Les Journées Selles Français se sont clôturées par le classement des dix meilleurs 3 ans du championnat de France.
Nous avons rencontré les éleveurs des deux premiers classés pour qui ce championnat est une véritable consécration pour leur élevage. Le champion de France 2009, Shampagne Batilly est issu de la remarquable souche de Rochet M et Night Train (ex Calimero des Hayettes Z) alors que son dauphin, Siwing de Triaval, fait les honneurs de sa mère qui avait un produit présent à Saint Lô dans chaque catégorie d'âge.
Comme l'an dernier, c'est un fils de Quaprice du Bois Margot qui remporte le championnat de France des 3 ans. Après Rissoa d'Ag en 2008 propriété du Haras du Bois Margot, c'est au tour de Shampagne Batilly né chez Jean Pierre Viollet, qui n'est autre que le beau-père de Rodolphe Bonnet, propriétaire du haras du Bois Margot.
SFL : Comment aviez-vous acquis la souche de Shampagne ?
Jean Pierre Viollet : Cette souche, c'est tout simplement l'histoire de notre élevage. J'avais acheté cette jument pour que ma fille Laetitia puisse faire du concours mais son entraîneur ne voulait pas qu'elle l'utilise.
Je me suis dit que ce n'était pas grave et j'ai décidé de lui faire faire un poulain. A ce moment là, je ne savais même pas qu'en fait, j'avais acheté la s?ur de Rochet Rouge. Ce fut la première jument qui arriva à Batilly pour se convertir à l'élevage. Elle nous a donné quelques produits dont Illico de Batilly et Kim, la grand-mère de Shampagne. Nous avions mis la mère de Shampagne au travail chez Patrice Delaveau quelques mois, mais lorsque nous avons vu la qualité de sa production : nous l'avons arrêtée et elle nous a donné d'autres produits derrière Shampagne.
Je m'étais dit que ce serait bien d'avoir une poulinière puis finalement, j'en ai eu deux puis trois … et aujourd'hui, nous avons une dizaine de poulinières à l'élevage.
SFL : Que possédez-vous encore de cette souche ?
Nous avons trois propres s?urs de la mère de Shampagne. Ce dernier était son premier produit. Nous avons ensuite fait deux transferts lorsqu'elle était chez Patrice Delaveau et j'ai eu trois poulains de L'arc de Triomphe et Quaprice qui prendront trois ans l'an prochain.
SFL : Est-ce que vous espériez un aussi bon résultat avec Shampagne en venant ici ?
Nous l'avions vu beau poulain et c'est pour cela que nous avions rapidement remis la mère à la production. Ensuite, nous avions vu à un puis deux ans sa qualité de saut et il restait un poulain assez chic même s'il était défavorisé par sa croissance et n'était pas prêt à deux ans. Sa mère est encore suitée cette année de deux propres frères de Shampagne et c'est un véritable bonheur dans notre élevage car sur les 12 poulains que nous avons cette année à l'élevage, celui qui ressort et domine par son chic est le propre frère de Shampagne.
SFL : Le choix de Quaprice était-il uniquement un choix « familial » ?
Non, pas du tout ! A l'élevage de Batilly, c'est Laetitia qui gère tout. C'est elle qui choisit les chevaux que l'on garde et ceux que l'on vend tout comme la génétique. Toute la réussite de l'élevage repose sur les choix et les décisions de Laetitia et c'est à elle que je dois ce grand moment de bonheur aujourd'hui. Moi, je ne suis présent que matériellement alors que c'est elle qui régit tout l'élevage.
Tout cela pour dire que le jour où Laetitia a choisi Quaprice, nous n'avions à l'époque aucun lien de parenté, ni aucune relation avec Rodolphe. Notre rencontre avec Rodolphe s'est passée un peu plus tard lors d'une enchère aux ventes Fences sur la mère de Jarnac. Nous étions désolés de ne pas l'avoir eu et quelqu'un nous a fait rencontrer Rodolphe pour racheter cette jument mais au final, nous n'avons pas racheté cette jument … mais une autre.
Mais c'est clair qu'aujourd'hui, grâce à Quaprice, c'est la participation Bois Margot ? Batilly, qui nous permet de faire la belle fête de famille que nous vivons aujourd'hui.
A la seconde place, on retrouvait Siwing de Triaval (Bon Ami x Almé) qui faisait la fierté de son éleveuse, Catherine Palmer, présidente de l'Association des Eleveurs de Chevaux de Selle d ' Ile de France « Tout le mérite revient surtout à sa mère, Darling de la Triade. Son premier produit, Rekor de Triaval (Mr Blue) a été approuvé à la monte l'an dernier. Il faisait déjà partie des meilleurs produits de sa génération et cette année, son second produit prend la seconde place de sa génération alors que son troisième produit, propre frère de Siwing, était également qualifié pour le championnat de France des 2 ans tout comme le petit dernier, Viktor de Triaval (Poor Boy) qui prendra la 12 ème place du championnat de France des jeunes poulains mâle. C'est vraiment elle qui mérite une ovation.
SFL: Comment avez-vous acquis cette souche ?
En fait, j'avais acheté la mère de Darling, Miss Grandrieux. Cette jument était née chez le Dr Pradier qui l'avait vendue puis un jour, il me dit que c'était le meilleur cheval qu'il avait fait naître et il m'a dit qu'il fallait absolument que je la récupère car c'était pour lui la jument idéale pour Almé. En fait, à l'époque, j'avais des parts d'Almé et I Love You … mais il venait juste de me faire acheter une autre jument en me disant la même chose, donc j'avais un peu hésité mais finalement, je l'ai achetée et 12 jours plus tard, elle venait en chaleur et elle est partie à la saillie d'Almé. C'était une jument pleine de sang, qui en avait même un peu trop, mais cela convenait parfaitement à Almé. Darling avait obtenu quant à elle une note de 19/20 à l'obstacle à 3 ans.SFL: Pourquoi avez-vous choisi Bon Ami pour Darling ?
Parce que j'aime les chevaux gris et que je ne choisis donc que des étalons gris ! La seconde raison c'est que la jument prenait difficilement et je préférais donc utiliser des étalons « vivants » comme je dis, c'est-à-dire du frais ! Or, Bon Ami n'était pas très loin de chez moi. J'y avais été le voir, on nous l'avait sorti dans la carrière et à 20 ans, le cheval se déplaçait encore comme un seigneur. Je suis rentrée dans son boxe, il avait bon caractère et ça pour moi, c'est quelque chose de très important.
Les performances, c'est bien mais il faut aussi qu'il y ait le caractère et le modèle. Puis lorsqu'on les voit, comme c'était le cas pour I Love You, se déplacer à 20 ans comme cela, c'est vraiment important. En fait, la seule chose que je peux reprocher à Darling, c'est de ne m'avoir fait que des mâles jusqu'à présent. Elle m'a fait son 4 ème cette année alors que je ne souhaite qu'une chose, c'est pouvoir conserver une femelle. Je l'avais mise cette année à Norton d'Eole mais elle n'a pas remplie. Elle y retournera l'année prochaine en espérant avoir une pouliche grise. Je pense que si Siwing avait été gris, je ne l'aurais pas vendu d'ailleurs. »