dans leur équipe. C’était un peu la bataille pour savoir qui allait l’avoir (rires). Elle vient d’une bonne famille”, reprend Tiffany. “Je pense qu’elle va être un bon soutien à Katanga (v/h Dingeshof, Cardento x Tornado, actuelle jument de tête de Nicola Philippaerts, avec laquelle il a participé aux Européens de Riesenbeck et aux Mondiaux de Herning, ndlr), voire qu’elle sera meilleure. Nous espérons toujours avoir un deuxième bon cheval dans une écurie, et pouvoir le construire pour le plus haut niveau. C’est ce qu’il y a de plus beau dans notre métier.”
Lanaken, un passage obligé pour les Belges
En plus d’être, chaque année, le support du championnat de Belgique, le site de Lanaken, où sont installés Christian Ahlmann et son épouse, Judy Ann Melchior, organise les championnats du monde des jeunes chevaux. Si certaines nations, à commencer par la France, sont souvent absentes, les Belges, eux, ne peuvent manquer cet événement.
“Lanaken n’est pas très loin de la maison. Nous avons peu de route à faire, environ trente minutes. Pour cette édition, nous avions un peu moins de stress, puisque nous n’avions que trois chevaux. Habituellement, j’ai beaucoup de chevaux pour cette échéance, notamment avec les jeunes et les étalons. Cette année, avec Nicola nous avons davantage de chevaux d’âge, donc je suis partie plutôt sereinement, sans pression. Luna était là pour essayer et prendre de l’expérience, un peu comme nous l’avions fait l’an dernier avec Moya (vd Bisschop, Darco x Utrillo vd Helle, désormais classée jusqu’en Grand Prix 5*, ndlr). C’est vraiment chouette pour elles ; à l’occasion de ce championnat, elles nous montrent qu’elles sont prêtes pour la suite. Souvent, lorsque nous sommes dans cet état d’esprit, en étant plutôt détendus, c’est là que les résultats arrivent”, loue Tiffany. “En fin d’année, ces championnats permettent de récompenser le travail fourni au cours de toute la saison. Bien que les concours ne soient pas terminés, il s’agit de notre deuxième championnat (après les championnats du monde de Herning, ndlr) et cela valide les efforts consentis avant. Lanaken est un concours un peu typique de ce à quoi nous sommes habitués en Belgique. Tout est très bien organisé. Le premier jour, mercredi, les visites vétérinaires ont eu lieu assez tôt. Ensuite, les chevaux ont pu s’acclimater au site sans sauter d’épreuve ce jour-là. Je suis restée dans mes habitudes, en faisant marcher ou en longeant les chevaux le matin, en fonction des souhaits de Nicola. Il venait ensuite les monter, puis nous passions en piste. Les chevaux ont également eu des petits breaks. Ce qui est fantastique à Lanaken, c’est qu’il y a de la place pour faire marcher ou brouter les chevaux. C’est vraiment bien. Et puis, nous avons eu de la chance avec le temps cette année ! Il pleut souvent à Lanaken, mais nous y avons échappé (rires).”
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Si Luna a tiré son épingle du jeu en venant à bout de parcours techniques, permettant à son cavalier de succéder à Jos Verlooy dans le rôle de champion de Belgique, la semaine n’avait pourtant pas débuté sous les meilleurs auspices pour Nicola Philippaerts et son clan. “Nous avions deux sept ans à Lanaken, Pandora (van de Kruishoeve, Cidane x Elvis Ter Putte, ndlr) et Geromino (K&T Geromino, Gamelus R x Cardento, ndlr). Pour Geromino, cette échéance est arrivée un peu trop tôt. Il a été arrêté quelques semaines et tout a été un peu trop vite pour lui. Il a concédé quelques fautes. Ensuite, nous avons joué de malchance avec Pandora, qui a été piégée sur le 1 du premier parcours. Elle n’a pas pu accéder à la deuxième phase, ce qui nous a placés très loin. Le deuxième jour, Nicola et elle sont sortis de piste avec une faute également. Nous n’avons donc pas pu accéder à la consolante des sept ans. Nous étions assez déçus en début de semaine, d’autant plus que Luna avait aussi fait quatre points le premier jour. Mais nous avons continué, gardé espoir et tout cela a payé !”, analyse la groom, avec la franchise et l'entièreté qui la caractérise.
Un titre plein de saveur
Passionnée depuis toujours, Tiffany a connu un parcours riche avant de trouver son point de chute aux côtés de Nicola Philippaerts. Après avoir bénéficié des avantages de l’apprentissage, travaillé dans un centre équestre, la Cravache d'Argentan où elle a "tout appris", puis dans les écuries de la famille Mars où évoluaient notamment Thimothée Anciaume et surtout Julien Mesnil, passé trois ans dans le monde des courses, pris soin des montures d’Edward Levy, ainsi que du crack Bacardi lors de son aventure aux côtés de la Suissesse Janika Sprunger, la jeune femme semble désormais pleinement s’épanouir en Belgique. “J’ai eu l’honneur de groomer Bacardi. Janika m’a fait prendre de l’expérience sur les concours importants et le niveau 5*. Elle m’a donné envie de continuer à vivre des championnats, de participer aux Jeux olympiques, etc. L’Allemagne ne me plaisait pas trop, et Janika a vendu Bacardi. J’ai décidé de partir. À ce moment-là, Nicola cherchait un groom. J’ai été me présenter, et depuis, je fais partie de l’équipe Philippaerts. Je ne compte pas changer maintenant. L’ambiance est familiale, tout le monde est super, c’est très bien organisé et il y a encore des projets pour l’avenir. C’est vraiment agréable”, savoure Tiffany.
Bien que le métier de groom soit particulièrement difficile, et notamment lorsqu’il faut parcourir le monde, de jour comme de nuit, chaque week-end, toute l’année, lorsque la réussite frappe à la porte, la passion et le bonheur immense de partager ces émotions font tout oublier. “Quand on aime ce métier, il est difficile d’arrêter. C’est une autre vie. Peut-être que nous, femmes, réfléchissons différemment. Mais lorsqu’on décide d’arrêter, je pense qu’il faut vraiment avoir un autre projet de vie. C’est difficile d’être sur la route tout le temps. Parfois je suis vraiment fatiguée, mais quand on remporte des épreuves comme la semaine dernière, on est reboosté ! On se dit ‘allez, on continue’. Et puis, avec Nicola, c’est assez frustrant car nous n’avons jamais gagné de Grand Prix majeur depuis que je suis arrivée, il y a trois ans et demi. Lorsque nous avons remporté le championnat de Belgique, j’ai regardé Nicola et lui ai dit ‘ça y est, on l’a fait, on a réussi’ (rires). Et il m’a répondu ‘ce n’est pas le dernier’. J’ai dit à Katanga que la prochaine fois, ce serait elle qui gagnerait”, achève la passionnée. Peut-être que cette victoire interviendra en cette fin d’année. Pour l’heure, l’équipe belge va s’envoler pour Oliva, où toute la troupe profitera d’un petit break au soleil. Suivront peut-être quelques étapes du circuit des Coupes des nations Longines, celle de Malines à coup sûr, le CHI de Genève, puis une tournée à Wellington, pour laquelle Tiffany Le Tallec est impatiente de s’envoler.
Photo à la Une : Tiffany Letallec aux côtés de H&M Luna van’t Ruytershof, à Lanaken, pendant la remise des prix. © Sportfot
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