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Johnny Semilly, Juliana de Champloué et Jericho d’Oz offrent un titre bellifontain à la famille Levallois, Jean-Marie Charlot et Géraldine Hieronimus

Johnny Semilly a offert un nouveau titre de champion de France à Clément Fortin et au haras de Semilly.
Elevage samedi 6 septembre 2025 Mélina Massias

La carrière d’honneur du site du Grand Parquet a rendu son verdict dans le championnat des chevaux de six ans. Jericho d’Oz, Juliana de Champloué et Johnny Semilly ont été menés à la victoire par Valentin Thafournel, Eric Lelièvre et Clément Fortin. Sous les yeux de leurs éleveurs, Géraldine Hieronimus, Jean-Marie Charlot ainsi qu’Anne-Sophie et Richard Levallois, ces trois jeunes pousses ont posé les bases de leurs carrières à venir. 

Cette année, hongres, entiers et juments courent dans leur propre catégorie les finales nationales de quatre, cinq et six ans organisées par la Société hippique française (SHF) sur le site du Grand Parquet. Après la génération 2021, sacrée mercredi, celle née en 2019 a été récompensée, samedi 6 septembre, au terme d’une épreuve en deux manches. Trois nouveaux champions ont été couronnés, dans un scénario ayant connu quelques flottements liés au règlement, rendant parfois difficile la lecture de la progression de ce championnat divisé en trois. Pour autant, cette formule nouvelle génération a permis à trois fois plus d’éleveurs qu’il y a quelques années de savourer le bonheur de voir un produit de leur élevage décrocher le titre suprême. Ainsi, Anne-Sophie et Richard Levallois, Jean-Marie Charlot et Géraldine Hieronimus ont admiré, les yeux brillant d’émotions, Johnny Semilly, Juliana de Champloué et Jericho d’Oz défiler en tête de leur tour d’honneur respectif.

Johnny Semilly met le feu au Grand Parquet

Sur le terrain en herbe de la carrière d’honneur, Johnny Semilly a mis le feu. Le fils d’Ekano DKS et petit-fils de Le Tôt de Semilly a fait étalage de ses qualités sous la selle de Clément Fortin. Passage de dos, aisance, qualité de saut : le gris semble avoir tous les ingrédients pour franchir, a minima, le cap des sept ans l’an prochain. Préservé et bichonné au haras de Semilly, en Normandie, Johnny Semilly commence à révéler l’étendue de son talent. À égalité avec Jalisco de Coquerie (Candy de Nantuel x Helios de la Cour II), le gris a finalement tiré son épingle du jeu pour s’imposer.

“Johnny est un fils de notre jeune étalon Ekano DKS. Nous sommes très contents qu’il se soit imposé dans ce championnat, car il offre une belle promotion à son père, en lequel on croit beaucoup. Nous avions également Jordania Semilly, qui a fait une faute sur le dernier, mais est une bonne jument”, se réjouit Anne-Sophie Levallois, dont le nouveau champion aurait bien pu ne jamais voir le jour. “Nous avions acheté la grand-mère de Johnny, Shannon, qui était complètement subfertile ! Nous l’avions fait saillir à Le Tôt et Richard était très content de récolter un embryon. Cet embryon a donné Santana Semilly, la mère de Johnny. Elle a été championne de Normandie à trois ans et a participé au championnat de France à quatre. Comme nous n’arrivions plus à avoir d’embryon avec sa mère, dont nous aimions beaucoup la souche, nous l’avons vouée à la reproduction. Elle nous a déjà donné deux étalons : El Star (Quick Star) et Fighter Semilly (Bisquet Balou van de Mispelaere). Santana est assez costaud. Nous l’avons croisée avec Ekano pour alléger le type, et nous sommes très contents du résultat. Cela donne un cheval plus léger, plus moderne. Nous sommes allés doucement avec Johnny, qui est un cheval assez sensible. Il a été monté à quatre et cinq ans par une jeune cavalière (Axelle Genier, ndlr), avec laquelle il a fait les championnats de France l’an dernier, et nous l’avons confié à Clément Fortin, qui a une équitation très fine et est toujours avec ses chevaux, cette année. Il s’entend très bien avec lui et nous sommes ravis qu’il ait pu finaliser les choses aujourd’hui. Nous savions que Johnny a un grand potentiel, mais on ne peut jamais vraiment s’attendre à voir un cheval concrétiser le jour J.”

