Il a soufflé un vent français à Aix-la-Chapelle dans le Grand Prix réservé aux jeunes chevaux. Comme chaque année, les stars en herbe ont goûté à la ferveur d’un public connaisseur toujours au rendez-vous. Suivant le sillon créé par ses voisins d’écuries, Levi Noesar, dont le père et le grand-père maternel sont inscrits au stud-book Selle Français, a remporté la palme sous la selle de Richard Vogel. Le grand alezan de huit ans, né chez un autre cavalier bien connu, a devancé son conscrit, le somptueux Corlander, partenaire de Ben Maher, ainsi que la jeune Marieke*Santa Rose, d’un an sa cadette, que présentait Erynn Ballard, tandis que les six représentants du stud-book Selle Français qualifiés pour ce dernier affrontement se sont qualifiés pour le barrage.
Des tours d’honneur, il en avait déjà fait deux, mercredi soir et samedi 6 juillet, un peu plus tôt dans l’après-midi. Pour autant, Levi Noesar avait seulement remplacé ses collègues d’écurie, Cepano Baloubet, vainqueur du Prix de l’Europe, et Cydello, deuxième du Prix Allianz, pour cet exercice. Dans la soirée, le grand alezan a cette fois défilé en tête de son propre tour d’honneur, après avoir déroulé un barrage d’enfer du haut de ses huit ans. Né pour le compte de… Jur Vrieling, le KWPN est arrivé chez Richard Vogel… en avril dernier et collectionne depuis les classements. Aujourd’hui, dans l’épreuve la plus importante de sa jeune carrière, Levi Noesar ne s’est pas laissé impressionner et a suivi la voie ouverte cette semaine par ses voisins d’écurie, qui n’en finissent plus de gagner. Après avoir terminé deux et cinquième mardi et jeudi, il s’est cette fois imposé sans conteste. Bien qu’enregistré dans un stud-book hollandais, l’alezan possède plusieurs ascendants enregistrés au stud-book Selle Français. Son père n’est autre que le très en vogue Quamikase des Forêts, alias Zirocco Blue, et son père de mère Baloubet du Rouet, qui semble particulièrement réussir à Richard Vogel. Aucun produit de sa lignée maternelle ne s’est véritablement distingué à haut niveau. Sa mère, Calima, a concouru jusqu’à 1,35m et a notamment produit Kalou Noesar (Carambar de Muze), vu jusqu’à 1,40m ainsi que Mississippi (Glasgow vh Merelsnet), qui fait ses gammes sur le circuit réservé aux chevaux de sept ans.
Les couleurs du stud-book Selle Français n’ont pas seulement brillé grâce à Levi Noesar. Les six représentants du livre de race hexagonal se sont tous qualifiés pour le barrage de cette finale réservée aux jeunes chevaux, qui a si souvent permis de révéler les talents de demain. Quatrième, Gadget Mouche a été le mieux classé, sous la selle de Nicola Philippaerts, qui avait remporté cette épreuve l’an passé. Face à la vitesse imposée par ses concurrents, le Belge n’a pu aller plus vite que 43’’89, soit un peu plus d’une seconde de retard sur la tête et n’est pas parvenu à faire aussi bien que deux jours plus tôt, lorsqu’il avait remporté la seconde épreuve qualificative pour ce Grand Prix CSI 1* YH. Toutefois, son complice n’a pas manqué de prouver tout son talent. Fils d’Andiamo Semilly et petit-fils de Consul de la Vie, le généreux bai est né chez la famille Bellet, comme une certaine Helma Mouche, montée par Yuri Mansur, huitième du classement final et deuxième meilleure représentante de la génération 2017 dans cette épreuve ! Cette plaisante alezane est le fruit du mariage entre Candy de Nantuel, dont la production s’affirme de semaine en semaine, et une fille du regretté Quartz du Chanu. Fait intéressant, Gadget Mouche est un petit-fils de Jadechanu, la mère de Quartz. Helma, elle, est une nièce utérine de Tower Mouche, aligné au départ des championnats d’Europe de Rotterdam en 2019 sous selle italienne. Une soirée que l’élevage normand n’est pas près d’oublier.
