Cette émission, c'est un peu la limite entre votre côté professionnel et votre passion. C'est difficile à gérer ?
K.B. : « Non, ce n'est pas difficile à gérer. En fait, y a un point commun entre ce que je fais dans cette émission et d'autres, et les directs du dimanche, c'est que moi avant tout ce qui m'intéresse, c'est l'animal, la sueur, les pleurs et les rires. C'est donc une continuité et ce programme-là, je le fais avec des cavaliers mais je pense qu'on pourrait le dupliquer et qu'il fonctionnerait dans n'importe quel sport. Evidemment, ça parle de cheval mais je crois que ce qu'aiment les gens, c'est la rencontre humaine.Ce qui est même impressionnant et je pense que c'est la réussite de ce programme, c'est que souvent des cavaliers m'appellent pour me dire « C'est incroyable ce que tu as obtenu de lui, comme il a pu t'expliquer ça … » Ça, c'est intéressant. Ça ne me gêne pas, je reste dans le journalisme mais je ne pourrais pas faire ce que je fais en présentant les mêmes tous les dimanches si ce n'était pas quelque chose de très profond. Ça ne peut pas être de la récitation, je ne peux pas venir avec des fiches. Il faut que j'aie bu des petits verres avec les grooms. C'est toute la filière qui m'intéresse, pas juste la petite lumière du dimanche. »
Est-ce que cette émission change votre manière de présenter le dimanche ?
K.B. : « Non, ça ne la change pas. Pour moi en tout cas, mais je pense qu'en revanche, les gens qui regardent « Profession cavalier » avec par exemple Gregory Wathelet qui est quand même un rugbyman qu'on le voit pleurer, qui est ému, ou Steve Guerdat que l'on voit à l'entraînement quelques jours avant son départ pour les Jeux Olympiques… je pense qu'après, les téléspectateurs ne les voient plus de la même manière, que ça fait tomber beaucoup d'à priori et peut-être que parfois ça déçoit les gens.Le but, et je pense que cela se ressent dans tous les numéros, c'est que ce soit vraiment à l'image des cavaliers. C'est génial et ce n'était pas gagné. Moi, ça ne change pas ma façon de faire. Les stars sont habituées aux médias mais en fait, elles se sentent tellement bien dans l'ambiance qu'on crée qu'elles sont elles-mêmes. Le coup de Philippe Le Jeune, c'est quand même flagrant. Ce type qui est quand même un terrien, un paysan belge presque, un homme mûr, champion du monde … le voir pleurer un peu, exprimer sa déprime après les Jeux. Professionnellement pour moi, ce sont des moments incroyables. Evidemment que j'ai mon côté pro où je me dis « je vais mettre ça car c'est bien pour celui qui va regarder » mais rien qu'à vivre, ça m'a confirmé dans l'idée que j'avais déjà avant que les grands champions ne sont pas des hommes comme les autres. Quand on les visite une journée entière, ça se ressent vachement. »
Le coffret qui sort maintenant, c'est un aboutissement pour vous ?
K.B. : « Oui ! Oui, parce que quand on fait ce métier se dire « Tiens, on fait un best-of », c'est sympa. Et puis une nouvelle fois, la chaîne ne répond qu'à la demande car ils ont reçu des demandes, des demandes pour l'avoir concrètement. En fait, c'est comme un pour un auteur avoir son livre, c'est comme un mec qui pense à faire un film et qui le voit en affiche … Plus modestement bien sûr, voir ce petit coffret que j'ai choisi avec les gens que j'ai choisi de mettre à l'intérieur, c'est pareil.Aujourd'hui, nous avons pour sûr deux belles saisons devant nous avant les Jeux Mondiaux. Je suis en train de faire le casting pour la saison 2013 et la pré-saison 2014 … et je crois que je vais avoir des émissions formidables. « Profession Cavalier », ce n'est pas que pour montrer des champions du monde, c'est aussi pour que l'on découvre des gens un peu moins connus qui à priori seront là demain. »
Réussir à montrer à côté du champion du monde et du champion olympique de saut d'obstacles, des champions de toutes les disciplines, c'était aussi une volonté de votre part ?
K.B. : « Oui, parce que culturellement, ça m'intéresse mais les patrons aussi voulaient ça. C'est-à-dire qu'Eric Brion, Jérôme Lenfant, Pascal Boutreau voulaient vraiment que ce soit informatif et pas juste du voyeurisme d'une star. Il fallait qu'on puisse découvrir l'homme chez les stars mais aussi d'autres gens, pas seulement les 30 meilleurs mondiaux, car la filière est large, et si possible sur les 3 disciplines olympiques même si on fait plus de CSO, c'est évident. »
Aujourd'hui, avec le succès, c'est facile à dire mais pour les patrons d'Equidia, une équipe qui doit bouger, ça a un coût conséquent … c'était quand même un sacré pari. Comment est-ce que ça s'est décidé et est-ce que ça a été difficile à mettre en place ?
K.B. : « Je vais être très sincère : ce n'est pas l'émission qui coûte le plus cher ! Loin de là. Au début, cela nous a fait très peur car on se demandait comment on allait faire techniquement. Aujourd'hui, la bonne contrepartie c'est qu'on n'est pas trop nombreux et ça évite de refaire certaines choses. On est assez léger. Les choses seraient différentes si j'avais deux scriptes, une maquilleuse, un coiffeur ... je n'en aurais de toute façon pas besoin puisque je n'ai plus de cheveux … ce serait trop lourd. C'est tout bête mais les chevaux auraient peur, les cavaliers trouveraient ça trop lourd … donc en fait, la chaîne n'a pas mis énormément d'argent. Ça coûte cher mais ce n'est pas un investissement colossal et je pense que le retour est positif. »
Quels sont les objectifs aujourd'hui ?
K.B. : « Continuer à ce que les gens soient demandeurs et aient envie de voir les prochains épisodes. Ce qui est très positif, c'est que maintenant, je vois des cavaliers qui aimeraient bien que j'aille chez eux. Ça, j'y fais très attention car je veux que ce soit moi qui aie envie d'aller là-bas, car il ne faut pas qu'ils se préparent trop au fait que je vienne. Il faut que je continue à surprendre les cavaliers pour que ça reste frais et pas trop préparé. »
FIN