Outre Fighter et El Star Semilly, se trouve aussi Giotto II (Le Tôt de Semilly), étalon des haras nationaux, dans la souche de Johnny. Giotto II a été crédité d’un ISO 161 en 2004, après s’être très régulièrement classé à 1,50m avec Bernard Duhamel. Son propre frère, Elkintot, a lui disputé les Jeux équestres mondiaux de Jerez de la Frontera en 2002, dont il a terminé dix-huitième, puis les Européens de Donaueschingen, et a évolué sur les plus belles pistes du monde avec l’Italien Massimo Grossato. Enfin, le troisième produit du croisement entre Shannon et Le Tôt de Semilly né chez Yves Le Tousey, Laristote, a engendré Aristot, un temps sous la selle de Guy Jonqueres d’Oriola puis vu jusqu’à 1,50m sous selle chilienne. Pour Johnny Semilly, bon sang ne saurait donc mentir.

Anne-Sophie Levallois félicite son champion, Johnny Semilly. © Mélina Massias

Dauphin de Johnny Semilly, Jostakin’ka signe une très belle remontée sous la selle de Pierre-Marie Friant et s’offre l’une des trois mentions Excellent mises en jeu. Le bai, fils de Guccio, alias Vleut, et d’une mère par Lucciano, s’est montré très sérieux sur ses deux manches, pour boucler l’une des trois seules prestations parfaites cette semaine aux côtés de Pierre-Marie Friant. Débuté en concours complet à quatre ans par son éleveuse, Marie-Caroline Castagne, Jostakin’ka ne manque pas de collatéraux indicés en compétition. Sa mère, elle aussi élevée par Marie-Caroline Castagne, a sauté jusqu’à 1,40m en France, tandis que cette lignée maternelle est celle de Quracao de la Roque, alias Quister, classé à 1,60m avec Jane Richard et Beezie Madden. 

Le podium est complété par le phénoménal Joe de Cerisy. Née chez Gabrielle et Laurent Vincent, qui n’ont pas caché leur grand sourire à la remise des prix, l’alezan brûlé aux moyens colossaux a survolé ces deux manches de finale sous la selle de Deborah Lefebvre, installée dans l’Indre, à Argenton-sur Creuse. Fils de Chrome d’Ivraie et petit-fils de Kannan, l’étalon de six ans semble avoir hérité des qualités de son grand-père, Jarnac, en plus de sa belle robe chocolat. Pétri de force et doté d’une amplitude gigantesque, qui lui a permis une petite facétie après la rivière, où il a retiré une foulée pour aborder le vertical suivant en première manche comme si de rien n’était, Joe de Cerisy trouve son origine à l’élevage du regretté Jules Mesnildrey. Noblesse de Semilly, sa grand-mère, est aussi celle d’un certain Gary de Cerisy (Up To You), très prometteur à huit et neuf ans sous la selle des frères Allen, et récemment vendu au Qatar. 

James Bomb Treize (Casall x Action Breaker) et J’Or Dan du Pomiez (Douglas du Gué x Landjuweel Saint Hubert) complètent le Top 5 sous la selle de Maximilien Lemercier et Laëtitia Mailly. Parmi les bons éléments de cette génération, Just So Special (I’m Special de Muze x Kashmir van’t Schuttershof), vainqueur de la seconde qualificative avec Arthur Le Vot, n’a pas démérité, échappant une faute en première manche. L’excellent Jacadi du Paradis (Clarimo x Erco van’t Roosakker), qui continue d’évoluer dans le bon sens, a refusé de franchir la sortie du triple, avant de rectifier parfaitement à la seconde tentative pour terminer sans la moindre barre à terre mais un score de neuf points aux côtés de Leo Thomazo, qui avait guidé Lamborghini Riverland à la victoire mercredi. 

Les résultats complets.



