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“L’important, c’est de ne faire qu’un avec le cheval”, Daniel Coyle (2/2)

Daniel Coyle
mardi 30 juillet 2024 Camille Pineau

À bientôt trente ans, Daniel Coyle affiche déjà un palmarès remarquable. Porté par sa famille, le cavalier du comté de Derry est devenu aujourd’hui l’un des piliers de l’équipe irlandaise de saut d’obstacles. En 2024, il réalise une année couronnée de succès en remportant trois Grands Prix de la Coupe du monde Longines grâce à sa crack Legacy et sa nouvelle monture, le bien nommé Incredible. Une réussite et une régularité qui lui permettent d’être sélectionné avec sa jument de cœur pour représenter les couleurs de l’Irlande aux Jeux olympiques de Paris. Retour sur son parcours, son travail avec les chevaux et son rêve de médaille. 

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

Le lien spécial avec Legacy 

La rigueur de son travail n’est pas le seul élément de son succès. Daniel Coyle entretient un lien étroit avec ses chevaux. “Passer du temps avec son cheval est essentiel, que ce soit en marchant en balade, en trottant sur un sentier, en sautant en Grand Prix ou bien en passant du temps au pré avec eux. L’important, c’est de ne faire qu’un avec le cheval”, indique-t-il. Legacy, sa jument vedette, occupe une place particulière dans son cœur. “Je pense que le seul cheval qui a joué un rôle particulier dans ma réussite, c’est elle”, confie le représentant de l’île d'Émeraude. Acquise à huit ans par la famille Grange, la baie est devenue une jument de championnat grâce à Daniel Coyle. “Au sommet du sport, Legacy est évidemment incroyable”, loue-t-il. La représentante du stud-book Zangersheide, a été, cette année, au cœur de toute l’attention dans la perspective des Jeux olympiques. “Au vu de l’année qu’a réalisé Legacy, aucun cheval ne méritait plus qu’elle d’être sélectionnée pour Paris 2024”, s'enthousiasme le cavalier de Derry. 

Legacy donne toujours le sourire à son cavalier. © Sportfot

Parmi ses autres montures, on retrouve notamment la jeune Lena VDL, (Carrera VDL, né Balou x Mr. Blue), avec qui il a déjà rencontré de francs succès, le hongre de onze ans Incredible, qu’il ne monte que depuis janvier, ou encore Quintin (Quincy x Emilion), dont il partage la monte avec le cavalier tchèque Vaclav Stanek, vainqueur de son premier Grand Prix 5* voilà quelques semaines à Calgary. “Chaque cheval est différent. C’est en essayant de tous les comprendre que nous atteignons nos objectifs”, commente l’Irlandais. 

De temps à autre, Daniel Coyle prend les rênes du tout bon Quintin. © Sportfot



Une reconnaissance et modestie que Daniel Coyle s’applique aussi à lui-même. Interrogé sur son ascension fulgurante, le cavalier avoue ne pas prêter grande attention au classement. “Je ne le regarde probablement pas assez”, glisse-t-il, bien qu’il reconnaisse l’ampleur de sa progression. L’Irlandais préfère se concentrer sur les échéances et son programme de travail. “Au quotidien, j’essaie simplement de faire ce qu’il y a de mieux pour le cheval et l’équipe, en restant focalisé sur les étapes à venir”, dépeint-il. 

Dans son discours, Daniel Coyle dénote une sagesse remarquable que lui reconnaît également son ami Eamonn. “L’un des traits marquants de Daniel est sa patience. L'entraînement des chevaux nécessite une approche spécifique, souvent répétitive, et l'obstination naturelle de Daniel joue en fait en sa faveur à cet égard. Il n'abandonnera pas tant que le cheval n'aura pas fait ce qu'il faut. Il fait preuve d’une persévérance qui est cruciale dans les sports équestres. C’est un véritable homme de cheval, qui donne toujours la priorité au bien-être et au bonheur du cheval, traitant chaque cheval selon son état d'esprit unique”, plaide ainsi son ami. Eamonn ne manque pas non plus d’évoquer les liens précieux qui unissent Daniel Coyle à son entraîneur. “Il a développé une solide relation de mentorat avec Jeroen Dubbeldam, un maître de l'équitation. Jeroen n'est pas seulement un mentor, mais aussi un grand ami pour Daniel, qui le guide dans ses décisions concernant ses techniques d'équitation et ses projets globaux avec ses chevaux. Ce mentorat est inestimable, car il permet à Daniel de ne jamais cesser d'apprendre et de s'améliorer. Daniel comprend l'importance d'avoir un mentor et d'évoluer en permanence.” Et de poursuivre : “Outre les conseils de Jeroen, Daniel bénéficie d'un soutien considérable de la part de Michael Blake, responsable de l'équipe irlandaise, de son équipe de Lothlorien et de membres de l'équipe plus large comme Kenneth Graham.” 

