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Julien Epaillard fait rugir le Lyon qui sommeille en lui

Sport dimanche 30 octobre 2022 Mélina Massias

Sans lassitude aucune, Julien Epaillard empile les succès, les uns après les autres. Dès lors que le Normand s’ouvre les portes du barrage, les chances de victoire de ses adversaires diminuent drastiquement. À Lyon, l’actuel numéro trois mondial, qui pourrait bien grappiller une - voire deux ? - place(s) sur le prochain classement, a tout raflé. Les deux seules épreuves ravies par ses homologues sont celles… qu’il n’a pas disputées ! Le Grand Prix Longines, les Equita Masters et la Coupe du monde : tout y est passé. Dimanche, Caracole de la Roque a une nouvelle fois signé une démonstration de vitesse, d’aisance et d’insolence, tant son barrage semblait invincible. Porté par un public toujours plus nombreux et fort heureux d’entonner une Marseillaise, l’homme de l’année a devancé Marlon Mòdolo Zanotelli et Jur Vrieling, valeureux dauphins du flying frenchman. 

Vendredi, samedi, dimanche. Épreuve de vitesse, Grand Prix Longines, Coupe du monde Longines. Toutes les excuses étaient bonnes pour Julien Epaillard ce week-end à Lyon. Pour la première fois de l’histoire du concours rhônalpin, un seul homme a caracolé en tête du tour d’honneur des trois temps forts de l’événement. Mieux encore, le Normand a tout bonnement terminé premier lors de chacune de ses apparitions sur la piste d’Eurexpo. Après sa razzia saint-loise il y a sept jours, l’actuel troisième meilleur cavalier du classement mondial Longines a remis le couvert, dimanche 30 octobre. Depuis le 16 octobre dernier, Julien Epaillard n’a tout simplement plus perdu d’épreuve.

Julien Epaillard et Caracole de la Roque au barrage.

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Les mots commencent à manquer pour décrire les performances du flying frenchman, tant elles paraissent insolentes, tant par la facilité, la rapidité, que l’efficacité et la domination dont elles sont à chaque fois couronnées. Un soixante-huitième succès international en 2022, un énième Grand Prix empoché, … les comptes sont difficiles à tenir ! Après avoir décroché deux victoires en compagnie de son produit maison, Donatello d’Auge - qui, contrairement à sa voisine d’écurie, d’ailleurs dispensée de l’exercice, “adore” les remises des prix -, Julien Epaillard a, cette fois, imposé sa chère Caracole de la Roque, née chez Michel Hécart, qui en est toujours propriétaire, même si l’intérêt pour la fille de Zandor doit être particulièrement fort. À dix ans, la belle baie semble atteindre son plein potentiel, après avoir entamé la saison à 1,40m. Parmi sa collection de flots, plaques et autres couvertures, la petite fille de Kannan a, là, mis le grappin sur sa plus belle distinction, la première dans un Grand Prix Coupe du monde, la deuxième sur ce type de format, après celle obtenue… vendredi ! Julien Epaillard, quant à lui, a apposé sa marque pour la première fois cette année en Grand Prix 5*. Comme quoi, même quand tout semble déjà acquis, il y a toujours plus à aller chercher. La dynastie de Caracole de la Roque pourrait d’ailleurs bien se poursuivre dans les mois, voire années à venir, puisque la Selle Français a engendré, par transfert d’embryon, un produit par Cornet du Lys, le 9 avril dernier.

Donatello d'Auge a pris la place de Caracole de la Roque au tour d'honneur.

Après ces quinze derniers jours absolument vertigineux, le Normand n’a pas caché son large sourire, en fin de parcours et à la remise des prix. Une remise des prix encore plus spéciale qu’elle a vu le public lyonnais, toujours présent en - très - grand nombre, entonner la Marseillaise. “On ne s’attend jamais à un tel week-end. Il faut en profiter ! Je savais qu’il restait Marlon derrière moi au barrage. J’avoue que le double de verticaux me faisait peur, et j’ai d’ailleurs eu un peu de chance. J’ai tenté de prendre un maximum de risques, sans aller à la faute. Caracole va prendre du repos et je pense la monter sur l’étape de Madrid de la Coupe du monde Longines. Elle a fait beaucoup de progrès cette année”, a commenté l’heureux lauréat.

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Marlon et Jur offrent une belle bataille au barrage

Dans un barrage ayant regroupé un nombre quasi idéal de six concurrents, la bataille a été rude et belle. Si tout le monde attendait Julien Epaillard, qui surfe sur la vague du succès avec un équilibre dont lui seul a le secret, ses adversaires se sont particulièrement bien défendus, à commencer par Marlon Mòdolo Zanotelli, dernier à entrer en piste. Le Brésilien, en pleine forme et d’une extrême régularité cette saison, poursuit sur sa lancée. Cette fois juché sur son fidèle VDL Edgar M, vainqueur du Grand Prix secondaire du CSI 5*-W d’Oslo et déjà primé au plus haut niveau, le numéro sept mondial a déroulé un barrage aussi rapide qu’il l’a pu, malgré la présence d’un nombre conséquent de verticaux, qui ne l’ont pas vraiment avantagé, comme il l’a révélé en conférence de presse, non sans un brin d’humour. Ravi de son bel alezan, le pilote avait le sourire, et il avait de quoi !