Juliana de Champloué ajoute une nouvelle page à l’histoire de l’élevage de Jean-Marie Charlot

“Juliana a une histoire un peu exceptionnelle”, s’enthousiasme Jean-Marie Charlot, qui a remporté son deuxième titre de champion de France en tant qu’éleveur, après celui décroché dans les cinq ans en 2022. “Pouliche, elle s’est échappée de son pré. J’ai dû lui courir après sur la route nationale, entre Langres et Gray, sur dix kilomètres ! Même les gendarmes étaient là. Et puis j’ai fini par la récupérer, en pleine forme. Le lendemain, elle était dans un état impeccable, sans la moindre atteinte aux tendons ou ailleurs. Petite, Juliana sautait les barbelés pour aller dans les prés voisins, sans jamais se faire mal. Elle est solide et je pense que ce sera une très bonne jument.” Vendue l’an dernier par son éleveur, Juliana concourt aux côtés d’Eric Lelièvre. Et la belle ne manque pas d’origines solides pour rêver de très grand sport. Fille de Casall, la bai brune qu’un point de temps dépassé en seconde manche n’a pas privé de la victoire est avant tout une descendante de la fabuleuse Toscane de Champloué, fille de Sophie du Château et Diamant de Semilly. Toscane a donné à Jean-Marie Charlot, outre Juliana, deux autres cracks : Empoli de Champloué (Arko III), alias Tiperarry, gagnant en Grand Prix 5* à huit ans seulement aux rênes de Bertram Allen puis intégré aux écuries Wachman, et l’étalon Huricane de Champloué (Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky), cinquième d’une épreuve à 1,45m cette semaine au CSIO 5* de Calgary avec Bertram Allen. “Juliana a signé seize sans-faute sur dix-huit cette saison. Je la monte depuis qu’elle a quatre ans. Elle a beaucoup d’énergie et de sang, donc la deuxième manche ne m’inquiétait pas vraiment”, a réagi Eric Lelièvre, habitué des remises des prix bellifontaines. Peut-être en connaîtra-t-il aussi une autre dimanche, avec Kapella de Champloué, une fille de Brunetta et sœur utérine de Juliana ? 

Eric Lelièvre a guidé Juliana de Champloué, soeur utérine des excellents Empoli et Huricane, vers la victoire chez les juments de six ans. © Mélina Massias

Bondissante et démonstrative, Jamaica Tame a ravi son cavalier, Jérémy Floch. En bouclant deux clear round le duo se classe à une très bonne deuxième place après un championnat parfait de bout en bout. Née chez Denis Brohier, la bai est une fille d’El Diarado d’Euskadi, désormais hongre, et de Parenthèse Tame, très compétitive à 1,50m avec Reynald Angot, par Helios de la Cour II. Déjà mère d’une pouliche née en 2024, la belle est issue de la souche de basse de l’élevage normand ayant donné, entre autres, Narcos II, Panama et Quebec Tame, et, plus récemment… Crooner Tame, monture de tête de Mégane Moissonnier ! Toujours au goût du jour, l’affixe Tame garde le cap et semble bien parti pour voir émerger une nouvelle star dans les années à venir avec Juliana. 

Lucas Fournier et Jolie Mouche de Siju, élevée conjointement par les familles Bellet et Barthe, sont médaillés de bronze après un championnat impeccable. La baie est une fille de Mylord Carthago et Belize Mouche, par le précieux Quartz du Chanu. Joy de Mouilloir et Julie Demarquilly accèdent à la quatrième place, après avoir laissé un point de temps en route lors de leur dernier parcours. En pleine promenade, la paire féminine s’est fait piéger, sans grande conséquence pour un avenir que tout semble diriger vers le grand sport. Fruit du mariage entre Windows vh Costersveld et Happy Landing Wonderland, la très européenne grise, dont les deux parents sont BWP, écrit une belle histoire familiale, puisque Véronique et Philippe Demarquilly l’ont fait naître dans le Pas-de-Calais. Son propre frère, Good Cornet Mouilloir, a aussi foulé les pistes de Fontainebleau pour la Grande Semaine, en 2021 et 2022. Aujourd’hui, Good Cornet et Julie Demarquilly évoluent à 1,50m, alors que le gris n’a que neuf ans. Il s’agit de la souche de Dodona, l’une des meilleures souches de dressage d’Europe ! 

Jay Mo n’est peut-être pas issue d’une souche de dressage comme Joy de Mouilloir, mais elle aussi, fait preuve d’une certaine polyvalence. Débutée par François Pons en concours complet, la belle s’est reconvertie au saut d’obstacles cette année avec Rémi Preuilh… et cela lui a plutôt réussi, puisqu’elle décroche la dernière mention Excellent mise en jeu. En tête avant la finale, la fille de Conte Bellini élevée par François Vungoc dans l’Eure a concédé une faute sur la délicate première manche. 

Jinja Mouche (Dollar du Rouet x Consul dl Vie) et Java’s Queen Numenor (Balou Star x Lamm de Fetan), gagnantes de leur CIR à Saint-Lô et Cluny, faisaient office de favorites au titre. Malheureusement pour elle, le second tour de cette finale leur a été fatal, Grégoire Hercelin et Eddy Seguin Maure n’ayant rien pu faire pour éviter deux fautes.

