Quel Homme de Hus, Igor, Faldiano et Gravity of Greenhill ne retrouveront pas les terrains de compétition. Les complices des Belges Jérôme Guéry, Jos Verlooy, Jens Vandenberk et du Français Julien Anquetin vont désormais profiter d’une retraite bien méritée à dix-huit, seize, dix-neuf et dix-huit ans. Ces quatres excellentes montures auront marqué la carrière de leurs cavaliers respectifs en évoluant jusqu’au plus haut niveau.
Plus vu en CSI 5* depuis mars 2023, le généreux Igor tire un trait sur sa carrière sportive. Médaillé de bronze en individuel et d’or par équipes lors des championnats d’Europe de Rotterdam, en 2019, le hongre de Jos Verlooy n’est jamais véritablement parvenu à retrouver son meilleur niveau après des championnats du monde fort difficiles à Herning, en 2022, où le couple avait été éliminé. Lors de la deuxième qualificative individuelle, également première manche de la Coupe des nations, l’alezan avait produit beaucoup d’efforts avant de refuser le milieu du triple, entraînant une chute de son cavalier, qui avait bouclé la seconde manche par équipes avec huit points, dont quatre dès le numéro un. Après cet événement en demi-teinte, le BWP avait réussi à obtenir des classements dans plusieurs étapes Coupe du monde Longines de la ligue nord-américaine, en fin d’année. Ses deux dernières apparitions à 1,60m, en février et mars 2023, lors de Grands Prix 5* à Wellington, se sont soldées par deux éliminations.
Avant cela, la carrière d’Igor avait été remarquable. Fils d’Emerald van’t Ruyterhsof, dont il ne pouvait renier la paternité, et Tinicia, une fille de Nabab de Rêve, l’alezan a vu le jour chez Maarten van Waes, à partir d’une modeste lignée. Lancé en compétition en 2014 en Belgique par Tim van den Broeck, puis sur la scène internationale par l’Irlandais Diamuid Howley, le hongre a évolué la saison suivante avec Mike van Olst, puis avec Philip Lever en 2016, avant d’intégrer le piquet de Jos Verlooy en 2017.
Outre ses deux médailles européennes, la paire belge a signé un double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Rotterdam en 2018 et s’est classée en Grands Prix 4 et 5* à Grimaud, Toronto, La Corogne, Ramatuelle, Wellington, Londres, Knokke ou encore Genève. Au total, Jos Verlooy et Igor ont affronté trois grands championnats ensemble : les Jeux équestres mondiaux de Tryon, les championnats d’Europe de Rotterdam et les Mondiaux de Herning.
“Avec le cœur rempli, nous repensons à l’incroyable aventure d’Igor - un vrai champion qui nous a apporté d’inoubliables souvenirs et de formidables victoires avec Jos Verlooy. Ensemble, ils ont atteint des sommets extraordinaires et brillé sur les plus grandes pistes du monde. De sans-faute à couper le souffle en passant par des podiums, Igor a laissé une marque indélébile sur nos cœurs et dans l’histoire d’Euro Horse. Alors qu’il est l’heure d’une retraite bien méritée, nous regardons chaque moment à ses côtés avec gratitude et fierté. Merci Igor, pour ta passion, ta puissance et ton cœur indéfectible”, a écrit la famille Verlooy sur les réseaux sociaux de ses écuries, jeudi 21 novembre, en légende d’une vidéo montrant l’alezan dans sa nouvelle vie et retraçant quelques-uns de ses plus beaux moments sportifs.
