À la dernière seconde, Daniel Coyle s’empare du Grand Prix 5* de Rotterdam
Jusqu’au bout, les Néerlandais ont bien cru faire coup double dans l’Officiel des Pays-Bas. Après le succès indiscutable de ses collègues dans la Coupe des Nations, Kevin Jochems a frôlé la victoire aux rênes de Cornetboy, qui disputait sa première épreuve à ce niveau. Finalement, l’Irlande s’est vengé grâce à Daniel Coyle, auteur du plus rapide des sept doubles sans-faute de l’après-midi avec Oak’s Grove Carlyle. Une nouvelle fois aux avant-postes, les Tricolores ont classé trois de leurs quatre couples dans le top 6. Le meilleur d’entre eux aura été la fusée Julien Epaillard, troisième avec Caracole de la Roque, valeur montante de l’élevage de la famille Hécart.
Comme l’an dernier, le CSIO 5* de Rotterdam s’est achevé sur un barrage fleuve, ayant réuni pas moins de quatorze pilotes, dimanche 26 juin. Si les puristes se seraient satisfaits de moitié moins de prétendants à la victoire, le scénario de ce temps fort dominical a au moins eu l’avantage d’offrir une vraie bataille finale. Premier à prendre un vrai accessit pour mener le tour d’honneur, Kevin Staut, malheureux la veille dans le Grand Prix de Paris avec sa formidable Cheppetta, s’est bien rattrapé, cette fois avec le prometteur Bond Jamesbond de Hay (SF, Diamant de Semilly x Kannan). Alors que tous deux ne forment un couple que depuis novembre dernier et qu’ils couraient là leur troisième échéance de ce niveau seulement, les deux complices ont offert une nouvelle démonstration de facilité, bouclant le parcours raccourci dessiné par Quintin Maertens et Louis Konickx en 39”30, sans renverser la moindre barre. Ce résultat leur vaudra la sixième place finale, soit un rang plus haut qu’à Rome, où ils avaient déjà fait bonne figure dans le Grand Prix de l’Officiel d’Italie.
C’est ensuite son compatriote, Julien Epaillard, vêtu de la veste bleue de l’équipe de France, qui a abaissé le chronomètre avec la bien nommée Caracole de la Roque (SF, Zandor Z x Kannan). Avec 37”49 affichées sur l’écran géant au moment de franchir les cellules, le duo semblait en passe d’inscrire un septième succès à son palmarès commun. Mais c’était sans compter sur Kevin Jochems. Aux rênes du génial et bondissant Cornetboy (OS, Cornet’s Stern x Colander), le Néerlandais a déroulé sa finale sans rien laisser au hasard, s’offrant le luxe de coiffer son rival normand au poteau en 37”20. Une sacrée performance pour le gris, qui, à treize ans, disputait le premier Grand Prix 5* de sa carrière, après avoir évolué, entre autres, sous les selles du Chilien Ignacio Montesinos, du Belge Jos Verlooy et de la Britannique Emma Stocker. Il y a quelques semaines, son nouveau cavalier, qui a perdu ses meilleures montures au cours des derniers mois, laissait entendre ne pas être loin de retrouver les sommets. Ses dires se sont avérés vrais aujourd’hui, après avoir été porté par les cris et encouragement bruyant des spectateurs, tout acquis à sa cause. Galvanisé en franchissant le dernier vertical du parcours, le pilote de vingt-six ans a savouré l’instant en levant son casque au ciel.
Pourtant, quatre cavaliers pouvaient encore le déloger de sa place de leader provisoire. Son compatriote Hessel Hoekstra a commencé par fauter à une reprise sur le fils de Bubalu VDL, Icoon VDL (KWPN, VDL Bubalu x Cardento). À sa suite, Grégory Cottard a livré une nouvelle partition impeccable sur sa crackissime Bibici (SF, Norman Pre Noir x Nelfo du Mesnil), que l’on aurait plaisir à voir évoluer dans quelques semaines à Herning… La paire s’est emparée du cinquième rang, complétant un bon tir groupé tricolore, seulement perturbé par la présence, en quatrième position, du Batave Patrick Lemmen, auteur d’un bon parcours avec Exit Remo (ex Extender V, KWPN, San Remo x Ferro).
Avec quatre points, Marcel Marshall a laissé passer sa chance, terminant premier des non-classés sur le jeune Coolio 42 (Holst, Casalito x Quidam de Revel), neuf ans. Seul Daniel Coyle, particulièrement redoutable, pouvait encore priver Kevin Jochems d’un quatrième triomphe à ce niveau. Prenant des risques osés sur le puissant Oak’s Grove Carlyle (ex Cayman 35, Holst, Casall x Corrado), l’Irlandais a vengé les siens, relégués en troisième position dans la Coupe des nations vendredi. “C’était incroyable. Ce cheval choisit ses journées et quand il veut performer. Je l’ai fait sauter jeudi et il m’a fait comprendre qu’il voulait prendre part au Grand Prix. J’ai le souffle coupé, je suis ravi, et si heureux d’être ici”, s’est réjoui l’heureux lauréat, tout juste descendu de sa monture. “J’ai fait six foulées du un au deux, ce qui était très, très long. Heureusement, j’y suis arrivé et heureusement, il a sauté ! Je crois que c’est là que j’ai fait la différence aujourd’hui. Tout le reste est bien venu et j’ai senti que c’était suffisant. C’était tout ce que je pouvais donner. Nous avons une super équipe ici, personne n’a fait plus de quatre points et cette victoire est la cerise sur le gâteau.”
Lui aussi double sans-faute, Lars Kersten a terminé septième aux rênes du sensible Emmerton (KWPN, Silvio I x Sam R), ancienne recrue de… Kevin Jochems. Ayant chacun concédé une faute au barrage, Douglas Lindelöw, Hessel Hoekstra, Pieter Devos, Olivier Philippaerts et Piergiorgio Bucci ont complété le top 12 sur l’expérimenté Cheldon, Icoon VDL, le prometteur Nascar van't Siamshof, Le Blue Diamond v't Ruytershof et le très ému Cochello. Les huit points de Ioli Mytilineou ne lui ont pas permis de s’offrir un classement avec L'artiste de Toxandra.
Photo à la Une : La puissance de Carlyle. © Danielle Smits/Arnd Bronkhorst Photography