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“L’ASEP ne doit pas être un visage, mais un collectif de personnes”, Claire Bresson et Élise Mégret

Claire Bresson et Élise Mégret sont devenues co-présidentes de l’ASEP en début d’année.
Elevage mardi 30 septembre 2025 Mélina Massias

Après avoir vu Arnaud Evain puis Denis Hubert se succéder à sa tête, l’ASEP, l’Association syndicale des étalonniers privés, compte depuis quelques mois deux nouvelles co-présidentes. Élues en février, lors du salon des étalons de Saint-Lô, Claire Bresson, à la tête du haras de Gravelotte, et Élise Mégret, co-gérante du haras de Clarbec, entendent redynamiser le syndicat et fédérer de nouvelles forces de proposition autour de leur projet. Main dans la main, ces deux dynamiques femmes de cheval espèrent replacer l’ASEP, fondée en 1960 par Luigi d’Altora Colonna, au centre du jeu. Dans l’écoute et le partage, toutes deux mettent un point d’honneur à n’exclure personne et à répondre à toutes les interrogations. Elles reviennent, à travers cet entretien croisé, sur les premiers mois dans leur nouveau rôle, et confient leurs ambitions et intentions pour l’avenir.

Comment êtes-vous devenues les co-présidentes de l’Association syndicale des étalonniers privés (ASEP) en début d’année ?

Élise Mégret : Claire (Bresson, ndlr) et moi sommes étalonnières depuis plusieurs années. Durant le salon des étalons de Saint-Lô, nous assistions aux réunions annuelles de l’ASEP. Au fil du temps, il y a eu quelques changements à la tête du syndicat, notamment avec le passage de témoin entre Arnaud Evain et Denis Hubert. 

Claire Bresson : Avant que Denis Hubert ne prenne ses fonctions, j’avais déjà été sollicitée pour devenir Présidente de l’ASEP. Lorsqu’on m’a à nouveau proposé ce rôle, j’ai appelé Élise pour lui proposer de mener ce projet ensemble. Seule, je trouvais le projet trop lourd à porter et je n’avais pas non plus assez de temps à y consacrer. Élise a, à son tour, reçu une proposition et à l’idée de travailler ensemble nous ne pouvions plus refuser ! 

Quelles ont été vos motivations pour vous impliquer au sein de l’ASEP ?

E.M. : Nous avions envie de donner une nouvelle dynamique à l’ASEP, qui est très associée à son guide des étalons et à son implication dans l’organisation du salon des étalons de Saint-Lô. En réalité, le rôle de l’ASEP est plus large que cela. Nous pensons, Claire et moi, que l’ASEP peut contribuer à l’amélioration de nombreuses problématiques que rencontrent les étalonniers. Nous avions envie, à travers ce projet, de rappeler qu’il y a un grand nombre d’étalonniers, et que l’ASEP est là pour tous, du plus petit au plus grand. Nous avons à cœur d’être à l’écoute de tout le monde et des besoins spécifiques de chacun. Je pense que l’ASEP peut aider beaucoup de personnes et prendre du poids dans le milieu, dans l’organisation et dans tout un tas de domaines, et ce jusqu’au niveau européen. Il y a vraiment quelque chose à faire et nous souhaitons bien sûr poursuivre les actions déjà engagées par nos prédécesseurs.

C.B. : J’espère que nous créerons plein de vocations et que les candidats à notre succession seront nombreux ! 

E.M. : Cela voudrait dire que l’on a bien effectué notre travail ! La présidence en soit n’est qu’un papier et n’a pas d’importance pour nous : nous n’avons pas accepté ce rôle pour nous mettre en avant ou par égo, mais vraiment dans l’idée d’aider les étalonniers et la filière. L’important, c’est l’ASEP.

