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La Young Riders Academy met la jeunesse à l’honneur

En 2023, Michael Duffy et Eoin McMahon, tous deux passés par les bancs de la Young Riders Academy en 2016, ont décroché l'argent avec l'équipe irlandaise de saut d'obstacles lors des championnats d'Europe de Milan.
samedi 10 mai 2025 Giulia Rezoagli

La Young Riders Academy est un programme aux ambitions sportives et pédagogiques développé par l’association Athenaeum, présidée par Eleonora Ottaviani, soutenue par l’International Jumping Riders Club. Ce projet a pour objectif d’accompagner de jeunes cavaliers prometteurs dans leur formation technique et intellectuelle. Ces athlètes, sélectionnés tant pour leur potentiel que leur implication dans le sport, auront l’opportunité de s’enrichir au contact d’univers variés, afin de forger les ambassadeurs des sports équestres de demain. Cette année, ce sont onze cavalières et cavaliers qui ont intégré la promotion 2025, parmi lesquels figure le Français Jules Orsolini, double médaillé aux championnats européens Jeunes cavaliers en 2024 avec Charlotte 198. Avant lui, Harry Charles, Bertram Allen, Eoin McMahon, Kendra Claricia Brinkop, Richard Vogel, Sophie Hinners, Lars Kersten ou encore Thibeau Spits, pour ne citer qu’eux, ont profité de ce tremplin unique en son genre.

La Young Riders Academy (YRA), développée par l’association Athenaeum, voit le jour en 2014. Soutenu par la Fédération équestre européenne, l’International Jumping Riders Club (IJRC) et de prestigieux sponsors à l’instar de Rolex, ce programme est destiné aux jeunes cavaliers de sauts d’obstacles basés en Europe. L’objectif ? Fournir aux athlètes différents outils et ressources afin qu’ils construisent leur projet professionnel tout en développant leur plein potentiel, tant sur le plan sportif qu’intellectuel. “Il y a dix ans, avec Breido Graf zu Rantzau, alors président de la Fédération équestre allemande, nous avons pensé à créer une académie permettant aux cavaliers d’avoir un regard à 360° sur le monde. Le programme s’étend sur un an et a pour objectif d’aider les jeunes athlètes qui intègrent nos rangs à se perfectionner sportivement et intellectuellement, pour se construire professionnellement. La philosophie de la Young Riders Academy s’étend au-delà des frontières du monde équestre pour s’intéresser tout aussi bien à l’art, qu’à la politique ou à la communication. La nouvelle génération de cavaliers, futurs ambassadeurs de notre sport, se doit d’être consciente du monde qui l’entoure. Nous nous engageons à fournir à nos élèves les connaissances et compétences dont ils ont besoin pour exceller dans le sport, à la fois sur le terrain et en dehors”, expose Eleonora Ottaviani, directrice de l’IJRC et coordinatrice de la commission sportive de la YRA. Un constat partagé par Sven Holmberg, directeur sportif du programme et membre du conseil d’administration de la Fédération équestre suédoise depuis plus de quinze ans : “Notre ambition est d’aider de jeunes talents prometteurs à passer le cap du haut niveau. Il n’est pas seulement question de former d’excellents cavaliers, mais aussi de faire se développer des personnalités capables de comprendre et réaliser à quel point il est important de s’investir de la bonne manière dans le sport. En somme, des ambassadeurs, au niveau de l’exigence de notre sport, et, plus généralement, du monde au sein duquel ils s’intègrent”.

La Young Riders Academy propose un programme d'éducation complet pour les jeunes stars de demain. © Fabio Petroni / YRA

Pour se donner les moyens de ses ambitions, la commission sportive peut se targuer d’être composée de personnalités de renom telles que Sven Holmberg, qui en est donc le directeur sportif, mais aussi Otto Becker, chef d’équipe de l’Allemagne depuis de nombreuses années, Emile Hendrix, deux fois champion d’Europe, ancien membre de l’IJRC et entraîneur reconnu, Jeroen Dubbeldam, multimédaillé en grands championnats, ou encore Thierry Pomel, ancien sélectionneur de l’équipe de France de saut d’obstacles, tous membres du jury de sélection. Sans oublier le regretté Jean-Maurice Bonneau, qui fut chef d’équipe et conseiller technique en plus de son rôle de sélectionneur.