Les résultats complets.



Uélème atterrit à Fontainebleau et ravit Géraldine Hieronimus

Chez les hongres, seuls deux candidats ont réussi un quadruple sans-faute cette semaine : Jericho d’Oz, champion, et Joe Black, son dauphin. Confié à Valentin Thafournel, le gris s’est distingué par son efficacité et sa facilité sur les barres. Comme Igy de la Roque et Invincible de Riverland l’an dernier, Jericho d’Oz a permis à Untouchable 27 de compter un nouveau champion de France parmi sa descendance. Le fils du tumultueux Hors La Loi II a été marié par Géraldine Hieronimus à Corona, une jument Zangersheide par Crown et petite-fille de la grande Uélème, entre autres mère de Bibici. “J’ai acheté la grand-mère de Jericho d’Oz qui était une fille d’Uélème avec Happy Villers, à trois ans. J’avais choisi cette jument qui était très explosive et respectueuse. Elle a disputé la finale des quatre, cinq et six ans ici à Fontainebleau, puis je l’ai croisée à Crown Z. Corona, la mère de Jericho, a terminé parmi les meilleurs de sa génération à six ans, dans le classement réservé aux chevaux étrangers. Elle était très chaude, avait beaucoup de sang. J’ai donc choisi de la marier à Untouchable, qui, je trouve, a ramené un peu d’os, de calme et de maturité. Je suis ravie de ce croisement, qui a donné un cheval qui a à la fois beaucoup de sang, même s’il est très appliqué sur les parcours. Nous n’avions encore jamais gagné ici, même si nous avions déjà obtenu de bons résultats lors de ces finales nationales. Nous sommes ravis, et je dois remercier toute mon équipe, au haras E2K. J’ai des gens formidables qui s’occupent de mes chevaux ! Valentin Thafournel, le cavalier de Jericho, a monté sa grand-mère lorsqu’il était chez Olivier Jouanneteau ! Il connaît très bien cette origine et a très, très bien monté aujourd’hui”, s’est félicitée la naisseuse et propriétaire du nouveau champion de France des six ans hongres. “En élevage, ce genre de titre est très important. Il faut énormément de temps pour arriver jusqu’ici. Cela fait sept ans que l’on pense à ces chevaux de six ans. J’ai vécu des victoires dans de très beaux Grands Prix, et ai eu des chevaux qui ont évolué en Grands Prix 5*, mais obtenir une victoire avec un cheval que l’on a fait naître, et dont on a aussi élevé la mère, est toujours une grande joie. C’est toute l’histoire et la magie de l’élevage. J’étais aussi stressée qu’à Aix-la-Chapelle ! Ce ne sont pas les mêmes émotions, mais nous sommes extrêmement fiers, pour toute notre équipe et l’élevage.” Désormais, Jericho d’Oz va profiter d’une vraie vie de cheval, au pré, comme ses camarades d’écuries, avant d’envisager la suite de sa jeune carrière. 

Valentin Thafournel a savouré son tour d'honneur aux rênes de Jericho d'Oz, nouveau champion de France des six ans hongres. © Mélina Massias

Joe Black, résultat d’un croisement éprouvé depuis des années, celui entre Diamant de Semilly et Kannan, termine au deuxième rang sous la selle de Pierre Gautherat. Sa lignée maternelle, originelle, regorge de bons gagnants. Julien Serignac, qui a fait naître son premier poulain en… 2017 seulement, s’efforce désormais de continuer sur la même voie, tout en gardant une production à échelle humaine. Cette première réussite ne pourra que lui donner envie d’en connaître d’autres. 

Pénalisé de quatre points lors de la deuxième qualificative, Jackpot des Fontaines devra attendre pour décrocher le… jackpot, mais se pare de la mention Elite aux rênes d’Alban Notteau. Né chez la famille de son cavalier, le Selle Français est un fils de Diamant de Semilly, dont le sang est présent chez pas moins de six chevaux du Top 10. Son père de mère n’est autre que Chacco Blue, étalon Mecklembourgeois lui aussi très populaire à l’élevage. 

Les résultats complets.

Photo à la Une : Johnny Semilly a offert un nouveau titre de champion de France à Clément Fortin et au haras de Semilly. © Mélina Massias