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“L’évolution de l’élevage et la qualité de nos chevaux nous permettent de rêver de grand sport”, Nathan Budd (2/2)

Touardo
Elevage samedi 8 juin 2024 Mélina Massias

Lorsqu’ils évoquent le haras des Rosiers et leurs chevaux, Chloé Quenon, Herik Duran et Nathan Budd ne peuvent cacher leur bonheur et leur fierté. Depuis que le cavalier belge a posé ses valises à Nivelles, voilà plus d’une décennie, l’aventure a pris une toute nouvelle dimension. De Cadix à Coldplay des Rosiers, en passant par Cashpaid J&F ou encore Touardo Blue, le rêve est devenu réalité. Désormais bien rodé, le système du haras permet à ce trio d’amis et à toute son équipe, de mêler élevage, étalonnage et performance sportive avec brio. Le tout en faisant toujours passer l’amour des chevaux en premier. Rencontre.

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

“L’élevage est basé sur quatre très bonnes juments. Nous avons Inchallah, une fille de Thunder van de Zuuthoeve (et issue de la souche de Champion du Lys, ndlr) qui est la mère d’Ely des Rosiers (Emerald van’t Ruytershof), champion de Belgique a cinq ans l’an dernier, Dior des Rosiers, la mère de Coldplay, mais aussi Unschuld. Elle nous a laissé trois pouliches, deux par Eldorado vd Zeshoek et une propre sœur de Cashpaid et Cordial. Elles vont désormais assurer la relève”, détaille Herik Duran au sujet de ses reines mères. “Unschuld nous a également donné un fils par Conthargos. Il est, pour moi, vraiment formidable. Je l’aime beaucoup, et Nathan aussi. Et puis, nous avons Cadix des Rosiers, qui n’a pas encore beaucoup produit. Elle a été croisée à Cashpaid l’an dernier.” Et Nathan de compléter : “Le premier fils de Cadix, Jango (Cornet Obolensky), est un très bon cheval. J’espère que sa pouliche par Emerald van’t Ruytershof, Electra, le sera aussi. Nous essayons de conserver nos souches fondatrices et de les allier à de nouvelles lignées. J’ai monté les mères de certains chevaux qui composent actuellement mon piquet et c’est très chouette. La mère de Cashpaid est assez exceptionnelle. Je crois que l’on peut la marier à n’importe quel étalon, elle fera toujours de très bons chevaux.” 

Fils de Cadix des Rosiers et Cornet Obolensky, Jango des Rosiers poursuit son apprentissage avec Nathan Budd. © Sportfot

Le bon coup d’œil

La réussite de l’élevage des Rosiers réside, au moins en partie, dans la rigueur et l’attention apportée à chaque détail. Avec le temps, Herik s’est forgé une solide expérience, qu’il met au service de ses ambitions. “Choisir un étalon est toujours très difficile. Avoir eu cinq ou six poulains d’un étalon donne une idée de la façon dont il produit. J’utilise très peu mes propres étalons, car je ne veux pas fermer l’élevage. Je crois qu’il doit rester ouvert. La façon dont les poulains bougent est ce qu’il y a de plus important pour moi. J’aime observer leurs allures. J’apprécie les poulains qui ont un très bon galop. Ensuite, il est toujours préférable qu’ils aient du chic. J’aime les chevaux modernes, qui ont beaucoup d’air sous le ventre comme on dit en France, faits en père pour les étalons, tout en restant assez légers et avec de la qualité”, révèle l’éleveur, dont l’expertise n’est plus à démontrer.

Chloé Quenon et Herik Duran entourent leur(s) protégé(s), Ely des Rosiers, sacré champion de Belgique à cinq ans avec Nathan. © Sportfot

“Herik est très fort dans sa façon de voir les choses. Quand on élève une fois un bon cheval, cela peut être lié à la chance, mais lui est parvenu à le faire plus d’une fois ! Quand je vois tous les jeunes chevaux que nous avons à la maison et que personne ne connaît encore, ce n’est plus de la chance mais bien le fruit d’un travail recherché. Herik est très fort pour choisir les bons croisements. Il a une idée de l’élevage qui est tournée vers l’avenir. Il n’est pas resté arrêté sur ses convictions passées ; il a toujours envie de développer ce qu’il fait, d’évoluer dans l’élevage et je pense que c’est l’une de ses grandes qualités. Ce n’est pas parce que nous avions une jument avec un papier extraordinaire, mais dont la production n’était pas suffisamment bonne, que nous avons persisté dans l’erreur en la conservant à l’élevage. Certains chevaux sont faits uniquement pour le sport, d’autres plus pour l’élevage ; là-dessus aussi, Herik a un œil assez expert”, loue Nathan.

