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“Julien Epaillard me semble être en mission pour aller chercher une médaille”, Emeric George

Epaillard
PARIS 2024 lundi 5 août 2024 Propos recueillis par Mélina Massias

Au terme d’une épreuve qualificative très bien dosée, trente couples se sont qualifiés, lundi 5 août, pour l’ultime journée de compétition pour les sports équestres aux Jeux olympiques de Paris. Dans un format où tous les scores repartent à zéro, et où les médailles se joueront sur le même barème que celui d’un Grand Prix, tout est encore possible. Membre de l’équipe de France et habitué à côtoyer les prétendants aux titres olympiques chaque week-end, Emeric George dresse le bilan de chaque étape de cette échéance majeure pour Studforlife. Bilan de la journée écoulée et des chances individuelles pour le podium final dans cette quatrième et avant-dernière chronique. 

Le parcours

“Nous avons à nouveau assisté à une belle épreuve. De nouveaux obstacles ont été utilisés sur le parcours. Les chefs de piste, Grégory Bodo et Santiago Varela, semblent manifestement vouloir éviter de s’appuyer sur le même parc d’obstacles, afin que les couples qui ont déjà disputé les épreuves par équipes ne s’y habituent pas trop et ne prennent pas trop de repères, afin qu’il n’y ait pas de décalage par rapport aux autres cavaliers, engagés uniquement en individuel. Cela est aussi l’occasion de mettre en valeur la France et ses symboles. C’était encore un très beau parcours dans sa construction.

Emeric George salue la qualité du travail des chefs de piste, mais aussi la construction des obstacles des Jeux de Paris. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Le tracé était assez rectiligne, un peu comme les jours précédents. Pour l’instant, c’est le seul point d’interrogation que l’on peut souligner. Grégory Varela et Santiago Varela proposent parfois des tracés plus sinueux, plus fins dans la direction. Jouer sur la hauteur et la fragilité des obstacles, avec des choses assez claires sans proposer des parcours trop complexes est peut-être une volonté de leur part compte tenu du plateau assez hétérogène au stade des qualifications. Mais encore un grand coup de chapeau à eux, car je trouve que le rapport de sans-faute, vingt et un, et de parcours à quatre points rapides, neuf, qualifiés pour la finale est une très bonne proportion.”



Bilan de la qualificative individuelle

“La plupart des favoris sont au rendez-vous. Il y a bien évidemment quelques surprises, mais globalement, je trouve que tous les grands cavaliers sont passés. Je dois aussi tirer un coup de chapeau aux cavaliers du Moyen-Orient, qui ont qualifiés deux cavaliers saoudiens et un cavalier émirati. On dit souvent qu’avec les moyens que ces pays peuvent déployer, cela rend les choses possibles pour eux. En revanche, à mon sens, cela ne les facilite pas. Lorsqu’ils doivent se qualifier, ils sont seuls en piste avec leurs chevaux. Et, même pour les meilleurs cavaliers mondiaux, cela n’est pas une formalité. Il y a donc des nations qui émergent et un niveau général qui augmente, qui s’homogénéise. Il y a une belle représentation du globe et des continents dans cette finale, ce qui est une réussite.

Comme prévu, la Suisse a relevé la barre et a qualifié deux de ses trois couples pour la finale individuelle. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Parmi les favoris, comme on l’avait imaginé, les Suisses ont relevé la tête. Steve Guerdat et Martin Fuchs ont retrouvé leur maîtrise et leur aisance habituelle. Il faudra compter sur eux demain, et c’est tant mieux. À défaut d’avoir pu les voir lors de la finale par équipes, ce sont de très belles chances individuelles. Mention spéciale, définitivement, aux Britanniques dans ces Jeux olympiques. J’avais placé Ben Maher parmi mes trois favoris pour le podium individuel après la finale par équipes et, même s’il y a eu un petit couac sur le mur (Dallas Vegas Batilly n’a pas terminé son saut sur l’obstacle numéro douze, le renversant avec ses postérieurs, ndlr), je pense qu’il a toujours ses chances. Au vu de la qualité de leurs prestations, je pense qu’il y aura un Britannique sur le podium. Di Lampard et Stanny van Paesschen ont très, très bien préparé cette échéance avec leurs cavaliers.

