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Juan Carlos Garcia s'exprime.

Interviews jeudi 17 avril 2014
Juan Carlos Garcia s'exprime. Malmené dans une affaire de substitution d'identité d'un cheval lors d'un concours national en Italie, le cavalier international Italo-Colombien va enfin pouvoir tourner la page de cette sombre histoire pour se concentrer de nouveau sur la compétition. Avant cela, il a accepté de s'exprimer sur Studforlife en livrant sa version de l'histoire.

Studforlife : Aujourd'hui, êtes-vous heureux de mettre enfin cette histoire derrière vous et de pouvoir remonter au concours sereinement ?

Juan Carlos Garcia : « Honnêtement, je suis plutôt désolé. Pendant trente ans, je me suis construit une carrière, je n'ai pas reçu un seul carton jaune, je n'ai jamais eu aucun souci de dopage, je n'ai jamais eu de souci avec personne. Alors aujourd'hui, je suis triste de me rendre à quel point, en une minute, un homme peut en salir un autre, lequel a mis trente ans à se construire, pour une connerie pareille, mais maintenant, je veux en finir avec tout cela. »

SFL : Cela a été des moments difficiles à vivre pour vous ?

JC.G. : « Oui, je pense sincèrement que c'est le moment le plus difficile que j'ai eu de toute ma carrière. Par contre, je tiens vraiment à remercier mes propriétaires, qui ont toujours su tout ce qui se passaient et qui m'ont toujours soutenu. Je travaille avec Cindy van der Straeten, elle a toujours su la vérité puisque le souci de passeport était avec un cheval qui lui appartenait ! »

SFL : Est-ce que vous pouvez expliquer ce que l'on vous a reproché en fait ?

JC.G. : « Lorsque j'ai fait mes inscriptions pour ce concours national… qui se déroulait dans les écuries où j'étais installé, j'ai envoyé un fax et je n'ai pas complété l'entièreté des noms des chevaux que je montais. J'ai juste mis « Prince » et non « Prince Jelko »… La fédération en faisant les engagements a donc été recherché le dernier « Prince » que j'avais monté, qui était « Prince de la Mare ». Juan Carlos Garcia à l'entrainement avec Luxana H.

Lorsque je suis arrivé au concours, j'ai monté le cheval et j'ai entendu au micro que ce n'était pas le bon nom mais je ne me suis pas inquiété. Pour moi, ce n'était pas grave : en Italie, les chevaux italiens gagnent le double des chevaux étrangers mais ici, c'était quand même un cheval étranger à la place d'un autre cheval étranger et ce n'était certainement pas pour améliorer les performances de Prince de la Mare qui n'était pas à vendre. Le lendemain, j'ai de nouveau entendu Prince de la Mare au micro, je me suis dit qu'il fallait vraiment que l'on corrige cela. Je me suis rendu au secrétariat mais on m'a dit que c'était trop tard que cela resterait comme cela. Alors évidemment quand l'histoire a éclaté, je n'ai rien compris. Aujourd'hui encore, je me sens vraiment innocent car je n'ai jamais voulu tirer profit de cette situation d'aucune manière que ce soit. C'est stupide, c'est juste une erreur administrative qui je pense est déjà arrivée à n'importe quel cavalier, de n'importe quel niveau. Certains l'ont fait exprès et d'autres non. Je pense vraiment être avant tout une victime politique car je ne ferai jamais exprès une chose pareille, c'est certain. »

SFL : Certaines personnes ont profité de cette histoire pour vous nuire, c'est difficile à vivre ?

JC.G. : « C'est même plus simple que cela : cette histoire a été créée pour me nuire ! J'ai aujourd'hui toutes les preuves montrant cela. La personne qui a déposé plainte à mon encontre a dans un premier temps expliqué qu'elle avait fait cela car son épouse monte à cheval… pourtant, il ne s'est jamais présenté à aucun des trois procès autour de cette affaire. La police a ensuite fait appel à un détective privé. Celui-ci a démontré que mon accusateur n'avait jamais été marié, mais qu'en plus il s'agissait d'une personne qui avait déjà fait de la prison et qui avait déjà accusé diverses personnes de contre paiement. Dans mon cas, il a été payé 600 euros… mais je ne sais pas encore par qui ! Cela prendra le temps qu'il faudra mais personnellement, j'ai envie de savoir qui est vraiment derrière cette histoire pour pouvoir tirer un trait définitif sur cette histoire. Lors du premier procès, il y avait une personne qui montait à cheval dans le jury et j'ai gagné, je n'avais même pas de mise à pied. Lors du second procès, c'était des gens qui n'avaient rien avoir dans les chevaux et là, ils m'ont donné six mois de mise à pied. Mais pour eux, dans leur esprit, à partir du moment où nous faisons les engagements, on ne devrait plus pouvoir changer de cheval, alors que parfois, nous devons faire nos engagements plusieurs mois à l'avance. J'ai ensuite fait un appel qui a été jugé au plus haut niveau des sports et nous avons trouvé un accord qui ne me donne aucun jour de suspension mais qui me demande de m'occuper pendant quinze jours de juniors ou de young-riders que la fédération italienne décidera d'envoyer chez moi. J'ai accepté cet accord car je veux monter ! Je ne veux pas rester encore quinze jours ou un mois arrêté ! »

SFL : Ce n'est pas étonnant d'être à la fois traité comme un criminel et comme « punition » de servir de guide à des jeunes cavaliers ?