Le Selle Français H'Aubigny de Talma brille dans les épreuves réservées aux chevaux de sept ans, comme ici à Fontainebleau. © Mélina Massias



Une corde supplémentaire à l’arc du haras

Récemment, le trio s’est également tourné vers l’étalonnage. Depuis quelques saisons, le haras des Rosiers propose ainsi une sélection d’étalons aux éleveurs. Parmi eux, se trouvent évidemment les grands espoirs homemade Coldplay, Ce Miraculous ou encore Ely des Rosiers, mais aussi des recrues extérieures, qui renforcent dans le même temps le piquet de chevaux de Nathan. “Chez nous, l’aspect commercial est très compliqué. Nous n’avons pas envie de vendre nos chevaux… On essaye de les garder le plus longtemps possible et c’est aussi pour cela que nous avons développé la partie étalonnage”, explique Nathan. 

Ely des Rosiers est bien parti pour marcher dans les traces de Cadix et Coldplay. © Sportfot

“Nous nous sommes rendu compte que la vente de saillies pouvait nous permettre de conserver nos chevaux pour le sport en parallèle. Il y a une différence entre un cheval qui saillie cent ou deux cents juments par an et un autre qui ne saillie pas”, poursuit Herik. “C’est Bernard Demets qui nous a suggéré l’idée. Il fait partie de notre équipe et s’occupe de tout ce qui a trait à la distribution de la semence de nos étalons.” Au fur et à mesure, de nouveaux prospects se sont ainsi greffés au projet, à l’image des géniaux Touardo Blue et H’Aubigny de Talma. “C’est assez nouveau. Lorsqu’on voit un cheval qui nous plaît, nous ne sommes pas contre l’intégrer à notre projet. Touardo a été en partie acheté pour que Nathan puisse le monter. Nous l’avons acquis à sept ans et avons voulu aller vraiment doucement avec lui. En un an, il avait déjà énormément progressé. Je pense qu’il a encore une marge de progression, mais nous devons le respecter afin de ne pas louper certains étages. Touardo est arrivé au bon moment, puisque Nathan avait moins de chevaux à cette époque. Nous espérons les voir continuer à évoluer”, complète l’éleveur.

Depuis son arrivée au haras des Rosiers, Touardo Blue ne cesse de crever l'écran. © Agence Ecary

“Coldplay, H’Aubigny et Touardo sont trois chevaux tout à fait différents. Touardo est arrivé il y a plus ou moins deux ans. En 2023, il a vraiment commencé à montrer tout son potentiel, mais je pense qu’on est encore loin de ce qu’on peut accomplir. C’est un cheval magnifique, très puissant, avec beaucoup de moyens et une chouette tête. Lorsqu’on le voit à côté des autres, il est vraiment somptueux. Il a fait ses premiers pas au niveau 5* en fin d’année dernière à Lyon. Il n’a pas encore disputé de Grand Prix 5*, mais on va y arriver petit à petit”, se projette Nathan. “J’ai toujours essayé d’établir mon programme en fonction de mes chevaux et pas l’inverse. Touardo me dira s’il est prêt à sauter des plus grosses épreuves ou s’il a besoin de plus de temps. Il a gravi beaucoup de marches très rapidement. Nous avons acheté H’Aubigny lors de l’approbation Selle Français de Saint-Lô en 2020, sur les conseils de Bernard Demets. Je suis assez content de lui. C’est un fils d’Ogrion des Champs, donc un petit-fils de Kannan, et on retrouve également Kashmir van’t Schuttershof en père de mère. Il est un peu plus tardif que d’autres, mais il évolue bien. De nouveau, Paul-Emile a fait un super travail avec lui jusqu’à ses six ans. Il a énormément de force, un bon équilibre et est respectueux. Il doit encore apprendre à gérer son corps, mais est un vrai cheval d’avenir. Il est un peu en dehors de la lumière par rapport à Touardo et Coldplay mais devrait être une belle surprise dans les mois et années à venir.” Et le Selle Français a déjà confirmé, enchaînant sans-faute, classements et victoires depuis le début de l’année.

