La perspective des Jeux olympiques de Paris, dont le coup d’envoi sera donné dans moins de cinquante jours, n’échappe pas aux cavalières et aux cavaliers. Pour le saut d’obstacle, l’équipe irlandaise a été la première à dévoiler ses cartes. Michael Blake a tranché au sein d’un collectif riche en couples performants. De leur côté, Grégory Cottard, Jens Fredricson et John Whitaker ont jeté l’éponge, tandis que des obstacles plus ou moins embêtants viennent perturber la préparation de Max Kühner et Luciana Diniz. Pendant que Sanne Thijssen et Kendra Claricia Brinkop voient leurs piquets de chevaux évoluer, Beth Underhill a, elle, posé ses valises en Irlande pour une nouvelle aventure. Récap.
Michael Blake a tranché. Alors que le sélectionneur irlandais disposait d’un réservoir intéressant de couples, il a finalisé son quatuor pour les Jeux olympiques de Paris en s’appuyant sur quatre cavaliers expérimentés et quatre montures en pleine forme. Ainsi, seront conviés à se produire devant le château de Versailles dans quelques semaines à peine, par ordre alphabétique : Daniel Coyle, Cian O’Connor et Shane Sweetnam. Bertram Allen a, quant à lui, été désigné réserviste. Les quatre représentants de l’île d’Emeraude compteront respectivement sur Legacy, née Chavantele, lauréate des étapes de la Coupe du monde Longines d’Amsterdam et Leipzig et double sans-faute dans l’étape de la Ligue des nations d’Ocala, Maurice, double zéro dans la Coupe des nations à Rome et très régulier tout au long de l’hiver en Floride, CSF James Kann Cruz, lui aussi impeccable sur la place de Sienne et récemment septième du Grand Prix du CSIO 5* de La Baule, et Pacino Amiro, qui n’a signé que trois parcours sans faute aux obstacles depuis le début de l’année, et aucun à 1,60m.
“Être sélectionné pour représenter son pays aux Jeux olympiques est le plus grand honneur qui existe pour un athlète. Je suis ravi d’avoir choisi ces cavaliers pour Paris. Nous vivons une excellente période pour le saut d’obstacles irlandais en ce moment. Le fait qu’ils aient tous atteint un si haut niveau est la preuve du travail des cavaliers, mais aussi celui de leurs équipes, qui s’occupent des chevaux à la maison et en concours. Les athlètes et chevaux que j’ai choisis performent brillamment sur la scène internationale, semaine après semaine, et nous donnerons tout ce que nous avons pour atteindre nos objectifs”, a déclaré le sélectionneur irlandais. Denis Lynch et Brooklyn Heights, né Jorden vd Kruishoeve, et Mark McAuley et sa brillante GRS Lady Amaro sont forment les deux premiers duos réservistes de cette sélection.
Jens Fredricson et Grégory Cottard renoncent
En raison d’une baisse de forme de leurs meilleurs partenaires, Markan*Cosmopolit et Bibici, le Suédois Jens Fredricson, médaillé d’or par équipe aux derniers Européens, et le Tricolore Grégory Cottard, ont tiré un trait sur leur rêve olympique pour cette année.
Après avoir effectué sa rentrée internationale fin mars, après une dernière apparition début décembre, Cosmopolit s’est malheureusement blessé quelques semaines plus tard, lors du CSIO 3* de Mannheim. “Cosmopolit a repris le travail monté, mais nous manquons de temps et avons donc décidé de renoncer aux Jeux olympiques cet été”, a fait savoir, fin mai, Jens Fredricson par voie de communiqué. Si régulier et performant, le couple manquera grandement au clan scandinave à Versailles. Si Henrik von Eckermann, qui vient de relancer son généreux King Edward Ress en compétition, après une pause bien méritée consécutive à sa victoire lors de la dernière finale de la Coupe du monde, semble indéboulonnable au sein de la sélection suédoise, la course pour les trois autres places mises en jeu reste très ouverte et incertaine, d’autant plus après un début de saison en demi-teinte pour l’équipe de Henrik Ankarcrona. “Cela est bien entendu regrettable, mais le bien-être des chevaux est toujours primordial. Nous avons réalisé qu’il ne restait que très peu de temps pour se remettre en forme en vue des Jeux olympiques et avons décidé ensemble de mettre de côté les ambitions olympiques pour le moment”, a ajouté le sélectionneur suédois.
Bibici, quant à elle, va devoir observer une nouvelle période de repos. Blessée lors du CSIO 5* de Dublin en août 2023, la belle grise avait repris progressivement la compétition en début d’année, après avoir profité de quelques mois au pré. Lauréate d’un Grand Prix 3* à Valencia en mars, puis auteure d’un excellent parcours initial dans celui de Compiègne Classic et cinquième d’une épreuve à 1,55m disputée dans le cadre du CSI 5* de Fontainebleau, la fille de Norman Pré Noir et Uélème va de nouveau s’éloigner des terrains internationaux. Son cavalier a annoncé la nouvelle mi-juin. “À la suite des derniers examens sur Bibici, nous avons choisi de lui accorder une période de repos plus longue. Nous ne serons donc plus en lice pour les Jeux de Paris”, a-t-il sobrement commenté sur ses réseaux sociaux. Une bien mauvaise nouvelle pour le couple, qui faisait partie de l’équipe envoyée aux Mondiaux de Herning en 2022, mais surtout pour la promotion d’une équitation simplifiée et faite de respect mutuel.
