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Kannan remplace Diamant de Semilly et redevient le leader du classement mondial des étalons de la WBFSH dix ans après

Kannan
mardi 19 novembre 2024 Mélina Massias

Dix ans après, Kannan retrouve le sommet du classement des meilleurs pères de gagnants édité chaque année par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport. Le KWPN, né en 1992 et disparu en 2020, voit une petite partie de ses milliers de descendants continuer à exceller au plus haut niveau. Le bai, ancien complice de Michel Hécart sur la scène sportive, supplante deux autres grands sires ayant aussi occupé le premier rang : Chacco-Blue et Diamant de Semilly.

Ce n’est plus un représentant du stud-book Selle Français qui domine le classement annuel de la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport en saut d’obstacles (WBFSH). S’il représente le stud-book KWPN, Kannan n’en reste pas moins l’un des chouchous des éleveurs et du public français. Dix ans après avoir figuré pour la dernière fois au sommet du classement annuel de la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport, l’ancien complice de Michel Hécart retrouve les sommets et devance, en 2024, Chacco-Blue et Diamant de Semilly.

Kannan au modèle. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Né chez la famille Kramer, à Oud-Beijerland, aux Pays-Bas, Kannan est un fils de Voltaire et Cemeta (Nimmerdor). Tardif, le puissant bai n’en reste pas moins démonstratif et ne tarde pas à se tailler une réputation à la hauteur de son potentiel. Formé par le Belge de Guido Bryuninx, avec qui il participera notamment aux championnats du monde de Lanaken, attirant, comme à chacune de ses sorties ou presque, tous les regards, l’étalon éclot sous la selle de Michel Hécart, qui en fait l’acquisition en 2000 avec Alexandrine Bonnet-Dian. Si le néo-duo intègre rapidement les rangs de l’équipe de France et participe à la victoire de celle-ci lors de la Coupe des nations du CSIO de Lisbonne, puis se classe cinquième du Grand Prix du CSIO de Gijon en 2000, avant de triompher à nouveau collectivement, cette fois au CSIO 5* de La Baule, en 2001, la carrière sportive de Kannan déçoit. Perturbée par des blessures, celle-ci s’écrit en pointillés, jusqu’en 2008, date de sa dernière apparition sur une compétition. Privé des Jeux olympiques d’Athènes en 2004 en raison d’une énième blessure, le fils de Voltaire disputera toutefois les Européens de San Patrignano, bon gré mal gré, l’année suivante. 

Avec Michel Hécart, Kannan est allé jusqu'aux Européens de San Patrignano en 2005. © Dirk Caremans / Hippo Foto

“Kannan sortait vraiment du lot. C’était un cheval avec une qualité de saut hors du commun. Il n’avait pas vraiment de défaut”, confiait Michel Hécart dans les colonnes de GRANDPRIX International il y a quelques années. “Quand la santé était là, il n’y avait aucun problème. Nous avions le sentiment que rien ne pouvait nous arriver. Il donnait l’impression d’être très solide, et à mon avis, il l’était. Mais dans le sport, on n’est jamais à l’abri d’une blessure. Malheureusement, sa carrière s’est arrêtée trop tôt. Je n’ai jamais su pourquoi il était si fragile. Nous avons fait de notre mieux : des dizaines de vétérinaires ont cherché, mais n’ont rien trouvé. C’était toujours quelque chose de différent, souvent tendineux, mais jamais à la même jambe. C’est d’ailleurs pour cette raison que sa carrière sportive n’est pas très riche. Compte tenu de ses capacités, il n’a vraiment rien fait.” 

Dix ans après, Kannan redevient numéro un mondial. © Dirk Caremans / Hippo Foto 



À l’élevage, en revanche, son succès et sa longévité sont tout autres, en atteste ce nouveau couronnement. Vingt-huit ans après la naissance de ses premiers produits, Kannan, emporté par une crise cardiaque en 2020, à vingt-huit ans, reste une valeur sûre et continue de briller grâce à ses produits. Si Nino des Buissonnets, champion olympique en 2012 à Londres, Paille de la Roque, lauréate de la finale de la Coupe du monde de Las Vegas en 2015, ou encore Quabri de l’Isle, indissociable partenaire de Pedro Veniss, lauréat de plusieurs Grands Prix 5* et au départ de deux Jeux olympiques, ont durablement marqué la production de Kannan, année après année, ses poulains ont continué d’émerger au plus haut niveau. En 2024, ce sont CSF James Kann Cruz, exceptionnel gris que monte Shane Sweetnam, Nikolaj de Music, redoutable sous la selle d’Emanuele Gaudiano, Derby de Riverland, protégé de la famille Philippaerts, GL Events*Dorai d’Aiguilly, médaillée de bronze sous la selle d’Olivier Perreau avec l’équipe de France aux Jeux olympiques de Paris, la vétérante Toupie de la Roque, partenaire du Belge Pieter Devos, le champion d’Allemagne Drako de Maugré ou encore le prometteur Kannem J.A, neuf ans et auteur de très bonnes performances cette année avec Robert Murphy, qui lui permettent de briguer une nouvelle fois le rang de meilleur père de gagnants internationaux en saut d’obstacles. 