H'Aubigny de Talma sait prendre la pose à la remise des prix. © Mélina Massias



Si la production de Touardo Blue commence déjà à faire parler d’elle sur les concours de saut en liberté et que sa première génération s’apprête à découvrir la compétition, les descendants de Coldplay des Rosiers ou H’Aubigny de Talma n’en sont pas encore là. En effet, avant de proposer ces deux étalons aux éleveurs, le haras des Rosiers a préféré s’assurer de leur qualité en piste. Leurs premiers produits voient ainsi le jour en 2024 et laissent d’ores et déjà présager de belles choses. “Nous avions fait la même chose avec Cashpaid, dont les premiers poulains vont seulement prendre six ans cette année. Coldplay a seulement commencé à saillir l’année dernière, lorsque nous avons eu la confirmation qu’il s’agissait d’un très bon cheval et que ce qu’il montrait n’était pas juste du show”, confie le cavalier du brillant Zangersheide. 

Les premiers poulains de Coldplay des Rosiers sont nés ces dernières semaines. © Mélina Massias

Une aventure humaine avant tout

Au-delà d’une passion et de compétences évidentes, le succès du haras de Rosiers repose également sur des valeurs communes et un esprit de famille qui unie toute une équipe, à commencer par ses trois protagonistes. “Nous sommes très famille et nous entendons super bien. Ma femme est médecin et est aussi passionnée par les chevaux, peut-être même plus que moi parfois ! Cela nous permet de réfléchir et d’échanger. Tout est très facile entre nous et je n’ai jamais empêché Nathan de monter d’autres chevaux. Je pense que c’est la première base du respect”, expose Herik. “Nathan est arrivé il y a treize ans et cela a tout de suite accroché entre nous. Il considère les chevaux comme les siens et nous décidons de tout tous ensemble. Au-delà des chevaux, il est très agréable à mes yeux de partager des relations humaines comme celles-ci.”


Steve Loiseau fait partie des maillons indispensables à la réussite du haras des Rosiers. © Agence Ecary


“Je pense qu’avec Chloé et Herik, nous formons une équipe soudée. On se pousse vers le haut tous les trois. Herik m’a transmis sa passion pour l’élevage et j’ai aujourd’hui un goût très particulier pour cela. Je pense que je les ai emmenés davantage vers le sport. Ce sont deux choses différentes qui ne font qu’un tout. L’évolution de l’élevage et la qualité de nos chevaux nous permettent de rêver de grand sport. La passion du cheval nous unie indéniablement et nous permet de garder les pieds sur terre. Pour nous, le plus important est le bien-être des chevaux. Et je ne dis pas cela pour le beau côté de la parole ; c’est quelque chose qui est primordial chez nous”, complète Nathan. “Je n’ai plus l’impression de travailler avec Chloé et Herik. Je les considère plus comme mes deuxièmes parents que comme mes propriétaires. Il n’y a aucun tabou entre nous : on discute de chevaux, d’élevage, de sport mais aussi de choses qui n’ont rien à voir et relèvent davantage de la vie privée. On veut tous le meilleur pour l’écurie, qui est notre centre d’intérêt commun. Chloé est très intelligente et posée. Elle arrive souvent à trouver le juste milieu entre Herik et moi, car nous pouvons parfois être excessifs. Je pense que cela rend notre trio très fort. J’ai aussi beaucoup de chance d’être accompagné au quotidien par Steve Loiseau, mon groom, qui travaille avec nous depuis presque dix ans. Nous sommes une équipe soudée et cela est clairement un point fort. Nous travaillons avec une dizaine de personnes, qui sont toutes très douées dans ce qu’elles font. Sans cette équipe, il nous serait impossible de faire ce que nous faisons.” Talent, passion, patience, écoute et expérience : voilà quelques-uns des ingrédients qui composent la recette gagnante du haras des Rosiers, qui a encore de très belles lignes à ajouter à sa belle histoire. Et Herik de conclure : “J’espère que nous pouvons aller encore plus loin ! Je le souhaite à Nathan, que ce soit avec l’un de mes chevaux ou avec ceux de quelqu’un d’autre.”

L'aventure ne fait que commencer pour le haras des Rosiers. © Agence Ecary

Photo à la Une : Le brillant Touardo Blue fait de plus en plus parler de lui. © Mélina Massias