Koulano du Genet, Kenyane Canel et Kingston du Biolay, champions des cinq ans de la génération 2020
Sous le beau soleil matinal du premier dimanche de septembre, la génération des cinq ans a joué son épilogue selon la même formule en trois séquences, attribuant un titre pour chaque catégorie de sexe. Le puissant hongre Koulano du Genêt, la pétulante Kenyane Canel et le brillant Kingston du Biolay signent les belles histoires du jour, récompensant le travail de leurs éleveurs respectifs, Fabrice Fillette, Guillaume Faucon et Bertrand Moissonnier, et l’habilité de leurs cavaliers Anthony Delage, Hadrien Leleu et Eddy Seguin-Maure.
Au terme du circuit de qualification du Cycle classique des cinq ans, et du choix des éleveurs de disputer ou pas la finale de la Grande Semaine de Fontainebleau, cent quarante juments, quatre-vingt-dix-neuf hongres et cinquante-deux entiers se sont élancés sur les pistes bellifontaines, à l’assaut du titre de leur génération. Alain Lhopital et Michel Molard, les chefs de pistes ont proposé des parcours alternativement sur le Petit Parquet et la carrière des Princes, théâtre de la finale, le contingent de quatre-vingts partants de celle-ci étant estimé trop lourd pour fouler l’herbe fraîche du Grand Parquet. Les parcours ont respecté la progressivité de la saison pour arriver ici à des oxers à 1,20m et des verticaux jusqu’à 1,25m. Les entiers ont le mieux tirer leur épingle du jeu, signant dix-sept doubles sans-faute sur les qualificatives, soit environ le tiers des partants pour moins d’un quart pour les juments, et onze pour cent chez les hongres. Une proportion qui ne surprend pas le chef de piste breton Michel Molard : “On voit de plus en plus de cavaliers amateurs se lancer sur le circuit classique avec des hongres. À l’inverse, les entiers, surtout lorsqu’il s’agit de ceux déjà approuvés, sont souvent confiés à des cavaliers très expérimentés, et ont plus d’expérience avec les concours du Selle Français.”
Eddy Seguin-Maure consacre Kingston du Biolay
Il a bien fallu néanmoins composer avec quelques déconvenues dans la catégorie des entiers, dès le premier jour ! Le leader du Top 100, Kashmir DL (Qlassic Bois Margot x Pessoa VDL), qui, sous la selle de sa cavalière, propriétaire et éleveuse Marion de Luca, affichait depuis son entrée sur le circuit à quatre ans un score vierge sur chacun de ses parcours, sortait cette fois avec deux barres au sol, tout comme le champion des quatre ans 2024, Karaganda Semilly (Mylord Carthago x Diamant de Semilly), confié à Clément Fortin. La suite a néanmoins confirmé la qualité de quelques reproducteurs, ou futurs pour certains, pas encore passés par l’approbation, à l’instar du vainqueur Kingston du Biolay. Leader avant la finale et après ses très bonnes notes de NEP et de modèle à plus de 16/20, le fils d’Untouchable 27 et Omeyade du Biolay (Bon Ami) a été conduit de main de maître jusqu’à l’ultime obstacle par Eddy Seguin-Maure, qui le monte depuis fin juin, après son acquisition par Johannes Farce, cavalier formateur, notamment d’un certain Dexter Fontenis. Jusque-là, Kingston du Biolay avait été monté par son naisseur, Bertrand Moissonnier, qui perpétue à Lent, près de Bourg-en-Bresse le travail de son père, Albert, naisseur du bon Galopin du Biolay (Butin d’Elle), vu en CSIO avec Jessica Kürten, et son grand-père, Raymond, à l’origine de l’olympique Atlanta Séducteur Biolay (Pontoux) en concours complet avec Didier Willefaert. Pourtant tout n’était pas parti au mieux pour Kingston, dont la mère est morte lorsqu’il avait trois mois ! La malchance avait été encore de la partie pour l’approbation des mâles de trois, à laquelle un abcès l’avait empêché de participer. Ce titre consacre une belle persévérance et récompense Eddy Seguin-Maure, lui aussi lentais, cousin des éleveurs du Biolay et valorisateur de nombreux jeunes chevaux.
Kingston du Biolay a montré toute sa force avec Eddy Seguin-Maure, ancien jockey ! © Jean-Louis Perrier
Son dauphin, Alix Ragot, a lui aussi formé de nombreux compétiteurs et cette fois c’est le plaisant Kafecalva du Gué (Kannan x Diamant de Semilly), né à la SCEA d’Arcy, qui est très souvent à l’honneur sur les terrains jeunes chevaux. Kafecalva avait été acquis aux ventes Fences à trois ans par ERA Jump, fidèle partenaire du cavalier beauceron. “Ce cheval est un régal à monter”, glissait Alix Ragot, vainqueur de ce même championnat avec son produit maison, Gold Sky de Pégase, quatre ans plus tôt.
