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“La blessure de Twentytwo a été un coup de massue”, Bryan Balsiger (1/2)

Interviews jeudi 22 septembre 2022 Charlotte Denquin

Sacré champion de Suisse Élite début septembre à l’occasion du CSI 4* d’Ascona aux rênes de Chelsea Z, Bryan Balsiger a vécu un week-end de rêve, s’imposant au passage dans le Grand Prix avec Dubai du Bois Pinchet. Après une saison riche en rebondissements, ponctuée par de beaux succès mais aussi par une non-sélection pour les championnats du monde Longines d’Herning, le jeune Helvète a désormais les yeux rivés vers la saison indoor mais aussi les championnats d’Europe de Milan l’été prochain. Entre les progrès de ses jeunes recrues et les retours à la compétition de ses cracks AK’S Courage et Clouzot de Lassus, ce dernier a de quoi se réjouir. Pour Studforlife, le sympathique cavalier de vingt-cinq ans a dressé le bilan de sa saison extérieure, donnant, au passage, de belles nouvelles de sa chère Twentytwo des Biches, blessée lors du Grand Prix du Saut Hermès en mars dernier. 


Vous avez vécu un très bon week-end au CSI 4* d’Ascona début septembre, pouvez-vous revenir dessus? 

C’était un week-end de rêve. Les chevaux ont tous très bien sauté et répondu présent, qu’il s’agisse de Dubai (du Bois Pinchet, SBS, Kaschmir van Schuttershof x Andiamo, ndlr), Chelsea (Z, Chellano Alpha Z x Cicero Z van Paemel) ou Don Juan 111 (Z, Der Senaat 111 x Carthago), qui a également remporté une épreuve là-bas (à 1,45m le samedi, ndlr). Le championnat de Suisse Élite et le Grand Prix d’Ascona faisaient partis de mes objectifs cette saison. La semaine a très bien débuté avec une quatrième place dans la première manche du championnat (un barème C, lors duquel une barre pénalise le cavalier de quatre secondes, ndlr) avec Chelsea, que j’ai senti en grande forme. Depuis plusieurs mois, nous voulions l’engager dans ce championnat. Il a obtenu de très beaux résultats mais n’avait jamais concouru sur ce type de format alors c’était aussi un défi, qu’il a très bien relevé. Je l’ai senti de plus en plus en confiance tout au long du week-end, c’est notre premier titre et première grande victoire ensemble.

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Vous avez donc remporté le championnat de Suisse Élite suisse Chelsea Z, très régulier depuis quelques semaines, le destinez-vous aux plus belles épreuves ?

Je l’ai dans mes écuries depuis trois ans. Il appartient à Olivier De Coulon qui l’a acheté lorsqu’il avait six ans. Nous avons pris notre temps et j’ai toujours eu un très bon sentiment avec lui, même s’il a un fort caractère. En début d’année, il a débuté les épreuves un peu plus conséquentes (à 1,45 et 1,50m, ndlr). Il a remporté son premier Grand Prix 3* au mois de juin à Gorla Minore et j’ai trouvé qu’il avait franchi un vrai cap. Nous nous sommes alors dit qu’il pourrait aller au championnat Suisse. Il a ensuite réalisé de bons parcours à Aix-la-Chapelle et s’est classé sixième du Grand Prix 4* de Valkenswaard en sautant une nouvelle fois très bien. Il est en constante évolution et je pense que nous pouvons encore progresser ensemble. J’espère aller le plus loin possible.

Début septembre, le prometteur Chelsea Z, ici aux Brussels Stephex Masters, a offert à Bryan Balsiger son troisième titre de champion de Suisse Élite. © Sportfot

Vous aviez déjà remporté ce championnat en 2018, alors que vous étiez encore Jeune Cavalier, avec Clouzot de Lassus (SBS, Ugano Sitte x Tenor Manciais) puis de nouveau en 2020 avec AK’S Courage (DSP, Chepetto C x Lennon 5), y a-t-il une différence marquante entre ces trois titres ?

J’avais davantage confiance en moi pendant ce championnat. Ce titre de champion de Suisse est quelque chose d’important et qui me tient à cœur. Cela représente toujours une grande fierté pour mon équipe et moi, et ça le sera toujours. Je suis aussi heureux que les premières fois.

Est-ce un titre qui permet à son détenteur d’accéder à certaines compétitions ? 

Cela nous permet d’être pré-qualifiés pour certains Grands Prix en Suisse, ce qui aide énormément. En 2018, par exemple, j’ai eu accès à celui du CHI de Genève (qui a lieu tous les ans en décembre, ndlr), ce qui nous facilite quand on sait quel niveau il y a là-bas et les cavaliers présents. Cela permet de se concentrer sur le Grand Prix. Le reste de la saison, il permet également d’avoir accès à certaines compétitions.