Legacy aura un sacré défi à relever, cette semaine à Versailles. © Sportfot

Le rôle clé de la famille 

Un autre soutien sans faille, qu’il est impossible de ne pas évoquer tant il a d’importance pour Daniel Coyle, est celui de sa compagne, Catriona O'Hagan. Concilier sa vie de cavalier professionnel avec sa vie personnelle n’est pas toujours évident lorsque le rythme des compétitions impose de voyager aux quatre coins du monde. Rien qu’en 2023, Daniel Coyle a pris environ quatre-vingts vols, dont la plupart étaient des long-courriers, indique son ami. Le cavalier, lui-même, reconnaît que ce n’est pas toujours facile. “J’ai trois jeunes enfants (Ella, Ruby et Lily, ndlr) en bas âge. J’essaie de rentrer chez moi en Irlande toutes les deux semaines pour les voir. J’essaie de faire de mon mieux tant que c’est possible, après comme je me le dis à moi-même et à tous mes proches, je ne ferai pas cela éternellement”, confie-t-il. 



Les enfants de Daniel Coyle sont effectivement encore très jeunes, l'aînée a quatre ans, la deuxième trois et la petite dernière n’a que huit mois. “Catriona est d’un soutien sans faille, elle fait preuve d’une grande souplesse pour s’adapter à mon emploi du temps et faire en sorte d’être présente sur les compétitions pour que nous puissions nous voir. Le reste du temps, elle essaie de m’appeler régulièrement en appel vidéo, et rien que cela m’aide beaucoup”, complète l’Irlandais. Son ami Eamonn, qui est également le parrain de leurs deux aînés, participe aussi à ce soutien. “J'aime à penser que j'y contribue en m'efforçant toujours de veiller à ce que les projets de Daniel soient bien conçus, ce qui lui permet de suivre simplement l'itinéraire de voyage que je lui fournis”, confie-t-il à son tour. 

Incredible est un atout de taille dans le piquet de l'Irlandais. © Sportfot

Un réseau de soutien dont Daniel Coyle est conscient et sur lequel il n’hésite pas à s'appuyer pour concilier l'exigence de sa carrière avec sa vie personnelle. En réalité, son emploi du temps chargé ne lui laisse que peu de temps pour mettre de côté sa veste de cavalier professionnel. “Malheureusement, je n’ai jamais vraiment le temps de me détendre”, regrette-t-il. “Souvent, j’essaie de profiter des trajets en avion pour me relaxer.” En dehors de sa vie professionnelle, l’Irlandais a pourtant des passe-temps auxquels il s’attèle volontiers. “Daniel aime profondément la musique et apprécie la compagnie de ses amis et de sa famille. Il assiste souvent avec eux à divers événements à Derry, profitant de la culture locale dynamique”, indique Eamonn, qui revient sur un souvenir particulier à ses yeux. “Je me souviens d'un jour de l'année dernière où Daniel, Catriona, leurs filles et moi-même sommes allés à Portrush (ville située dans le comté d'Antrim, en Irlande du Nord, ndlr), un endroit typique pour une famille au bord de la mer. C'était l'un de ces rares moments où nous avons tous échappé au monde trépidant dans lequel nous vivons. Nous avons passé la journée à profiter des plaisirs simples de la vie - emmener les filles à la plage, faire des tours de manège, etc. C'était une pause rafraîchissante et un rappel de l'importance d'équilibrer le travail avec la détente et le temps passé en famille.” 

Grâce à une équipe bien rodée, Daniel Coyle parvient à jongler entre sa vie de cavalier professionnelle et sa vie privée. © Sportfot

Que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle, Daniel Coyle s’attache toujours à donner le meilleur de lui-même dans ce qu’il fait. En regardant vers l’avenir de son sport, l’Irlandais affiche une vision optimiste, convaincu que l’équitation continuera de prospérer. “Je ne pense pas que le futur de notre sport soit compliqué, bien au contraire, il est très prometteur. Nous devons simplement essayer d’être positifs et de nous entourer de personnes qui nous aident à aller dans le bon sens”, explique-t-il. Ce principe, Daniel Coyle l’applique à lui-même au quotidien : “Ce que je ne cesse de répéter, c’est qu’il faut toujours rester positif, peu importe ce que l’on doit affronter.” Une philosophie de vie qui pourrait bien l’aider à écrire la suite de son histoire aux Jeux olympiques de Paris, cette semaine, où il tentera de concrétiser son rêve de médailles. 

Daniel Coyle rêve de médailles et tentera de transformer son souhait en réalité à Paris. © Sportfot

Photo à la Une : Daniel Coyle entretient un lien particulier avec Legacy, qu’il montera aux Jeux olympiques de Paris. © Leanjo de Koster / FEI