Les Jeux s’éloignent pour Luciana Diniz
Dans un entretien vidéo accordé la semaine passée à GRANDPRIX, Philippe Guerdat a évoqué les perspectives olympiques de l’équipe brésilienne. Si l’ancien chef de file des Bleus garde espoir en un retour en pleine forme de Major Tom, né Nielsdaka van de Rhamda Hoeve, meilleur complice de Rodrigo Pessoa, l’optimisme semble moins présent en ce qui concerne Vertigo du Désert, le crack de Luciana Diniz. En effet, Philippe Guerdat a expliqué que le gris s’était blessé sur le plat. “J’espère pouvoir compter sur Luciana Diniz, mais je suis moins sûr. Son cheval a eu un problème au concours la semaine passée. Il a trébuché dans sa rêne allemande, il est tombé et a eu un hématome. On ne sait pas s’il sera remis assez tôt… On attend encore une semaine, mais on est vraiment dans l’urgence”, a glissé le Suisse. Le fils de Mylord Carthago n’a plus concouru sur la scène internationale depuis février dernier et la Ligue des nations Longines d’Abou Dabi, mais semble encore avoir un infime espoir de briller à Versailles.
Max Kühner blessé
En très grande forme ces dernières semaines, l’Autrichien Max Kühner était aligné au départ du CSIO 4* de Sopot ce week-end. Vendredi, il a pris le départ de la Coupe des nations aux rênes de EIC*Up Too Jacco Blue, récent vainqueur du Grand Prix 5* de Ramatuelle. Bien engagé sur le parcours, le couple a finalement quitté l’arène avec un inhabituel score de huit points et ne s’est pas présenté dans le second acte de cette épreuve collective. Et pour cause. Le pilier de l’escouade autrichienne s’est en effet blessé lors de son premier parcours et s’est fracturé la main droite, comme il l’a confirmé auprès d’Eqwo.net. “Nous essayons maintenant de trouver le plus rapidement possible un chirurgien qui puisse me soigner, afin que je puisse concourir à nouveau la semaine prochaine”, a-t-il précisé, laissant présager un prompt retour aux affaires, à quelques semaines des Jeux olympiques de Paris.
Le rêve s’arrête ici pour Arqana de Riverland et Juliette Faligot
En début d’année, la Française Juliette Faligot avait décidé de confier sa perle Arqana de Riverland à John Whitaker avec l’objectif assumé de la voir sauter devant le château de Versailles, cet été, sous couleurs britanniques. Après des débuts plus qu’encourageant, la paire n’a finalement pas été retenue dans la liste réduite partagée par l’Union Jack. Malheureusement pour le duo, sa sortie en terres madrilènes, mi-mai, s’est soldée par un abandon et une chute et a annihilé tout espoir de figurer parmi le quatuor de Di Lampard. De fait, Juliette Faligot a repris les rênes de sa grise de quatorze ans à temps plein. Alors qu’elle montait toujours sa fille de Cornet Obolensky, né Windows van het Costersveld, la semaine, la Nordiste en a également repris les commandes en compétition. Toutes deux ont effectué leur grand retour à l’occasion du CSI 2* de Sancourt, début juin, et ont enregistré une belle cinquième place dans le Grand Prix.
Sanne Thijssen garnit son écurie
La talentueuse Sanne Thijssen a récemment accueilli une nouvelle recrue au sein de ses écuries. Come Away Flamingo, ancienne complice de Jérôme Guéry et en pleine progression ces dernières semaines, a ainsi intégré le piquet de chevaux de la Néerlandaise, comme le souligne Equnews. La toute bonne fille de Cardento porte désormais le préfixe Iron Dames, qui soutient notamment Sanne Thijssen mais sponsorise également une équipe de la coûteuse Global Champions League (GCL), et appartient officiellement depuis début juin à la compagnie Pegase Equestrian. Lancée sur la scène internationale par Marc Dilasser, et passé sous la selle de Jérôme Guéry fin 2022, la Zangersheide avait obtenu deux excellents classements lors du CSI 5* de Shanghai, dont une cinquième place à 1,55m et comptait plusieurs victoires, jusqu’à 1,45m. Elle viendra donc épauler le fabuleux Con Quidam RB, dix-huit ans et toujours fringant, ou encore Cum Laude, valeur montante de son écurie. Sanne Thijssen peut aussi se satisfaire de l’investissement de son partenaire, qui a sécurisé Keiralanda VDM, une prometteuse jument de neuf ans. Iron Dames a également apporté son soutien à une autre de ses cavalières, Sophie Hinners, en investissant dans le prometteur Singclair, neuf ans et remarquable vainqueur d’un Grand Prix 4* à Abou Dabi en début d’année.