Thierry Pomel, Jeroen Dubbeldam et Jens Fredricson ont observé avec attention les candidats de la promotion 2025. © Fabio Petroni / YRA



Un processus de sélection exigeant

Pour espérer intégrer la Young Riders Academy, les postulants, âgés de dix-huit à vingt-trois ans, doivent répondre à des exigences strictes, telles qu’un excellent niveau d’équitation, démontré par des résultats sur des épreuves à 1,40-1,50m, et produire un dossier personnel détaillant leur parcours et leurs motivations. Les tests de sélection se déroulent sur deux jours, aux Pays-Bas, à Peelbergen, sous le regard d’un jury attentif aux moindres détails. “Cette année, nous étions trois jurés : Jens Fredricson, Jeroen Dubbeldam et moi-même”, explique Thierry Pomel. “Nous attendons de voir des cavaliers à l’équitation juste et moderne, dans le respect du cheval, à l’image de celle qui fonctionne dans le haut niveau. La sélection est très exigeante et complète : nous évaluons les candidats sur leur équitation, mais pas seulement. Les élèves aspirants sont envoyés directement par leurs fédérations, ce qui constitue une pré-sélection. Pendant deux jours, nous les observons successivement travailler un jeune cheval, puis dérouler un parcours sur un cheval plus expérimenté. Ce n’est pas jugé sur la vitesse, mais sur la qualité de l’exécution. La grille de notation est très minutieuse, ce qui nous permet d’apprécier dans le détail les différentes prestations. C’est la deuxième fois que je suis membre du jury et nous avons à chaque fois été quasiment unanimes, car nous partageons la même philosophie, celle du cavalier en équilibre, qui exécute son parcours avec fluidité. Les cavaliers doivent également préparer un entretien au cours duquel ils nous exposent leurs motivations et leur parcours. En ma qualité de membre du jury, j’ai éprouvé beaucoup de plaisir et de fierté, car nous jugeons de jeunes athlètes très talentueux, dont il ne fait nul doute que nous les reverrons à haut niveau. Le jury est très engagé car il s’agit d’un point déterminant pour l’avenir de ces jeunes.

Les jeunes cavaliers doivent aussi passer un entretien avec le jury avant de voir leur candidature être acceptée, ou non. © Fabio Petroni / YRA

Un programme sportif et éducatif sur-mesure

Une fois sélectionnés, les cavaliers rejoignent les bancs de la Young Riders Academy. Si l’entraînement occupe une place importante, en ce qu’il vise à améliorer leurs qualités techniques, la formation propose également un accompagnement éducatif riche et varié. Les membres de la YRA pourront ainsi profiter de divers enseignements sur des sujets clés, tels que les soins vétérinaires, la politique, l’économie, le droit, la communication ou encore le media-training. “Une fois sélectionnés, ils ont la chance de pouvoir se former dans différents domaines et de s’entrainer avec des cavaliers de renom, à l’image d’Emile Hendrix, Franke Sloothaak, Jeroen Dubbeldam, Henk Nooren et tant d’autres. Ils ont également l’opportunité d’intégrer une écurie de renom pendant six mois et, en parallèle, différents ateliers leur sont proposés. C’est aujourd’hui primordial dans la progression d’un jeune cavalier, car cela leur ouvre des portes, leur offre de nombreuses opportunités et leur crée un réseau très important. Il n’y a qu’à regarder tous les jeunes qui sont passés par là ! C’est une carte de visite en or, une opportunité extraordinaire, qui peut leur ouvrir les portes du haut niveau”, poursuit Thierry Pomel.

Il y a quelques années, Franke Sloothaak avait dispensé ses précieux conseils aux membres de la YRA à Saumur. © Fabio Petroni / YRA

Dans le cadre du programme éducatif, la promotion à l’occasion de découvrir les différentes ressources d’accompagnement technique et scientifique qui leur seront proposées comme l’explique Eleonora Ottaviani : “C’est un programme qui dure un an, mais, au fond, ils intègrent une grande famille. Ils peuvent rejoindre une écurie professionnelle pendant six mois, chez un cavalier avec lequel nous avons un accord. Nous pouvons par exemple compter au rang de nos entraîneurs Marco Kutscher, Jos Lansink, Rolf-Göran Bengtsson ou encore Ben et Gerco Schröder. En parallèle, d’autres types d’enseignements leur sont dispensés, notamment à l’université américaine de Lugano en Suisse, à la faculté de médecine d’Uppsala en Suède ou encore à l’université de Genève. Plusieurs masterclass sont également organisées tout au long de l’année”.

