Joris de Brabander ou la réussite de l'élevage belge !

Aujourd'hui, Joris de Brabander nous donne sa vision d'un bon élevage.

Comment choisissez-vous vos croisements ?

Ca vient comme ça, je ne réfléchis pas. Je choisis l'étalon au moment où je dois inséminer la jument. Mon seul but est de réussir à avoir de bons chevaux car ce sont les seuls que l'on sait vendre. Le côté « commercial » ne m'intéresse pas. Le problème, c'est que j'aimerais beaucoup utiliser de grands cracks performers mais ils sont souvent difficilement disponibles ou l'on a souvent du congelé de mauvaise qualité et c'est pour cette raison qu'au final, j'ai beaucoup de poulains de mes propres étalons car le taux de réussite est beaucoup plus élevé.

En fait, j'essaie toujours d'avoir une ou deux porteuses pleines rapidement avec du sperme frais puis après, je prends de plus grands risques.

Aujourd'hui, lorsqu'on voit la renommée de Chin Chin, c'est un peu votre succès grâce à Qerly Chin, Ta Belle van Sombeke, Triomphe de Muze, Tolano v't Riethof qui sont nés chez vous ou que vous avez acheté sans compter ceux que vous avez fait pour vos clients Roosakker, Padenborre …Comment avez-vous découvert ce cheval ? Pourquoi l'avez-vous utilisé et pourquoi ne l'avez-vous plus utilisé lorsqu'il est revenu en Europe ?

Chin Chin, je l'ai remarqué à la télévision lorsqu'il faisait la finale de Coupe du monde, je pense. Il sautait extraordinaire et j'ai remarqué toutes ces qualités ce jour là. En l'utilisant, j'ai vu que sa production confirmait ses qualités mais j'ai également remarqué qu'il avait des défauts et plus je l'ai utilisé, plus j'ai remarqué les petits défauts. Nous avons eu une trentaine de produits avec Chin Chin et je dois dire que j'ai eu énormément de chance avec lui mais lorsqu'il est revenu en Europe, je n'avais plus le courage pour recommencer. D'un autre côté, avec Tabelle et Qerly Chin, je pense que j'avais les deux meilleures Chin Chin jusqu'à maintenant et de ce fait, Chin Chin était déjà très présent dans mes lignées.

C'est un peu la même chose avec Quidam de Revel, au début, je l'ai beaucoup utilisé mais maintenant, je ne l'utilise plus car il est déjà très présent dans mes souches alors j'essaie un peu d'autres étalons. A Pikachu de Muze (Kannan & Ta Belle van Sombeke (Chin Chin))

Et aujourd'hui quels sont les étalons qui vous font un peu « rêver » ailleurs ?

Je ne sais pas, je cherche ! Je trouve qu'il n'y a pas vraiment d'étalons qui sortent de l'ordinaire. Je pense que cela vient aussi du fait qu'il y a dix ans, nous avions des chevaux assez normaux et que nous utilisions des cracks mais aujourd'hui, nous avons de bons chevaux aussi et la différence entre les chevaux que l'on voit ailleurs et les nôtres n'est plus si grande. Ce qui n'empêche pas que dès que je vois un bon cheval, j'essaie de l'utiliser. J'ai utilisé Tornado, le fils de Darco qui a évolué sous la selle de Michael Whitaker … mais ce n'est pas récent. J'ai également utilisé un peu Marius Claudius dès qu'il a été disponible en Hollande et je pense que je vais également utiliser Arko. J'ai également utilisé Sandro Boy et For Pleasure … mais aujourd'hui, je ne vois pas.

 Exellentia de Muze (For Pleasure & Narcotique II de Muze (Darco))

On peut également remarquer que votre ascension et celle de Nabab de Rêve sont assez liées. Comment l'avez-vous acquis ? Qu'est-ce qui vous a plu et qu'est-ce qui vous plait toujours chez lui ?