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“Avoir deux chevaux capables d'encaisser un championnat est un luxe pour un cavalier”

Dubai du Bois Pinchet a été votre cheval de tête cette saison et a réalisé de très belles choses, quel va être son programme désormais ? 

C’est la première fois qu’elle a cette place de cheval de tête et elle a beaucoup progressé depuis le début de l’année. Elle a obtenu de très beaux résultats. Elle va se rendre aux CSI 5* d’Oslo et Helsinki pour les deux premières étapes de la Coupe du monde Longines. J’espère que nous obtiendrons des points puis nous étudierons les différentes possibilités pour la suite de la saison indoor.

Dubai du Bois Pinchet, ici lors de la Coupe des nations du CSIO 5* de La Baule, a permis à son cavalier de se maintenir au plus haut niveau cette saison. © Scoopdyga

De manière générale, quel regard portez-vous sur l’ensemble de votre saison extérieure ?

Je suis assez mitigé. Je suis très content des résultats obtenus avec tous mes chevaux, ils ont tous énormément progressé. La petite déception vient des Coupes des nations, lors desquelles j’ai souvent réalisé un tour sans faute puis un autre moins bon (lors des Coupes des nations des CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle et de Falsterbo, le cavalier et son alezane ont effectué chaque fois un parcours sans faute et un autre entaché de seize points, ndlr), ce qui m’a pénalisé et ne m’a pas permis d’obtenir une sélection pour les championnats du monde Longines d’Herning, lesquels me tenaient à cœur. J’ai conscience de devoir encore améliorer certains points mais, de manière générale, je suis assez satisfait de cette saison, même s’il y a toujours des choses qu’on aimerait mieux faire. Je m’entrainerai pour l’année prochaine !

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Cette fin de saison a marqué les retours à la compétition d’AK’S Courage et Clouzot de Lassus, comment vont-ils ? Qu’est-ce qui justifie une telle absence ?

Ils vont bien, ils ont effectué la semaine la semaine passée leur première épreuve comptant pour le classement mondial (à l’occasion du CSI 2* de l’Hubside Jumping de Grimaud, ndlr) depuis plus d’un an pour Clouzot et huit mois pour Courage. Ils ont tous les deux été classés (AK’S Courage a pris la onzième place lors d’une épreuve à 1,45m et Clouzot de Lassus la neuvième du Grand Prix 2*, ndlr), je les trouve vraiment en forme. Clouzot s’est blessé l’an passé après le CSIO 5* de Saint-Gall et il a fallu du temps pour qu’il s’en remette. Une fois qu’il s’est senti mieux, nous avons attendu qu’il soit à 100% physiquement avant de reprendre les concours. C’est un cheval qui a besoin de temps pour être à l’aise. Toute mon équipe a fait un excellent travail pour qu’il soit à nouveau en forme et compétitif, j’espère maintenant pouvoir enchaîner les concours et le retrouver au plus haut niveau dans quelques mois.

Courage avait fait beaucoup pour moi en 2021, entre le titre de champion d’Europe par équipes (lors de l’échéance continentale de Riesenbeck, ndlr), les étapes de la Coupe du monde conclues avec de très bons résultats (avec notamment une onzième place dans le Grand Prix du Longines Equita Lyon, ndlr) et la finale du Longines Global Champions Tour à Prague, j’ai décidé en janvier de lui accorder une pause pour qu’elle puisse souffler parce que je la sentais baisser de pied. Lorsque nous avons repris, les premières sensations n’étaient pas les meilleures alors nous avons pris notre temps avant de la remettre au travail et de l’amener à nouveau en compétition. Nous n'avons pas voulu la brusquer. Depuis deux mois, elle est de retour sur les terrains. Elle a débuté avec de petites épreuves à 1,30m puis, la semaine dernière, est retournée sur 1,45m. J’ai de très bonnes sensations et je la trouve très bien physiquement. J’espère qu’elle reviendra au meilleur de sa forme.

Clouzot de Lassus, neuvième du Grand Prix 2* de l'Hubside Jumping de Grimaud la semaine dernière. © Sportfot

Cette saison, vous avez également dû faire face à la blessure de Twentytwo des Biches (SF, Mylord Carthago x Kalor du Bocage) lors du Grand Prix du Saut Hermès, comment va-t-elle ?

J’ai reçu, ce matin, une vidéo d’elle au paddock, elle profite d’un petit parc. Elle est toujours à la clinique de Grosbois, près de Paris, que je remercie d’ailleurs pour tous les soins. D’ici une ou deux semaines, elle va revenir en Suisse chez sa propriétaire Christiana Brechtbühl. Elle va profiter du pré et nous pourrons aller la voir et la marcher. Elle s’est bien remise de sa blessure, les choses ont été faites en douceur, c’est ce qu’elle méritait. Tous les soins qui lui ont été prodigués lui ont fait beaucoup de bien et c’est désormais un grand soulagement de la voir en bonne santé.

Malheureusement, sa carrière sportive est terminée mais nous espérons qu’elle pourra profiter d’une belle retraite et qu’elle poulinera.