Marlon Modolo Zanotelli et VDL Edgar M.

Lui aussi auteur d’un excellent week-end en terres lyonnaises, avec ses deux montures, Jur Vrieling a achevé sa semaine avec une troisième place, aux rênes du puissant Long John Silver 3, son complice des derniers championnats du monde et doté de moyens qui semblent illimités. Le poing serré, le Néerlandais a quitté la piste aux anges, le sourire jusqu’aux oreilles.

Jur Vrieling et Long John Silver.

Elle aussi avait de sacrés motifs de satisfaction. Pénélope Leprevost, qui présentait Bingo del Tondou pour la troisième fois en Grand Prix 5*, a réalisé le dernier double clear round de l’épreuve. Le duo a forcément ravi les tribunes et confirme sa belle régularité depuis le début de l’année. En enregistrant la meilleure performance de leur parcours commun, entamé en mai dernier, après une année et demie passée aux côtés de Michel Robert, la championne de France en titre peut espérer s’amuser à l’avenir.

Cinquième, Andreas Schou poursuit sa montée en puissance. Lauréat du Grand Prix 3* de Deauville avec I Know, après avoir gagné celui du CSIO 5* Sopot avec Independent, le Danois a cette fois mis en exergue toute la puissance de son superbe étalon Darc de Lux, qui compte à son actif deux championnats, du monde et d’Europe. Dernière barragiste, la Suédoise Wilma Helström, qui a offert le premier parcours parfait de l’acte initial avec une finesse et une maîtrise impeccables, n’a pu éviter deux fautes, aux rênes de sa fidèle Cicci BJN, pour prendre la sixième place finale.

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Grégory Bodo, chef d’orchestre d’une épreuve plaisante

Lors du premier parcours, dessiné par le Français Grégory Bodo, dont le travail a été unanimement salué par les cavaliers et acteurs du sport ce week-end, plusieurs cadors sont passés à la trappe. Daniel Deusser et sa géniale Killer Queen VDM ont ainsi quitté la piste avec un score inhabituel de dix points et une faute non négligeable sur le vertical numéro six, puis en milieu de triple. Cet élément a aussi été fatal à Scott Brash, venu à Lyon avec son unique Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof). Pour autant, il y a eu des fautes partout : sur la barre de spa, le vertical suivant, sur le double de verticaux, conservé lors de la finale au chronomètre, ou bien encore sur la palanque rouge, onzième difficulté du tracé. Roger-Yves Bost, Eduardo Pereira De Menezes, Grégory Cottard, Jérôme Guéry, Max Kühner ou encore Martin Fuchs, tenant du titre et lauréat des trois dernières éditions, ont été écartés de la fête finale. Même le temps a piégé un couple, celui formé par Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper. Presque dépassé par la fougue et la folie de son fils d’Hickstead, le Lorrain a frôlé la chute avant d’aborder le triple, après avoir été déséquilibré et a perdu de précieux centièmes dans sa courbe. En revanche, les belles surprises du jour seront à mettre au crédit de l’Autrichien Gerfried Puck, associé à Naxcel V, neuf ans seulement, et de l’Irlandais Shane Breen, qui a présenté l’extravagant Cuick Star Kervec, lauréat du temps fort du CSI 3* de Birmingham à l’occasion du Horse Of the Year Show et onzième de son troisième Grand Prix 5*.

Gerfried Puck et Naxcel V.

“Je pense que nous avons eu un très bon concours, avec une montée en puissance depuis vendredi et le Grand Prix Longines pendant lequel j’ai voulu tester quelques séquences pour le Grand Prix Coupe du monde Longines de dimanche. Avec un tel niveau de cavaliers, il faut créer de l’émotion tout en restant juste dans l’esprit”, a confié le chef de piste. “Lyon est une grande piste, qui correspond presque à des dimensions extérieures. Il faut trouver un juste milieu. Avec la qualité des chevaux présents ici, nous nous devons de présenter un Grand Prix digne de cette étape, qui est l’une des meilleures du circuit de la Coupe du monde. J’ai voulu proposer un parcours présentant tout le panel que l’on doit retrouver dans le sport moderne, avec une grande variété. C’est pour cela qu’il y avait une triple barre, un mur, un obstacle étroit. Lorsqu’on essaye de trouver cette alchimie, ce qui n’est pas facile, on assiste normalement à du beau sport.” 

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Et cela a été le cas à Lyon. Pour cette troisième étape de la Coupe du monde Longines de la ligue d’Europe occidentale, Julien Epaillard a fait plus ou moins la moitié du chemin pour la finale de la Coupe du monde, prévue à Omaha, au printemps prochain. Pourtant, le Normand l’a assuré, il n’en fera pas un objectif majeur, préférant se concentrer d’abord sur les Européens Longines de Milan, puis, surtout, sur les Jeux olympiques de Paris, en 2024, vers lesquels tous les regards sont déjà tournés au sein du clan français. Absente à Lyon, Victoria Gulliksen conserve la tête des opérations, avant la prochaine échéance, celle de Vérone, le week-end prochain.

Les résultats complets ici.
Le classement général complet ici.

Crédit photo : © Mélina Massias. Photo à la Une : Julien Epaillard et sa Caracole de la Roque volante.

Toutes les épreuves du CHI 5* de Lyon sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.