Deuxième volet de notre long entretien accordé au célèbre éleveur belge, Joris de Brabander.
Chaque année, vous présentez différents produits à différentes expertises. C'est une certaine forme de reconnaissance de votre travail, mais on voit également de nombreux jeunes entiers qui disparaissent à l'étranger peu de temps après. Pour vous, est ce que ces différentes expertises représentent une certaine démarche commerciale ?
Oui quand même ! Ce qui est certain, c'est que j'essaie toujours de garder les meilleurs … mais comme le jury n'a pas toujours les mêmes idées que moi … il arrive que je vende des étalons qui ont été admis alors que je garde également assez souvent des étalons qui ont pourtant été refusé mais deviennent de bons chevaux après.
On entend souvent des critiques à propos des mauvais chevaux acceptés par le jury et des bons refusés, mais sont ils réellement les seuls responsables ? Le spectacle qu'offrent certains étalonniers au public ne rend-il pas la tâche du jury plus difficile ?
Je pense en effet que c'est le système qui est responsable. Le système demande que les chevaux sautent très bien au moment où le jury les observe alors parfois, ils approuvent des chevaux qui sautent par hasard très bien à l'expertise alors qu'ils refusent de bons chevaux qui ont une mauvaise journée. Je trouve qu'il serait plus simple pour eux de me demander lequel est mon meilleur cheval au lieu de regarder eux-mêmes. Je trouve qu'ils pourraient quand même me demander mon avis, comme ça au moins, ils auraient une petite information supplémentaire…
Mais est ce que vous pensez que tous les étalonniers sont réellement capables de dire et même de savoir quels sont leurs bons chevaux ?
Hum… je pense quand même que ceux qui ont élevé les chevaux, qui les voient tous les jours sont censés mieux connaître leurs chevaux que le jury. Après peut-être ne le savent-ils pas tous mais je suppose quand même que les étalonniers professionnels en sont capables.
Chaque année, on voit vos concurrents se battre à coup de publicité alors que vous restez tout à fait absent de cette compétition en papier glacé. Pourquoi ?
Tout simplement parce que ma femme me dit que l'on a bien assez de travail comme cela et que cela ne sert à rien de faire de la publicité (rires). Je pense que cela peut être quelque chose d'intéressant mais lorsqu'on a assez, on a assez !
Pourtant vos étalons ne manquent pas de juments à saillir …
Parfois un peu les jeunes, mais je n'aime pas pousser trop les étalons. C'est délicat de pousser des étalons qui n'ont pas encore de performances et dont on ne sait pas si ce sont vraiment des bons ou pas. Je pense que parfois c'est une erreur. Le meilleur exemple, c'est Up Chiqui (Quidam de Revel x Chin Chin) qui est actuellement un des meilleurs chevaux au monde et que je n'ai jamais poussé chez les éleveurs.
Comment réussissez-vous justement à gérer toutes vos casquettes d'éleveur, étalonnier, vétérinaire, propriétaire ?
(Réflexion) Je sais ! Je me sens avant tout comme un éleveur. J'ai fait mes études de vétérinaire parce qu'il fallait bien que je fasse quelque chose. Le travail en lui-même ne m'a jamais véritablement passionné alors que je suis véritablement passionné par l'élevage. Mon métier, grâce aux transferts d'embryons, m'a simplement aidé à produire de bons chevaux et ça m'aide à faire mon boulot, tout simplement. Le reste : étalonnier ou propriétaire de chevaux de concours, c'est surtout en fonction des commerces que je fais.
La suite demain !