Avec trois de vos meilleurs chevaux éloignés des terrains cette année, votre système et votre organisation ont dû être revus, non ? 

Oui, un peu. Quand tous les chevaux étaient en pleine forme, je pouvais les sélectionner en fonction des compétitions. J’avais pris part aux Jeux olympiques de Tokyo avec Twentytwo (conclus au cinquième rang par équipes, ndlr) et aux championnats d’Europe un mois plus tard avec Courage. Avoir deux chevaux à ce niveau et enchainer les compétitions est un luxe pour un cavalier. J’espère pouvoir connaître cela à nouveau.

Cette année, j’ai dû modifier mon planning de compétition mais cela m’a permis aussi de progresser avec d’autres chevaux. Dubai en est l’exemple parfait. Elle n’avait pas le rôle de cheval numéro un auparavant et a obtenu de très beaux résultats cette année avec une troisième place dans le Grand Prix du CSIO 5* de Saint-Gall, une deuxième dans l’épreuve du samedi au CHIO d’Aix-la-Chapelle et plusieurs participations en Coupes des nations. Ça m’a permis d’amener d’autres chevaux sur le devant de la scène comme Chelsea qui s’est frotté à des parcours plus conséquents que ce qui était prévu, mais aussi de travailler avec des chevaux de huit et neuf ans. Dans ce sens, ça a été bénéfique.

L'an passé, AK'S Courage a grandement participé à la médaille d'or acquise par équipes lors des championnats d'Europe Longines de Riesenbeck.  © Scoopdyga

En dehors de Dubai du Bois Pinchet et Chelsea Z, sur quels chevaux pouvez-vous compter ? Vous avez l’air d’avoir un piquet assez jeune, notamment avec Everest v’t Hof v Eversem Z (Epleaser van’t Heike x Concreto), dix ans, et Don Juan 111 Z… 

Effectivement, ce ne sont pas des vieux chevaux. Don Juan est également la propriété de Christiana Brechtbühl qui me l’a confié en fin d’année dernière. Nous progressons encore et avons obtenu de bons résultats jusqu’à 1,50m. J’ai également Urbanus Z (Ugano Sitte x Voltaire) qui est un super cheval de vitesse et de Derby. Je ne pensais pas non plus qu’il allait faire autant cette année mais il m’a offert de très belles victoires. Il n’est peut-être pas celui qui a le plus de moyens mais il a un cœur énorme et une réelle envie de bien faire.

Everest s’est classé lors de Grands Prix 3* (terminant notamment septième à Gorla Minore fin avril, ndlr) et a réalisé de bons résultats à Aix-la-Chapelle. Il a beaucoup de qualités, il faut simplement que nous apprenions encore un peu à nous connaître.

“Les moments ont été difficiles après la blessure de Twenty”

Depuis 2016, vous pouvez compter sur le soutien d’Olivier de Coulon qui vous confie des chevaux, jusqu’où s’étend votre collaboration ?

Nous avons commencé à travailler ensemble il y a six ans. Au début, je montais un ou deux chevaux dont Clouzot. Au fur et à mesure, le courant est passé et nous avons pris plusieurs chevaux ensemble dont Courage, Jenkins ter Doorn (BWP, Numero Uno x Sir Lui) et Chelsea. Désormais, nous sommes basés chez lui, aux écuries Les Verdets, et avons une dizaine de chevaux de compétition. Nous avons grandi ensemble. Nous sommes une grande équipe mais aussi une grande famille, c’est ce qui est beau. Nous travaillons ensemble et avons les mêmes objectifs.

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Twentytwo des Biches appartient, elle, à Christiana Brechtbühl, qui vous a également confié Don Juan 111 Z. Votre collaboration a-t-elle été affectée par l’accident de l’alezane, survenu en mars ?

Pour l’instant, elle me confie seulement Don Juan. Elle a d’autres chevaux en France mais ils ont plutôt quatre et cinq ans donc nous verrons plus tard si je les monte ou non. Les moments ont été difficiles après la blessure de Twenty, pour elle comme pour moi. Je la remercie de m’avoir laissé le temps de créer un couple avec ces deux chevaux sans les brusquer. Ce n’est jamais évident d’avoir un cheval blessé mais j’ai eu tout son soutien et ça a été très important. J’espère que notre collaboration continuera.

La blessure de Twentytwo a été un coup de massue pour tout le monde. J’ai heureusement reçu énormément de messages de soutien et, si je devais retenir une chose de tout cela, c’est que même dans les mauvais moments, des bons côtés ressortent et des gens nous aident.

Grâce à Christiana Brechtbühl, Bryan Balsiger peut compter sur un autre gris, Don Juan 111. © Sportfot

La suite de cet entretien est à lire ici.

Photo à la Une: Le Saut Hermès, en mars, a marqué la dernière apparition de Bryan Balsiger et Twentytwo des Biches. © Scoopdyga

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