Championne de France à sept ans l’an passé, la très plaisante Gloria des Besnards, fille de Cicero van Paemel sur la souche de l’étalon Fend l’Air, s’est classée cinquième après un excellent sans-faute sous la selle de son éleveur, propriétaire et cavalier : François-Xavier Boudant. Juché sur un jeune cheval ou une monture d’expérience, le Tricolore n’en n’est plus à marcher mais bien à courir sur l’eau. Double sans-faute avec son cher Brazyl du Mezel dans la Coupe des nations de jeudi, “FX” prouve encore une fois qu’il est l’homme en forme du moment pour les Bleus. Pourtant, Henk Nooren a décidé de se passer de ses services pour les Jeux olympiques de Paris. Reste à savoir ce que le pilote de quarante-quatre ans doit faire de plus pour s’accorder les faveurs du sélectionneur…
Lui aussi double sans-faute, Herisson’Quill n’a pas mis longtemps pour prendre ses marques sous la selle de l’Irlandais Cian O’Connor. Renommé Goliath, le bai brun, fils de Contendro et petit-fils de L’Arc de Triomphe, a honoré le travail réalisé par son ancien cavalier, Jérémy Floch, et celui de son naisseur et désormais ancien propriétaire, Jean-Christophe Lecorneur. Sur le sol français, l’étalon de sept ans avait notamment été sacré champion de France à quatre ans. Deux rangs plus loin, Ghost des Brimbelles, un autre Selle Français, né, lui, chez la famille Schumacher, s’est démarqué sous la selle de Jana Wargers, en alignant deux parcours parfaits. Ce charmant gris est un fils de l’indémodable Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld et petit-fils du champion olympique Hicktead. Pour ne rien gâcher, sa quatrième mère est Electre V, dont la fille Voltige du Pas a été massivement utilisée à l’élevage. La bouillonnante et délicate Grâce de la Clay, fille d’Utrillo vd Heffinck sur une lignée maternelle Holstein à l’origine de quelques bons compétiteurs, était la dernière Selle Français en lice pour la victoire. Malheureusement, son cavalier, Philipp Weishaupt n’a pu éviter une barre.
Face au chronomètre, le sculptural Corlander, né Corello PS, et l’efficace Marieke*Santa Rosa, sept ans seulement, ont été les plus proches de Richard Vogel. Sous la selle du champion olympique Ben Maher, l’étalon à l’indéniable charisme a fait forte impression toute la semaine. Vainqueur de la première épreuve qualificative, le fils de Cornet Colbert et petit-fils de Landfriese II a deux frères utérins qui ont évolué à bon niveau et semble bien parti pour les imiter. Né chez Paul Schökhomele, Corlander n’a fait sa première apparition internationale avec Ben Maher qu’en mai dernier, mais cela ne l’a pas empêché de briller tout au long de la semaine. Et il ne serait pas surprenant que cette mythique piste d’Aix-la-Chapelle lui sourie de nouveau dans les années à venir.
Marieke, elle, avait déjà terminé troisième de la seconde qualificative et quatrième de la première, aux côtés de sa cavalière, la Canadienne Erynn Ballard. Vue un temps aux rênes de l’Irlandaise Jessica Burke, cette fille de Moncler van Overis et petite-fille de Chellano née chez Jens Vandenberk était encore associée au Suisse Bryan Balsiger en début d’année. Avec cette recrue de taille, dont elle a fait la connaissance au printemps outre-Atlantique, Erynn Ballard semble tenir une compétitrice née.
Eux aussi plutôt réguliers cette semaine, Steely Dan (Hardrok x Cardento) et Campari (LB Crumble x Balou du Reventon) ont permis à Henrik von Eckermann et Martin Fuchs d’occuper les rangs six et sept. Remarquable de bout en bout sous la selle de Janika Sprunger, Aganix's Rose of Light (Aganix du Seigneur x Light On) s’est classée dixième du haut de ses sept ans. Un peu plus loin dans le classement, soulignons également les prestations de Lola (Cardento x Tangelo van de Zuuthoeve), la grise de Lorenzo de Luca, Cascajall (Casallco x Comme Il Faut), sacrée championne du monde des six ans l’an dernier avec Katrin Eckermann, ou encore de Calvaro, né Al Amir 3 (Cascadello x Quidam de Revel), fabuleux atout du Belge Abdel Saïd.
Photo à la Une : Levi Noesar s’est prêté au jeu de la vitesse avec Richard Vogel après s’être imprégné de l’atmosphère à l’occasion de plusieurs remises des prix cette semaine. © Mélina Massias