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La Suède trône sur l’or par équipes

Tokyo 2020 samedi 7 août 2021 Lea Tchilinguirian

Tout autre dénouement que la victoire des Suédois aurait pu paraître injuste tant ils ont dominé cette finale olympique par équipe ! Si le nouveau format remet toutes les nations à zéro lors cet ultime test, le duel Suède – États-Unis en aura fait trembler plus d’un. Impossible de chiper l’or aux Suédois, les Américains s’offrent l’argent devant les Belges, eux en bronze.

Dix nations ont eu le droit de fouler une dernière fois la piste du Parc équestre de Baji Koen à l’occasion de la finale par équipes. L’Espagnol Santiago Varela proposait encore un parcours digne d’une finale de championnat composé d’une spa, une rivière et trois combinaisons avec des hauteurs allant jusqu’à 1,65m. 

Qui dit nouveau format dit encore nouvelle règle. Pour cette épreuve, les chefs d’équipes pouvaient choisir de remplacer un cavalier, c’est d’ailleurs ce qu’a fait Philippe Guerdat du côté des Brésiliens. Pas très convaincant hier dans la qualificative avec vingt points en sortie de piste, Rodrigo Pessoa a laissé sa place à Yuri Mansur qui a d’ailleurs réalisé la meilleure performance de son équipe aujourd’hui en ne renversant qu’une barre. Marlon Zanotelli et Pedro Veniss ont terminé leur parcours avec respectivement douze et treize points, laissant le Brésil à la sixième place, juste derrière la Suisse, que l’on a connu plus en forme. Pourtant sans-faute hier avec Twentytwo des Biches (Mylord Carthago), le jeune Bryan Balsiger a essuyé seize points. Ni Martin Fuchs, ni Steve Guerdat n’ont réussi à redresser l’équipe. 

À Tokyo, Bryan Balsiger vivait ses premiers Jeux olympiques. © Sportfot.com

Une France si bien lancée

Simon Delestre et son gris Berlux Z (Berlin) ont été les premiers à ne bousculer aucune barre au sol, en concédant tout de même un point de temps. Sélectionné en tant que réserviste, le Lorrain a tout de même pu courir les épreuves par équipe avec panache, une belle revanche sur les Jeux de Londres où sa rêne droite s’était cassée lors de la première manche par équipe ou encore ceux de Rio où il avait déclaré forfait sur place avant le début des épreuves. 

Simon Delestre et Berlux Z.  © Sportfot.com

Son coéquipier Mathieu Billot s’est bien amélioré au fil des épreuves. Avec Quel Filou 13 (Quidam’s Rubin), lui aussi n’a écopé que d’un point de temps. Après la deuxième rotation, la France totalisait donc deux points de pénalité, et aussi improbable que cela puisse paraître après ses déboires en début de semaine, elle s’est retrouvée en pole position pour conserver son titre olympique. 

Ce rêve a toutefois vite pris fin lorsque l’étalon de Pénélope Leprevost, Vancouver de Lanlore (Toulon), a refusé de sauter la combinaison placée en numéro 3 à deux reprises, ce qui a entraîné son élimination. Un coup de massue pour la France qui se retrouve ainsi huitième, juste devant l’Allemagne, reléguée à cette place après l’abandon de Daniel Deusser dans le triple, et la Grande-Bretagne. Son leader, Ben Maher, ayant décidé de ne pas prendre le départ. « Holly (Smith) et Harry (Charles) ont fait preuve d'un grand talent, mais c'est le sommet de la compétition olympique et avec 24 points (au compteur des Anglais, ndlr), l'équipe britannique ne sera pas dans la course pour une place sur le podium. Ben et Explosion W ont montré leur calibre de classe mondiale en remportant l'or individuel et nous avons collectivement décidé qu'il était dans le meilleur intérêt de préserver le cheval pour un autre jour », a déclaré le chef d’équipe Richard Waygood dans un communiqué.

Un barrage Suède – États-Unis !