Dans le même temps, l’excellent étalon Calvino II de Nyze, né chez la famille Nijs, qui en était encore propriétaire et vivait une magnifique aventure à ses côtés, s’est également paré du préfixe Iron Dames. Révélé par l’étoile montante du clan belge Thibeau Spits, le fils de Calvaro et Urmina va désormais débuter une nouvelle aventure. Pour rappel, le bai de dix ans s’est classé neuvième du Grand Prix 5* de Miami en début d’année, après avoir obtenu, entre autres, une très belle troisième place dans le Grand Prix 4* de Moerzeke, remporté par… Sanne Thijssen, fin juillet 2023. Pour l’heure, l'identité du nouveau cavalier de Calvino II de Nyze n’a pas été révélée. Le jeune Thibeau Spits, double champion d’Europe Jeunes cavaliers en 2022 avec Classic Touch DH, peut s’appuyer sur Impress-K van’t Kattenheye, neuf ans et quatrième du Grand Prix 5* de Cannes, pour poursuivre son ascension au plus haut niveau.
Du mouvement chez Kendra Claricia Brinkop
Kendra Claricia Brinkop grimpe les marches du classement mondial Longines quatre à quatre. Il faut dire que la cavalière des écuries Stephex est dans une forme olympique et enchaîne les prestations de haut vol avec Do It Easy ou encore son vif Tabasco de Toxandria. Toutefois, écurie de commerce oblige, l’Allemande a récemment dû dire au revoir à deux complices. L’attachant Nector vd Bisschop, avec lequel elle n’a plus concouru depuis la fin du Winter Equestrian Festival (WEF) de Wellington a ainsi rejoint l’écurie de Lorenzo de Luca, grâce au soutien de son partenaire de longue date, Scuderia 1918. “Je suis très excité à l’idée d’avoir un cheval comme Nector dans mes écuries. Grâce à Scuderia 1918, je peux compter sur des chevaux très compétitifs pour les compétitions internationales de haut niveau”, a commenté le Transalpin fin mai. Pour l’heure, le fils d’Echo van’t Spieveld, qui n’est pas encore apparu publiquement avec son nouveau pilote, compte une victoire internationale à 1,45m à son actif, et plus d’une quarantaine de classements jusqu’à 1,55m.
Grand espoir de l’ancienne disciple de Marcus Ehning, Quercus van den Oude Eik est également parti vers de nouvelles aventures. D’abord aperçu aux rênes de la Belge Lente Dierickx, l’attachant alezan par Jenson van’t Meulenhof et petit-fils de Darco évoluait avec Kendra Claricia Brinkop depuis septembre 2022. À huit ans, le hongre BWP est titulaire de multiples sans-faute, classements et victoires en épreuve jeunes chevaux. Puissant, attachant et promis à un bel avenir, Quercus van den Oude Eik a rejoint la France et a participé à son premier concours sous ses nouvelles couleurs début juin, à Deauville, à l’occasion d’une Préparatoire 1,25m avec Adriano Cusenza.
Beth Underhill rebondit en Irlande
Après la fin de sa collaboration avec la famille Rein, Beth Underhill a posé ses valises… en Irlande. La Canadienne, ancienne protégée d’Eric Lamaze, a trouvé un point de chute au sein des écuries Coolmore de la famille Wachmann, où elle sera chargée de la partie saut d’obstacles. La lauréate du Grand Prix 2022 du CSIO 5* de La Baule assurera notamment la formation de la jeune Alice Wachmann, qui espère bien marcher sur les traces de ses aînés, Tom et Max. “Cian O’Connor (qui encadre notamment Tom et Max et travaille en étroite collaboration avec la famille Wachmann, ndlr) m’a appelée et m‘a proposé de venir en Irlande pour travailler avec [...] Alice. Cela m’a semblé être une fabuleuse opportunité et travailler aux côtés de Cian et sa structure Karlswood m’intéressait vraiment”, a confié Beth Underhill à HorseSport. “Je suis ravi que Beth Underhill nous ait rejoints en Irlande. Beth dirigera l’écurie de saut d'obstacles Coolmore, [...] en tant que responsable d’écurie, en formant les chevaux et en travaillant avec les cavaliers qui y sont basés”, a ajouté Cian O’Connor sur ses réseaux sociaux. Pour l’heure, l’amazone n’en a pas dit plus sur ses possibles perspectives sportives. Pour rappel, ses anciennes montures, My Clementine et Dynastie de Beaufour, ont rejoint avec réussite le piquet de la Française Nina Mallevaey, tandis que sa collègue Erynn Ballard a pris les rênes, elle aussi avec succès, de Nikka vd Bisschop, son ancienne jument de championnat.
Photo à la Une : Daniel Coyle et Legacy ont réalisé un excellent début de saison et logiquement décroché leur place pour les Jeux olympiques de Paris. © Sportfot