Après avoir conquis l'or par équipes vendredi, les Britanniques sont toujours en jeu en individuel. © Benjamin Clark / FEI

Les cavaliers des Pays-Bas ont aussi été solides, en qualifiant, comme la Grande-Bretagne, ses trois couples en finale. Beauville, le cheval de Maikel van der Vleuten, me paraît un peu en dessous du niveau qui était le sien il y a trois ans à Tokyo (où le couple avait remporté le bronze en individuel, ndlr). Cela étant, ils se connaissent par cœur et sur une épreuve d’un jour, tout est possible.”



Quel scénario pour la finale ?

“Au vu de la qualité des couples, mis à part quelques cavaliers, méritants mais moins expérimentés, qui vont peut-être rencontrer un peu plus de difficultés demain, il est très difficile de dégager un podium. Je pense qu’il y a une quinzaine de couples qui peuvent vraiment prétendre au podium. Il y a une bonne moitié des qualifiés qui pourraient légitimement s’offrir une médaille.

Demain, le chronomètre devrait jouer un rôle. Les chefs de piste font devoir faire une sélection importante sur la première manche, sans mettre les chevaux en danger. Lors de la finale par équipes, l’accumulation des scores de trois couples change la donne. Les chefs de piste vont peut-être devoir trouver une autre approche dans construction de leur parcours, dans leur logiciel de tracé. Je pense qu’ils vont le faire ; les chefs de piste sont suffisamment adroits et malins. Ils ont fait un travail remarquable jusque-là et vont certainement ajouter quelques subtilités pour la finale. Au vu du niveau des couples et de la densité de la concurrence, ils vont avoir du mal à n’avoir que trois barragistes pour les médailles. À Tokyo, ils étaient six à barrer pour trois médailles. Il y avait d’ailleurs eu trente sans-faute aux obstacles lors de la qualificative. Celle de Paris a donc été plus dure, puisque neuf parcours à quatre points ont délivré un ticket pour la finale, là où faire tomber une barre était éliminatoire à Tokyo. Si on suit cette logique là, on peut s’attendre à entre trois et cinq parcours sans-faute lors de la finale. 

La joie d'Omar Abdul Aziz Al Marzooqi, cadet des épreuves de saut d'obstacles, sans-faute aux obstacles et qualifiés pour la finale avec le génial Enjoy de la Mûre sous les couleurs émiraties. © Benjamin Clark / FEI

Lorsqu’on fait des pronostics de l’extérieur, il y a également un paramètre que l’on ne maîtrise pas : celui de l’état de forme des chevaux et la façon dont ils vivent le concours. Le paramètre fraîcheur va jouer. Et puis il y a aussi la pression, l’enjeu qui vont entrer en compte. Il ne s’agit pas d’un Grand Prix 5* banal, comme ces cavaliers-là, pour la plupart, en affrontent chaque week-end. C’est un rendez-vous qui n’a lieu qu’une fois tous les quatre ans.”



Un pronostic pour les médailles

“Pour maximiser mes chances, je dirais que le podium de demain se composera d’un Britannique, d’un Suisse et d’un Français ! (rires) Je ne cite pas de nom pour la Grande-Bretagne, car ses trois couples sont vraiment très forts. Côté Français, je mettrais évidemment Julien Epaillard. Dubaï du Cèdre a l’air de vraiment bien enchaîner les parcours et a été très bonne aujourd’hui. Julien me semble être en mission. Mentalement, je le sens armé pour aller chercher une médaille. Surtout, si cela se joue au barrage, il partira en dernier et fera peur à tout le monde. C’est dommage qu’il n’y ait pas quatre marches sur le podium, car j’aurais bien laissé Daniel Coyle dans mon pronostic, quoique j’ai trouvé sa jument, Legacy, un poil moins brillante aujourd’hui. Ne donner que trois noms est très difficile !”

Emeric George voit Julien Epaillard monter sur le podium de la finale individuelle, mardi 6 août. © Benjamin Clark / FEI

Photo à la Une : Le pouce en l’air pour Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre qui ont été les plus rapides, tout en étant sans-faute, dans l’épreuve qualificative pour la finale des Jeux olympiques de Paris. © Benjamin Clark / FEI