Harry Charles s'exerce ici au travail à pied. © YRA / Collection privée

Au sein de la YRA, l’organisation relève d’un véritable travail d’équipe et l’ensemble de l’équipe pédagogique, commission sportive et encadrante réunies, œuvre tout au long du processus pour accompagner les jeunes talents sélectionnés. “En tant que manager sportif, mon rôle est d’organiser et de prendre part au processus de sélection, mais aussi de trouver des solutions adaptées pour chaque cavalier afin que tous s’épanouissent chez leurs entraîneurs. Nous travaillons aussi avec un coach mental et un physiothérapeute pour aider les cavaliers à évoluer. La préparation mentale joue un rôle essentiel, en particulier chez les jeunes cavaliers qui débutent leur carrière professionnelle. Ils ont besoin de trouver un système complet leur permettant d’apprendre le comportement approprié à l’entraînement et en compétition. La vie d’un cavalier professionnel est très exigeante. Les déplacements sont quasi hebdomadaires. Alors, ils ont besoin d’un système qui fonctionne, qu’ils soient présents sur place ou en compétition. D’une manière générale, la jeune génération est plus ouverte aux exigences de la société ; elle en a une bonne compréhension et sait comment y faire face. C’est un avantage indéniable. J’attends avec impatience la prochaine masterclass pour voir la promotion réunie et fin prête pour cette nouvelle aventure. La YRA est une grande famille, soudée et solidaire, qui s’agrandit au fil du temps et nous gardons contact avec nos anciens élèves”, se réjouit Sven Holmberg, ancien Président de la commission de saut d'obstacle à la Fédération équestre internationale.

L'an dernier, la YRA a fêté ses dix ans ! © Fabio Petroni / YRA



Un tremplin vers le haut niveau ?

Parmi les onze cavalières et cavaliers retenus cette année pour intégrer les rangs de la YRA se trouve le Français Jules Orsolini. Une sélection pleine de promesses et d’ambitions pour le Francilien de vingt-deux ans qui confie : “Nombre des meilleurs jeunes du moment, celles et ceux qui tournent à haut niveau, sur le circuit Coupe du monde, en championnat du monde ou d’Europe, ou encore aux Jeux olympiques, sont passés par la Young Riders Academy quand ils étaient plus jeunes. C’est très motivant de pouvoir apprendre auprès de nouvelles personnes, d’intégrer une écurie et de participer à des masterclass qui abordent des thématiques qui vont au-delà de l’univers équestre. Tout cela me permettra, j’en suis sûr, de devenir un meilleur cavalier et une personne plus complète. J’ai pour objectif de continuer à progresser dans mon équitation pour atteindre le haut niveau grâce aux débouchés qu’offre l’académie. J’étais très heureux à l’annonce de ma sélection, c’est une opportunité en or”.

Jules Orsolini a validé haut la main ses tests d'entrée au sein du programme complet de la YRA cette année. © Fabio Petroni / YRA 

