Neuf ans après sa dernière grande victoire internationale, Jessica Mendoza a célébré son premier succès en Grand Prix 4* à Saugerties avec I-Clap CL, un fils d’I’m Special de Muze qu’elle considère comme le cheval de sa vie. Du côté de Varsovie, où se jouait la finale du circuit des Coupes des nations de la Fédération européenne, l’Italie s’est imposée pour la troisième fois en quatre ans. Retour sur ces deux événements.
En quatre éditions de la finale du circuit des Coupes des nations de la Fédération équestre européenne, l’Italie s’est imposée trois fois ! À Varsovie, dimanche 8 septembre, les Transalpins n’ont pas tremblé dans l’ultime étape du circuit, labellisé CSIO 4*. “Je suis très fier du collectif”, a déclaré le chef d’équipe Marco Porro. “Ils ont vraiment travaillé ensemble et ont livré une solide performance. Nous sommes très heureux de gagner une troisième fois ici.”
Tout au long des deux manches, l’Italie et l’Irlande se sont tenues dans un mouchoir de poche, si bien qu’il a fallu les départager avec un barrage. Piergiorgio Bucci, qui avait économisé un parcours à son Hantano en ne prenant pas le départ de la première manche - ses coéquipiers ayant déjà assuré un score vierge à son équipe -, s’est prêté au jeu de la vitesse. Face au jeune Seamus Hughes Kennedy, associé à son tout bon ESI Rocky, neuf ans seulement, le représentant de la Squadra Azzurra s’est montré plus rapide, avec un chronomètre de 41’’73, contre 42’’42 pour son jeune et talentueux rival. Outre Piergiorgio Bucci et son fils de Quasimodo, classé dans le Grand Prix 5* de Rome une semaine plus tôt, l’Italie misait également sur sa championne nationale en titre, Giulia Martinengo Marquet, associée à Scuderia 1918 Calle Deluxe (0+4), sur l’expérimenté Alberto Zorzi et Cortez van't Klein Asdonk, auteurs du seul double zéro de la compétition, ainsi qu’Emanuele Camilli et sa bouillonnante Chacco’s Girlstar (0+8).
“Lorsque je me suis élancé au barrage, je n’ai pas tellement senti de pression car j’étais encore un peu agacé envers moi-même en raison de ma faute sur le dernier en deuxième manche. J’aurais pu permettre à mon équipe de remporter le trophée plus tôt, mais je crois que nous nous sommes tous plus amusés ainsi, donc c’est bien”, a réagi Piergiorgio Bucci. Et Alberto Zorzi de compléter : “Je me sentais bien ce matin et nous avions une équipe très forte avec de super chevaux. J’étais confiant quant à nos possibilités de victoire, et la chance a été avec nous.”
“C’est chouette de gagner et cela fait toujours plaisir de partager une victoire avec ses coéquipiers. Il y a deux ans, je montais le même cheval dans cette finale. Je crois que cela prouve notre bonne relation !”, a commenté à son tour Giulia Martinengo Marquet.
Déjà deuxième à Calgary avec son équipe première, l’Irlande s’est appuyée sur un quatuor des plus intéressants à Varsovie. Outre le jeune Seamus Hughes Kennedy, Jessica Burke, juchée sur Express Trend (0+4), Jenny Rankin, aux rênes d’Ibiza (0+4) et Francis Derwin, associé à Flexi K (0+8) étaient sur le pont.
Représentée par Philip Rüping et Baloutaire PS (4+4), Michael Viehweg et Contario (0+8), Maximilian Weishaupt et DSP Omerta Incipit (8+0) et Mario Stevens et Carrie 22 (4+0), l’Allemagne termine troisième, devant la Suède, la Grande-Bretagne, le Danemark, qui n’a pas pu reproduire la performance individuelle de Lars Bak Andersen et Golden Eye, lauréats du Grand Prix CSIO 4* vendredi devant Erika Lickhammer- Van Helmond sur Koberlina TN et Mel Thijssen sur Imodo, la Slovaquie, la Pologne, l’Autriche, tenante du titre, et l’Espagne.
Très sélective, cette finale a notamment été l’occasion de voir à l'œuvre de jeunes cavaliers en devenir, un point auquel les organisateurs du circuit sont particulièrement attachés. “Nous avons été très chanceux d’assister à nouveau à du grand sport, ici, à Varsovie. Ce barrage était une super manière de clore la compétition, même si l’Irlande a été particulièrement malchanceuse après avoir fait preuve de beaucoup de talent avec de très jeunes cavaliers. C’est un grand honneur d’avoir vu des cavaliers de moins de vingt-cinq ans très impressionnants”, a salué Theo Ploegmakers, président de la Fédération équestre européenne.
Le tout bon Chuck Marienshof, issu de l’élevage très en vogue de Sandra Eckers, qui en est toujours propriétaire, s’est vu décerné le prix de cheval de l’année, pour ses résultats sur le circuit tout au long de la saison.
Retour en grâce pour Jessica Mendoza
Jessica Mendoza ne s’était plus imposée à 1,55m ou plus depuis neuf ans et une victoire décroché à l’Olympia de Londres, en décembre 2015, avec son fidèle Spirit T. Samedi 7 septembre, à Saugerties, la Britannique, désormais installée outre-Atlantique depuis plusieurs années, a décroché le premier Grand Prix 4* de sa carrière avec I-Clap CL, un fils du puissant I’m Special de Muze qui lui avait permis de retrouver le haut de l’affiche au printemps dernier, en participant à la finale de la Coupe du monde 2024.
“I-Cap est naturellement très réactif, donc je savais que je pouvais aller plus vite que mes adversaires dans les courbes. En revanche, j’ai pris un peu moins de risques à l’abord du dernier obstacle, car j’ai eu la sensation que j’avais fait tout ce que je pouvais pour gagner jusque-là. Ce cheval fait ma fierté et me rend heureuse. Je l’ai depuis qu’il a quatre ans, donc je le connais par cœur. Je sais que si je tourne très court et prend un obstacle complètement de biais, il ne le fera pas tomber. Il est, pour moi, le cheval de ma vie, dans le sens où nous avons une connexion émotionnelle très forte. Il est un peu mon meilleur ami en cheval : il donne toujours tout pour moi”, s’est émue l’heureuse lauréate.
Les deux associés Abdel Saïd et Samuel Hutton ne regretteront pas leur virée américaine. En selle sur leurs respectives Bonne Amie et Melusina BVL, le Belge et le Britannique ont complété un trio de tête à l’accent très européen. Comme Jessica Mendoza, les deux cavaliers ont réalisé un double sans-faute, mais n’ont pu rivaliser avec son chronomètre. “Je connais plutôt bien ma jument, et je sais qu’elle peut être lente”, a confié Abdel Saïd. “Je suis un compétiteur et j’ai envie de gagner. C’était difficile car il y a plein de fois où j’ai voulu aller trop vite et où je me suis brûlé les ailes. Je savais que nous n’étions que trois au barrage et je voulais mettre de la pression aux suivants, sans prendre le risque de faire tomber une barre. Jessica avait un excellent plan. Elle a réalisé un super barrage et méritait de gagner.” Ces trois duos étaient les seuls barragistes d’un Grand Prix disputé en petit comité, avec vingt-six partants.
Photo à la Une : Jessica Mendoza et son meilleur ami I-Clap. © ESI Photography