C.B. : En Normandie, les gens sont assez professionnels et ont des instances locales pour les aider. Ce qui n’est pas toujours le cas dans les régions moins tournées vers l’élevage de chevaux. Ils se sentent plus seuls dans leurs démarches. Ils ont souvent des questions de base, auxquelles il n’est pas toujours facile de répondre. Rien qu’en ce qui concerne l’établissement d’un contrat, je n’ai pas les connaissances nécessaires pour leur assurer que ma réponse sera parole d’évangile. Il est important d’apporter un accompagnement aux nouveaux propriétaires d’étalons pas forcément initiés aux usages de la mise sur le marché de saillies.

Le syndicat de l'ASEP a souvent été uniquement associé à son Guide des étalons, mais son rôle s'étend bien au-delà. © Mélina Massias

Quels sont les premiers dossiers à traiter pour vous en tant que co-présidentes ?

E.M. : Parmi les points les plus concrets, nous envisageons, par exemple, d’expliquer davantage les démarches administratives auxquelles font face les nouveaux étalonniers et de les aider à comprendre tout un tas de choses à ce sujet. Lorsque j’ai débuté l’étalonnage, je ne savais pas vraiment à quoi correspondait une dose de semence, le nombre de paillettes qu’il fallait utiliser, etc. Je n’étais pas une grande technicienne, et je me suis sentie un peu seule car je n’avais pas le sentiment qu’il y avait vraiment un organisme pour informer les étalonniers qui débutent dans le métier.

C.B. : Nous aimerions qu’il y ait une sorte de guide de l’étalonnier, ainsi que des contrats types.  L’ASEP est un syndicat et, de fait, doit être un outil de référence pour les gens de la profession. Dans mon entourage, peu de personnes avaient conscience de ce que représente vraiment l’ASEP. L’objectif est de lui redonner corps et que chacun se tourne vers le syndicat en cas de besoin. Bien sûr, nous ne pourrons pas faire du secrétariat toute la journée, mais nous pouvons imaginer proposer des formes de tutoriels et des éléments de réponses sur les questions posées. Par exemple, certains parents se retrouvant aujourd’hui avec un étalon poney approuvé grâce à de bons résultats en compétition sont un peu démunis. Le rôle de l’ASEP est de les aider afin qu’ils puissent y voir plus clair. Dans un premier temps, nous devons remettre à plat toutes ces choses très terre à terre, toutes les questions de législation, mais nous travaillons aussi autour de sujets plus vastes, comme l’ICSI (injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde, ndlr), la congélation d’embryons, la traçabilité des paillettes, etc.

À travers l'ASEP, Claire Bresson et Elise Mégret espèrent pouvoir aider un maximum de personnes en matière d'étalonnage. © Mélina Massias



Quel premier bilan tirez-vous des quelques mois écoulés depuis la prise de vos nouvelles fonctions ?

E.M. : Nous avons pris la présidence de l’ASEP durant le salon des étalons de Saint-Lô et avons toutes les deux enchaîné avec la saison de monte, le tout couplé à nos diverses activités respectives. Après le salon des étalons de Saint-Lô, nous avons fait parvenir un questionnaire à tous les étalonniers, afin qu’ils puissent, d’abord, nous faire un retour sur l’événement, mais aussi nous faire part de leurs attentes concernant l’ASEP. Nous avons compilé toutes ces réponses et cela a mis en lumière leurs divers besoins. Nous avons profité de la Grande Semaine de Fontainebleau pour rencontrer de nombreuses personnes, afin de créer un bureau et de mettre en place des groupes de travail. Notre objectif est que tout le monde se sente investi dans ce projet et y prenne part. Nous avons besoin de tout le monde pour que naissent de nouvelles idées et que nous puissions aborder les sujets le plus largement possible. L’idée est de nous rencontrer physiquement ou en visioconférence avec les équipes qui nous accompagneront, afin d’établir le programme des actions à mener.