Le troisième Elite permet à Richard Levallois d’étoffer son palmarès grâce à Kenzo Semilly, joli bai né du croisement avec le puissant styliste Comme Il Faut et une fille de Diamant de Semilly. Pour parfaire le bonheur familial, la performance de Kenzo est signée sous la selle de Dylan Levallois, le fils de Richard et Anne-Sophie, qui ont déjà vécu une belle soirée samedi, avec le triomphe de Johnny Semilly et Clément Fortin. Ksar de Rêve Semilly (Windows vh Costersveld alias Cornet Obolensky x Diamant de Semilly), Elite l’an dernier, pointe, lui, au huitième rang, sous la selle de Clément Fortin. Il est devancé par le représentant de l’élevage de Colombie, Kornet San Isidro, lui aussi par Cornet Obolensky avec une mère par Mylord Carthago et confié à Anne Rapinat. À la porte des Elite, Kayack des Isles, monté par Charles Hubert Chiché pour l’élevage familial, est aussi un petit-fils de Diamant, par le biais du BWP Emerald van’t Ruytershof.
Le sang de Diamant de Semilly, encore et toujours !
L’étalon de cœur de la famille Levallois a encore largement alimenté le palmarès de cette génération avec le titre dans la catégorie des hongres pour un de ses fils, Koulano du Genêt, sur une mère par l’excellent BWP Toulon. Confié à Anthony Delage par son naisseur nordiste, Fabrice Fillette, le très plaisant bai a montré de belles qualités. “Mon épouse et moi élevons depuis quarante ans, en parallèle de nos métiers ! La grand-mère de Koulano, Ketty du Genêt (Royal Feu) avait gagné le Critérium des cinq ans avec Nicolas Delmotte, et la mère de Koulano, Stoulone, a aussi été performante sur le circuit SHF, puis jusqu’à 1,50m. Nous sommes très heureux d’avoir trouvé un cavalier comme Anthony Delage, qui fait un travail sérieux et toujours dans le respect du cheval !”, s’est réjoui Fabrice Fillette.
Excellente prestation et impression pour Koulano du Genêt, champion des hongres. © Jean-Louis Perrier
La deuxième place revient à Knack de Vains (Armitage Boy x Mylord Carthago), monté par Léa Laurencin. L’alezan né chez la famille Bihl, au haras du Fougeray, vient de la souche de la bonne Fanny du Murier (Laudanum), mère, entre autres, de l’olympique Rahotep de Toscane. L’autre accessit échoit à Karlito Express HDC (Orient Express x Carinjo), sous la selle de Julien Alvarez. Il est né au haras des Coudrettes, via une fille d’un autre étalon fétiche de la maison, Carinjo, sur une excellente souche BWP, qui compte de nombreux performeurs internationaux.
Kenyane Canel dans les traces de Caracole de la Roque ?
Côté juments, l’omniprésence de Diamant de Semilly ne faiblit pas, notamment grâce à ses ses fils. Le titre revient ainsi à une fille de Diarado, Kenyane Canel, confiée à Hadrien Leleu. Cette baie pleine de sang est née chez Anne Laroquette et Guillaume Facon dans le Calvados, qui, tout en ayant d’autres activités professionnelles, gèrent, en plus de leur élevage, gère une petite écurie de propriétaires. Chaque année, tous deux accueillent un ou deux nouveaux poulains. “J’ai acheté Antinea d’Amaury à trois ans. Malheureusement, elle s’est blessée à cinq ans et est donc devenue poulinière. Son premier produit, Irish Canel (Contendro), est ici en finale des sept ans ! J’avais choisi Diarado car j’adore ce cheval et je pensais qu’il pouvait bien se marier avec Antinea. Kenyane avait obtenu la mention Excellent à quatre ans. Nous allons continuer tranquillement sur le circuit des six ans : je pense qu’elle est destinée au grand sport !”, a confié son éleveur. Kenyane Canel est issue de la remarquable souche de Lily d’Amaury (Quick Star), d’où notamment la fabuleuse Caracole de la Roque (Zandor)... et pourrait bien susciter très vite de l’intérêt, pour ses qualités et ses origines prestigieuses.
Kenyane Canel a attiré beaucoup de regard avec son titre de championne des juments de cinq ans. © Jean-Louis Perrier
Sa dauphine est une autre petite-fille de Diamant de Semilly, puisqu’elle est une fille du BWP Emerald van’t Ruytershof. Kassiopée de Talma représente l’élevage ardennais du Président de la SHF, Michel Guiot, qui l’a fait naître de Véga de Talma, fille d’un de ses premiers étalons, le beau Jeff d’Or. Gagnante du CIR de Compiègne, elle a été achetée par Laurent Guillet, qui l’a confiée à son pilote Romain Ozzola après tout juste une sortie sur une warm up lors d’un concours à Mâcon ! Il est bien probable que la véloce petite baie ne reste guère plus longtemps dans les écuries du marchand bressan.
Mathieu Bourdon amène au troisième rang Kelly du Motty (Utrillo vd Heffinck) née à l’élevage vendéen du Motty de la jument Paloma du Lozon, une petite-fille de… Diamant de Semilly ! Deux autres juments profitent du Label Elite : Kuamuela HDN une fille de Cayman LS (Casall) présentant un inbreeding sur Casall par sa deuxième mère. Née en Loire-Atlantique chez Caroline Verney, elle était sous la selle de Morgane Louisy. Avec le même score, Komete Rock Queen HJD (Untouchable 27 x Coolcoran Cool Diamond), guidée par Pablo Goutière obtient aussi le fameux label pour le compte de Horse Jumping et Distribution.
Photo à la Une : Kingston du Biolay a décroché le titre de champion de France des cinq ans avec Eddy Seguin-Maure. © Mélina Massias