JC.G. : « Cela a été jugé trois fois et trois fois, les gens ont pensés différemment. La dernière fois, on m'a juste dit « trouvez un accord et remontez à cheval ! »…  »

SFL : Cela représente quand même beaucoup d'énergie dépensée, non ?

JC.G. : « Oh oui. Beaucoup d'énergie mais aussi beaucoup d'argent pour rien du tout à la fin. Juste pour faire parler les gens et être mal dans sa peau inutilement. La seule chose positive que j'ai pu tirer de cette histoire, c'est que j'ai vu les personnes pour qui je comptais vraiment. Comme expérience, je ne souhaite à personne de la vivre. Pour une erreur administrative, on se retrouve jugé comme un criminel. » Choumi des Vergers Z (Clapton & Lotus Blume)

SFL : Actuellement, il y a beaucoup de sujets sensibles comme le dopage ou la maltraitance, et finalement, c'est une histoire de papier qui fait beaucoup de bruit.

JC.G. : « Je trouvais cela bizarre, d'autant que cela est arrivé dans un national qui se déroulait au sein des écuries où j'avais mes chevaux… et où j'ai reversé mes gains à une fondation pour aider les gens car c'est un concours organisé en la mémoire d'une personne disparue. Je suis aussi en Italie le seul cavalier ambassadeur de « Just a World ». Les juges ont vérifié tout cela… mais aujourd'hui, je dois rembourser des gains que je n'ai pas perçus. J'avais vraiment le sentiment que plus on essaie d'aider les gens, plus on doit être maltraité ! Je n'arrive pas à comprendre comment des gens, qui sont pris pour du doping sur leurs chevaux, s'en sortent sans rien et que pour une connerie pareille, tu te retrouves avec trois fois plus de problème ! Je n'ai pas encore de réponse à cela… mais peut-être que je ne suis pas dans le bon pays pour cela ! »

SFL : Avez-vous bien fait de choisir de monter pour l'Italie au lieu de la Colombie ?

JC.G. : « Ca, c'est une très bonne question ! L'Italie, c'est un pays que j'adore… mais dans la mentalité, je ne corresponds pas vraiment. Ils ne sont pas pratiques, ils voient des petites choses et cela parle, parle et parle encore, mais ça ne débouche jamais sur quelque chose de concret. On le voit au sein de notre équipe. Il y a beaucoup de possibilités, beaucoup de bons chevaux, mais il n'y a jamais rien de concret. »

SFL : Maintenant, le futur !

JC.G. : « Le futur ! (rires) Ce qui est certain, c'est que je dois apprécier plus les gens qui étaient autour de moi durant cette épreuve. »

SFL : Pour les prochains mois, vous vous retrouvez avec un piquet plus fourni puisque vous bénéficiez également des chevaux de votre élève Cindy Van Der Straeten qui est actuellement enceinte, est-ce que cela vous ouvre de nouvelles possibilités ?

JC.G. : « Cette année, cela va être un peu spécial pour moi car j'ai décidé de venir m'installer en Belgique après le CSIO***** de Rome. Je ne sais pas encore exactement où et comment, mais après cette histoire, je pense que l'étranger est mon pays. Ce n'est pas dans mon tempérament de rester assis pendant 4 ou 5 heures à parler. Peut-être qu'un nouveau pays, avec un nouveau sponsor, cela va ouvrir sur beaucoup de choses de bien. Après, c'est certain que le piquet de chevaux de Cindy va me permettre de bien gérer mon piquet et de pouvoir aller au concours chaque week-end avec des chevaux différents. Mon objectif principal reste les championnats du monde en Normandie. Mon cheval, Bonzai vd Warande, est assez expérimenté et je pense faire 7-8 concours avec lui sur la saison, pas plus, pour qu'il reste bien frais en vue des championnats. J'ai une très bonne relation avec notre chef d'équipe, Hans Horn, qui est un véritable homme de cheval et qui comprend ce qu'il faut pour chaque cheval. Je suis vraiment content de travailler avec lui car il me laisse beaucoup de liberté. L'Italie n'est pas un pays d'élevage, c'est aussi une des raisons pour laquelle j'ai envie de m'installer en Belgique, où j'aurais peut-être l'opportunité de pouvoir disposer de plus de chevaux. C'est aussi un pays très pratique, qui correspond bien à ma mentalité, et aussi à ma monte, puisque Toronto vd Padenborre et Bonzai vd Warande viennent également de Belgique. Mon rêve est toujours de participer aux Jeux Olympiques, que ce soit en obstacle ou en complet ! »