Quel Homme de Hus tire sa révérence
Impossible n’est pas Quel Homme de Hus. Le complice de Jérôme Guéry, né sous le nom de Quempas, a réalisé l’exploit de revenir, à dix-huit ans, au plus haut niveau après une opération de la corde du jarret, effectuée avec brio par la clinique Equitom. Blessé fin 2022, l’étalon Holsteiner était resté écarté des pistes de compétition jusqu’en février 2024, avant de faire son grand retour avec l’objectif un peu fou de prendre part aux Jeux olympiques de Paris six mois plus tard. Grâce au travail et à la détermination de toute son équipe, le fils de Quidam de Revel a relevé ce défi. S’il n’a, cette fois, ramené aucune médaille, le charismatique étalon a fait le bonheur de son entourage et leur a offert un dernier grand rendez-vous qui valait bien tout l’or du monde.
Quelques mois avant de se produire à Versailles, avec son style et sa fraîcheur habituels, Quel Homme de Hus avait gagné sa sélection à la régulière, se classant au troisième rang du Grand Prix 5* de Stockholm, quelques semaines après un CSIO 5* de La Baule réussi, avec une Coupe des nations à quatre puis zéro points et une huitième place dans le Grand Prix associé.
“Les Jeux olympiques de Paris représentaient notre dernier grand objectif. Grâce à une équipe incroyable et à des personnes extraordinaires, nous avons pu réaliser ce rêve : emmener notre champion Quel Homme de Hus aux JO après sa blessure. Ce défi relevé est à l’image de tout ce qu’il est : un cheval exceptionnel”, ont écrit dans une publication conjointe Jérôme Guéry et Alexander Oancea, annonçant, dimanche 24 novembre, la fin de carrière sportive de leur crack. “À dix-huit ans, notre cher QH est en pleine forme physique, et nous souhaitons le garder ainsi encore longtemps. C’est pourquoi, avec une immense émotion, nous vous annonçons aujourd’hui la retraite sportive de notre formidable compagnon, Quel Homme de Hus. Après des années de succès sur les plus belles pistes du monde, après avoir conquis l’or aux championnats d’Europe, l’argent aux championnats du monde et le bronze aux Jeux olympiques, ainsi que tant d’autres moments inoubliables, il est désormais temps pour lui de profiter d’une retraite bien méritée. Merci, merci Quel Homme, pour tout ce que tu nous as donné et pour avoir été un partenaire extraordinaire. Merci à la vie de t’avoir placé sur notre chemin et de nous avoir permis de vivre ces instants magiques à tes côtés. Merci aussi à vous tous, qui nous avez soutenus, accompagnés, et qui avez vibré avec nous tout au long de cette carrière incroyable. Votre énergie, vos encouragements et votre passion ont rendu cette aventure encore plus belle. Désormais, une nouvelle page s’écrit pour toi, Quel Homme : celle d’une retraite paisible, où tu pourras te consacrer à transmettre ta grâce, ta force et tout ton talent à tes futurs descendants. Profite bien, tu le mérites tellement… Merci, QH.”
Ses débuts internationaux, le charismatique bai brun les a effectués sous les selles de Gilles Botton et Henri Kovács, avant de rejoindre, courant 2014, la selle de Gaëtan Decroix. Ensemble, le duo a affronté ses premiers Grands Prix 3*, signé ses premiers classements et ses premières performances à 1,60m, à l’image de leur troisième place dans l’épreuve reine du CSI 5* de Dinard en 2017. Après un peu moins d’un an passé aux côtés d’Alice Decroix-Trehoust, un nouveau couple est né, d’une très belle histoire d’amitié et de passion, celui formé par Quel Homme de Hus et Jérôme Guéry. Depuis février 2019, ces deux-là ne se sont plus quittés. Il faut dire que leur histoire a démarré en fanfare, avec une victoire éblouissante dans le Grand Prix 5* de Mexico, en avril 2019. S’en sont suivies des sélections en Coupes des nations, des classements dans les plus beaux Grands Prix du monde, comme leur sixième place dans celui d’Aix-la-Chapelle ou leur troisième rang à Genève cette même année, ainsi que quatre grands championnats et trois finales du circuit des Coupes des nations. En plus de deux victoires collectives obtenues à Barcelone, le petit-fils de Candillo a raflé l’or par équipe à Rotterdam, en 2019, le bronze collectif aux Jeux de Tokyo deux ans plus tard, et surtout l’argent individuel lors des Mondiaux de Herning, en 2022. En 2021, le duo s’est également offert son second succès en Grand Prix 5* en s’imposant dans celui de Knokke.
