La fin d’une ère. Kent Farrington est le nouveau numéro un mondial. Après avoir occupé ce rang de mai 2017 à mai 2018, l’Américain le retrouve et met un terme aux trente-trois mois consécutifs de règne de Henrik von Eckermann. Le Suédois quitte son trône après avoir perdu les points liés à sa victoire lors de la finale de la Coupe du monde Longines de Riyad et pointe désormais en troisième position. Juste devant lui, Ben Maher accuse plus de deux cents unités de retard sur son rival états-unien.
Après trente-trois mois d’un règne sans conteste et sans partage, Henrik von Eckermann rend les armes. Devenu numéro un mondial pour la première fois de sa carrière en août 2022, le Suédois, qui avait succédé à Martin Fuchs, a fait tomber le record de longévité à ce rang, jusqu’alors détenu par son ancien mentor, Ludger Beerbaum. Menacé en février, le double champion du monde en titre a fini par s’incliner, après la perte des points que lui conférait sa victoire lors de la finale de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles 2024. Quatrième avec Iliana, vaillante remplaçante de King Edward Ress, dont la saison intérieure a été écourtée, le Suédois a cédé son brassard distinctif à… Kent Farrington, qui le retrouve huit ans après l’avoir conquis pour la première fois, en mai 2017.
Henrik von Eckermann a rendu son brassard de numéro un mondial. © Mélina Massias
Il faut dire que l’avènement de l’Américain, sept ans après avoir occupé ce même rang pour la dernière fois, est tout sauf une surprise. Henrik von Eckermann avait déjà annoncé la nouvelle courant avril. Mais, surtout, le nouveau numéro un mondial se distingue depuis le début de l’année par une réussite insolente ! Sur les seize Grands Prix internationaux dont il a pris le départ depuis janvier, Kent Farrington totalise onze classements, pour six victoires, dont quatre au niveau 5*. Grâce à Happy Hour 22, alias Myla, Toulayna van het Bloesemhof, et surtout Contina 47, alias Greya, l'États-unien, absent remarqué de la finale de la Coupe du monde de Bâle le mois dernier, est dans une forme olympique. Cette dernière, exceptionnelle fille de Colestus, lui a d’ailleurs permis de remporter une énième victoire, fin avril, à Lexington, lui octroyant cent cinquante unités de plus. Il caracole désormais en tête de la hiérarchie mondiale, éditée mensuellement par la Fédération équestre internationale (FEI), avec 3269 points, dont deux cent cinq d’avance sur son dauphin… qui n’est pas Henrik von Eckermann !
Auteur d'un début de saison plus que canon, Kent Farrington est récompensé et retrouve le plus haut rang du classement mondial, sept ans après l'avoir occupé pour la dernière fois. © Mélina Massias
Ben Maher, dont le piquet de chevaux est particulièrement étoffé et riche actuellement, a aussi doublé l’ancien numéro un mondial. Le Britannique profite notamment de sa deuxième place en finale de la Coupe du monde, obtenue avec la complicité du démonstratif Point Break. Le Britannique est, en outre, champion olympique par équipe et s’est imposé dans un Grand Prix 3* à Wellington le mois dernier en compagnie de Ginger-Blue.
Ben Maher est désormais deuxième du classement mondial Longines de saut d'obstacles. © Mélina Massias
Séparé de Ben Maher par trente-huit points, Henrik von Eckermann est désormais le numéro trois mondial. Après tant de temps passé accroché au sommet, le Suédois revient parmi les mortels et n’aura aucun regret à nourrir, tant sa longévité fut impressionnante. Comme le dit le dicton, toutes les bonnes choses ont une fin. Mais celle-ci n’est pas définitive pour le cavalier des écuries Cyor. Certes, son si généreux King Edward Ress a connu moins de réussite ces derniers mois, passant à côté de ses Jeux à Versailles l’été dernier, puis montrant quelques signes de lassitude à La Corogne puis Genève, mais le Scandinave peut compter sur d’autres très bonnes montures. D’ailleurs, l’ancien disciple de Ludger Beerbaum s’attache à trouver la relève de ses meilleurs atouts, en témoigne l’arrivée de nouvelles recrues dans ses écuries ces dernières semaines.
Après trente-trois mois de règne incontesté, Henrik von Eckermann s'incline pour la première fois depuis août 2022. © Mélina Massias
Derrière le trio de tête, Christian Kukuk, sacré champion olympique à Paris et lui aussi en grande forme, tant sur le plan sportif que personnel, puisqu’il a accueilli sa première fille il y a quelques semaines, est quatrième. L’Allemand, présent au CSIO 3* de Mannheim ces derniers jours, a perdu un rang. Steve Guerdat, toujours convalescent, conserve le cinquième rang, devant son ami et coéquipier Martin Fuchs, qui en gagne un par rapport à avril. A l’inverse, Max Kühner recule d’une position et est septième. Inspiré par Kent Farrington, McLain Ward, le seul autre Américain à être parvenu à accéder au rang de numéro un mondial ces quinze dernières années, bondit de deux places, en huitième position. Richard Vogel est désormais neuvième, tandis que Cian O’Connor, lui aussi très bien équipé, ferme la marche en faisant son entrée dans le Top 10, à la dixième place.
Malgré le bon retour d’I Amelusina R51 à Fontainebleau, Simon Delestre se voit projeter hors des dix meilleurs mondiaux. Le Lorrain est onzième et meilleur représentant français, juste devant Kevin Staut et Julien Epaillard, douze et treizième. La quatrième meilleure Tricolore n’est autre que Nina Mallevaey. La championne de France en titre est cinquante-sixième et prend surtout les commandes du classement réservé aux cavaliers de moins de vingt-cinq ans pour la première fois de sa carrière, devant Zoé Conter, une autre jeune femme en pleine ascension. Gageons que ces deux talentueuses amazones contribuent à féminiser le classement mondial, inlassablement sous l’emprise de la gent masculine. La première femme de cette hiérarchie reste Laura Kraut, dix-neuvième. Derrière elle, seules six autres cavalières - Lillie Keenan, Janne-Friederike Meyer-Zimmermann, Sophie Hinners, Erynn Ballard, Tiffany Foster et Giulia Martinengo Marquet - apparaissent au sein du Top 50.
Laura Kraut reste la meilleure cavalière du monde. © Mélina Massias
Le classement mondial Longines complet.
Photo à la Une : En accédant au trône de numéro un mondial, Kent Farrington doit être au moins aussi souriant qu’après sa victoire dans le Grand Prix CSIO 5* de La Baule l’an dernier ! © Mélina Massias