 La plus grande qualité de Nabab, c'est son caractère ainsi que les moyens qu'il donne aux chevaux. Pour moi ce qui est vraiment important c'est qu'il donne des chevaux honnêtes avec un bon caractère qui sautent toujours. De plus, il donne souvent des chevaux avec toute la force. Nabab de Rêve (Quidam de Revel & Mélodie en Fa (Artichaut)) C'est certain quand on regarde, je l'ai acheté poulain, il a aujourd'hui 18 ans … il me rapporte un peu d'argent. C'est un peu tout cet ensemble qui fait que c'est le cheval de ma vie jusqu'à maintenant. Puis lorsque l'on voit Kashmir van't Scuttershof et Vigo d'Arsouilles, ce sont déjà deux cracks… qui m'appartiennent aussi. En fait, Nabab a très peu de vrais défauts.

Vous êtes éleveur mais vous avez néanmoins acheté Nabab de Rêve, Vigo d'Arsouilles, Ohio vd Paddenborre … lorsqu'ils étaient poulains. Qu'est-ce qui vous intéresse à aller toujours acheter des poulains ? Vous n'êtes jamais satisfait de votre propre production ?

Je pense d'abord que c'est une démarche pour servir les clients car j'ai continuellement besoin de nouveau apport de sang. On ne peut pas toujours continuer avec les étalons que l'on a, il est important de trouver d'autres origines et d'autres chevaux. Je pense d'ailleurs que c'est grâce à cela que j'ai aujourd'hui des chevaux comme ceux que j'ai aujourd'hui. 

Ce qui est par contre étonnant, c'est que contrairement à la logique de beaucoup de personne, vous aimez aller acheter des chevaux dont les éleveurs et les souches ne sont pas connues, voire même tout à fait inconnues lorsque vous achetez les poulains.

Oui, c'est vrai mais moi, j'aime bien réussir à dénicher de très bonnes souches inexploitées. Par exemple, la souche de Qerly Chin n'existait pas, je l'ai créée moi-même. Maintenant, je pense avoir encore quelques souches avec une histoire un peu identique. Je pense que c'est plus intéressant que continuer avec des souches que tout le monde a. La souche de Vigo ou de Erco étaient également des souches très peu nombreuses mais de très bonne qualité.

Comment jugez-vous l'évolution du transfert d'embryon ? Cela reste une pratique très coûteuse et pourtant elle semble de plus en plus utilisée par des éleveurs qui se plaignent souvent pourtant de ne pas savoir vendre leurs poulains. Est-ce que vous pensez que cette pratique est toujours justifiée ?

Je pense qu'il y en a quelques uns qui ont fait un travail magnifique grâce à cela. Je pense particulièrement à Daniel Boudrenghien qui a sorti tous ses bons étalons comme Ogano Sitte et Ugano Sitte grâce aux transferts. Hubert Hamerlinck a également eu beaucoup de chance avec le transfert avec Bentley vd Heffinck ou encore Boris vd Kluizenbos. Moi-même, j'ai eu plusieurs étalons comme Triomphe, Pikachu, Taran, Bamako, Querlybet … et bien d'autres. Maintenant, Jos Ceulemans qui attend 5 embryons de Withney vd Dwerse Hagen et si il veut vendre, il pourra vendre un embryon 25.000 euros sans difficulté. Maintenant, il est certain que si la jument n'est pas assez bonne, cela ne sert à rien de faire des transferts avec. En principe, je trouve qu'une jument qui est compétitive sur 1m40, c'est le minimum pour faire du transfert. Maintenant, je pense qu'il y a aussi de bonnes juments qui ne font que des épreuves 1m30 et qui sont intéressantes. Je pense qu'il faut des juments qui sont compétitives chaque week-end. Le meilleur exemple, c'est Pin Chin vd Padenborre, c'est fantastique une jument comme elle.

Je pense que les chevaux de concours hippiques sont faits pour les transferts et je pense qu'au final, c'est peut-être la seule race au monde qui va faire des progrès énormes grâce aux transferts d'embryons car on n'est plus obligé d'arrêter la carrière d'une jument pour donner des poulains.

Mais par contre, ne risque-t-on pas de s'enfermer dans quelques souches maternelles ?

Oui, ça c'est un risque. Un grand risque même ! Je pense qu'il ne faut pas exagérer et c'est aussi pour cela que dans mon système, je ne dois pas me concentrer sur une seule souche. Mais je pense que cela va également permettre de développer de nouvelles souches et également d'en sauver certaines qui sans cela auraient été perdues à tout jamais.

La suite demain !