CSF James Kann Cruz est, en 2024, le meilleur produit de Kannan selon la WBFSH. © Scoopdyga

Dès la fin de sa carrière sportive et sa vente, Kannan a honoré plusieurs centaines de juments par an en France, avec un record lors de la saison de monte 2013, avec six-cent-quatre-vingt-neuf juments saillies. Depuis sa disparition, le bai brun continue de séduire les éleveurs, puisqu’une centaine d’entre eux lui ont fait confiance chaque saison, via sa semence congelée, de 2020 à 2024. En tout, plus de trois-mille-six-cent filles et fils de Kannan ont vu le jour en France et plus de six mille sont recensés sur la base de données Horsetelex.

Les performances de ses produits permettent à Kannan de totaliser 25.853 points et de prendre l’avantage sur Chacco-Blue (24.939) et Diamant de Semilly (24.839), qui caracolaient en tête en 2022 et 2023. Non content de ce titre honorifique, le fils de Voltaire, dont la lignée maternelle est encore en vogue, notamment avec l’étalon Kannan Jr., passé sous la selle de Jur Vrieling cette année, est également cinquième du classement des meilleurs pères en concours complet.



Percée remarquable pour Vigo Cécé et Colestus

Tout comme Kannan, Chacco-Blue et Diamant de Semilly peuvent se targuer d’avoir plusieurs milliers de descendants à leur actif, ce qui, mathématiquement, facilite forcément leur place sur le podium. Cela étant, la qualité des meilleurs produits du fils de Chambertin, comme de celui de Le Tôt de Semilly, est indéniable. Pour cumuler 29.939 points cette année, le Mecklembourgeois, né en 1998 et disparu en 2012, s’est appuyé sur les résultats de Veneno, né Chagran, un hongre de seize ans passé par de grandes écuries, dont celles de Cian O’Connor et Richard Vogel et désormais très compétitif au niveau 2 et 3* jusqu’en août avec le Britannique Graham Gillespie, Cornet Blue PS, classé jusqu’à 1,55m avec la Néerlandaise Amanda Slagter, ou encore EIC*Up Too Jacco Blue, excellent complice de Max Kühner, notamment lauréat du Grand Prix 5* de Ramatuelle cette année. Grâce à Chacco’s Girlstar, que monte l’Italien Emanuele Camilli depuis un peu plus d’un an, Chacco-Blue compte quatre produits dans le Top 100 des meilleurs gagnants, soit un de plus que Kannan.

Chacco-Blue sur la piste d'Aix-la-Chapelle en 2011. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Le représentant ayant rapporté le plus de points à Diamant de Semilly dans ce classement des étalons n’est autre que Blood Diamond du Pont, la perle de Julien Anquetin née chez la famille Leconnetable. Ensemble, le duo s’est distingué dans l’étape de la Coupe du monde Longines de Lyon, mais surtout à Paris, au Saut Hermès, où il a signé sa première victoire en Grand Prix 5* en mars dernier. Diamant de Semilly, protégé de la famille Levallois, est aussi à l’origine des bons Odense Odeveld, star d’Emanuele Camilli, Bond Jamesbond de Hay, remarquable étalon de Grégory Wathelet et petit-fils de… Kannan, de la bouillonnante Estrella de la Batia, que monte Julien Gonin, ou encore Alcapone des Carmille, monture du Suédois Peder Fredricson.

Diamant de Semilly et Eric Levallois. © Hippo Foto

La suite du classement est complétée par Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, qui réalise une jolie percée après avoir figuré au treizième rang en 2023, Mylord Carthago, en recul d’une place, Toulon, stable au sixième rang ou encore Cardento 933, qui gagne une place. Dixième l’an dernier, Comme Il Faut 5, père du champion olympique Checker 47 et fils de Cornet Obolensky, est désormais huitième. S’il est distancé de la tête de cette hiérarchie par plus de dix mille points, le bai, ancien crack de Marcus Ehning, est le troisième représentant du sang de Clinton dans ce Top 10. En plus de Cornet Obolensky et Comme Il Faut, fils et petit-fils du célébrissime gris, Eldorado vd Zeshoek, l’un de ses fils, est dixième. Le neuvième meilleur père de gagnants cette année n’est autre que VDL Zirocco Blue, né Quamikase des Forêts, dont les produits continuent de se distinguer d’année en année. Le fils de Mr. Blue est le troisième Selle Français du classement et est, avec Eldorado vd Zeshoek, le deuxième plus jeune sire, derrière Comme Il Faut, dix-neuf ans et d’un an leur cadet.

À dix-neuf ans, le bondissant Comme Il Faut est le plus jeune étalon du Top 10 du classement des meilleurs étalons édité par la WBFSH. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Un peu plus loin dans le classement, Casall a quitté le Top 10 tandis que quelques très belles remontées sont à noter, à commencer par celle du regretté Vigo Cécé, passé du quatre-vingt-quinzième au trente-deuxième rang ! Une nouvelle preuve de la qualité de reproducteur du fils de Quaprice Bois Margot, alias Quincy, né en 2009 et qui ne compte que cent vingt-cinq produits (!) enregistrés sur la base de données Horsetelex. À saluer également la progression de Colestus, trente-quatrième cette année et quatre-vingt-cinquième il y a douze mois.

Le classement complet.

Photo à la Une : Le style inimitable de Kannan, sous la selle de Michel Hécart. © Scoopdyga