Le public de Dinard en rêvait, Kevin Staut aussi : la Marseillaise a retenti en conclusion du CSI 5*. Vainqueur du Grand Prix 5* Rolex, le Français a fait le plein de confiance avant les Jeux olympiques, grâce à son génial Beau de Laubry, plus vu en tête du tour d’honneur d’une épreuve de ce niveau depuis son premier coup d’éclat, signé en novembre dernier dans un décor bien différent, à Stuttgart, et a enfin décroché cette victoire qui lui tenait tant à cœur. Pour que la fête soit parfaite, deux autres cavaliers attendus à Versailles dans quelques jours ont complété le podium : Steve Guerdat, aux rênes de son fidèle Vénard de Cerisy et Max Kühner, associé à son brillant EIC Cooley Jump The Q.
S’il y a bien un cavalier régulier au plus haut niveau ces derniers mois, c’est Max Kühner. Sur les trois derniers mois, l’Autrichien est celui qui a engrangé le plus de gains et très certainement le plus de classements en Grand Prix 5*. Il n’en a pas manqué un seul depuis… deux mois, et celui du CSI 5* de Madrid. Tenant du titre à Dinard, celui qui s’apprête à vivre ses premiers Jeux olympiques dans quelques semaines à Paris avec Elektric Blue P a réalisé l’un des quatre doubles zéro de l’après-midi, dimanche 21 juillet, en compagnie de EIC Cooley Jump The Q, un complice qu’il juge “capable de tout sauter”. Pour autant, son barrage, achevé en 43’’61, ne lui a pas permis de faire aussi bien que l’été passé, lui octroyant tout de même offert une troisième place, soit son septième classement en Grand Prix 5* depuis le début d’année.
Un peu plus rapide, sur un terrain qu’il affectionne particulièrement, notamment avec sa vaste piste en herbe vallonnée, Steve Guerdat aurait sans doute rêvé de s’imposer. Avec son fidèle Vénard de Cerisy, un hongre de quatorze ans né chez Gabrielle et Laurent Vincent et déjà aux honneurs dans quelques-unes des plus prestigieuses épreuves la planète équestre, dont le Grand Prix Rolex du CSIO 5* de Spruce Meadows, qu’il a remporté en 2021, le Suisse s’est arrêté au deuxième rang. Cette semaine, l’Helvète a également profité du Val Porée pour préparer sa fabuleuse Dynamix de Bélhème, une autre représentante du stud-book Selle Français qui lui réussit tant, pour les Jeux olympiques de Paris. À Versailles, Steve Guerdat retrouvera Max Kühner, mais aussi Kevin Staut, grand vainqueur de ce Grand Prix 5*.
Comme ses homologues autrichien et suisse, le Français n’avait pas sellé Scuderia 1918*Viking d’la Rousserie, qui prendra bientôt la route pour rallier la capitale et l’échéance sportive phare de l’année. Le Tricolore misait ainsi sur Beau de Laubry, autre brillante monture. Révélé aux yeux du grand public en novembre dernier, lors de sa victoire dans l’étape de la Coupe du monde Longines de Stuttgart, le génial fils de Bisquet Balou van de Mispelaere n’avait plus défilé en tête du tour d’honneur d’un Grand Prix 5* depuis. Entre le rose et le vert qui ornent l’arène bretonne de Dinard, le Zangersheide de onze ans, né chez la famille Haelterman et propriété d’Elodie et Didier Levy, a concrétisé ses récents classements à Aix-la-Chapelle, La Baule, Rome ou encore Fontainebleau dans des épreuves secondaires, et offert à son cavalier une victoire qu’il espérait de longue date. Un succès célébré en grande pompe, face à des tribunes allées plus que combles pour admirer quelques-uns des futurs acteurs des prochains Jeux olympiques.
“Je suis bien évidemment ravi. Nous avons encore eu du sport incroyable. Dinard est un concours génial, avec un public extraordinaire et un terrain très spécial avec du dénivelé sur lequel mon cheval est à l’aise. L’histoire transpire dans ce concours et cela lui donne une autre dimension. C’est un concours qui reprend les bases de notre sport. J’ai participé peut-être dix ou même quinze fois au Grand Prix. J’ai souvent eu des accessits mais je n’avais jamais eu le bonheur de gagner, car le niveau est toujours extraordinaire”, a déclaré Kevin Staut, dernier à s’élancer au barrage. “C’est une grande joie, d’autant plus dans une étape Rolex Series. Rolex est un fidèle partenaire de notre sport depuis très longtemps avec un vrai esprit familial. À titre personnel, Rolex est aussi un grand soutien. Ce genre de victoire est un peu une façon de rendre la pareille.” De quoi faire le plein de confiance avant Versailles. “C’est toujours une bonne chose de gagner, ça donne une belle énergie”, complète l’heureux lauréat. “Mais j’ai monté chaque épreuve de ce concours sans penser à la suite. Il sera temps d’y penser ensuite.”
Vaincu sur le fil, Steve Guerdat oscillait, lui, entre satisfaction et frustration. “Dans un tel concours, on ne se pose pas de questions. D’autant plus avec un cheval que je connais bien. J’ai donc tout essayé dès le départ. Mon cheval était formidable, mais dès le numéro 3, j’ai compris qu’il me manquait un peu de folie dans ce barrage J’ai assez vite compris que ça n’allait pas suffire”, a analysé l’Helvète. “Il y a une petite déception car c’est un concours qui me tient à cœur, que je n’ai pas encore gagné.” Une déception d’autant plus grande que le champion olympique de Londres préserve autant que possible son bai, qui ne se produit que sur quelques événements triés sur le volet.
Déjà très en forme sur l’herbe de Chantilly Classic il y a huit jours, Jordan Molga M a, une fois de plus, confirmé tout son potentiel. Cette fois, l’excellent complice de Nicolas Delmotte ne s’est pas fait piéger par le temps imparti et s’est qualifié pour le barrage, où il a signé un double zéro. Le bai n’a pas fait aussi bien que son voisin d’écurie, Ilex VP, mais pourrait bien, un jour, l’égaler, en s’imposant à son tour dans ce Grand Prix. La paire a terminé quatrième, grâce au dernier double clear round de l’après-midi. Également qualifiés pour le barrage, Lorenzo de Luca et Federico Fernandez n’ont pu éviter une faute, avec le très, très en vue Denver de Talma et Romeo, né Barachiel d’Ouilly, lui aussi en pleine forme depuis quelques semaines. Dans tous les cas, leurs chronomètres respectifs ne leur auraient pas permis d’espérer mieux qu’une cinq et sixième place.
Comme à Chantilly Classic, Mégane Moissonnier et son Bracadabra ont signé le parcours à quatre points le plus rapides au tour initial. Tous deux se sont hissés au septième rang, juste devant la championne d’Italie en titre, Giulia Martinengo Marquet, dernière invitée au tour d’honneur aux rênes de son bondissant Selle Français Delta Del’Isle.
Photo à la Une : Beau de Laubry et Kevin Staut, héros de Dinard. © Sportfot
Les épreuves du CSI de Dinard sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.