Entre toutes les belles histoires écrites à l’encre de la Young Riders Academy il est possible de citer celle du Britannique Harry Charles, sacré champion olympique par équipes l’été dernier à Versailles. “J’ai intégré la YRA en 2018, j’étais très reconnaissant d’avoir été sélectionné aux côtés de supers cavaliers comme Lisa Nooren et Pieter Clemens. J’ai appris tellement de choses cette année-là, et pas seulement sur le sport. Toutes les thématiques abordées donnent une vision plus fine des différents aspects de notre sport. Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir deux bons chevaux à l’époque, même si je n’étais pas le plus expérimenté de mon groupe. J’ai eu l’opportunité de concourir à Aix-la-Chapelle pour mon premier 5* et pour être honnête, à l’époque, je me rappelle m’être dit que c’était peut-être un peu au-delà de ce que je pouvais faire. Je venais tout juste d’avoir dix-neuf ans et mon cheval seulement neuf ans, même s’il était très expérimenté pour son âge grâce au travail de mon père. A Aix-la-Chapelle, j’ai eu l’opportunité de me qualifier pour le Grand Prix, que j’ai finalement bouclé avec deux fautes. Sans la YRA, je n’aurais jamais eu cette chance. Grâce à cette notoriété, j’ai été invité à participer au Global Champions Tour de Londres. Nous avons terminé sixièmes du Grand Prix deux semaines plus tard ! C’était mon troisième Grand Prix 5*, tout cela était très nouveau pour moi. J’ai ensuite été sélectionné pour intégrer une équipe du Global. Cela m’a permis de rencontrer et obtenir le soutien de propriétaires. La YRA m’a vraiment mis le pied à l’étrier du haut niveau et m’a donné la visibilité nécessaire pour faire connaître ma monte et mes chevaux. Je reste très reconnaissant, encore aujourd’hui, car sans eux tout aurait pu être très différent. J’ai gardé contact avec Eleonora et Sven Holmberg, et je sais que je peux toujours compter sur eux sept ans après. Intégrer l’académie, c’est faire partie de ses membres pour la vie, c’est une expérience et une opportunité incroyable pour les jeunes cavaliers”, se remémore le cavalier de vingt-cinq ans.  

Harry Charles, membre de la YRA en 2018, a été sacré champion olympique par équipe l'été dernier. © Sportfot

“Nous souhaiterions que les organisateurs comprennent qu’il faut faire plus”, Eleonora Ottaviani

L’accès au haut niveau représente une véritable problématique pour les jeunes. La YRA permet de saisir sa chance et met tous les outils à notre disposition pour devenir un meilleur cavalier et un meilleur homme de cheval. Il ne faut rien prendre pour acquis et faire bon usage des ressources qui sont mises à notre disposition. Pour moi, la YRA a été un véritable tremplin. A cette époque, j’avais deux chevaux que je pensais plutôt bons et avec qui j’espérais pouvoir faire de plus grosses compétitions, mais, malheureusement, mon classement mondial était inexistant. Et, bien sûr, pour l’améliorer je devais y participer… Je venais tout juste de quitter l’école pour tenter de devenir cavalier professionnel, c’était vraiment très compliqué d’intégrer les circuits de compétition. Je le vois d’ailleurs encore aujourd’hui avec mes sœurs. C’est très contraignant pour les jeunes cavaliers, mais la YRA fait en sorte de nous en faciliter l’accès”, poursuit Harry Charles.

Oliver Fletcher, passé par les rangs de la YRA, a été sacré champion d'Europe Jeune cavalier l'an dernier, devançant Francis Derwin et... Jules Orsolini ! © Sportfot

Un constat partagé par Eleonora Ottaviani, qui ne désespère pas de faire bouger les lignes en faveur des jeunes pilotes talentueux et prometteurs. “La FEI nous a quelque fois aidés avec des wild card, mais nous souhaiterions que les organisateurs comprennent qu’il faut faire plus. Il serait opportun d’ouvrir plus facilement les portes des grands concours aux jeunes cavaliers qui mériteraient de pouvoir y participer. C’est avec la mise en avant de jeunes talents que notre sport sera intéressant pour les médias, la télévision et les sponsors. Plusieurs de nos anciens cavaliers, à l’exemple de Richard Vogel, Sophie Hinners ou Harry Charles sont très performants en 5*. Pourtant, il y a quatre ou cinq ans, ce n’était pas aussi simple de les y faire entrer ! Certains organisateurs, tels que ceux des CSIO de Rome et Aix-la-Chapelle ou du CHI de Genève nous ouvrent leurs portes, mais nous avons besoin de plus de soutien. Je lance un appel aux organisateurs !”, glisse Eleonora Ottaviani. Quoi qu’il en soit, elle et ses équipes continueront sans nul doute à faire émerger de nouveaux talents au plus haut niveau.

Avant de devenir la coqueluche du public, Richard Vogel a aussi bénéficié de l'encadrement de la YRA, à travers son programme secondaire. © Sportfot

 Photo à la Une : En 2023, Michael Duffy et Eoin McMahon, tous deux passés par les bancs de la Young Riders Academy, ont décroché l'argent avec l'équipe irlandaise de saut d'obstacles lors des championnats d'Europe de Milan. © Fabio Petroni / YRA