L’élimination française a finalement fait les affaires de la Belgique qui a pu remonter sur le podium malgré quelques sueurs froides provoquées par le passage de Grégory Wathelet (8pts). Les parcours de Pieter Devos (4pts) et de Jérôme Guery (SF) ont permis d'accrocher la médaille de bronze (la dernière remontant aux Jeux olympiques de Montréal en 1976 !)

Jérôme Guery et Quel Homme de Hus (Quidam de Revel) ont signé le seul parcours belge sans-faute aujourd’hui.
© FEI/Christophe Taniere

La médaille d’or s’est finalement jouée au barrage entre la Suède et les États-Unis, chacun à huit points après les barres de Peder Fredricson/Malin Baryard-Johnsson et Jessica Springsteen/McLain Ward ainsi que les sans-faute de Henrik von Eckermann et Laura Kraut. Coup de chapeau à cette dernière qui monte Baloutinue (Balou du Rouet) seulement depuis avril dernier !

Lors du barrage, les trois cavaliers de chaque équipe ont dû repartir. Etant donné qu’aucune des deux nations ne s’est décidée à faire une faute (même si les chevaux de l’équipe suédoise en étaient à leur sixième parcours !), cela s’est donc joué au chronomètre. Les Suédois avaient une très légère avance après le passage de leur deuxième cavalier. Malin Baryard-Johnsson a pu compter une nouvelle fois sur la qualité de sa puissante mais délicate Indiana (Kashmir van Schuttershof). « Je connais Indiana depuis de nombreuses années et j'ai connu des hauts et des bas en matière d'équitation. Il m'a fallu quelques années avant de me sentir en sécurité sur elle, elle était si difficile dès le début. Mais nous nous connaissons si bien et même quand elle est au plus mal, elle y va toujours et fait de son mieux pour sauter les obstacles », confiait Malin.

Tout restait encore à faire lors de l’ultime rotation. Le dernier cavalier américain n’était autre que McLain Ward, qui a prouvé une nouvelle fois combien il maîtrisait l’art de la vitesse en signant un parcours en 39”92. Pour s’emparer de l’or, Peder Fredricson n’avait donc pas le droit de dépasser les 40”20. Le cavalier que l’on surnomme “Swedish Steel” ou “l’Homme d’acier suédois” cède rarement à la pression, il l’a encore prouvé aujourd’hui : ce fût 39”01 ! Une médaille d’or amplement méritée pour la Suède. 

L’or pour la Suède, l’argent pour les États-Unis et le bronze pour la Belgique ! © FEI/EFE/Kai Försterling

Mention spéciale pour King Edward et All In

Henrik von Eckermann et King Edward (Edward 28) ont fait démonstration tout au long de ces Jeux olympiques, le tout avec une pêche d’enfer ! Il est d’ailleurs le troisième cheval de l’histoire des Jeux à n’avoir réalisé aucune faute sur l’ensemble des épreuves de saut d’obstacles. Il rejoint Eliot, associé à Frantisek Ventura lors des Jeux d’Amsterdam en 1928, et All In (Kashmir van Schuttershof), qui avait déjà réalisé cet exploit à Rio sous la selle de Peder Fredricson. 

En parlant d’All In, il a encore prouvé cette semaine que rien ne pouvait l’arrêter du haut de ses quinze ans et ce malgré une opération en 2016 subie suite à des coliques. Pourtant, le hongre ne tape pas dans l'œil au premier abord à cause de son physique un peu commun, mais il est redoutable en piste et a fortiori lors des championnats. Il a remporté l’argent en individuel puis l’or par équipe à Tokyo, cinq ans après avoir décroché une première médaille d’argent en individuel à Rio. Il est certainement l’un des chevaux les plus médaillés de tous les temps et de l’avis de son cavalier “l’un des meilleurs chevaux qui existe”. Rendez-vous à Herning pour les championnats du Monde l’année prochaine ? La seule ligne qu’il manque à son palmarès. 

Résultats complets 

Avec Charlotte Marichal. Photo à la une : FEI / Arnd Bronkhorst