Au cours de sa carrière, Quel Homme de Hus aura marqué toutes les personnes l’ayant côtoyées, à commencer par ses grooms. Kirsty Pascoe, puis Brianna Lobreau l’auront chéri et accompagné dans ses deux aventures olympiques, dont la dernière a été partagée par sa soigneuse dans les colonnes de Studforlife.
Né chez Andreas Kosicki, Quel Homme de Hus continuera désormais d’écrire son histoire à travers ses descendants. Ils sont aujourd’hui un peu moins de deux-cents à être recensés sur la base de données internationales Horsetelex, les plus âgés étant nés en 2014, tandis que près de quatre-cents ont été enregistrés en France. Ego des Cabanes, qui évolue en concours complet jusqu’en CCI 4*-S, ou encore Eloize M’Aurea, vue jusqu’à 1,50m avec le Jeune cavalier Neo Pensotti, sont pour l’heure ses meilleurs représentants. Le Holsteiner compte également trois fils approuvés, dont un frère utérin d’Ilex VP, prénommé Quel Prince d’Eden.
Place à l’élevage pour Faldiano
Faldiano n’est peut-être pas aussi connu que ses camarades Igor et Quel Homme de Hus. Pourtant, le bai de dix-neuf ans ne démérite pas. Né chez Helsen Benny, l’étalon BWP a été associé tout au long de sa carrière internationale au même cavalier : Jens Vandenberk. Tous deux ont évolué jusqu’en Grand Prix Coupe du monde, participant aux éditions 2022 et 2023 du CSI 5*-W d’Helsinki, en Finlande. Face à une rude concurrence au sein du Plat-Pays, le duo s’est avant tout distingué au niveau 3*, empochant deux victoires en Grand Prix à ce niveau à Opglabbeek en 2022 puis 2023 et pléthore de classements jusqu’en Grand Prix 4* à 1,55m.
Bien né, Faldiano est un fils de Heartbreaker et W-de-Pomme, une fille de l’olympique Jus de Pomme. Sa tante, V de Pomme, a participé aux Jeux équestres mondiaux de Lexington sous bannière argentine, tandis que son oncle utérin, Hindoctro (Indoctro), a évolué jusqu’en CCI 3*-L. Indigo, frère utérin de Faldiano par Indoctro, s’est classé en Grand Prix 4*, tandis qu’Elano (Lux) et Goldbreaker, propre frère de Faldiano, ont concouru jusqu’à 1,55 et 1,50m sur la scène internationale. Cette lignée maternelle est aussi celle de Designo van’t Hobos, alias QH*Baloudarc LF, qui a disputé les Jeux équestres mondiaux de Tryon et deux Jeux panaméricains, ou encore d’O. Ziezo DB, gagnante à 1,45m avec Olivier Perreau, vendue à Alexandra Amar et passée tout récemment sous la selle de Kevin Jochems.