C.B. : Nous aimerions réunir des profils très différents, tous très pointus dans leurs domaines respectifs, issus de l’univers des poneys, du dressage, des chevaux de sport, etc, et dotés d’un excellent niveau de connaissance de la filière. Nous aimerions pouvoir compter sur elles dans des commissions de travail, même si elles ne font pas partie du bureau. Nous avons besoin d’esprits éclairés pour nous tirer vers le haut, d’autant que des réticences émergent sur beaucoup de sujets en ce moment. Alors, je pense qu’il faut faire appel à des personnes très calées, qui ont les deux pieds dans les sujets qui les concernent et sont en capacité de les appréhender au mieux. 

E.M. : Nous avons aussi fait attention à missionner des gens rattachés à des régions variées. Certes, la Normandie occupe une grande place dans l’élevage et l’étalonnage, mais nous ne souhaitons pas que l’ASEP soit centré uniquement autour d’elle. Nous avons eu l’impression que, jusqu’à présent, seuls quelques étalonniers se sentaient concernés par l’ASEP et nous souhaitons l’ouvrir à tout le monde, afin que chacun puisse se dire “je peux discuter avec l’ASEP, on m’écoute et on m’aide”.

C.B. : Si nous voulons porter des sujets forts au niveau d’un ministère agricole par exemple, il faut que tout le monde se sente impliqué et concerné. Nous devons montrer que nous sommes portés par un ensemble de professionnels venus de tous les milieux et par une grande diversité, tant en termes de disciplines que de pratiques. 

Peu importe leur envergure et leur orientation en matière de disciplines ou de races d'étalons, tous les étalonniers sont les bienvenues au sein de l'ASEP. © Mélina Massias

Quels ont été les principaux retours émis par les étalonniers à travers le questionnaire que vous leur avez transmis en début d’année ?

C.B. : Les gens ont des besoins en termes de législation : que ce soit sur l’élaboration d’un contrat, la gestion de l’ICSI ou de la congélation d’embryons. Nous avons aussi eu des retours qui concernent l’organisation du salon. Ce sont les quatre grands sujets que nous devons affronter en priorité. Et c’est pour cela que nous avons besoin de mettre en place des commissions et d’être entourées. Dès février prochain, nous serons dans une nouvelle saison de monte. Nous devons continuer d’avancer, en n’excluant personne. 

E.M. : Depuis que nous sommes à la tête de l’ASEP, c’est vraiment notre idée : n’exclure personne et fédérer tout le monde autour de ce projet. 

C.B. : L’ASEP ne doit pas être un visage, mais un collectif de personnes.

Sentez-vous les acteurs de la filière motivés pour vous rejoindre et s’impliquer au sein de l’ASEP ?

E.M. : À Fontainebleau, nous avons senti un vrai intérêt pour l’ASEP et avons rencontré beaucoup de monde.

C.B. : Plus nous en parlons, plus les gens ont le sentiment qu’il y a des possibilités à explorer en nous rejoignant ! Au départ, ils pouvaient penser que l’ASEP était réservée à trois ou quatre personnes, mais finalement ils réalisent que certaines choses peuvent se décider autrement. 

Dans un monde idéal, à quoi voudriez-vous que l’ASEP ressemble dans cinq ans ?

C.B. : Nous aimerions que ce soit un syndicat vivant, au sein duquel les gens sont heureux de trouver des informations et d’apporter leur pierre à l’édifice s’ils ont des idées. Nous aimerions que chacun se sente à sa place, légitime de poser des questions, etc.

E.M. : Notre ambition est de toujours apporter du service aux étalonniers et que l’ASEP prenne de l’ampleur et gagne en popularité. Nous aimerions réussir à motiver de plus en plus de gens à nous rejoindre, pour travailler ensemble, et que même les plus petits étalonniers ressentent une appartenance au syndicat. C’est vraiment en ce sens que nous avons accepté de prendre la présidence de l’ASEP.

Claire Bresson et Elise Mégret avaient le sourire à l'annonce de leur prise de fonction en tant que co-présidentes de l'ASEP, en février dernier. © Mélina Massias

Photo à la Une : Claire Bresson et Élise Mégret sont devenues co-présidentes de l’ASEP en début d’année. © Mélina Massias