“Cher Faldiano. J’ai toujours redouté ce moment, mais nous y sommes. Il est temps de faire face à la réalité. Sans toi, des passes difficiles arrivent pour moi. Cela va prendre du temps pour digérer et dépasser ce moment. Tu as dix-neuf ans et tu es toujours en forme. Nous nous connaissons par cœur et tu me donnes des petits signes que tout devient un peu plus difficile. J’ai un respect éternel pour tout ce que tu as fait pour moi. Alors, c’est à moi de respecter ce que tu me dis, tant que tu es toujours en bonne santé et heureux. Tu m’as appris à travailler avec et à traiter un vrai partenaire de saut d’obstacles. Tu m’as appris à gérer différentes situations. Tu as été le premier à m’accompagner sur les plus gros parcours. Je n’oublierai jamais notre aventure ensemble. Le temps est venu. Je suis prêt, et tu l’es aussi à profiter du reste de ta vie en tant qu’étalon, à me regarder concourir, former et éduquer tes poulains. Le plus grand des mercis à Faldiano”, a écrit le Belge sur ses réseaux sociaux, remerciant ses proches et toutes les personnes ayant contribué à la longue carrière de son complice. Pour l’heure, le bai n’a que peu produit, mais parmi sa première génération, née en 2009 et comptant dix représentants selon Horsetelex, Jay Jay van de Mottelhoeve a affronté plusieurs étapes de la Coupe du monde sur la ligue d’Europe occidentale. Après plus de dix ans sans nouvelles naissances, Faldiano a de nouveau accueilli des poulains à partir de 2021.
Gravity of Greenhill quitte le sport
“Bonne retraite, mon précieux Gravity. Il est difficile de trouver les mots pour exprimer la profondeur de ma gratitude envers toi. Tu as été bien plus qu’un simple cheval ; tu as été mon compagnon, mon soutien, mon ami. À travers chaque saut, chaque parcours et chaque instant partagé, tu m’as fait vibrer. Avec ton petit caractère, parfois un peu rebelle, parfois un peu têtu, mais tellement attachant. Tu as été l’artisan de tant de premières fois, des moments qui resteront gravés à jamais dans mon cœur : le premier Global, la première Coupe du Monde, le premier Grand Prix 5*. Chaque victoire était le reflet de ce lien unique, et chaque échec nous a rapprochés davantage. Nous avons parcouru des routes, traversé des frontières, et découvert ensemble des paysages qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Merci pour chaque instant de joie, pour ces larmes de bonheur qui ont coulé sur mes joues, pour toutes les émotions intenses que tu m’as fait ressentir. Tu as su me faire rire, pleurer, et rêver. Ta présence a rempli ma vie d’une richesse inestimable.” Par ces mots, partagés dimanche 24 novembre, Juliette Fruchaud a officialisé la retraite du vaillant Gravity of Greenhill, né Gravity van het Haverhof, fidèle complice de Julien Anquetin.
Désormais âgé de dix-huit ans, le BWP, fils de Nabab de Rêve et Couleur D van het Haverhof (Conterno Grande), tire sa révérence sportive. Entamée en 2013, sous selle belge, sa carrière internationale fut riche en performances. Passé plusieurs saisons sous les selles de Trevor Coyle et Guillaume Batillat, le bai, né chez Philip Lucien Gysbrechts, a croisé le chemin de Julien Anquetin fin 2018 et tous deux ne se sont plus jamais quittés. La paire a décroché huit victoires internationales, dont une lors d’un Grand Prix 3* en 2019, et plusieurs dizaines de classements, jusqu’en Grands Prix Coupe du monde. Septième à Göteborg en 2020 puis encore neuvièmes l’an passé à Helsinki, Julien Anquetin et Gravity of Greenhill ont réalisé leur ultime apparition internationale lors du CSI 3* Cabourg Classic, en mai, avec une excellente deuxième place à la clef dans l’épreuve reine de l’événement.
Le hongre poursuivra sa nouvelle vie auprès de son cavalier. “Heureusement, tu restes avec nous pour profiter de ta retraite. Je suis tellement reconnaissante de pouvoir continuer à prendre soin de toi, de veiller sur toi, et de partager encore plein de doux moments”, a complété Juliette Fruchaud dans son émouvant message. “Tu es une partie de moi, et rien ne pourra jamais changer cela.”
Photo à la Une : Jérôme Guéry salue son complice Quel Homme de Hus après son retour au sommet à La Baule, un an et demi après une opération au jarret. © Mélina Massias